UMMTO-Faculté des sciences 1ere année LMD- ST et SM (Sections E et F) Module d’Algebre 1 Année 2016/2017 Lois de composition internes - Structures Algèbriques 1)Lois de composition internes 1.1) Définition et notations Définition 1 On appelle loi de composition interne (en abrégé l.c.i) sur un ensemble E, toute application f : E × E → E c est le composé de a par b. (a, b) 7→ f (a, b) = c En général l’application f est notée par un symbol tel que ?, >, ⊥, +, ×, ∪, ∩, ou ◦ ... et on écrit c = a ? b, c = a>b, ou c = a ⊥ b... L’ensemble E muni de la l.c.i ? est noté (E, ?). Un sous ensemble F de E est dit stable par rapport à la loi ? si : ∀a, b ∈ F, a ? b ∈ F. Exemple 1 1. L’addition et la multiplication usuelles sont des l.c.i dans N, Z, Q, R et C, 2. Soit F un ensemble l’intersection 88 ∩ 00 et la réunion 88 ∪ 00 sont des l.c.i sur P(F ). 3. Soient F un ensemble et A(F, F ) est l’ensemble des applications de F dans F , la composée des aplications 88 ◦ 00 est une l.c.i sur A(F, F ). 4. L’addition définie sur Rn pour tout (x1 , x2 , ..., xn ) et (y1 , y2 , ..., yn ) de Rn par : (x1 , x2 , ..., xn ) + (y1 , y2 , ..., yn ) = (x1 + y1 , x2 + y2 , ..., xn + yn ) est une l.c.i sur Rn 5. La soustraction 88 − 00 n’est pas une l.c.i sur N. 1.2)Propriétés des lois de composition internes Soit E un ensemble muni de deux l.c.i ? et > Définition 2 (Commutativité) La l.c.i ? est commutative si et seulement si : ∀a, b ∈ E, a ? b = b ? a. Exemple 2 1. 2. 3. 4. 5. L’addition et la multiplication usuelles dans N, Z, Q, R et C, sont commutatives. l’intersection et la réunion dans P(F ) sont commutatives. La composée des aplications dans A(F, F ) n’est pas commutative. L’addition dans Rn définie dans l’exemple 1 est commutative. La loi ? définie sur R par ; ∀a, b ∈ R a ? b = a + 2b n’est pas commutative, car on a par exemple 2 ? 3 = 8 et 3 ? 2 = 7. Définition 3 (Associativité) La l.c.i ? est associative si et seulement si : ∀a, b, c ∈ E, (a ? b) ? c = a ? (b ? c). Définition 4 (Distibutivité d’une loi par rapport à une autre) on dit que ? est distributive par rapport à > si et seulement si : a ? (b>c) = (a ? b)>(a ? c) (1) ∀a, b, c ∈ E, (b>c) ? a = (b ? a)>(c ? a) (2) (1) exprime la distributivité à gauche et (2) exprime la distributivité à droite. Remarque 1 Si la l.c.i ? est commutative alors (1) et (2) se confondent. Exemple 3 1. Dans N, Z, Q, R et C la multiplication est distributive par rapport à l’addition . 2. Dans P(F ) l’intersection (resp. la réunion) est distributive par rapport à la réunion (resp.l’intersection). Définition 5 (Elément neutre ) Un élément e de E est appelé élément neutre pour la loi ? si et seulement si : ∀a ∈ E, a ? e = e ? a = a. Proposition 1 Si la l.c.i ? est commutative alors, e est l’élément neutre pour la loi ? si et seulement si : ∀a ∈ E, a ? e = a ou e ? a = a. Exemple 4 1. Dans (N, +) (Z, +) (Q, +) (R, +) et (C, +) l’élément neutre est 0, dans (N, ·) (Z, ·) (Q, ·) (R, ·) et (C, ·) l’élément neutre est 1. 2. Dans (P(F ), ∩) l’élément neutre est F, et dans (P(F ), ∪) l’élément neutre est ∅. 3. Dans (A(F, F ), ◦) l’élément neutre est IdF . 