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Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 2 - avril-mai-juin 2012
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* © Le Courrier de la Transplantation 2009;1:5.
>>
TRANSLATION* Par Alain Rey, directeur de la rédaction
du Robert, Paris
V
oici un latinisme largement internatio-
nal, dont le sens premier provient du
verbe transferre, qui a donné en français
transférer. Le latin ferre a beaucoup d’emplois,
autour de la valeur de “porter, inclure, avoir en
soi” ; sous la forme latum – comme on voit, ce
verbe est très irrégulier –, il a été aff ecté à une
série d’emplois, parfois très proches de la “tra-
duction”, qui est elle aussi une trans-duction, du
latin ducere (“conduire”).
En anglais, qui l’a pris à l’ancien français, la trans-
lation est une traduction : aff aire de mots et de
phrases. En français, après le
XVIe
siècle, il s’agit
d’autre chose, et la translation devient trans-
port et transfert (lui aussi du verbe ferre). Que
l’on porte ou que l’on conduise, c’est toujours
trans (“à travers”) un milieu spatial ou mental.
À la translation des reliques, au Moyen Âge, va
succéder celle des droits et des titres, dans le lan-
gage juridique. Le
XVIII
e siècle “philosophique”
donne au mot valeur scientifi que : la géométrie
s’en empare, ainsi que la mécanique. Dès lors, ce
mouvement dirigé qui emporte avec lui ce qui
occupait un lieu, et qu’on mène ailleurs, devient
essentiel en linguistique, en informatique. Quant à
l’activité médico-chirurgicale, lorsqu’elle n’enlève
pas, elle “translate”, transfère, à moins qu’à l’instar
de la culture des végétaux, elle ne transplante.
Au centre des innombrables déplacements expri-
més en latin par trans, et qu’il a légués au français,
la translation “porte” (ferre-latum) une charge pré-
cieuse, pour la placer en des lieux plus propices.
Que cela suscite une intense évolution technique,
il ne faut pas s’en étonner.