n° 17 fiche technique C. Righini* Sous la responsabilité de son auteur E H C A T É D À E 1. Hébuterne X, Lemarié E, Michallet M et al. Prévalence de la dénutrition au cours du cancer : une enquête nationale un jour donné. Nutr Clin Metab 2006;20:S86. 2. Baker JP, Detsky AS, Wesson DE et al. Nutritional assessment: a comparison of clinical judgment and objective measurements. N Engl J Med 1982;306:969-72. 3. Buzby GP, Knox LS, Crosby LO et al. Study protocol: a randomized clinical trial of total parenteral nutrition in malnourished surgical patients. Am J Clin Nutr 1988;47(2 Suppl): 366-81. H Références bibliographiques C L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. F * Clinique universitaire ORL, pôle TCCR, université Joseph-Fourier, Grenoble I ; Inserm UJF/U823, centre Albert-Bonniot, Grenoble. modérément altérées, très altérées). La douleur est évaluée selon une échelle visuelle analogique cotée de 1 à 10. Au terme de cet interrogatoire est établi l’indice de Detsky, ou évaluation globale subjective, appréciant le degré de dénutrition sur l’intensité de la perte de poids, la gravité des signes digestifs et cliniques de dénutrition ainsi que l’altération fonctionnelle et musculaire. Dans cette classification, les patients sont classés en non dénutris (A), modérément dénutris ou supposés tels (B) et sévèrement dénutris (C). Pour cet indice, la classification est donc laissée au libre choix de l’examinateur, sans calcul, ni indication très précise (2). Les patients sont ensuite mesurés et pesés. Le bilan biologique comporte le dosage de l’albumine. Par ailleurs, la perte de poids (PP) est calculée en valeur absolue ou en pourcentage grâce à la formule suivante : PP en % = (poids de référence – poids actuel) × 100/poids de référence. L’index de masse corporelle (IMC) est calculé selon la formule : taille/poids2 ; on considère qu’il y a une malnutrition lorsque l’IMC est inférieur ou égal à 18,5 kg/m2 entre 18 et 75 ans ou inférieur ou égal à 21 kg/­m2 au-delà de 75 ans ; le patient est considéré en surcharge pondérale si l’IMC est compris entre 25 et 30. Le NRI (Nutritional Risk Index), ou index de Buzby, est calculé selon la formule : 1,519 × (albumine en g/l) + 0,417 × (poids actuel/poids habituel) × 100 (3). Les sujets dont le NRI est inférieur à 83,5 sont considérés comme sévèrement dénutris et ceux dont le NRI est compris entre 83,5 et 97,5, comme moyennement dénutris. Ces éléments permettent de distinguer 3 situations : ➤➤ patient en surcharge pondérale ; ➤➤ patient avec poids stable, non dénutri ; ➤➤ patient dénutri (dénutrition modérée ou sévère). La prise en charge nutritionnelle devra être adaptée à la situation. ■ I L a relation entre cancer et dénutrition est établie depuis longtemps. La dénutrition peut survenir à tous les stades de la maladie. Sa prévalence globale, tous cancers confondus, est de l’ordre de 40 %. Elle est la même depuis 30 ans (1). Le pourcentage de patients dénutris est particulièrement élevé chez les sujets atteints de cancers digestifs ou ORL. L’étiologie de la dénutrition est multifactorielle et les mécanismes en sont complexes. La prévention, la prise en charge précoce par un support nutritionnel adapté réduisent cette dénutrition, diminuent le nombre de consultations et d’hospitalisations, facilitent la prise en charge thérapeutique et limitent les complications liées aux traitements, qu’il s’agisse de la chirurgie, de la radiothérapie ou de la chimiothérapie. Le corollaire d’un faible taux de complications liées aux traitements est une efficience thérapeutique augmentée et donc un impact direct sur la qualité de vie et la survie des patients. Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que les traitements eux-mêmes sont source de dénutrition. La prévalence de la dénutrition, dans une population donnée, dépend donc directement de la période de l’évaluation. Alors que les réunions de concertation pluridisciplinaires, les consultations d’annonce et les programmes personnalisés de soins se généralisent et comportent une prise en charge psychologique et de la douleur adaptée, la prise en compte de la dénutrition est souvent négligée, voire absente, inadaptée ou trop tardive dans les unités de cancérologie. Il faut toutefois pondérer cela par le fait que la majorité des patients atteints d’un cancer ORL sont issus de milieux socio-économiques défavorisés, ce qui ne facilite pas leur prise en charge. L’évaluation du bilan nutritionnel chez un patient atteint d’un cancer ORL doit comporter un interrogatoire, un examen clinique et biologique. L’interrogatoire porte sur le poids de référence, 6 mois avant le diagnostic, le type d’alimentation (normale, mixée, liquide), le nombre de calories (Kcal) ingérées par 24 heures, la prise ou non d’un ou de plusieurs compléments alimentaires, l’identification des causes de la perte de poids (douleur, dysphagie, perte d’appétit, perte du goût) et les capacités physiques du patient (non altérées, R Évaluation, lors de la prise en charge ­initiale, de l’état nutritionnel des patients porteurs d’un cancer ORL La Lettre Lettre d’ORL d’ORL et et de de chirurgie chirurgie cervico-faciale cervico-faciale •• n° 334 n° 317- juillet-août-septembre - avril-juin 2009 2013 28 | La