4. Dans (Rn , +) l’élément neutre est (0, 0..., 0). Proposition 2 Si l’élément neutre existe pour la loi ? alors il est unique. Autrement dit : Si e1 ∈ E et e2 ∈ E sont des éléments neutres pour ? alors e1 = e2 . Preuve Soit e1 et e2 deux éléments neutres pour ? , en utilisant la définition 5 on obtient : e1 ? e2 = e2 ? e1 = e1 et e2 ? e1 = e1 ? e2 = e2 donc on a bien e1 = e2 . Définition 6 (Elément symétrique) Soit ? une loi de composition interne sur un ensemble E admettant un élément neutre e. On dit qu’un élément a ∈ E admet un symétrique , ou a est symétrisable, s’il existe a0 ∈ E tel que a ? a 0 = a0 ? a = e On dit que a0 est le symétrique de a pour ? 2 Remarque 2 • Le symétrique d’un élément n’est pas toujours unique. • Si la l.c.i ? est commutative alors, a0 est l’élément symétrique de a pour la loi ? si et seulement si : a ? a0 = e ou a0 ? a = e. Exemple 5 1. Dans (Z, +) (Q, +) (R, +) et (C, +) le symétrique d’un élément a est −a, dans (N, +) aucun élément non nul n’est symétrisable. 2. Dans (Q? , ·) (R? , ·) et (C? , ·) le symétrique d’un élément a est a1 noté a−1 . 3. Dans (A(F, F ), ◦) seules les applications bijectives ont des symétriques. 4. Dans (Rn , +) le symétrique de (x1 , x2 ..., xn ) est (−x1 , −x2 ..., −xn ). Proposition 3 Soit ? une loi de composition interne dans E, associative et admettant un élément neutre e. le symétrique d’un élément quand il existe il est unique. Preuve Soit e l’élément neutre , soit a un élément de E , supposons que a possède deux symétriques a00 et a0 , en appliquant la définition 6 et l’associativité de ? on obtient : a0 = a0 ? e = a0 ? (a ? a00 ) = (a ? a0 ) ? a00 = e ? a00 = a00 d’où l’unicité. Remarque 3 De cette propriété on déduit que l’associativité de la loi assure l’unicité du symétrique d’un élément s’il existe. Conventions Etant donnée une loi de composition interne associative dans un ensemble E. – Si la loi est notée +, son élément neutre est noté 0E ou 0, et on parle du symétrique de a qu’on note a0 = −a. – Si la loi est notée multiplicativement, son élément neutre est noté 1E ou 1, et on parle de l’inverse de a qu’on note a0 = a−1 . Proposition 4 Soit ? une l.c.i dans un ensemble E, associative et admettant un élément neutre e, alors si a et b sont deux éléments symétrisables il en est de même de a ? b et on a : (a ? b)0 = b0 ? a0 . Preuve Soit e l’élément neutre , les symétriques de a et b étant a0 et b0 , alors (a ? b) ? (b0 ? a0 ) = a ? (b ? b0 ) ? a0 (car ? est associative.) = (a ? e) ? a0 = a ? a0 = e. De la même manière on montre que (b0 ? a0 ) ? (a ? b) = e 3 d’où on déduit que a ? b est symétrisable et que (a ? b)0 = b0 ? a0 . Définition 7 ( Elément régulier) On dit qu’un élément r de E est régulier à droite (respectivement à gauche) pour la l.c.i ? si et seulement si ∀a, b ∈ E, a ? r = b ? r ⇒ a = b (respectivement ∀a, b ∈ E, r ? a = r ? b ⇒ a = b. Si r est un élement régulier à droite et à gauche pour ?, on dit que r est un élément régulier de ? dans E. Exemple 6 1. Tout élément de R est régulier pour l’addition de R. 2. Tout élément non nul de R est régulier pour la multiplication de R. Définition 8(Elément Absorbant) Un élément s de E est élément absorbant pour la l.c.i ? si et seulement si ∀a ∈ E, a ? s = s ? a = s. Exemple 7 1. 