18 | La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue • Vol. XV - n° 1 - janvier-février 2012
EVIDENCE-BASED MEDICINE Hépatologie
Questions non résolues
» À partir de quel seuil d’ADN du VHB chez la mère doit-on discuter l’utili-
sation d’un analogue ? Le seuil d’ADN du VHB devant être retenu se situe
probablement entre 5 et 6 log UI/ml.
» Quel analogue utiliser ? Les 3 molécules utilisables au cours de la grossesse
avec une sécurité suffisante sont la lamivudine, la telbivudine et le ténofovir.
Cette dernière molécule a l’avantage d’une puissance antivirale élevée, de
l’absence connue de mutation de résistance et d’une excrétion très faible dans
le lait maternel.
» L’allaitement maternel est-il possible ? L’allaitement maternel est autorisé
en cas de sérovaccination seule. En cas de prise d’analogue, seul le ténofovir
a une excrétion très faible dans le lait maternel permettant probablement
d’autoriser ce type d’allaitement. Pour les 2 autres molécules, le bénéfice/
risque est à évaluer en fonction des possibilités d’allaitement artificiel.
» Quand faut-il instaurer l’analogue ? Le but est d’avoir un délai suffisant pour
diminuer significativement la charge virale maternelle. En pratique, il faut
tester l’AgHBs au deuxième trimestre de la grossesse et, en cas de positivité,
rechercher le taux d’ADN du VHB pour pouvoir prescrire l’analogue au cours
du troisième trimestre de la grossesse.
» Quand faut-il arrêter l’analogue ? En l’absence d’une maladie hépatique
nécessitant la poursuite du traitement, l’arrêt de l'analogue se fait habituel-
lement dans les 3 premiers mois suivant l’accouchement. Les données des
études ne montrent pas pour l’instant de poussées de cytolyse plus fréquentes
ou plus graves à l’arrêt de l’analogue qu’en l’absence de traitement.
Tableau. Effet de la lamivudine versus contrôle (placebo ou absence de traitement) sur le risque
de transmission materno-infantile du VHB évalué par la positivité de l’AgHBs ou de l’ADN du
VHB chez l’enfant à l’âge de 6 à 12 mois (d’après [3]).
Nombre
d’études
Contaminations
sous lamivudine
Contaminations
dans le groupe
contrôle
RR
(IC95)
AgHBs+ 6 23/303 71/270 0,33
(0,21-0,50)
ADN du VHB+ 4 25/224 69/191 0,32
(0,20-0,50)
dique au cours du troisième trimestre de grossesse
associé à la sérovaccination de l’enfant dès la nais-
sance a clairement montré une diminution du risque
de contamination materno-infantile du VHB chez
les mères ayant des charges virales élevées. Une
méta-analyse récente, incluant 15 études rando-
misées, a mis en évidence le bénéfice de l’admi-
nistration de lamivudine dans cette indication (3).
Il est à noter que parmi ces 15 études, 12 ont été
retrouvées en interrogeant la China Biological Medi-
cine Database recensant des publications en langue
chinoise. La recherche de l’AgHBs ou de l’ADN du
VHB chez l’enfant à distance de l’accouchement
(6 à 12 mois) est une évaluation plus pertinente
de la contamination (tableau) que la mesure dans
les jours suivant la naissance (3). Les analogues
anti-VHB ayant une sécurité d’utilisation suffi-
sante au cours de la grossesse sont la lamivudine,
la telbivudine et le ténofovir. La majorité des études
a été réalisée avec la lamivudine (3) mais des études
récentes asiatiques ont utilisé également la telbivu-
dine (4, 5). L’avantage du ténofovir est l’absence de
mutation de résistance connu, sa sécurité d’emploi
évalué chez les femmes enceintes VIH positif ou
co-infectées VIH-VHB (mais peu chez les femmes
mono-infectées VHB) et son excrétion dans le lait
particulièrement faible qui pourrait autoriser l’allai-
tement maternel (6).
Références bibliographiques
1. Braillon A, Nguyen-Khac E, Merlin J, Dubois G, Gondry J, Capron
D. Grossesse et hépatite B en Picardie : traçabilité du dépistage et
prévalence. Gynecol Obstet Fertil 2010;38:13-7.
2. Han GR, Zhao W, Xu CL, Ge CY, Jiang HX, Pan C. Risk factors
associated with perinatal infection of HBV in infants who born to
HBsAg and HBeAg positive mothers. Hepatology 2011;54(Suppl.
S1):106A.
3. Han L, Zhang HW, Xie JX, Zhang Q, Wang HY, Cao GW. A meta-
analysis of lamivudine for interruption of mother-to-child transmis-
sion of hepatitis B virus. World J Gastroenterol 2011;17:4321-33.
4. Han GR, Cao MK, Zhao W et al. A prospective and open-label
study for the efficacy and safety of telbivudine in pregnancy for the
prevention of perinatal transmission of hepatitis B virus infection.
J Hepatol 2011;55:1215-21.
5. Xiaowen S, Meiming P, Shun T et al. Efficacy and safety of Telbi-
vudine in HBeAg positive pregnant woman to prevent vertical
transmission: a prospective and open-labeled study. Hepatology
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6. Benaboud S, Pruvost A, Coffie PA et al. Breast milk concentra-
tions of tenofovir and emtricitabine in HIV-1 Infected women in
Abidjan TEmAA Step 2 (ANRS 12109). Antimicrob Agents Chemo-
ther 2011;55:1315-7.
Comment diminuer le risque de
transmission materno-infantile
du VHB en cas de charge virale
élevée chez la mère ?
L’administration d’immunoglobulines anti-HBs à la
mère au cours du troisième trimestre de grossesse
a été testée avec des résultats contradictoires. En
revanche, l’administration d’un analogue nucléosi(ti)