Ambulatoire 251
dans de bonnes conditions. D’ailleurs, la chirurgie bariatrique en ambulatoire se
développe et deviendra probablement un standard à l’avenir [13, 14]. La pose
d’anneaux gastriques par cœlioscopie chez des patients de BMI compris entre
32 et 79 kg.m2 est associée à environ 0,5 % d’admissions non programmées, le
plus souvent pour des raisons de douleur et de NVPO, et 1,3 % de complications
secondaires. Même la « sleeve gastrectomy » sous cœlioscopie paraît être
réalisable en ambulatoire, avec un taux d’admission de 5 % et de complications
secondaires de 4 %, la plupart évitable au prix d’un bon contrôle de la douleur
et des NVPO. Cette population doit par ailleurs bénéficier d’une prophylaxie
thrombo-embolique à domicile selon une procédure codifiée.
Le problème du syndrome d’apnée du sommeil (SAOS) est l’objet de
débats importants compte tenu de sa prévalence et des risques postopératoires
associés. Il apparaît désormais qu’il n’y a aucune raison de ne pas prendre en
charge en ambulatoire un patient présentant un SAOS équilibré, même avec
des comorbidités, sous réserve qu’elles soient équilibrées [15]. Dans ce cas,
l’anesthésie/analgésie locorégionale (ALR) devra être privilégiée et le recours
aux opiacés évité le plus possible. Ceci souligne l’importance d’une évaluation
préopératoire optimale incluant la détection de cette pathologie par le question-
naire « STOP-bang » en consultation d’anesthésie [16].
De même, l’existence d’un asthme bien contrôlé, d’une obésité morbide ou
d’une pathologie coronaire équilibrée ne doit plus faire exclure systématiquement
les patients d’une prise en charge ambulatoire.
Pour ce qui est de la chirurgie, certaines disciplines, à l’image des chirurgiens
digestifs, ont dressé une liste des interventions éligibles [17]. Quel que soit le type
de chirurgie, le risque principal consiste à planifier en ambulatoire des chirurgies
non maîtrisées en hospitalisation conventionnelle. Passé ce premier obstacle,
dépendant de la formation des praticiens, de nombreuses procédures peuvent
être faites en ambulatoire. Certains centres adoptent une attitude innovante sur
des interventions bien codifiées nécessitant jusqu’alors parfois plusieurs jours
d’hospitalisation, comme cela a été le cas récemment pour la prise en charge
très médiatisée d’une prothèse de hanche en ambulatoire [18]. Ce sont le plus
souvent des expériences isolées sur des patients particulièrement sélectionnés,
mais qui présentent l’intérêt de pousser les équipes à se poser les bonnes
questions et à faire évoluer leurs pratiques dans le bon sens.
Une fois que les équipes chirurgicales, anesthésiques et infirmières ont
adapté leur prise en charge afin de prévenir au mieux les risques bien identifiés
et prévisibles, se pose la question du délai de survenue des complications plus
rares et les modalités de détection qui en découlent chez un patient de retour
à son domicile. Devant la survenue d’une complication, la question est alors
de savoir si l’hospitalisation du patient aurait été préférable. Ainsi, pour ce qui
concerne par exemple la chirurgie majeure de la thyroïde en ambulatoire, des
données récentes montrent qu’un grand nombre des hématomes postopéra-
toires survient après la 6ème heure postopératoire. Cet événement certes rare
mais de très grande gravité remet en cause la sécurité de l’ambulatoire, pour
privilégier une hospitalisation même très courte [19]. A l’inverse, la quasi-totalité
des complications après angioplastie vasculaire du membre inférieur surviennent
dans les 4 premières heures, ce qui permet d’envisager l’ambulatoire dans de
bonnes conditions de sécurité [20].