0 est élément absorbant pour la multiplication de R. 2. Dans P(F ) l’ensemble ∅ est un élément absorbant pour l’intersection, et F est un élément absorbant pour la réunion. 2) Structures Algèbriques 2.1) Groupe Définition 9(Structure de groupe) Soit E un ensemble muni de la l.c.i ? ; (E, ?) est un groupe si : 1. la loi ? est associative, 2. il existe dans E un élément neutre, 3. tout élément de E est symétrisable. Si de plus ? est commutative, on dit que (E, ?) est un groupe commutatif ou Abelien. Exemple 8 1. (Z, +) (Q, +) (R, +) et (C, +) sont des groupes commutatifs, (Q? , ·) (R? , ·) et (C? , ·) sont des groupes commutatifs 2. (Rn , +) est un groupe commutatif. 4 Définition 10(Sous groupe) Soit (E, ?) est un groupe et H une partie non vide de E. On dit que H est un sous groupe de E si : 1. Pour tout a et b dans H a ? b ∈ H, 2. l’élément neutre e de E appartient à H ( e ∈ H,) 3. le symétrique de tout élément de H appartient à H (∀a ∈ H, a0 ∈ H), où a0 est le symétrique de a pour ?. Remarque 4 1) Un sous groupe n’est jamais vide car il contient au moins l’élément neutre. 2) Si H est un sous groupe de (E, ?) alors ? induit sur H une l.c.i et H muni de cette loi est un groupe. Théorème 1 Soient (E, ?) un groupe et H une partie de E, pour que H soit un sous groupe de E il faut et il suffit que les conditions suivantes soient vérifiées : 1. H est non vide, 2. pour tout a et b dans H, a ? b0 ∈ H. Preuve Supposons que H est un sous groupe de E, il s’en suit de la remarque 4 que H est non vide . Soit a et b deux élément de H, comme le symétrique b0 de b appartient à H, en appliquant la stabilité de H pour ? on aura a ? b0 ∈ H. Réciproquement supposons que les conditions 1 et 2 du théorème vérifiées, on obtient en posant b = a que l’élément neutre e de E est dans H, et en posant a = e que le symétriques b0 de b est aussi dans H, et en appliquant la condition 2, on aura : a ? (b0 )0 = a ? b ∈ H ainsi H est un sous- groupe de H. Exemple 9 1. Si E est un groupe d’élément neutre e, alors {e} et E sont des sous groupes de E. 2. La partie H définie par :H = {(x, y, z) ∈ R3 , x + 2y − z = 0} est un sous-groupe de (R3 , +)? 3. (Z, +) est un sous groupe de (Q, +) qui est un sous groupe de (R, +) qui est lui même un sous groupe de (C, +). 4. Soit n ∈ Z, alors nZ = {n.p; p ∈ Z} est un sous groupe de Z. En effet : i) 0 ∈ nZ, car : ∃p = 0 ∈ Z; 0 = n.p. ii) Soient x, y ∈ nZ, alors il existe p1 , p2 ∈ Z tels que x = n.p1 et y = n.p2 , donc x − y = n.p1 − n.p2 = n.(p1 − p2) = n.p ∈ nZ par suite ∀x, y ∈ nZ, x − y ∈ nZ. De i) et ii) on déduit que nZ est un sous groupe de Z. Théorème 2 Soient E un groupe et H1 , H2 deux sous groupes de E alors H1 ∩ H2 est un sous groupe de E. 5 Preuve H1 ∩ H2 6= ∅ car l’élément neutre e ∈ H1 et e ∈ H2 donc e ∈ H1 ∩ H2 . Comme H1 et H2 sont des sous groupes, alors ∀a ∈ H1 ∩ H2 , ∀b ∈ H1 ∩ H2 , a ? b0 ∈ H1 et a ? b0 ∈ H2 , il s’en suit alors que a ? b0 ∈ H1 ∩ H2 . Remarque 5 La réunion de deux sous groupes d’un groupe n’est en général pas un sous groupe. Exemple 10 Considérons dans (R2 , +) les deux sous groupes H1 = R × {0} et H2 = {0} × R alors : 1. H1 ∩ H2 = {(0, 0)} est un sous groupe de (R2 , +) 2. H1 ∪ H2 n’est pas un sous groupe de (R2 , +), car la condition 1 de la définition du sous groupe n’est pas vérifiée (on a par exemple (1, 0) ∈ H1 ∪ H2 et (0, 2) ∈ H1 ∪ H2 mais (1, 0) + (0, 2) = (1, 2) ∈ / H1 ∪ H2 ). 