• Vers l'indépendance
• Le plan de Réformes marocaines, 1934 (extraits)
• Proclamation de "loyalisme" du sultan Mohammed Ben Youssef, 3 septembre 1939 (extraits)
• L'entrevue d'Anfa, 1943
• Témoignage d'Elliot Roosevelt sur l’entrevue d’Anfa, 22 janvier 1943 (extraits)
• Témoignage de Hassan II sur l’entrevue d’Anfa, 22 janvier 1943 (extraits)
• Manifeste de l'Istiqlal, 11 janvier 1944
• Discours de Tanger du sultan Mohammed Ben Youssef, 10 avril 1947 (extraits)
• Note du sultan Mohammed Ben Youssef au président de la République française relative au
problème des réformes, octobre 1952
• Casablanca, 1953
• Tract du parti de l'Istiqlal (traduit de l'arabe), 17 novembre 1953
• L' organisation de la résistance urbaine à Kénitra (1953-1954)
• Tract de l’organisation “Présence française”
• Interrogatoire de l’accusé Salah Rachidi au procés de la “Main noire” ( 2 juin - 5 juillet 1954)
(extraits)
• Déclaration commune franco-marocaine du 6 novembre 1955
• Déclaration commune franco-marocaine de reconnaissance de l’indépendance du Maroc, 2 mars
1956
Le plan de Réformes marocaines, 1934 (extraits)
Le plan de réformes marocaines présente les revendications du premier parti politique
marocain, le Comité d'Action Marocaine, qui milite pour que soient pris en compte les
intérêts des Marocains. Ces revendications sont déconsidérées par l'autorité coloniale qui
assimile les jeunes nationalistes à des agitateurs d'idées sans réelle audience.
(...)
Vingt- deux ans se sont écoulés depuis la signature du traité de protectorat. Il y a donc lieu de nous
demander où nous en sommes quant à la réalisation de nos espérances fondamentales. (...)
Il est vrai que la paix règne finalement sur l'étendue de l'Empire. Les Marocains en éprouvent une
satisfaction que peut troubler seul le souvenir d'évènements douloureux et de l'effusion de sang qui les a
caractérisés. (...)
Il n'en est pas moins vrai que le Maroc a accompli une oeuvre importante d'équipement matériel moderne
: routes, voies ferrées, édifices administratifs, etc. Les Marocains reconnaissent les efforts du protectorat
dans ce domaine. Mais ils lui font grief d'avoir manqué de mesure dans l'établissement du programme
d'équipement, pratiqune fiscalité excessive et recouru souvent à une folle politique d'emprunts ruineux
pour l'Etat et la nation.
Les Marocains reconnaissent dans ce système d'administration une politique de privilèges et de race qui
est la cause fondamentale qui leur a valu de voir négliger leur évolution en même temps que le Protectorat
travaillait pour assurer à la colonie européenne toutes les possibilités de développement et de prospérité.
(...).
Au cours de l'étude de ce cahier de revendications, notre Comité a constaté qu'une partie des réformes
auxquelles aspire le peuple marocain, fait l'objet d'une législation dont on limite l'application à la colonie
européenne. Dans ce domaine, il demande l'extension du bénéfice à la population marocaine sous réserve,
bien entendu, de la rendre conforme aux chapitres de ce plan relatifs y relatifs : c'est le cas notamment des
dahirs sur le travail, l'Etat civil, les libertés individuelles, etc...(...)
Comité d'Action Marocaine, Plan de réformes marocaines, élaboré et présenté à S.M. le Sultan, au
Gouvernement de la République française et à la Résidence Générale au Maroc, Edition française, 1934
Proclamation de “ loyalisme ” du Sultan Mohammed ben
Youssef, 3 septembre 1939 (extraits)
Cet appel, diffu dans les mosquées du royaume, est considéré comme le point de départ et la
caution de l'engagement des troupes marocaines dans la Seconde guerre mondiale.
La fidélité du souverain à la métropole dans l'épreuve contribue à maintenir intact l'image de la
France dans le protectorat.
La France prend aujourd’hui les armes pour défendre son sol, son honneur, sa dignité, son avenir et le
nôtre. Nous devons être nous-mêmes fidèles aux principes de l’honneur de notre race, de notre histoire et
de notre religion.
A partir de ce jour et jusqu’à ce que l’étendard de la France et de ses alliés soit couronné de gloire, nous
lui devons concours sans réserve, sans lui marchander aucune de ses ressources et sans reculer devant
aucun sacrifice. Nous étions liés à elle dans le temps de la tranquillité et de l’opulence. Il est juste que
nous soyons à ses côtés dans l’épreuve qu’elle traverse et d’où elle sortira, nous en sommes convaincus,
glorieuse et grandie.
Cité par E. Sablier, De Gaulle et le Maroc, 1990
L'entrevue d'Anfa, 1943
L'échange de propos entre le sultan Mohammed Ben Youssef et le président américain
Roosevelt, à Anfa, rapporté ici de mémoire par leur fils respectif, est une date importante de la
décolonisation marocaine. Quelques mois après le débarquement des troupes américaines dans
le pays, les positions anti-colonialistes du président des Etats-Unis permettent en effet au
souverain marocain d'envisager l'avenir du Maroc en dehors de la tutelle française.
