www.pmsi.fr, les ligatures et l’éveinage
ambulatoires ont représenté 109 millions de
francs français en 1998, les ligatures et l’évei-
nage en hospitalisation 1 milliard 648 mil-
lions de francs français et les hospitalisations
médicales 204 millions de francs français.
Selon une étude du CREDES réalisée en
1998, les médicaments veinotoniques
occupent la part la plus importante dans
les coûts ambulatoires*, avoisinant 6 mil-
liards de francs français par an pour l’en-
semble de la population française. L’analyse
des coûts selon la pathologie hisse les
ulcères au rang des maladies les plus coû-
teuses atteignant un coût de 10 000 francs
français par patient et par an en 1998.
L’insuffisance veineuse est un véritable pro-
blème de santé publique non seulement par
sa fréquence et son coût socio-économique
(2 % des dépenses de santé) mais aussi par
son caractère variable que reflète l’extrême
diversité des symptômes et de ses représen-
tations par les patients nécessitant un systè-
me de soins adapté et évolutif intégrant à la
fois les données scientifiques, les demandes
des patients et des recommandations de pra-
tique clinique.
* Les études sur les coûts ambulatoires
reposent sur des sondages ou sur l’interro-
gation de la base de l’Assurance Maladie
donc sur des données hétérogènes, ce qui
limite leur utilisation.
Évaluation critique des
traitements symptomatiques
en phlébologie
Alain Taccoen
Santé Publique, hôpital Henri-Mondor, Paris
Ces dernières années, les polémiques forte-
ment médiatisées au sujet de l’efficacité et de
l’utilité des médicaments veinotoniques ont
occupé la une de l’actualité du traitement
médical de l’insuffisance veineuse chronique
au détriment des avancées scientifiques.
Elles auront permis de clarifier certains
éléments mal définis ou mal interprétés au
travers des questions qu’ils soulèvent :
1) La définition des symptômes fonction-
nels veineux (SFV) et leur place exacte
dans l’insuffisance veineuse chronique,
leur spécificité et leurs mécanismes.
L’Agence du médicament reconnaît trois
symptômes : les douleurs, les lourdeurs et
les impatiences nocturnes. L’absence de
connaissances sur le mécanisme de ces
signes fonctionnels veineux leur ôte toute
spécificité par rapport aux autres algies
des membres inférieurs. Ainsi, plus de la
moitié des sujets porteurs de signes fonc-
tionnels veineux n’ont ni varices ni
troubles cutanés. Les SFV ont donc une
valeur prédictive positive faible.
2) L’indication précise et l’efficacité réel-
le des veinotoniques dans la maladie.
Selon les positions officielles de la com-
mission de l’Agence du médicament
rejoignant celles de l’ANDEM et les
recommandations des RMO, l’indication
spécifique et unique des veinotoniques
concerne la symptomatologie fonctionnelle
(douleurs, lourdeurs, impatiences noc-
turnes) et exclut totalement les signes
physiques isolés sans signes fonctionnels.
Mais la revue de la littérature internatio-
nale rapportant des analyses individuelles
ou des méta-analyses fait ressortir un
bénéfice réel des veinotoniques aussi bien
sur les SFV que sur les symptômes asso-
ciés (par exemple, les crampes).
3) L’existence d’autres traitements
actifs de référence sur les symptômes
fonctionnels veineux. Il s’agit des mesures
hygiéno-diététiques bien connues comme
la perte de poids, l’évitement des stations
assises ou debout prolongées, de la cha-
leur, qui apportent un soulagement certes,
mais de faible amplitude ; de la contention
dont les effets hémodynamiques sont
indiscutables tant sur l’œdème, sur les
complications de l’IVC comme l’ulcère,
que sur la prévention notamment du syn-
drome post-thrombotique mais dont l’ef-
ficacité réelle sur les signes fonctionnels
veineux n’a pas été démontrée à ce jour ;
de la sclérothérapie sur laquelle peu d’es-
sais ont été réalisés hormis des évalua-
tions à court terme sans comparaison
méthodologique valable ; de la chirurgie
d’éveinage ou de reconstruction qui ne
connaît que très peu d’études.
4) L’utilité réelle des veinotoniques.
Celle ressentie et exprimée par les patients
chez lesquels, en France, l’usage des veino-
toniques est couramment admis par
contraste avec d’autres pays occidentaux où
les traitements moins spécifiques et la pré-
cocité de traitements radicaux expliquent
peut-être la moindre prescription de veino-
toniques. Les outils de mesure de la qualité
de vie, en cours d’évaluation, permettront
de confirmer l’impact bénéfique du traite-
ment veinotonique sur la qualité de vie et
sur l’activité socioprofessionnelle.
L’efficacité des veinotoniques, véritables
antalgiques spécifiques, sur les signes
fonctionnels veineux est aujourd’hui
indiscutable. Leur bénéfice en termes de
service médical rendu reste difficile à
apprécier car étroitement lié à la sévérité
d’une maladie considérée comme bénigne
et faisant intervenir des critères sociaux
incluant le coût et le niveau de protection
sociale et des critères de qualité émanant
des patients eux-mêmes.
Mode d’action et pharmacologie
des veinotoniques
Michel R. Boisseau
Biologie vasculaire, université Victor-Segalen,
Bordeaux 2
Les veinotoniques ciblent à la fois les
symptômes cliniques et les différents
mécanismes de la maladie veineuse et de
la microcirculation.
L’action antalgique des veinotoniques
Les nombreux essais cliniques sur les vei-
notoniques versus placebo réalisés à tous
les stades de l’insuffisance veineuse chro-
nique ont montré une amélioration des
signes fonctionnels veineux sur les dou-
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Act. Méd. Int. - Angiologie (16) n° 5, mai 2000
angio congrès
Compte rendu de congrès