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Vocabulaire
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Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - no 3 - juillet-août-septembre 2013
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 TRANSLATION*
V
oici un latinisme largement inter-
national, dont le sens premier 
provient du verbe transferre, qui 
a donné en français transférer. Le latin ferre a 
beaucoup d’emplois, autour de la valeur de 
“porter, inclure, avoir en soi” ; sous la forme 
latum – comme on voit, ce verbe est très irré-
gulier –, il a été affecté à une série d’emplois, 
parfois très proches de la “traduction”, qui est 
elle aussi une trans-duction, du latin ducere 
(“conduire”).
En anglais, qui l’a pris à l’ancien français, 
la translation est une traduction : affaire 
de mots et de phrases. En français, après 
le xvie siècle, il s’agit d’autre chose, et la trans-
lation devient transport et transfert (lui aussi 
du verbe ferre). Que l’on porte ou que l’on 
conduise, c’est toujours trans (“à travers”) un 
milieu spatial ou mental. À la translation des 
reliques, au Moyen Âge, va succéder celle 
des droits et des titres, dans le langage juri-
dique. Le 
xviiie
 siècle “philosophique” donne 
au mot valeur scientifique : la géométrie s’en 
empare, ainsi que la mécanique. Dès lors, 
ce mouvement dirigé qui emporte avec 
lui ce qui occupait un lieu, et qu’on mène 
ailleurs, devient essentiel en linguistique, 
en informatique. Quant à l’activité médico- 
chirurgicale, lorsqu’elle n’enlève pas, elle 
“translate”, transfère, à moins qu’à l’instar de 
la culture des végétaux, elle ne transplante.
Au centre des innombrables déplace-
ments exprimés en latin par trans, et qu’il 
a légués au français, la translation “porte” 
( ferre-latum) une charge précieuse, pour la 
placer en des lieux plus propices. Que cela 
suscite une intense évolution technique, 
il ne faut pas s’en étonner.
* © Le Courrier de la Transplantation 2009;1:5.
Par Alain Rey, directeur de rédaction du Robert, Paris