Correspondances en Onco-hématologie - Vol. IV - n° 1 - janvier-février-mars 2009
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revue de presse
grossesse doit être évalué avec la patiente, et
la grossesse doit être, au mieux, programmée.
L’arrêt de l’IM pour une grossesse, comme l’ont
montré P. Rousselot et al. (Blood 2007), ne
semble pas être dommageable pour les patien-
tes qui restent sensibles à l’IM à la reprise
du traitement. De plus, l’IFN, une drogue
qui revient sur le devant de la scène, peut aider
à minimiser le risque. Quant aux grossesses
survenues sous IM, si l’arrêt de traitement
ne fait guère de doute, celui-ci devant être
le plus précoce possible, la diffi cile question
de l’interruption thérapeutique de grossesse
se pose.
L. Legros, Nice.
Pye SM, Cortes J, Ault P et al. The effects of imatinib
❏
on pregmancy outcome. Blood 2008;111(12):5505-8.
LES ANTAGONISMES ENTRE ALICAMENTS
ET MÉDICAMENTS : INTERACTION NÉGATIVE
ENTRE THÉ VERT ET BORTÉZOMIB
Nous connaissions déjà l’action de certains
aliments (pamplemousse, millepertuis) sur
le métabolisme des médicaments, nous
allons maintenant avoir à prendre également
en compte les interactions possibles des
alicaments sur l’action des médicaments.
E.B. Golden nous en montre un exemple dans
un prochain article de Blood dans lequel il
nous démontre que certains composants du
thé vert inhibent l’action intracellulaire du
bortézomib. Le thé vert contient plusieurs anti-
oxydants : les polyphénols. Parmi ces derniers,
il y a l’épigallocatéchine gallate (EGCG) dont
l’interaction avec des protéines impliquées
dans la progression cancéreuse en fait un
agent anticancéreux reconnu, notamment
dans des modèles animaux. En effet, l’EGCG
est capable d’inhiber la GRP78, une protéine
aux multiples fonctions antiapoptotiques du
réticulum endoplasmique. Il sensibilise ainsi la
cellule cancéreuse à l’action des inhibiteurs de
la topoisomérase II et aux agents alkylants. Le
bortézomib, quant à lui, en inhibant le protéa-
some, initie une apoptose en particulier via
le réticulum endoplasmique. Les auteurs,
en combinant les deux molécules EGCG et
bortézomib, s’attendaient à voir un effet addi-
tionnel, voire synergique. Non seulement ils
n’ont rien observé de tel, mais, au contraire,
ils ont mis en évidence un antagonisme de ces
deux molécules. Ce travail, certes réalisé sur
des lignées de myélome ou sur des tumeurs
implantées chez des souris nude, interpelle
car il montre que l’EGCG bloque la cytotoxi-
cité du bortézomib. La même observation a
été faite sur des lignées de glioblastomes.
C’est l’analyse chimique qui semble amener
l’explication de ce phénomène : l’EGCG forme
un complexe chimique stable avec l’acide
boronique du bortézomib modifi ant ainsi sa
conformation. Ainsi, les auteurs appellent à
une grande méfi ance envers ces alicaments
qui paraissent inoffensifs et sont présents
dans la grande distribution. Ils déconseillent
de prendre du thé vert pendant le traitement
par bortézomib.
L. Legros, Nice.
Golden EB, Lam PY, Kardosh A et al. Green tea poly-
❏
phenols block the anticancer effects of bortezomib and
other boronic acid-based proteasome inhibitors. Blood
2009 (sous presse).
SÉQUENÇAGE COMPLET DU GÉNOME
D’UNE CELLULE DE LAM À CARYOTYPE
NORMAL
Le nombre et la séquence des événements à
l’origine de la transformation d’un progéniteur
hématopoïétique en cellule leucémique restent
mal connus. La mise à disposition, aujourd’hui,
de techniques de séquençage de l’ensemble
du génome d’une cellule, à des coûts et dans
des délais raisonnables, ouvre de nouvelles
voies d’approche dans l’étude de la leucémo-
genèse.
Les auteurs ont choisi d’étudier les blastes
prélevés chez une patiente âgée de 50 ans
présentant une leucémie hyperleucocytaire
(105 000 leucocytes/mm
3
) typée M1 dans la
classifi cation FAB. Le caryotype médullaire était
normal (46, XX). Cette patiente avait été mise
en rémission complète (RC), mais a rechuté
à 11 mois post-RC et est fi nalement décédée
24 mois après le diagnostic. À la rechute, une
t(10;12)(p12;p13) était présente au caryotype.
Le choix d’une LAM1 était ici justifi é par l’ab-
sence d’anomalie cytogénétique récurrente
identifi ée comme spécifi quement associée à
ce sous-groupe.
L’étude de l’ADN leucémique a permis d’éta-
blir, avec une sensibilité de 5 kb, que le
génome était essentiellement diploïde, sans
amplifications géniques ou pertes d’hété-
rozygoties. Sa comparaison avec de l’ADN
génomique provenant de la même patiente
a permis d’exclure les polymorphismes et
de retenir un total de 10 mutations acquises
pouvant être impliquées dans le processus de
transformation. Deux de ces mutations étaient
déjà connues dans les LAM : une duplication
interne en tandem de FLT3 et une mutation
(insertion de 4 bases) de l’exon 12 du gène
NPM1. Les huit autres mutations concernent
des gènes non impliqués à ce jour dans les
LAM. Quatre de ces gènes sont néanmoins
impliqués dans d’autres cancers (PTPRT,
CDH24, PCLKC, SLC15A1). Les quatre autres
ne sont pas connus comme des gènes mutés
dans des cellules cancéreuses ou leucémiques
(KNDC1, GPR123, EBI2, GRINL1B), mais sont
impliqués dans des voies métaboliques qui
pourraient jouer un rôle dans la transformation
d’une cellule. Toutes ces mutations (sauf celle
de FLT3) étaient présentes dans la majorité des
cellules leucémiques, aussi bien au diagnostic
qu’à la rechute.
Commentaire. L’intérêt principal de cette
approche est d’identifi er des mutations de
gènes qui n’étaient pas candidats à une étude
spécifi que, et ainsi de découvrir de nouvelles
voies de leucémogenèse. Dans l’absolu,
doivent être vérifiés à la fois le caractère
pathogène de ces mutations, par des études
fonctionnelles, et aussi leur caractère récurrent
sur une cohorte de patients LAM1. Il est clair
que cette approche peut permettre d’identifi er
des gènes ayant un rôle majeur dans la trans-
formation leucémique et, in fi ne, d’établir de
nouvelles thérapies ciblées.
T. Leblanc, Paris.
Ley TJ, Mardis ER, Ding L et al. DNA sequencing of a
❏
cytogenetically normal acute myeloid leukemia genome.
Nature 2008;456:66-72.
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