L’impact de la crise financière sur l’économie marocaine Introduction : La crise financière mondiale actuelle a vraiment commencé en 2007, comme les crises précédentes, elle a débuté aux états unis avant d’atteindre l’Europe et le reste du monde. Elle a été amorcée par la crise des supprimes avant de contaminer le secteur bancaire et entraîner dans son sillage tout le marché financier. Cette crise aura-t-elle un impact sur l’économie marocaine ? Quel est l’impact de la crise actuelle sur le monde mais surtout au Maroc ? Pourquoi le Maroc sera touché par son tour ? Dans quels secteurs ? Et dans quels domaines ? Quelles sont les mesures à prendre pour endiguer si non diminuer les effets de la crise sur notre économie ? I. L’impact de la crise financière sur l’économie mondiale. Avant de voir l’impact de la crise financière sur le Maroc, revoyons brièvement ce qui se passe dans le monde, et l’on commencera par les états-unis. Berceau de toutes les crises économiques les États-Unis ont été les premiers à souffrir de la crise : Faillite des grandes banques, liquidation des entreprises, chômage, récession économique… La contagion a ensuite atteint l’Europe qui entraîner dans son sillage les pays émergeants avec la chine en tête. Partant dans tout le monde, on assiste à un affolement des marchés boursiers nourri par la menace d’une récession mondiale. 1 De ce fait la croissance mondiale devrait fortement chuter en 2009 selon la conférence des nations unies pour le commerce et le développement. De même le FMI revoit à la baisse ses prévisions pour la croissance mondiale de 3,9% 2008 à 3,72% 2009. II. L’impact de la crise financière sur l’économie marocaine. L’avènement de la crise américaine des Subprimes introduit un grand débat au Maroc et qui persiste jusqu’à aujourd’hui ; en fait, la problématique qui prime est la suivante : « L’économie marocaine est-elle touchée par la crise ? ». Ceci étant, les opinions des divers analystes divergent, du fait que les uns estiment que l’économie marocaine est inévitablement touchée, tandis que les autres pensent qu’elle est loin d’être touchée. A. SUR LE SECTEUR FINANCIER. Le Maroc qui semblait à première vue protégé accuse le coup. Au moins en ce qui concerne la bourse de Casablanca en tout cas. En effet, les fondamentaux de l'économie restent positifs malgré des premiers signes d'essoufflement dans le tourisme et l'immobilier. Pourtant les cours baissent dangereusement. Les premières valeurs à chuter sont principalement celles du secteur immobilier. Ainsi Addoha, Alliances, Delta Holding et CGI ont été chahutées accusant des baisses jusqu'à 6%. Le secteur immobilier continu sur un trend baissier de 6% environ. Le secteur de la finance a également été touché par une onde de choc plus violente avec les titres des grandes banques qui chute de 6%. Les sociétés de crédits et les assurances sont également entraînées dans cette spirale. 2 Les soubresauts que connaît le marché boursier international ont déjà commencé à produire quelques impacts négatifs sur le Maroc, certes limités pour l’instant à la sphère financière. Deux situations, en particulier, illustrent ces retombées négatives. Il y a d’abord la hausse de la prime de risque attachée à la dette marocaine. La dernière émission du Trésor pour 500 millions d’euros (5,5 milliards de DH) sur 10 ans a été réalisée l’été dernier avec un spread de 50 à 60 points de base. Aujourd’hui, cette prime de risque est passée à plus de 150 points de base. Autrement dit, «la perception du risque Maroc a plus que triplé». o Le Maroc reste confiant malgré la crise L’impact de la crise de subprime sur le marché financier marocain reste très limité. Hormis Maroc Telecom, cotant à Paris, qui risque d’être touchée légèrement via des liquidations de positions par des fonds actions, les autres titres ne seront pas chahutés par ces mouvements sur les marchés internationaux. Certains investisseurs étrangers de la place pourraient liquider leur position s’ils sont touchés par la crise. Mais rien de cela n’est encore. Les seules répercussions que la crise pourrait avoir sur la place casablancaise sont d’ordre psychologique. La méfiance qui sévit dans le monde par rapport aux actifs immobiliers pourrait s’étendre aux opérateurs marocains. En fait, les principales conclusions qu’on a pu dégagé par rapport à la place casablancaise se déclinent comme suit : 3 Le marché boursier marocain n’est pas très intégré dans le système financier international Le pourcentage des capitaux étrangers dans la bourse demeure faible. Le contrôle des changes Les fondamentaux des entreprises cotées restent bons. Le marché est toujours acheteur Un PER (Price Earning Ratio) trop élevé Une fiscalité moins avantageuse L’anonymat des transactions L’impact psychologique B. SUR L’ECONOMIE REEL. a) Le recul de la croissance en 2009. La crise financière qui ébranle les plus grandes économies mondiales causera une perte probable de 1.5 à 2 points de croissance d’après une étude récente du conseil marocain de conjoncture consacrée à l’incidence de la crise financière actuelle sur l’économie marocaine à court et à moyen terme cette perte s’accompagnerait d’une détérioration sensible des équilibres financiers interne et externe .l’affaiblissement de la demande extérieure dans un contexte inflationniste contribuera