I) L’innovation, moteur de croissance. L’innovation joue, nous le verrons, un rôle fondamental dans l’économie car elle est un moteur de croissance. A travers les théories de Joseph Schumpeter nous constaterons certaines caractéristiques de l’innovation. Enfin, nous verrons le lien qui existe entre investissement et innovation et son effet sur la croissance économique. a) Définition économique de l’innovation L’innovation est un terme très large pouvant être défini de multiples façons. Nous nous intéresserons ici à une définition et une approche économique. L’innovation se distingue de l’invention en ce qu’elle est le prolongement logique de l’invention. D’abord vient l’invention qui est l’idée théorique d’un nouveau procédé, résultat direct de la recherche fondamentale (R&D). Une invention n’a donc pas d’application immédiate. Une première définition de l’innovation peut donc être : application concrète d’une invention. La combinaison des inventions et de l’innovation forment le progrès technique. Pour pousser plus loin cette définition, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) définit l’innovation comme l’ensemble des démarches scientifiques, technologiques, organisationnelles, financières et commerciales qui aboutissent, ou sont censées aboutir à la réalisation de produits ou procédés technologiquement nouveaux ou améliorés (Source : Manuel d’Oslo). Selon l’économiste phare dans ce domaine, Joseph Schumpeter, l’innovation se définit par cinq types de changements différents : la fabrication d'un bien nouveau l'introduction d'une méthode de production nouvelle ou de nouveaux moyens de transport la réalisation d'une nouvelle organisation l'ouverture d'un débouché nouveau la conquête d'une nouvelle source de matières premières On peut distinguer trois principaux types d’innovation : l’innovation de produit : produit nouveau ou incorporant une nouveauté (ex : machine à vapeur) l’innovation de procédé : nouvelles techniques de fabrication (ex : production à la chaîne, flux tendus) l’innovation organisationnelle : nouvelle organisation au sein de l’entreprise (ex : bureaucratie, taylorisme, etc.) b) Les cycles de Schumpeter et Kondratieff Joseph Aloïs Schumpeter (1883-1950) était un économiste de la République Tchèque (autrefois Moravie). Ses principales œuvres sont Capitalisme, socialisme et démocratie (1942) et l’Histoire de l’analyse économique (1954, posthume). Il se place en opposition aux néo-classiques qui pensent que le progrès technique est extérieur à l’économie (exogène). Pour Schumpeter le progrès technique est justement au centre de l’économie. Il met en avant le rôle des entrepreneurs qui sont des acteurs économiques faisant des choix et prenant des risques. L’entrepreneur est celui qui ose innover et surgit avec de nouvelles idées. Schumpeter met en garde contre l’innovation des grosses entreprises qui suit une routine et dont les idées ne sont pas toujours originales. Selon la théorie principale de cet économiste, les innovations apparaissent en grappes (en même temps et à une même période). En effet, lorsqu’une invention est créée par un entrepreneur, il se produit un élan de motivation qui incite de nouveaux entrepreneurs à innover à leur tour. De plus, l’invention à l’origine de ce phénomène est souvent une invention fondamentale (une nouvelle technologie) qui permet à d’autres d’étendre son domaine d’application. Ces grappes d’innovations apparaissent de manière cyclique dans l’activité économique. En s’appuyant sur les travaux de l’économiste soviétique Nikolaï Kondratieff (1892-1938), Schumpeter a mis en évidence le déroulement et la durée de ces cycles : Tout d’abord une vague d’innovation (grappes) lance la croissance économique puis, les innovations s’essoufflant, la phase d’expansion économique se transforme en phase de dépression. La durée d’un cycle économique s’étale entre 40 et 50 années. Les cycles de Kondratieff ont permis de mettre en évidence des périodes cycliques, des premières révolutions industrielles à nos jours : Dans sa théorie, il regroupe aussi les travaux d’autres économistes tels que les cycles intermédiaires de Juglar et courts de Kitchin. Ces cycles s’imbriquent les uns dans les autres. Ainsi, on considère que les cycles de Juglar (cycles des affaires), d’une durée de six à onze ans, réunissent deux cycles de Kitchin de trois à quatre ans. Ces cycles fonctionnent de la même manière que les cycles longs de Kondratieff mais sont induits par des innovations de moindre importance. Une autre théorie associée à Joseph Schumpeter est celle de la destruction créatrice. Ce concept explique le coup porté aux entreprises déjà établies sur un marché lorsqu’une innovation entre sur ce même marché. Souvent une innovation (de grande importance en tout cas) conduit à une situation de monopole temporaire qui diminue systématiquement les profits et la puissance des entreprises d’un même secteur d’activité. Ce concept permet donc d’expliquer certaines dynamiques du changement industriel ainsi que les transitions entre des systèmes compétitifs et des monopoles, et inversement. La destruction créatrice s’étend aussi au marché de l’emploi. Avec l’apparition de nouvelles technologies, les ouvriers les moins qualifiés n’ont plus les connaissances nécessaires et perdent leur emploi. A court terme, les effets de l’innovation peuvent donc être néfastes à l’emploi mais sur le long terme, les nouvelles entreprises, fruit des nouvelles technologies, créent plus d’emplois qu’elles n’en détruisent. Les innovations créent donc des bouleversements économiques mais aussi sociaux. Quelques critiques : Cette analyse est-elle toujours valable aujourd’hui ? Avec l’apparition des technologies de l’information, la longueur des cycles semble avoir considérablement diminué (Loi de Moore : le nombre de transistors sur une puce de circuit intégré double tous les