Coordination : Xavier Hébuterne (Nice) DOSSIER THÉMATIQUE Prise en charge nutritionnelle du malade atteint de cancer Nutritional care of the cancer patient L e pronostic des patients atteints d’un cancer a considérablement évolué ces 20 dernières années (1). Cette évolution, caractérisée par une augmentation de 30 % de l’incidence de la maladie et par une diminution de 10 % de la mortalité des patients cancéreux, trouve essentiellement son explication dans l’amélioration conjointe du dépistage et du trai- tement de la pathologie. Il est maintenant établi que l’état de dénutrition d’un malade porteur d’une affection néoplasique limite la tolérance et l’efficacité des traitements de radio-chimio­ thérapie (2, 3) ainsi que de la chirurgie (4). La dénutrition augmente la durée d’hospitalisation ainsi que la morbidité et la mortalité hospitalières, en particulier chez les malades cancéreux. C’est pourquoi le diagnostic précoce et le traitement de la dénutrition, au même titre que ceux de la douleur, doivent faire partie intégrante de la prise 80 Œsophage/estomac (60 %) 60 Malades dénutris (%) n = 1,903 Pancréas (67 %) 70 Rein/vessie (52 %) 50 Gynéco (41 %) 40 ORL (49 %) Poumons (45 %) Côlon/rectum (39 %) Hémato (34 %) Autres (39 %) 30 Sein (21 %) 20 Prostate (14 %) 10 0 0 50 100 150 200 250 300 350 400 Nombre de malades Figure. Prévalence de la dénutrition (perte de poids < 10 % depuis le début de la maladie ou IMC < 18,5 et < 21 chez les plus de 75 ans) en fonction du type de cancer (étude Nutricancer [6]). AVANT-PROPOS Xavier Hébuterne* *Service de gastro-entérologie et nutrition, pôle digestif, CHU de Nice. La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XVI - n° 1 - janvier-février 2013 | 7 DOSSIER THÉMATIQUE en charge globale du malade atteint de cancer. En l’absence de données épidémiologiques récentes, une étude multicentrique menée dans 154 unités de 86 services dans 24 villes en France a permis de mettre en évidence l’importance de la dénutrition chez 2 068 patients porteurs d’une affection néoplasique (5). Tous types de cancers confondus, 38 % des femmes et 40 % des hommes étaient dénutris. La prévalence de la dénutrition sévère était de 39 % pour les cancers colorectaux (n = 191), de 59 % pour les cancers gastriques (n = 41), de 61 % pour les cancers de l’œsophage (n = 41) et de 67% pour les cancers du pancréas (n = 42) [figure]. Plus de 50 % des malades avec un performance status à 2 étaient dénutris (6). Cette étude fait également ressortir qu’un tiers seulement des malades dénutris suivis bénéficiaient d’une prise en charge nutritionnelle (5). La Société francophone Nutrition clinique et métabolisme (SFNEP) a récemment publié des recommandations professionnelles pour la prise en charge nutritionnelle du malade atteint de cancer (7). Dans ce numéro de La Lettre de l’Hépato-Gastroentéro- logue, les principales recommandations en matière de dépistage précoce et de prise en charge sont présentées. Références bibliographiques 1. Remontet L, Esteve J, Bouvier AM et al. Cancer incidence and mortality in France over the period 1978-2000. Rev Epidemiol Sante Publique 2003;51:3-30. 2. Dewys WD, Begg C, Lavin PT et al. Prognostic effect of weight loss prior to chemotherapy in cancer patients. Eastern Cooperative Oncology Group. Am J Med 1980;69:491-7. 3. Andreyev HJN, Norman AR, Oates J, Cunningham D. Why do patients with weight loss have a worse outcome when undergoing chemotherapy for gastrointestinal malignancies? Eur J Cancer 1998;34:503-9. 4. The Veterans Affairs TPN Cooperative Study Group. Perioperative total parenteral nutrition in surgical patients. N Engl J Med 1991;325:525-32. 5. Hébuterne X, Lemarié E, Michallet M et al. Prevalence of malnutrition and current use of nutritional support in cancer patients. JPEN 2013 (in press). 6. Cessot A, Hébuterne X, Coriat R et al. Defining the clinical condition of cancer patients: it is time to switch from performance status to nutritional status. Support Care Cancer 2011;19:869-70. 7. Senesse P, Bachmann P, Bensadoun JR et al. Recommandations professionnelles. Nutrition chez le patient adulte atteint de cancer : textes courts. J Nutr Clin Metab 2012;26:151-8. AVIS AUX LECTEURS Les revues Edimark sont publiées en toute indépendance et sous l’unique et entière responsabilité du directeur de la publication et du rédacteur en chef. Le comité de rédaction est composé d’une dizaine de praticiens (chercheurs, hospitaliers, universitaires et libéraux), installés partout en France, qui représentent, dans leur diversité (lieu et mode d’exercice, domaine de prédilection, âge, etc.), la pluralité de la discipline. L’équipe se réunit 2 ou 3 fois par an pour débattre des sujets et des auteurs à publier. La qualité des textes est garantie par la sollicitation systématique d’une relecture scientifique en double aveugle, l’implication d’un service de rédaction/révision in situ et la validation des épreuves par les auteurs et les rédacteurs en chef. Notre publication répond aux critères d’exigence de la presse : · accréditation par la CPPAP (Commission paritaire des publications et agences de presse) réservée aux revues sur abonnements, · adhésion au SPEPS (Syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé), · indexation dans la base de données INIST-CNRS, · déclaration publique de liens d’intérêts demandée à nos auteurs, · identification claire et transparente des espaces publicitaires et des publi-rédactionnels en marge des articles scientifiques. 8 | La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XVI - n° 1 - janvier-février 2013