Dossier thématique La nutrition en cancérologie digestive améliore la prise en charge des malades Nutrition in digestive oncology improves management of the patients 쐌쎲 X. Hébuterne* L e pronostic des patients atteints d’un cancer a considérablement évolué ces vingt dernières années (1). Cette évolution, caractérisée par une augmentation de 30 % de l’incidence de la maladie et une diminution de 10 % de la mortalité des patients cancéreux, trouve essentiellement son explication dans l’amélioration conjointe du dépistage et du traitement de la pathologie. Il est maintenant établi que l’état de dénutrition d’un malade porteur d’une affection néoplasique limite la tolérance et l’efficacité des traitements de radiochimiothérapie (2, 3) ainsi que de la chirurgie (4). La dénutrition augmente la durée d’hospitalisation, la morbidité et la mortalité hospitalières, en particulier chez les malades cancéreux. C’est pourquoi le diagnostic précoce et la prise en charge de la dénutrition, au même titre que la douleur, doivent faire partie intégrante de la prise en charge globale du malade cancéreux. En l’absence de données épidémiologiques récentes, une étude multicentrique (Nutricancer 2005, en cours de publication) a été menée dans 154 unités de 86 services dans 24 villes en France en novembre et décembre 2005. Cette étude (5) a permis de mettre en évidence l’importance de la dénutrition chez 2 068 patients porteurs d’une affection néoplasique. Tous types de cancers confondus, 38 % des femmes et 40 % des hommes étaient dénutris. La prévalence de la dénutrition sévère était de 39 % pour les cancers colorectaux (n = 191), 59 % pour les cancers gastriques (n = 41), 61 % pour les cancers de l’œsophage (n = 41) et 67 % pour les cancers du pancréas (n = 42) [figure]. Plus de 50 % des malades avec un performance status à 2 étaient dénutris. Cette étude fait également ressortir qu’un tiers seulement des malades dénutris suivis bénéficiaient d’une prise en charge nutritionnelle. Dans ce numéro de La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue, B. Raynard rappellera les particularités métaboliques et nutritionnelles des cancers digestifs qui expliquent l’importance de la dénutrition dans ce groupe de malades. Il fera également le point sur les traitements spécifiques de la cachexie cancéreuse. S. Antoun et Pourcentage de malades dénutris Avant-propos D ossier thématique 80 70 60 50 40 30 20 10 0 n = 1,903 Pancréas 67 Œsophage/estomac 60 ORL 49 Rein/vessie 52 Poumons 45 Gynécologique 41 Côlon/rectum 39 Hématologique 34 Autres 39 Sein 21 Prostate 14 0 50 100 150 200 250 300 350 400 Nombre de malades Figure. Prévalence de la dénutrition (perte de poids < 10 % depuis le début de la maladie ou IMC < 18,5 et < 21 chez les plus de 75 ans) en fonction du type de cancer (Nutricancer 2005). B. Raynard expliqueront comment mettre en place une stratégie de dépistage de la dénutrition dans une unité de cancérologie. Enfin, P. Senesse et moi-même ferons le point sur les recommandations actuelles en matière de prise en charge de la dénutrition au cours des cancers digestifs à tous les stades de la maladie. ■ RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Remontet L, Estève J, Bouvier AM et al. Incidence et mortalité par cancer en France de 1978 à 2000. Rev Epidemiol Sante Publique 2003;51:3-30. 2. Dewys WD, Begg C, Lavin PT et al. Prognostic effect of weight loss prior to chemotherapy in cancer. Am J Med 1980;69:491-7. 3. Andreyev HJN, Norman AR, Oates J, Cunningham D. Why do patients with weight loss have a worse outcome when undergoing chemotherapy for gastrointestinal malignancies? Eur J Cancer 1998;34:503-9. 4. The Veterans Affairs TPN Cooperative Study Group. Perioperative total parenteral nutrition in surgical patients. N Engl J Med 1991;325:525-32. * Service de gastroentérologie et nutrition, Pôle digestif du CHU de Nice. CESSIM : La Lettre de l’hépato-gastroentérologue nouvellement à l’honneur ! Les résultats annuels du CESSIM, organisme de mesure d’audience auprès des médecins spécialistes libéraux des revues médicales viennent d’être publiés. 2 La Lettre de l'hépato-gastroentérologue 1 0 0 7 CESSIM re (sur 13 revues)* * Revue qui remplit les conditions minimales de classement édictées par le CESSIM