Calcul fonctionnel holomorphe dans les alg`ebres localement p

BULLETIN OF THE
GREEK MATHEMATICAL SOCIETY
Volume 52, 2006 (77–90)
Calcul fonctionnel holomorphe
dans les alg`ebres localement p-convexes
M. Chahboun and A. El Kinani
Abstract
We define and study a holomorphic functional calculus in locally p-convex alge-
bras. Some applications are also considered.
Mots cl´es : Fonction holomorphe, alg`ebre localement p-convexe, m-p-compl´etude,
involution d’espace vectoriel.
1991 Mathematics subject classification : 46K99, 46H30.
Introduction
Dans [2], G. R. Allan a d´efini un calcul fonctionnel holomorphe dans les alg`ebres
localement convexes pseudo-compl`etes. Pour les alg`ebres p-Banach, W. Zelazko ([23])
a utilis´e la notion de ”p-admissibilit´e” pour assurer l’existence d’un calcul holomorphe.
Dans cet article, on se propose de construire un calcul fonctionnel holomorphe dans
les alg`ebres localement p-convexes m-p-compl`etes, 0 < p 1. Pour ce faire, nous
consid´erons le spectre ([2]) comme une partie de C=C∪ {∞}, compactifi´e d’Alexan-
droff de C. Cette notion est en fait le spectre r´egulier au sens de L. Waelbroeck
([22]). Nous montrons (Corollaire 2.10) que le spectre r´egulier de tout ´el´ement x, not´e
Sprx, est un compact non vide de C. Nous consid´erons ensuite des fonctions f, ho-
lomorphes sur un ouvert Ude C, et donnons un sens `a f(x),o`u xest un ´el´ement
non n´ecessairement r´egulier tel que SprxU. On montre (Proposition 3.5) que ce
calcul est continu. Puis on ´etablit (Proposition 4.5) le ”Spectral mapping theorem”.
Nous ´etendons ensuite, pour les ´el´ements r´eguliers, un lemme de J. W. Ford ([12]), sur
l’existence de la racine carr´ee hermitienne (Proposition 4.6).Nous obtenons ´egalement
une version du principe du maximum (Proposition 4.7).
1. Pr´eliminaires
Soient (E, τ ) un espace localement p-convexe s´epar´e et (|.|i)iIune famille de p-
semi-normes, 0 < p 1,d´efinissant sa topologie. Si Eest muni d’une structure
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d’alg`ebre telle que le produit est s´epar´ement continu, on dit que (E, τ) est une
alg`ebre localement p-convexe (a.l.p-c.). Une a.l.p-c. est dite m-p-compl`ete si, pour
tout p-disque born´e ferm´e et idempotent B, l’espace vectoriel EBengendr´e par B,
muni de la p-jauge k.kB, de B, est une alg`ebre p-Banach (i.e., une alg`ebre p-norm´ee
compl`ete). Un ´el´ement xEest dit egulier si, et seulement si, il existe α > 0 tel que
l’ensemble ©¡x
α¢n:nNªsoit un born´e de E. L’ensemble des ´el´ements r´eguliers
de Esera not´e E0. Pour xE0,soit Bla fermeture de l’enveloppe p-disqu´ee de
l’ensemble born´e et idempotent ©¡x
α¢n:n= 1, ...ª. Alors Best un p-disque born´e
ferm´e et idempotent tel que xEB.Consid´erons la famille, not´ee Br,de tous les
p-disques born´es ferm´es et idempotents de Eet posons B={B∈ Br:eB}.On
a alors E0=S{EB:B B} .Soit (E, (|.|i)iI) une a.l.p-c. commutative et m-p-
compl`ete. On montre (Proposition 2.1) que E0est une sous-alg`ebre de E. Ainsi la
m-p-compl`etude de l’alg`ebre (E, (|.|i)iI) signifie que l’alg`ebre (E0,Br) est compl`ete.
Pour p= 1, on retrouve les alg`ebres ”pseudo-Banach algebras” au sens de G. R.