2.2) Homomorphismes de Groupes Soient (E, ?) et (G, ⊥) deux groupes d’éléments neutres e et h respectivement. Définition 11 Une application f : E → G est appelée homomorphisme de groupes ou morphisme de E dans G si : ∀a, b ∈ E, f (a ? b) = f (a) ⊥ f (b). – Si de plus f est bijective, on dit que f est un isomorphisme (de groupes) de E dans G. On dit alors que E est isomorphe à G, ou que E et G sont isomorphes. – Si E = G et ? =⊥ , on dit que f est un endomorphisme de E, et si de plus f est bijective, on dit que f est un automorphisme de E. Propriété 1 Soit f : E → G un morphisme de groupes, alors 1. f (e) = h. 2. ∀a ∈E (f (a))−1 = f (a−1 ) où a−1 est le symétrique de a . Preuve 1. h étant l’élément neutre de ⊥ et e celui de ?, alors f (e ? e) = f (e) = h ⊥ f (e) et comme f est un homomorphisme on déduit que h ⊥ f (e) = f (e) ⊥ f (e) en multipliant (à droite par exemple) par (f (e))−1 on obtient h = f (e). 2. Soit a ∈ E et montrons que f (a−1 ) est l’inverse de f (a) dans le groupe (G, ⊥). f étant un homomorphisme de groupe alors f (a) ⊥ f (a−1 ) = f (a ? a−1 ) = f (e) et f (a−1 ) ⊥ f (a) = f (a−1 ? a) = f (e) sachant que f (e) = h, d’après la première propriété, on déduit que (f (a))−1 = f (a−1 ). Propriété 2 Soit f : E → G un homomorphisme de groupes, alors 1. L’image d’un sous groupe de E est un sous groupe de G. 2. L’image réciproque d’un sous groupe de G est un sous groupe de E. 6 Exemple 11 1. L’application f : (R, +) → (R, ·) x 7→ ex est un homomorphisme de groupes En effet : ∀a, b ∈ R, 2. L’application f (a + b) = ea+b = ea · eb = f (a) · f (b). g : (R, +) → (R, +) x 7→ 2x est un isomorphisme de groupes En effet : – g est un morphisme car ∀a, b ∈ R, g(a + b) = 2(a + b) = 2a + 2b = f (a) + f (b). – g est bijective car ∀y ∈ R, ∃!x ∈ R tel que y = 2x. 3. L’application h : (R, +) → (R, ·) n’est pas un isomorphisme de groupes x 7→ 2x 2.3) Anneau Définition 12 Soit A un ensemble muni de deux l.c.i ? et >, (A, ?, >) est un anneau si : 1. (A, ?) est un groupe commutatif, 2. > est associative, 3. > est distributive par rapport à ?. • Lorsque > admet un élément neutre, l’anneau (A, ?, >) est appelé anneau unitaire. • Si > est commutative (A, ?, >) est dit anneau commutatif. Définition 13 Un anneau (A, ?, >) est dit intègre si : ∀x, y ∈ A, x>y = 0A =⇒ x = 0A ou y = 0A 0A est l’élément neutre pour ?. Exemple 12 - (Z, +, ·), (Q, +, ·), (R, +, ·) et (Z, +, ·) sont des anneaux commutatifs unitaires et intègres . 2.4) Corps Définition 14 Soit K un ensemble muni de deux l.c.i ? et >, (K, ?, >) est un Corps si : 1. (K, ?, >) est un anneau unitaire, 2. Tout élément de K autre que 0K ( 0K est l’élément neutre pour ? ) possède un inverse(symétrique ) pour >. • Si de plus > est commutative, le corps (K, ?, >) est dit commutatif. Exemple 13 - (R, +, ·) et (C, +, ·) sont des corps commutatifs. 7