à l’alourdissement du déficit commercial qui a déjà franchi au terme des sept premiers mois de l’année le seuil de 80 milliard de dirhams. Pour l’inflation, le CMC prévoit que le taux devrait franchir le seuil de 4,5 % pour la première fois depuis plusieurs années. Chez les conjoncturistes du CMC, il ne fait pas de doute que «le repli attendu de la croissance devrait se traduire par une pression plus forte sur les ressources de l’Etat qu’impliqueront les programmes de soutien au pouvoir d’achat et à l’activité au moment même où les recettes marquent un certain essoufflement». Au chapitre de l’inflation, les conjoncturistes imputent le repli de l’activité au 4 renchérissement des matières premières, des produits alimentaires et de l’énergie. De son coté le gouverneur bank al maghrib estime que l’impact de la crise devrait réduire le PIB de moins d’un point de pourcentage en 2009.Jouahri précise que les dernières prévisions révisées du gouvernement pour l’année 2009 confirmées par le Fond Monétaire international (FMI), montre que la croissance économique devrait continuer à se situer autour de son potentiel (5 à 6%) . Certes, il est évident que des vecteurs important de l’économie marocaine seront touchés par la crise, d’abord il y a l’affaiblissement de la demande extérieur adressé à la production nationale en d’autre terme les exportations marocaines risquent de connaitre un ralentissement . b) Les investissements directs étrangers. Les IDE risquent de trinquer et connaitront forcement un ralentissement, car les pays industrialisé vont sans doute devoir revoir leur plan et leur programme d’investissement, ainsi d’autres entreprises seront tout simplement dissuadées d’investir dans un tel contexte sachant que le montant moyen sur ces dernières années s’élevait a 5 milliard de dollars et qui jouaient un rôle important dans le développement des capacités de production au maroc. Le même effet devra être relevé au niveau des activités relatifs aux transfert des MRE qui devrait connaitre une baisse du pouvoir d’achat, ainsi les problèmes de liquidité dans les pays d’accueil ce qui se traduirai par une dépréciation de la demande externe sur la production nationale et par une détérioration de l’équilibre de la balance des paiements. c) L’immobilier. La crise affectera aussi le secteur immobilier du moment ou les promoteurs immobiliers débordent d’ingéniosité pour diversifier les canaux de lobbying afin de convaincre les officiels du bien fondé de leurs doléances, un autre souci 5 viendra faire grossir la liste de leurs préoccupations. et pour cause la récession fortement ressentie à l’international ne tardera pas à déstabiliser ce secteur apparenté jusque là à une machine à cash. Certes, nombreux sont ceux qui soutiennent que seul le segment du luxe sera impacté. Prenons d’abord le cas le plus exposé celui dont la demande est formulée essentiellement par la clientèle étrangère et donc par une frange de la clientèle dont les pays d’origine sont aujourd’hui en crise. Par contre le ministre des finance affirme que l’encours des crédits immobilier destiné au logement sociale et économique à augmenté de 30% en juillet et que c’est trop tard de parler de crise immobilière dans un pays ou l’offre de logement est largement insuffisante. d) Le tourisme : L’autre volet important pour l’économie et qui peut être menacé par la crise financière est le tourisme. Ce secteur est le plus exposé vu ses interactions direct avec l’étranger. L’activité touristique était déjà passé dans le rouge avant la crise le problème venait des pays d’Europe à travers les tassements des économies : -En France le développement explosif des ventes en ligne de l’hébergement non classé. -En G .B depuis janvier dernier, la taxe écologique appliquée à toutes les destinations moyen-courrier. Tous les signaux étaient déjà en rouge : le niveau de consommation des ménages qui baisse, et plus spécifiquement la forte concurrence des pays compétitives comme la turcie, l’Egypte et encore la Tunisie. En ce qui concerne le rêve de 2010 qui vise à atteindre les 10 millions de touristes, les professionnelles du secteur revoient leurs ambitions à la biais,le nouveau chiffre à atteindre est désormais rogné à 9,3 millions . 6 D’autant que le secteur de tourisme est le plus sensible que d’autre à la déprime de la consommation dans les pays les plus atteints par la crise .Du coté français notre principale marché émetteur, la baisse des réservations atteint les 20 à 30%. Les causes de cette régression sont en relation étroite avec la tendance à la baisse des forfaits de voyage par le biais de tour-opérateurs, parallèlement à la montée des voyages individuels aux profits des nouveaux produits tel que les maisons d’hôtes et les nombreux raids non classés. e) Les exportations: Le Maroc pays exportateur subit de plein fouet les conséquences de cette crise qui touchent des pays clients, notamment la France, l’Espagne et les Etats Unis qui pourraient se traduire par une diminution de la demande de certains produits traditionnellement exportés par le maroc. Chez les exportateurs la situation n’est plus délicate, elle est doublement sanctionnée. D’abord par la chute des commandes qui se traduise comme une peau de chagrin, mais aussi par la partie monétaire qui n’est certainement pas à l’avantage du Maroc (un euro en baisse et un dollar en hausse n’arrangent pas la situation des secteurs dont les produits destinés aux marchés étrangers). Les secteurs liés à l’exportations tel que le textile et habillement vont subir le ralentissement des pays les plus touchés par la crise comme la France, l’Espagne. Sur les sept premiers mois de 2008 : la baisse de la consommation t- h en Europe s’est traduite par une régression de 1,6% des importations communautaires d’habillements à l’autre de 2% en prévenance de Maroc. - Bonne nouvelle : les textuaires marocains ont mieux lotis que leurs confrères tunisiens ou encore turcs dont les carnets de commandes accusent des baisses respectives de 4,2% 9,4%. 