SESSION 2003 EPREUVE SPECIFIQUE – FILIERE MP _______________________ MATHEMATIQUES 2 Durée : 4 heures Les calculatrices sont interdites. *** NB : Le candidat attachera la plus grande importance à la clarté, à la précision et à la concision de la rédaction. Si un candidat est amené à repérer ce qui peut lui sembler être une erreur d’énoncé, il le signalera sur sa copie et devra poursuivre sa composition en expliquant les raisons des initiatives qu’il a été amené à prendre. Calculs de distances entre une matrice et certaines parties de Mn ( ! ) Notations Dans ce sujet, n est un entier naturel non nul et on note : Mn ( ! ) : la ! -algèbre des matrices carrées réelles d’ordre n. Mn,1 ( ! ) : le ! -espace vectoriel des matrices à n lignes et à une colonne. Pour une matrice A de Mn ( ! ) , t A est sa matrice transposée, rang ( A) son rang et Tr ( A) sa trace. In : la matrice unité de Mn ( ! ) . S n ( ! ) : le sous-espace vectoriel des matrices symétriques de Mn ( ! ) . An ( ! ) : le sous-espace vectoriel des matrices antisymétriques de Mn ( ! ) . S n + ( ! ) : l’ensemble des matrices positives de S n ( ! ) c’est-à-dire des matrices A de S n ( ! ) vérifiant : pour toute matrice X ∈ Mn ,1 ( ! ) , t X A X ≥ 0 . GLn( ! ) : le groupe des matrices inversibles de Mn ( ! ) . On ( ! ) : le groupe des matrices réelles orthogonales c’est-à-dire des matrices M de Mn ( ! ) vérifiant : tM M = I n . Pour p entier naturel, ∆ p est l’ensemble des matrices de Mn ( ! ) de rang supérieur ou égal à p et ∇ p est l’ensemble des matrices de Mn ( ! ) de rang inférieur ou égal à p. Tournez la page S.V.P. 2 Objectifs Le but du sujet est de calculer la distance (par la norme de Schur définie à la question II.3.) d’une matrice à : dans la partie II., S n ( ! ) et An ( ! ) par le théorème de projection orthogonale, dans la partie III., On ( ! ) par le théorème de décomposition polaire, dans la partie IV., ∆ p par des notions de densité, dans la partie V., ∇ p par le théorème de Courant et Fischer. La partie I. traite un exemple qui sera utilisé dans les différentes parties. Remarque : dans le texte, le mot « positif » signifie « supérieur ou égal à 0 ». I. Exercice préliminaire 2 1 1 1. Soit la matrice Γ = − 2 − 1 − 1 de M3 ( ! ) , on pose H = t Γ Γ . −1 −1 − 2 Diagonaliser la matrice H et déterminer une matrice P de O 3 ( ! ) et une matrice diagonale D à termes tous positifs telles que D2 = P−1 H P . 2. On pose S = P D P−1 ∈ S 3+ ( ! ) , montrer que la relation Γ = U S définit une matrice U ∈ O 3 ( ! ) et calculer cette matrice. II. Calcul de la distance de A à S n ( ! ) et à An ( ! ) 3. Soit A et B deux matrices de Mn ( ! ) , on pose (A B) = Tr (tA B) . Montrer que l’on définit ainsi un produit scalaire sur Mn ( ! ) . 1 La norme associée à ce produit scalaire (norme de Schur) est notée : A = ( (A A) )2 . Dans tout le sujet, si Π est une partie non vide de Mn ( ! ) , la distance d’une matrice A de Mn ( ! ) à la partie Π est le réel d ( A, Π ) = inf A − M . M ∈Π 4. Montrer que Mn ( ! ) = S n ( ! ) ⊕ An ( ! ) et que cette somme directe est orthogonale. 5. Si A est une matrice de Mn ( ! ) , montrer que d ( A, S n ( ! ) ) = même d ( A, An ( ! ) ). 