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avec seulement six évènements indésirables mineurs n’em-
pêchant pas la poursuite de l’étude [à 400 mg : céphalées
(n = 1), nausées (n = 1) ; à 1 200 mg : somnolence (n = 2) ;
à 1 500 mg : céphalées (n = 1), hypotension sans bradycar-
die après un prélèvement (n = 1)] (Étude de la Dose
Maximale Tolérée chez le volontaire sain, Aster). De plus,
d’autres études ont mis en évidence une absence d’impact
sur les fonctions cognitives et la vigilance [7], alors que
l’absence de syndrome de sevrage à l’arrêt (dossier AMM)
et l’absence de pharmacodépendance (dossier AMM) sont
notées dans le résumé des caractéristiques du produit.
Les anxiolytiques en développement
Nous ne nous attarderons pas sur le développement de dif-
férentes voies d’administration des benzodiazépines
comme les formes en pulvérisation nasale ou buccale de
l’alprazolam, dont l’apport en termes de rapport bénéfi ce/
risque est douteux.
Diverses pistes de recherche, relativement classiques,
conduisent actuellement à des produits en cours de dévelop-
pement : agonistes 5-HT1A, antagonistes 5-HT1B, agonistes
GABAA, agonistes béta-3 adrénergiques, antagonistes NK-1.
La pregabaline, analogue du GABA, présente un profi l de
bonne effi cacité et d’acceptabilité similaire ou légèrement
plus favorable que celui des benzodiazépines, avec une
action rapide, et a obtenu en 2006 une AMM européenne
dans le traitement du trouble anxieux généralisé chez
l’adulte [8]. La tiagabine, en revanche, entraîne un risque
important de comitialité, et ne semble pas être en mesure
d’obtenir une indication dans l’anxiété généralisée.
L’AC-5216, agoniste des récepteurs mitochondriaux aux
benzodiazépines découvert par Dainippon et développé par
Novartis, favorise la production de neurostéroïdes, qui
agissent sur les récepteurs GABAA.
D’autres travaux portent sur la recherche de produits
agissant plus spécifi quement sur certaines sous-unités du
récepteur GABAA, permettant ainsi de discriminer entre les
différents effets cliniques (anxiolytique, sédatif, myore-
laxant, anticonvulsivant…). Ces aspects sont développés
par ailleurs dans ce numéro.
Des agonistes 5-HT1A, comme l’ozemozotan (agoniste
partiel), ou des produits agonistes 5-HT1A et antagonistes
5-HT2 sont également développés, mais ils ne semblent pas
présenter un potentiel thérapeutique supérieur à celui de
la buspirone.
D’autres produits font appel à de nouveaux mécanismes
d’action, comme le SR-58611, agoniste hautement sélectif
des adrénorécepteurs beta-3 qui pourrait être utile dans
l’anxiété généralisée ; le casopitant et le vestipitant, anta-
gonistes NK-1 ; ou le LY6860017, bloqueur de l’action de la
substance P sur le récepteur NK-1.
Des stratégies hormonales peuvent par exemple consis-
ter à associer deux substances, comme la drospirenone et
l’éthinyl-estradiol, ou comme le levonorgestrel et l’ethi-
nyl-estradiol.
À plus long terme, des recherches sont menées sur
d’autres substances ; la secrétine humaine de synthèse, les
antagonistes du CRF, les IMAO, des antagonistes des CCK,
des inhibiteurs de la PDE2, des inhibiteurs de la FAAH (prin-
cipale enzyme impliquée dans le métabolisme de l’ananda-
mide, cannabinoïde endogène).
Le développement clinique
Le développement clinique des médicaments dans l’anxiété
généralisée est diffi cile, nombre d’études réalisées avec
des molécules d’effi cacité éprouvée se révèlent non conclu-
sives voire négatives. Outre les problèmes de défi nition
même de la maladie, des critères d’inclusion et de non
inclusion, le fort taux de placebo-réponse, un point parti-
culier doit être souligné : celui des limites des méthodes
d’évaluation. Les échelles cliniques qualifi ées souvent plus
par l’usage que par leur validation méthodologique, l’ont
été essentiellement sur la base de leur sensibilité aux ben-
zodiazépines, insistant sur la composante anxieuse somati-
que et psychique. Le risque donc de ne considérer comme
effi cace à l’aide de ces échelles que des molécules de pro-
fi l identique à celui des benzodiazépines est donc élevé.
Devant les limites des échelles cliniques, d’autres voies
de recherche peuvent être imaginées pour déterminer le
potentiel thérapeutique de molécules dans l’anxiété.
L’imagerie fonctionnelle (IRM-f) peut ainsi contribuer aux
recherches, en montrant dans quelles parties du cerveau
un composé agit, à quelles doses il entraîne des modifi ca-
tions dans le cerveau, et si un nouveau composé agit de la
même manière sur le cerveau qu’un produit connu ; en
revanche, ces études ne permettent pas de préciser des
spécifi cités chimiques, ou de caractériser les facteurs bio-
logiques impliqués dans les modifi cations cérébrales [10].
Enfi n, la place du traitement médicamenteux dans la
prise en charge globale de l’anxiété mérite toujours d’être
évaluée et constamment réévaluée. Et comme dirait
Cioran, il faut « conserver au doute le double privilège de
l’anxiété et du sourire… ».
Références
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of benzodiazepines on human memory. Biol Psychol 1986 Oct ;
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older people with insomnia : meta-analysis of risks and bene-
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[3] IMS-EPPM : panel annuel glissant. Hiver 2005-2006.
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