Allan, H. G Dales et J. P. McClure de [3]. On s’int´eresse aux fonctions holomorphes
telles qu’elles sont d´efinies dans [5]. On d´esigne par H(U) l’ensemble des fonctions
complexes holomorphes sur un ouvert Ude C. On rappelle qu’une fonction complexe
fest holomorphe `a l’infini si lim
λ0f(λ1)= let si la fonction
f(λ) = f(λ1) si λ6= 0
et
f(0) = lest holomorphe au point 0.
Dans toute la suite, les alg`ebres seront localement p-convexes, 0 < p 1, com-
plexes et unitaires. Si eest l’unit´e, λsera un abus de notation pour λe, o`u λC.
Pour tout xE, on d´efinit Spx ={λC:λx /G(E)}, o`u G(E) est le groupe des
´el´ements inversibles de E. Le rayon spectral de xest ρ(x) = sup {|λ|:λSpx}et le
rayon de r´egularit´e de xest β(x) = inf{α > 0 : lim
n+(α1x)n= 0}avec la convention
inf = +.
2. El´ements et spectre r´eguliers
L’ensemble E0n’est pas n´ecessairement une alg`ebre ([22]). Dans le cas commutatif,
on a ce qui suit
Proposition 2.1 Soit (E, (|.|i)iI)une a.l.p-c. commutative et m-p-compl`ete. Alors
E0est une sous-alg`ebre de E.
Preuve. Il suffit de montrer que Best filtrante `a droite. Soient B, C ∈ B. Pour
tout bB, on consid`ere l’application lin´eaire Lb:c7−bc, de ECdans Eet
F={Lb:bB}.Tout ´el´ement de Fest continu. De plus, pour xEC,l’orbite
{Lb(x) : bB}est un born´e de (E, (|.|i)iI).Par le th´eor`eme 2.6 ([18], p. 44), la
famille Fest ´equicontinue. Elle est donc ´equiborn´ee. Par cons´equent BC est un born´e
idempotent. Par suite, la fermeture Γp(BC),de l’enveloppe p-disqu´ee Γp(BC) de BC,
Calcul fonctionnel holomorphe dans les alg`ebres localement p-convexes 79
est un ´el´ement de Bcontenant BC.
Comme cons´equence, on a le r´esultat suivant.
Corollaire 2.2 Soit (E, (|.|i)iI)une a.l.p-c. commutative et m-p-compl`ete. Posons
B0=S{B:B∈ B}. Alors
(i) B0est un p-disque idempotent et absorbant dans E0et sa p-jauge k.kB0est
une p-semi-norme sur E0.
(ii) pour tout xE0,on a kxkB0= inf {kxkB:B∈ B, x EB}=β(x)p.
Rappelons la notion, suivante, de spectre r´egulier au sens de L. Waelbroeck.
efinition 2.3 ([22]) Soient (E, (|.|i)iI) une a.l.p-c. et xE. On appelle spectre
egulier de x, not´e Sprx, la partie de C=C∪ {∞}, d´efinie par
(i) Pour λ6=, λ Sprxsi, et seulement si, λxn’admet pas d’inverse r´egulier
dans E.
(ii) ∞ ∈ Sprxsi, et seulement si, xn’est pas r´egulier.
Remarques 2.4 (i) Pour tout xE, on a Spx Sprx.
(ii) Si Eest commutative et m-p-compl`ete, alors
a) Sprx=SpE0x, pour tout xE0,o`u SpE0xest le spectre alg´ebrique de x
relativement `a l’alg`ebre E0.
b) Pour tout xE0, SpE0xest un compact de C.
Le r´esultat suivant, de preuve classique, permet de se ramener au cas commutatif.
Proposition 2.5 Soient ¡E, (|.|i)iI¢une a.l.p-c.,Xune partie commutative de E.
Alors
1) il existe une sous-alg`ebre F, de E, commutative et maximale contenant Xtelle
que Sprx=Spr,F x, pour tout xF.