6. Calculer d (Γ, A 3 ( ! ) ) où Γ est la matrice exemple de la partie I. 1 ( A− t A) et déterminer de 2 3 III. Calcul de la distance de A à On ( ! ) A. Théorème de la décomposition polaire 7. Montrer qu’une matrice S de S n ( ! ) appartient à S n + ( ! ) si et seulement si toutes les valeurs propres de S sont positives ou nulles. 8. Si A est une matrice de Mn ( ! ) montrer que la matrice t A A ∈ S n + ( ! ) . 9. Soit A une matrice de Mn ( ! ) , on suppose qu’il existe une matrice diagonale D = diag (d1 , d 2 , ..., d n ) à termes positifs telle que t A A = D 2 . On note A1 , A2 ,..., An les matrices de Mn ,1 ( ! ) qui forment les colonnes de la matrice A. a. Pour tout couple (i, j ) d’entiers naturels compris entre 1 et n, évaluer t Ai Aj . En particulier, si i est un entier pour lequel d i = 0 , que vaut Ai ? b. Montrer que l’on peut trouver une base orthonormée ( E1 , E 2 , ..., E n ) de Mn ,1 ( ! ) (par rapport au produit scalaire canonique X, Y =tX Y de Mn ,1 ( ! ) ) telle que, pour tout entier naturel i entre 1 et n, Ai = di Ei . c. En déduire qu’il existe une matrice E de On ( ! ) telle que A = E D . 10. Soit A et B deux matrices de Mn ( ! ) vérifiant t A A = tB B . a. Montrer qu’il existe une matrice diagonale D à termes positifs et une matrice orthogonale P telles que : P −1 t A A P = P −1 t B B P = D 2 . b. Montrer qu’il existe une matrice U de On ( ! ) telle que A = U B. 11. Déduire des questions précédentes le théorème de décomposition polaire : Pour toute matrice A de Mn ( ! ) , il existe une matrice U de On ( ! ) et une matrice S de S n + ( ! ) telles que A = U S . (Remarque : on peut également établir l’unicité de la matrice S de S n + ( ! ) et même l’unicité de la matrice U de On ( ! ) si A est de plus inversible dans cette décomposition mais ce ne sera pas utile pour la suite du problème). B. Calcul de d ( A, On ( ! ) ) 12. Montrer que, pour toute matrice M de Mn ( ! ) et pour toute matrice Ω de On ( ! ) , M Ω = ΩM = M . Tournez la page S.V.P. 4 13. Dans la suite de cette partie, soit A une matrice de Mn ( ! ) , soit U ∈ On ( ! ) et S ∈ S n + ( ! ) telles que A = U S ; il existe une matrice diagonale D et une matrice P de On ( ! ) telles que S = P D P −1 . a. Montrer que, pour toute matrice Ω de On ( ! ) , A − Ω = S − U −1Ω et en déduire que d ( A, On ( ! ) ) = d ( S , On ( ! ) ). b. Montrer que d ( A, On ( ! ) ) = d ( D, On ( ! ) ). 14. On note D = diag (λ1 , λ 2 , ..., λ n ) . a. Montrer que pour toute matrice Ω de On ( ! ) , D − Ω 2 n = ∑ λ2i − 2 Tr (D Ω) + n . i =1 n b. Montrer que pour toute matrice Ω de On ( ! ) , Tr (D Ω) ≤ ∑ λi . c. Conclure que d ( D, On ( ! ) ) = D − I n . i =1 15. Montrer que d ( A, On ( ! ) ) = A − U . 16. Calculer d (Γ, O3 ( ! ) ) où Γ est la matrice exemple de la partie I. IV. Calcul de la distance de A à ∆ p 17. Un résultat de densité. a. Soit M un élément de Mn ( ! ) , montrer qu’il existe un réel α > 0 tel que pour tout réel λ vérifiant 0 < λ < α , la matrice M − λ I n est inversible. b. En déduire que GLn( ! ) est dense dans Mn ( ! ) . 