dix-huit mois). Selon la théorie de Schumpeter, à long terme les emplois créés grâce aux nouvelles technologies sont plus nombreux que ceux détruits. Est-ce toujours le cas ? Les caisses automatiques que l’on voit apparaître de plus en plus nombreuses ne profitent pas à l’emploi. En effet, si l’on compare le nombre de caissiers renvoyés aux quelques techniciens et au personnel temporaire d’aide à la transition, les postes semblent bien aller en diminuant. c) Investissement et innovation, une recette pour la croissance économique Comme vu dans l’introduction de cette partie, l’innovation n’est pas possible sans investissement. Il convient donc de bien comprendre ce qu’est un investissement. Une définition simple de l’investissement : l'augmentation (ou remplacement) du stock de capital, c'est-à-dire des moyens de production (différent des facteurs de production qui prennent en compte le travail). Il existe différentes formes d’investissement : selon leur nature : o investissement matériel (machines) o investissement immatériel (R&D, logiciels, publicité, …) selon leur fonction : o investissement de remplacement o investissement de capacité (hausse de la production) o investissement de productivité (baisse des coûts pour atteindre le progrès technique) Les déterminants de l’investissement : La nécessité de la rentabilité (RSI) Le rôle de la demande anticipée Le rôle des coûts de production (si bas, on a plus tendance à investir) Le rôle des taux d’intérêt (si bas, on a plus tendance à emprunter et si haut à préferer mettre ses propres fonds sur le marché financier (action)) L’investissement est une décision toujours risquée Le financement des investissements : L’investissement, une décision risquée. La décision d’investir demande une grande réflexion quant à la possibilité éventuelle d’un profit futur. En effet, investir est un pari sur l’avenir car une entreprise va augmenter son stock de capital sans savoir de quoi sera fait demain. Les incertitudes des entrepreneurs sont de différentes natures. Parmi celles-ci on peut citer l’actualisation des valeurs futures (combien vaudra l’euro investi dans un an ? Problème du taux d’intérêt), la demande imprévisible (bien qu’anticipée), la variation des prix des matières premières, consommations intermédiaires et facteurs de production. On remarque bien à quel point la question de la rentabilité est importante lors d’un investissement. La capacité d’une entreprise à faire des profits et à faire face à la concurrence en dépend. L'avenir de l'entreprise dépend donc du "bon" choix de ses investissements, que ce soit sur le plan de leur volume ou de leur nature (investissement de productivité, capacité, investissement immatériel ou matériel, etc.). L’innovation est en lien direct avec l’investissement. En amont de l’investissement, l’innovation transforme profondément la société et provoque de nouveaux besoins et donc de nouveaux investissements. Elle joue aussi un rôle en aval de l’investissement car l’innovation est le résultat d’un investissement en Recherche et Développement réussi. Comment l’investissement aboutissant au progrès technique permet-il la croissance économique ? Investissement -> PT -> croissance Comment le PT favorise t’il la croissance ? La relation entre progrès technique et croissance économique est complexe et bidirectionnelle. En effet, la croissance incite à un progrès technique car elle permet de financer l’investissement nécessaire à la Rechercher et Développement. D’un autre côté, le progrès technique permet des gains de productivité (par la baisse des coûts de production) et une hausse des prix de vente (situation de monopole). Ceci permet l’augmentation des profits et donc une hausse des investissements ou des salaires et donc de la croissance. PT : Innovation de procédé : o baisse des coûts de production -> produit moins cher Innovation de procédé o situation de monopole -> hausse des prix de vente = Augmentation des proftis Les membres de l'OPEP étaient à Vienne ce week-end. L'OPEP, qui contrôle environ 40% de la production mondiale, fait des cauchemars depuis que le prix du baril a chuté autour des 50 $ et que ses principaux clients ne consomment plus autant. Les rentrées d’argent ont fondu et l'organisation menace de fermer ses robinets en espérant que les prix remontent. Menaces sans grands effets. En octobre, le cartel a réduit sa production de 1,5 million de barils par jour (mbj pour les intimes) sans que les prix repartent à la hausse. La production totale de pétrole dans le monde était de 86,5 mbj au troisième trimestre 2008, selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE). La réduction de l'OPEP correspond à moins de 2% de ce total. L'organisation peut bien menacer, force est de constater qu'aujourd'hui son influence s'est réduite. Durant toute la première moitié de l'année, les prix du brut se sont envolés, jusqu'à flirter avec les 150 $ le baril. Aujourd'hui, le prix du pétrole est revenu à des niveaux étonnamment bas. Mais la dérive de l'économie mondiale, qui implique une moindre consommation, ne peut à elle seule expliquer cette glissade. A la hausse ou à la baisse, la spéculation reste reine dans la vie des marchés pétroliers. En effet, la croissance mondiale augmente. Elle ne fait que ralentir de 4% à 2,25%. Et pourtant, la consommation de pétrole diminue. Un ralentissement de la croissance de 1,75% conduit à une diminution de consommation de 1,60%. Pas de régulation par le prix Une baisse du prix de 10% ne correspond qu'à une augmentation de la demande de 0,1 à 0,5%, calcule Merrill Lynch (banque d’investissement américaine). Les conséquences d'une baisse des prix sur la consommation dépendent des pays et du régime de taxation des Etats. Le prix du baril pourrait se reprendre et atteindre un peu moins de 80 $ à la fin de l'année et les 90 $ au premier trimestre 2009, d'après la banque.