2) Si Eest m-p-compl`ete, il en est de eme de F.
Pour tout xE, on d´esigne par Res(x), le compl´ementaire de Sprxdans C, appel´e
l’ensemble r´esolvant de x, et par Rxla r´esolvante de xd´efinie par Rx(λ) = (λx)1
lorsque cet inverse existe dans E.
Proposition 2.6 Soient (E, (|.|i)iI)une a.l.p-c. m-p-compl`ete et xE. Alors les
assertions suivantes sont ´equivalentes.
(i) xest r´egulier.
(ii) La r´esolvante λ7−Rx(λ) = (λx)1est d´efinie et born´ee dans un voisinage
ouvert de l’infini.
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Preuve. (i)=(ii). Soient xE0et B∈ B tel que xEB. Pour |λ|p>kxkB
et λ6=,on a Rx(λ)EBet kRx(λ)kB(|λ|p− kxkB)1. Par cons´equent
lim
|λ|−→∞ kRx(λ)kB= 0. Soit M > 0 tel que Rx(λ)B. Pour |λ|> M, la r´esolvante
λ7−Rx(λ) est d´efinie et born´ee dans U=½λC:|λ|>max µM, kxk
1
p
B¶¾.
(ii)=(i). Soit Uun voisinage ouvert de l’infini tel que la r´esolvante λ7−Rx(λ)
y est d´efinie et born´ee. Soit B∈ B tel que Rx(U)B. Pour |λ|p>kxkB,on a
(λx)1=P
n0
λn1xndans EB. D’o`u la r´egularit´e de x.
Le spectre r´egulier est un ferm´e de C, comme le montre le r´esultat suivant.
Proposition 2.7 Soient (E, (|.|i)iI)une a.l.p-c. m-p-compl`ete et xE. Alors les
assertions suivantes sont ´equivalentes.
1) λ0Res(x).
2) λ0admet un voisinage ouvert U, dans C, tel que
(i) (λx)1existe, pour tout λ6=dans U,
(ii) l’ensemble n(λx)1, λ Uet λ6=λ0oest un born´e de E.
Preuve. a) Si λ0=,alors xE0.Par la proposition 2.6, on a 1) 2).
b) Supposons que λ06=et montrons 1) =2). Si λ0Res(x),alors y=
(λ0x)1E0. Donc, d’apr`es a), l’application λ7−Ry(λ) est d´efinie et born´ee
dans un voisinage de l’infini. Par suite la fonction λ7−¡y+ (λλ0)1¢1est
d´efinie et born´ee pour λ6=λ0dans un voisinage ouvert Ude λ0.Comme (λx)1=
yy2¡y+ (λλ0)1¢1,l’application λ7−Rx(λ) est d´efinie et born´ee sur l’en-
semble {λC:λ6=λ0, λ U}. Par cons´equent, si λ06=,l’application λ7−Rx(λ)
est d´efinie et born´ee sur U. Montrons maintenant 2) =1). Soit λ06=et v´erifiant
(i) et (ii). Alors y= (λ0x)1existe. De plus, pour tout λ6=λ0dans le voisi-
nage Ude λ0, l’´el´ement y+ (λλ0)1est inversible. Comme ¡y+ (λλ0)1¢1=
y1³1y1(λx)1´, l’ensemble ½³y+ (λλ0)1´1
, λ Uet λ6=λ0¾est un
born´e de E. D’o`u la r´egularit´e de y= (λ0x)1par a).Donc λ0Res(x).
Concernant l’holomorphie de la r´esolvante, on a ce qui suit.