18. Soit A un élément de Mn ( ! ) , déterminer, pour tout entier naturel p ≤ n , d ( A, ∆ p ). V. Calcul de la distance de A à ∇ p A. Théorème de Courant et Fischer Soit A une matrice de S n ( ! ) . On notera λ 1 ≥ λ 2 ≥ ... ≥ λ n ses valeurs propres, on notera D = diag (λ 1 , λ 2 , ..., λ n ) , P la matrice de On ( ! ) vérifiant A = P D tP et C1 , C 2 , ..., C n les matrices de Mn ,1 ( ! ) formant les colonnes de la matrice P. 5 Si k est un entier entre 1 et n, on note Ψk l’ensemble des sous-espaces vectoriels de Mn ,1 ( ! ) de dimension k. Nous allons montrer que : t X AX λ k = max min t (théorème de Courant et Fischer). F ∈Ψk X ∈F −{0} X X 19. Soit X un vecteur de Mn,1 ( ! ) de coordonnées ( x1 , x 2 , ..., x n ) dans la base orthonormée (C1 , C 2 , ..., C n ) de Mn ,1 ( ! ) . Calculer en fonction des xi et λ i (i compris entre 1 et n) : t t X A X et t X X et pour k entier entre 1 et n, Ck A Ck . t Ck Ck 20. Soit k entier entre 1 et n, on pose Fk = vect{ C1 , C 2 , ..., C k }. t Montrer que pour tout X non nul de Fk , t X AX XAX ≥ λ et déterminer min . k t t ∈ − { } X F 0 k X X X X 21. Soit F ∈ Ψk , a. montrer que dim ( F ∩ vect{ C k , C k +1 , ..., C n }) ≥ 1 . b. Si X est un vecteur non nul de F ∩ vect{ C k , C k +1 , ..., C n }, montrer que t X AX ≤ λk . t X X 22. Conclure. B. Calcul de d ( A, ∇ p ) Dans toute cette partie : A est une matrice de Mn ( ! ) de rang r et p est un entier naturel, p < r . 23. Montrer qu’il existe deux matrices E et P de On ( ! ) et une matrice diagonale D à termes positifs telles que A = E D P . En déduire que le rang de la matrice t A A est encore r. (On pourra utiliser les résultats de la question 9.) 24. Si on note les valeurs propres de la matrice symétrique réelle t A A de rang r : µ1 ≥ µ 2 ≥ ... ≥ µ r > 0 et µ r +1 = ... = µ n = 0 , si on pose D = diag ( µ1 , µ 2 , ..., µ r , 0, ..., 0) , si pour 1 ≤ l ≤ n on note M l la matrice de Mn ( ! ) dont la l-ième colonne est celle de la matrice E ∈ On ( ! ) de la question 23., tous les autres termes de M l étant nuls, on a n clairement : E D = ∑ µl M l . l =1 Montrer alors qu’il existe une famille orthonormale ( R1 , R2 , ...., Rn ) de matrices de Mn ( ! ) (pour le produit scalaire (A B) = Tr (tA B) de Mn ( ! ) ), toutes de rang un, et telles que n r l =1 l =1 A = ∑ µl Rl = ∑ µl Rl . Tournez la page S.V.P. 6 p 25. Avec les notations de la question 24, on pose N = ∑ µl Rl . l =1 Montrer que rang ( N ) ≤ p puis que d ( A, ∇ p ) ≤ µ p +1 + ... + µ r . 26. Soit M une matrice de rang p ( p < r ) , on note α1 ≥ α 2 ≥ ... ≥ α n ≥ 0 les valeurs propres de la matrice t (A − M) (A − M) et on pose G = Ker M ∩ Im(tA A) . Soit k un entier compris entre 1 et r − p . a. Montrer que dim G ≥ r − p . b. Soit F un sous-espace vectoriel de G de dimension k, montrer que : t X tA A X α k ≥ min . t X ∈F −{0} X X c. On note (V1, V2, ..., Vn ) une base de ! n formée de vecteurs propres de la matrice t A A , le vecteur Vi étant associé à la valeur propre µi de telle sorte que : µ1 ≥ µ 2 ≥ ... ≥ µ r > 0 et µ r +1 = ... = µ n = 0 . Montrer que dim (G ∩ vect{ V1 , V2 , ..., Vk + p } ) ≥ k . d. En déduire que α k ≥ µ k + p . 27. En déduire d ( A, ∇ p ). 28. Calculer, pour p ∈ {0, 1, 2, 3}, γ p = d (Γ, ∇ p ) où Γ est la matrice exemple de la partie I. Fin de l’énoncé.