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L’Encéphale (2007) Supplément 1, S36-S37
j o u r n a l h o m e p a g e : w w w. e l s e v i e r. c o m / l o c a t e / e n c e p
Atelier : Schizophrénies résiduelles
et schizophrènes âgés quelles spécificités ? :
quelle prise en charge ?
Synthèse réalisée par I. Fabre
« Que sont nos vieux schizophrènes devenus ? » – Pierre Lôo
Hôpital Sainte-Anne 75014 Paris
La première question est de définir les limites de ce qu’on
nomme le schizophrène âgé. Il est difficile de fixer un âge
seuil, et plutôt que de parler de sujet schizophrène âgé, il
est peut-être préférable de parler de schizophrène vieillissant, du fait du décalage qu’entraîne la schizophrénie par
rapport aux habituelles barrières d’âges fixées dans les études (par exemple 60 ans pour définir le sujet âgé) : les
patients souffrant de schizophrénies semblent touchés par
certaines caractéristiques du vieillissement avant les sujets
atteints d’autres pathologies psychiatriques.
Clinique du schizophrène âgé
En ce qui concerne les spécificités cliniques, il existe une
grande palette de tableaux cliniques, qui ont pour caractéristique commune l’affaiblissement général. À un pôle, le
déficit schizophrénique est au premier plan avec le vieillissement, tandis qu’à l’opposé on observe une paraphrénisation du tableau clinique ou un enkystement du délire.
Avec l’âge, on observe souvent une stabilisation des
tableaux cliniques, avec une diminution de l’impulsivité,
une diminution du risque suicidaire, une meilleure compréhension de la pathologie, une meilleure observance thérapeutique, et une moindre appétence aux toxiques.
Profil cognitif
Sur le plan cognitif, on peut regretter que les explorations
cognitives soient si peu mises en place chez les sujets schi-
zophrènes vieillissants, peut-être parce que leurs résultats
sont difficilement interprétables en l’absence de validation
des tests dans cette population particulière. Ceci serait
pourtant nécessaire pour distinguer ce qui revient à la
pathologie schizophrénique et ce qui revient au vieillissement : il serait souhaitable de proposer des tests cognitifs
au sujet schizophrène âgé, dès lors qu’il présente une
plainte mnésique.
Une difficulté supplémentaire est que le schizophrène
n’exprime souvent pas de plainte à ce sujet, et que ces
patients ont généralement peu d’entourage susceptible de
rapporter des troubles mnésiques débutants.
Les tests proposés doivent être dans un premier temps
les tests usuels de dépistage des troubles mnésiques, qui
peuvent être complétés par des tests plus spécifiques en
fonction du tableau clinique observé.
Le profil cognitif observé diffère de celui retrouvé dans
la maladie d’Alzheimer. Il s’agit d’un profil hétérogène,
qu’il faudra à l’avenir préciser par des études spécifiques
dans cette population. De même, le recours à la remédiation cognitive est difficile à proposer, car il n’est pas étayé
par des études probantes.
Structures de prise en charge
Les structures où ces patients doivent être pris en charge
sont celles où ils étaient pris en charge lorsqu’ils étaient
plus jeunes et moins avancés dans la maladie (hôpitaux de
jour, CATTP…), structures adaptées pour favoriser les inte-
* Auteur correspondant.
E-mail : [email protected]
L’auteur n’a pas signalé de conflits d’intérêts.
© L’Encéphale, Paris, 2008. Tous droits réservés.
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Atelier : Schizophrénies résiduelles et schizophrènes âgés : quelles spécificités ? Quelle prise en charge ?
ractions interpersonnelles, les activités occupationnelles
et une stimulation dans les interactions sociales.
Le rôle des maisons de retraite est également important,
mais on se heurte souvent au problème de la dérogation
d’âge, difficile à obtenir pour des patients qui pourtant perdent précocement leur autonomie. L’admission en maison de
retraite peut s’articuler avec un suivi en hôpital de jour, voire
avec une prise en charge de secteur à l’intérieur même de la
maison de retraite. Il s’agit autant que possible d’élaborer
une prise en charge « sur mesure » pour chaque patient.
Traitements médicamenteux
Sur le plan médicamenteux, on peut recourir aux inhibiteurs de l’acétylcholinestérase ou aux antipsychotiques.
Les antipsychotiques ont une utilité certaine, mais leur
posologie doit être régulièrement réévaluée ; dans certains
cas, il est possible de les interrompre, transitoirement
voire définitivement : le rapport bénéfice/risque doit en
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effet être réévalué, en particulier en fonction du risque
cardio-vasculaire et vasculaire cérébral.
Par ailleurs, l’âge ne doit pas être un frein au changement de molécule, à la recherche d’une optimisation des
résultats thérapeutiques.
Les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase ont un intérêt
sur la détérioration cognitive et sur le déficit, mais il
n’existe dans ce domaine pas d’étude dans la population
des schizophrènes.
Conclusion
Ce champ d’investigation des intrications entre vieillissement et pathologie schizophrénique revêt une importance
de plus en plus grande, du fait des évolutions démographiques de la société et de la meilleure prise en charge somatique des sujets schizophrènes tout au long de leur vie. Ce
sujet mériterait par exemple le développement d’un PHRC
(Programme Hospitalier de Recherche Clinique).
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