7 - Mauvaise nouvelle : le trend baissier devrait s’accélérer dans les mois à venir d’après l’AMIT, il y aurait une baisse de 8 à 10% pour les prochains mois. III. Les mesures pour faire face à la crise : - Le Maroc devra redéployer sa politique touristique tout en continuant à rester attacher à ses marchés traditionnels européens, il est important aussi de promouvoir le Maroc touristique auprès de nouveaux marchés tels que la Russie, l’Europe de l’Est la Chine et bien sur le Maghreb et la monde Arabe pour compenser la perte qui pourrait provenir des marchés traditionnels. - Le Maroc appartient aux sphères méditerranéenne et africaine qui doivent intervenir dans les prochaines débats relatifs aux reformes du FMI et accompagner les discussions menées au sein de l’OMC aux cotés des pays les plus développés, l’objectif est de faire en sorte que les questions du développements et la lutte contre la pauvreté soient prises en considération dans les réformes à venir. - Renforcer les solidarités de proximité qui vont permettre à tous pays de trouver les fondements d’un nouveau départ et notamment d’élargir leur marché intérieur. -Il est primordiale que le Maroc établie des relations fortes avec les nouvelles économie émergentes (la chine l’inde le brésil et la Russie) qui va lui permettre de lier ses politiques phosphatières avec ses pays en tenant compte de l’importante croissance de leurs demandes aux produits alimentaires. - Pour donner plus de visibilité au secteur immobilier et l’aider à activer son dynamisme et maintenir son rythme de croissance, la FNPI a remis à la primature un mémorandum comprenant des propositions concrète d’action à mener en vue d’améliorer les conditions d’investissements dans le secteur. - Pour parer à la crise Mohamed Tamer président de la fédération du textile milite pour la compression du prix de revient. 8 - Pour le secteur de tourisme : Le ministre de tourisme et de l’artisanat Mohamed Boussaid a annoncé la mise en place d’une task force afin d’anticiper les effets négatifs de la crise financière sur le secteur touristique. IV. Les opportunités tirées de la crise financière : La crise financière aura bien sur des conséquences négatives sur le Maroc dans les domaines des exportations, du tourisme et du transfert des MRE. Mais fort heureusement pour nous qu’il y aura des cotés positifs comme : - La baisse des coûts des matières premières en particulier du pétrole, des biens d’équipements et l’augmentation de l’attractivité des capitaux qui vont fuir les mauvaises conditions qui servissent ailleurs. - Ministre de l’industrie et du commerce : la Maroc peut tirer profit de la crise : Les industries européens notamment américains vont forcement chercher à réduire d’avantage leur coûts de production pour rester compétitifs ; c’est une occasion pour les industries marocains de prendre des positions intéressantes dans certains secteurs. - La détérioration du pouvoir d’achat dans les pays européens par exemple n’entraînera pas une baisse des volumes mais un déplacements de la demande, les consommateurs vont se rabattre de plus en plus sur des produits moins chers c’est une chance pour l’industrie marocaine de l’agroalimentaire de se positionner sur ces produits économique. Le Maroc a le savoir faire il n’exporte pas de gros volume cette conjoncture ouvre donc la voie pour développer le potentiel à l’export. -Au niveau du secteur du tourisme l’impact de la crise financière sera mitigé, il y aura un changement de la clientèle. En dépit de la crise certaines catégories de touristes internationaux qui ne pouvant plus s’offrir des voyages en Asie par exemple pourraient être déroutés vers le Maroc. 9 Conclusion : La crise financière a débuté aux Etat Unis avant de se propager rapidement en reste du monde et de se répercuter sur l’économie réelle et conduire vers une récession économique. L’économie marocaine n’est pas à l’abri des impacts d’une telle crise au vu de nos vulnérabilités. Certes les effets tardent à venir, mais ils seront inéluctables à moyen et long terme. Si les américains ont adopté le plan Paul Son, et les européens un plan de sauvetage commun, Le Maroc ne dispose pas d’un véritable plan pour contre carrer les effets de la crise. Enfin, la fiabilité du système financiers tel qu’il a été adopté par les accords de Breton Wood, laisse penser qu’on se dirigera très probablement vers un nouvel ordre économique mondial, cependant ce qu’il ressort de la dernière réunion du G 20 à Washington, c’est plutôt une maîtrise de la gestion des instances financière et une amélioration progressive du système financier international. 10