Proposition 2.8 Soient (E, (|.|i)iI)une a.l.p-c. m-p-compl`ete et xE. Alors,
pour tout λ0Res(x), il existe un voisinage ouvert Ude λ0contenu dans Res(x)
et B∈ B tel que Rx(U)EB.De plus, la r´esolvante λ7−Rx(λ)est holomorphe
de Udans EB
Preuve. Soit λ0Res(x). Si λ06=,l’´el´ement Rx(λ0) est d´efini et r´egulier par la
proposition 2.6. Soit B∈ B tel que Rx(λ0)(EB,k.kB). Si |λλ0|<kRx(λ0)k1
p
B,
Calcul fonctionnel holomorphe dans les alg`ebres localement p-convexes 81
alors, par la proposition 2.6, la s´erie
X
k0
(1)k(λλ0)kRx(λ0)k+1
est convergente dans (EB,k.kB) est sa somme est exactement Rx(λ). On pose U=
½λC:|λλ0|<kRx(λ0)k1
p
B¾. C’est un voisinage ouvert de λ0dans lequel λx
est inversible et d’inverse Rx(λ) = P
k0
(1)k(λλ0)kRx(λ0)k+1.Comme Rx(λ0)
EB,on a Rx(λ) = P
k0
(1)k(λλ0)kRx(λ0)k+1 EB, pour tout λU. Ainsi U
Res(x) et la r´esolvante λ7−Rx(λ) est holomorphe de Udans EB. Supposons main-
tenant que λ0=.Soit B∈ B tel que xEB.Posons U=©λC:|λ|p>kxkBª.
Alors, pour tout λUC, l’´el´ement λxest inversible et son inverse Rx(λ) est
dans EB. De plus, kRx(λ)kB(|λ|p− kxkB)1.Donc lim
|λ|→∞ Rx(λ) = 0 dans EB.
Montrons que l’application fefinie par f(λ) = Rx(λ1) si λ6= 0 et f(0) = 0 est
holomorphe en z´ero. On a Rx(λ1) = λ¡1 + x(λ1x)1¢.Par ailleurs, (λ1x)1
existe et λ7−(λ1x)1est born´ee dans un voisinage de 0.Il en d´ecoule que
λ7−1+x(λ1x)1est born´ee. D’o`u le r´esultat vu que lim
λ0°
°λ1Rx(λ1)°
°B= 1.
Comme cons´equences, on obtient les r´esultats suivants.
Corollaire 2.9 Soient (E, (|.|i)iI)une a.l.p-c. m-p-compl`ete, xEet Kun com-
pact de Res(x). Alors il existe B∈ B tel que Rx(λ)EB,pour tout λK. De plus
Rxest holomorphe dans un voisinage de Ket `a valeurs dans EB.
Preuve. Soit Fla sous-alg`ebre commutative maximale contenant x. Par 2) de la
proposition 2.5, (F, (|.|i)iI) est une a.l.p-c. unitaire et m-p-compl`ete. Soit λK
Res(x). D’apr`es la proposition 2.8, il existe un voisinage ouvert Uλ,de λ, dans Res(x)
tel que Rx(γ)EB, pour tout γUλ,o`u B∈ B.Mais Rx(γ)F, pour γUλ
Res(x).D’o`u, pour tout γUλ, Rx(γ)FEB=FA,o`u A=FBqui est un p-
disque born´e idempotent et compl´etant de F. Par cons´equent, Rxest une application
de Uλdans l’alg`ebre p-Banach (FA,k.kA) qui est contenue dans (F, (|.|i)iI). Comme
Kest un compact, il existe un recouvrement fini d’ouverts (Uk)1knet une famille
de p-disques born´es idempotents et compl´etants (Ak)1kn, dans F, tels que pour
tout γUk, Rx(γ)FAk. En tenant compte du fait que l’alg`ebre Fest commutative
et m-p-compl`ete, on montre qu’il existe un p-disque born´e idempotent et compl´etant
Atel que n
k=1AkA. D’o`u Rx(K)FAEA.De plus, Rx(Uk) est born´e, pour
tout k∈ {1, ..., n}. Ainsi Rx(K) est born´e. L’application Rxest alors holomorphe sur
l’ouvert U=n
k=1Ukvu qu’elle l’est sur chaque Uk.
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