La Lettre du Cardiologue • n° 430 - décembre 2009 | 9
CONGRÈS
RÉUNION
Assistance biventriculaire
L’assistance biventriculaire a été détaillée par le
Dr J.P. Mazzucotelli (Strasbourg). Dans les registres,
la survie est plus importante dans le groupe des
patients implantés d’une assistance monoventricu-
laire gauche que dans le groupe des biventriculaires
avec le biais connu de la gravité de l’état des patients.
Cette donnée semble être infirmée par l’étude des
chiffres récoltés entre 2000 et 2008, qui montrent
une survie similaire dans les deux cas (58 % à 1 an).
Depuis 2005, la tendance est à l’implantation plus
importante d’une assistance monoventriculaire
gauche, y compris dans des cas particulièrement
sévères. Dans cette optique, il convient de déter-
miner le risque de dysfonction postopératoire du
ventricule droit, dont on sait qu’il se situe entre 10 et
35 %. L’évaluation doit d’abord rechercher la cause
de la cardiopathie sous-jacente, puis les caractéris-
tiques échocardiographiques du VD. Enfin, le score
de Matthews permet de définir le score de risque de
défaillance du VD sur la base de paramètres simples
(administration de vasopresseur, créatininémie,
bilirubinémie, ASAT). L’indication d’une assistance
biventriculaire sera généralement retenue en cas
de choc cardiogénique “grave”, de dysfonction du
VD, et dans certaines situations spécifiques (cardio-
pathie congénitale, réinterventions chirurgicales
multiples, etc.).
Décharge ventriculaire gauche
Le Dr M. Massetti (Caen) a rapporté son expérience
originale de décharge ventriculaire gauche chez des
patients implantés d’une ECMO en œdème pulmo-
naire massif. Il propose la réalisation d’atriosepto-
stomies percutanées, consistant à créer un shunt
à l’étage auriculaire. Cette technique, présentée
comme simple, rapide et peu invasive, a été réalisée
chez 8 patients. Il existe, en revanche, un risque de
thrombose intraventriculaire gauche, car la valve
aortique reste fermée du fait de la postcharge élevée
conférée par la canule de réinjection intra-aortique.
Cette technique a permis l’augmentation moyenne
de 1 l/mn du débit d’ECMO, pour une durée moyenne
de 20 minutes de la procédure en cardiologie inter-
ventionnelle. Une tamponnade est survenue au cours
des procédures. D’autres alternatives “mini-invasives”
proposées sont le drainage percutané du ventricule
gauche, l’emploi de l’Impella®, d’un ballonnet de
contre-pulsion intra-aortique, ou la canulation de
décharge percutanée de l’artère pulmonaire.
Assistance biventriculaire
implantable
L’assistance biventriculaire implantable connaît un
essor significatif, comme en témoigne l’expérience
du Dr L. Camilleri (Clermont-Ferrand). Ce dispositif
a été implanté chez 40 patients âgés de 45 ans en
moyenne (extrêmes : 15-59), avec une FE à 17 % en
moyenne : 37 % des patients étaient ventilés, 18 %
étaient en ACR et 23 % bénéficiaient d’une ECMO.
Sous assistance, la durée moyenne de survie était
de 105 jours, avec la survenue de 20 décès. Dix-neuf
patients ont été greffés et 1 a été sevré de l’assistance.
Les causes de mortalité sont classiques, rattachées à
la défaillance multiviscérale, l’infection et l’ischémie
digestive. La morbidité n’est pas négligeable, avec
43 % de reprise chirurgicale pour complications
hémorragiques, 20 % d’infections de matériel, et 8 %
d’accidents neurologiques. L’avantage est le nombre
de canules transcutanées, réduit à 2. La survie est de
75 % à 1 mois, de 45 % à 6 mois et de 41 % à 1 an.
Celle des patients transplantés rejoint les chiffres
connus, avec 78 % à 1 an. Le retour à domicile a été
possible pour 9 patients, bénéficiant de permissions
répétées de 48 à 72 heures avec rééducation inten-
sive, autonomisation et sécurisation du domicile.
D’autres matériels d’assistance circulatoire sont
particulièrement intéressants et prometteurs. C’est
le cas du système CorCap
®
, présenté par le Dr P. Dos
Santos (Bordeaux). Dans le cadre du remaniement
ventriculaire tant anatomique que fonctionnel, cette
chirurgie du remodelage offre un soutien télédiasto-
lique en diminuant la tension pariétale, et contribue
à interrompre la progression de l’IC et de la dilata-
tion cavitaire. L’étude des boucles pression-volume
retrouve une augmentation de surface et un déca-
lage vers la gauche de la boucle, soit une évolution
vers un volume moindre pour un régime de pression
moins élevé. Ce dispositif (figure 1, p. 10) favorise la
récupération de la fonction contractile cardiomyocy-
taire et corrige l’allongement myocytaire. Il offre une
solution intéressante lorsque le traitement médical
est maximal, ainsi qu’aux limites des thérapies de
resynchronisation. Il s’agit d’un filet nécessitant, pour
sa mise en place, la sternotomie pour une chirurgie
à cœur battant, suivie de l’extériorisation du massif
ventriculaire que l’on entoure de la prothèse, tout en
respectant le massif auriculaire. Un surjet à la face
antérieure du VG permet sa fixation et le réglage
de tension, ainsi qu’une ligne de suture suivant le
sillon auriculo-ventriculaire. L’essai ACORN a inclus
300 patients porteurs d’une cardiopathie dilatée
(ischémique et non ischémique) symptomatique