Témoignage d'Elliot Roosevelt sur l'entrevue d'Anfa, 22
janvier 1943
(extraits)
"Ce soir-là, le Sultan était notre hôte. Il vint accompagné de son jeune fils, l'héritier présomptif, et suivi de
son grand vizir et de son chef de protocole. Le dîner commença. Mon père avait à sa droite le Sultan et à
sa gauche Churchill.
Mon père et le Sultan s'entretenaient avec animation de la richesse des ressources naturelles du Maroc et
des vastes possibilités de développement qui s'offraient à ce pays. Ils prenaient l'un et l'autre un grand
plaisir à cette conversation ...
Le Sultan, renouant le fil de la conversation, posa la question de savoir quelle conséquence on devait tirer
du conseil de mon père, en ce qui concernait le futur gouvernement français.
Mon re, jouant avec sa fourchette, fit observer gaiement que la situation, surtout en matière coloniale,
changerait radicalement après la guerre ... Churchill toussa, essayant de faire prendre un autre tour à la
conversation. Mais le Sultan s'adressa à mon père et lui demanda ce qu'il entendait par "changement
radical". Mon père fit une remarque sur les rapports que les financiers français et britanniques
entretenaient avant la guerre, et sur leurs sociétés qui se renouvelaient automatiquement et dont le but était
de drainer les richesses des colonies. Il parla aussi de la possibilité de couvrir au Maroc des gisements
pétrolifères.
Le Sultan s'empara de cette question avec ardeur, se clara partisan de l'exploitation de toutes les
ressources naturelles et ajouta que les revenus qu'elles produisaient ne devaient pas quitter le pays. Puis il
secoua tristement la tête. Il regrettait qu'il y eut si peu de savants et d'ingénieurs parmi ses compatriotes et
que, par conséquent, fissent défaut les techniciens capables d'accomplir sans aucune aide de telles
réalisations.
Churchill s'agita sur sa chaise. Il paraissait gêné.
Mon re insinua discrètement qu'on pourrait former au Maroc des ingénieurs et des savants, grâce à un
programme d'échanges universitaires avec les États-Unis, par exemple.
Le Sultan fit un signe approbateur de la tête.
Mon père continua à développer son idée tout en jouant avec son verre à eau. Il dit que le Sultan pourrait
facilement demander le concours des firmes commerciales américaines qui, moyennant des sommes
forfaitaires ou des pourcentages, l'aideraient à réaliser un programme d'exploitation. Une telle
combinaison, souligna-t-il, aurait l'avantage de permettre au gouvernement souverain du Maroc de
contrôler dans une large mesure les ressources du pays, de bénéficier d'une grande partie des revenus
assurés par ces ressources et de prendre tôt ou tard en main l'économie du pays.
Churchill grogna et affecta de ne pas écouter la conversation.
Ce fut un dîner tout à fait charmant. Tous les convives, à l'exception d'un seul, passèrent une heure très
agréable. Comme nous sortions de table, le Sultan assura mon père que, dès que la guerre serait terminée,
il ferait appel à l'aide des États-Unis pour donner à son pays un plein essor. Tandis qu'il parlait, Ses yeux
brillaient de joie.
Un nouvel avenir pour mon pays, dit-il."
E. Roosevelt, Mon père m'a dit, 1947
Témoignage de Hassan II sur l'entrevue d'Anfa, 22 janvier 1943
(extraits)
"(...) Lorsque nous sortîmes de table, un certain nombre de convives prirent congé, dont le néral
Noguès. Le président américain ne le retint pas et nous pria de rester. Nous nous trouvâmes donc réunis,
F.D. Roosevelt, Winston Churchill, Robert Murphy, mon père et moi.
Après quelques considérations d'ordre général, la conversation se poursuivit bientôt sous la forme d'un
dialogue entre le président et mon père. Si Maâmri traduisait immédiatement les propos des deux
interlocuteurs. En fait, le président américain clara que le système colonial était périmé, à son avis
condamné. Winston Churchill affirma d'abord qu'un tel point de vue devait être beaucoup plus nuancé et
que, du reste, après la conquête de l'Algérie par la France, la Grande-Bretagne s'était faite, durant un
demi-siècle, " la gardienne de l'intégrité de l'empire chérifien" . Il essaya de " noyer le poisson" comme
on dit.
F.D. Roosevelt remarqua aussitôt que nous étions ni en 1830, ni en 1912. Il évoqua le jour, qu'il souhaitait
très proche, où, les hostilités ayant pris fin, le Maroc accéderait librement à l'indépendance, selon les
principes de la Charte de l'Atlantique. Après la guerre, insista-t-il, la réorganisation politico-économique
des sociétés humaines deviendrait une nécessité. Non seulement les États-Unis ne mettraient aucun
obstacle à l'indépendance marocaine, mais, affirma-t-il, cette indépendance serait favorisée par une aide
économique convenable."
Hassan II, Le Défi, pp. 32-34, 1976
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