14 | La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue • Vol. XVII - n° 1 - janvier-février 2014
EVIDENCE-BASED MEDICINE Hépatologie
En cas d’indication de traitement antiviral B chez une femme jeune, la
possibilité d’une grossesse doit être prise en compte pour la décision et
le choix du traitement.
La grossesse est contre-indiquée en cas de traitement par interféron ou
entécavir. Elle est possible sous ténofovir.
Le dépistage de l’AgHBs (antigène de surface de l’hépatite B) est obliga-
toire au cours de la grossesse.
La sérovaccination commencée à la naissance et la sérologie de contrôle
sont recommandées chez l’enfant né de mère AgHBs+.
En cas d’ADN du virus B élevé chez la mère, la sérovaccination bien
conduite n’est pas effi cace à 100 %.
Dans ce cas, l’indication se discute d’un traitement antiviral au dernier
trimestre de la grossesse, associé à la sérovaccination pour diminuer le
risque de transmission mère-enfant.
Ce qu’il faut retenir
L
a transmission mère-enfant du virus de l’hépa-
tite B (VHB) reste une cause majeure du main-
tien de l’épidémie de VHB dans le monde. En
effet, le risque de transmission mère-enfant du VHB
est élevé lorsque la mère est AgHBs+, et le risque de
passage à la chronicité est également élevé en cas de
contamination néonatale. Le traitement antiviral B
peut s’envisager dans 2 cas distincts : soit avant la
grossesse soit pendant la grossesse.
Traitement antiviral B
avant la grossesse
Le choix du traitement antiviral B chez une femme
jeune ayant une indication validée de traitement
(ADN du VHB > 2 000 UI/ml ou ALAT > normale
et présence d’une maladie significative du foie)
doit se faire en prenant en compte la possibilité
d’une grossesse ultérieure (1). Les 2 traitements de
première ligne recommandés sont le traitement par
interféron et un analogue de deuxième génération
en monothérapie (1). L’interféron a l’avantage d’être
habituellement limité à 48 semaines et donc de
pouvoir être réalisé avant la grossesse (la grossesse
est contre-indiquée sous interféron). Dans la majo-
rité des cas, un traitement par analogue de deuxième
génération est préféré au traitement par interféron.
Avant chaque grossesse, voire en début de grossesse,
l’arrêt de l’analogue – et le risque de réactivation qu’il
entraîne – ou sa poursuite devront être discutés. Le
choix de poursuivre est le plus habituel et s’impose
en cas de maladie du foie initialement fi brosante ou
d’antécédent de transmission mère-enfant du VHB
lors d’une grossesse antérieure. Si la poursuite de
l’analogue est décidée et s’il s’agit d’un traitement
par entécavir, celui-ci doit être remplacé par du téno-
fovir, idéalement avant le début de la grossesse. Si
le traitement initial était du ténofovir, il pourra être
poursuivi durant la grossesse.
Traitement antiviral B
pendant la grossesse
La prévention de la transmission mère-enfant du VHB
repose en France sur 3 recommandations :
➤
dépistage obligatoire de l’AgHBs chez toute
femme enceinte au sixième mois de grossesse ;
➤
sérovaccination de tout enfant né de mère
AgHBs+ commencée dans les premières 12 heures
de vie : immunoglobulines anti-HBs (100 UI) + vaccin
de l’enfant à 10 μg (vaccin répété à M1 et M6) ;
➤
vérifi cation de la sérologie VHB de l’enfant à
partir du septième mois.
Malgré ces mesures, il persiste un risque résiduel
de transmission mère-enfant du VHB. Ces échecs
peuvent être dus :
➤
à la transmission d’un VHB mutant HBs et donc à
la sensibilité diminuée aux immunoglobulines anti-
HBs ou au vaccin. Il s’agit d’un risque essentiellement
théorique ;
➤à l’absence de suivi des recommandations ;
➤à la transmission du VHB in utero.
Le défaut de suivi des recommandations est un
élément qui reste inquiétant dans les pays déve-
loppés. En France, par exemple, une enquête exhaus-
Quel traitement antiviral B préconiser
au cours de la grossesse ?
Philippe Sogni, Paris.
niveau
de preuve
1b