Mise au point La cardiomyopathie cirrhotique Cirrhotic cardiomyopathy Mario Altieri*, Éric Saloux**, Ephrem Salame***, Yvon Calmus**** des anomalies morphologiques, fonctionnelles, électrophysiologiques et biologiques chez les patients atteints de cirrhose mais sans autre pathologie cardiaque connue. Elle peut être mise en évidence après une variation aiguë des conditions hémodynamiques, provoquant un tableau d’insuffisance cardiaque, mais cette éventualité est rare. Différents tableaux ont été décrits : un remplissage excessif, une diminution de l’inotropisme secondaire à l’utilisation des bêtabloquants, la création de shunt portocave, endovasculaire ou chirurgical, après une transplantation hépatique. La cardiomyopathie cirrhotique a été impliquée dans la physiopathogénie du syndrome hépatorénal. Les critères diagnostiques restent à préciser. Il n’y a pas de traitement spécifique pour cette pathologie. Cette entité peut être réversible après transplantation hépatique. Summary Résumé »»La cardiomyopathie cirrhotique est une anomalie cardiaque associant Mots-clés : Cardiomyopathie cirrhotique - Circulation hyperdynamique - Échocardiographie doppler - Marqueurs biologiques - Shunt portocave - Syndrome hépatorénal - Bêtabloquant - Transplantation hépatique. H. * Service d’hépatogastroentérologie, nutrition et oncologie digestive, hôpital Côte-de-Nacre, Caen. ** Service de cardiologie, hôpital Côte-de-Nacre, Caen. *** Service de chirurgie digestive et transplantation hépatique, CHU de Tours. **** Centre de transplantation hépatique, hôpital Saint-Antoine, Paris. 32 CT-n1-janv-fév-mars 2014-B.indd 32 Cirrhotic cardiomyopathy is a heart defect involving structural abnormalities, functional, electro- physiological and biological patients with cirrhosis but without other known cardiac disease. The cirrhotic cardiomyopathy can be demonstrated after acute hemodynamic conditions causing clinical heart failure, but this possibility is rare. Various situations were associated with: aggressive fluid overload, decreased inotropic secondary to the use of betablockers, creating portocaval shunt, endovascular or surgical after liver transplantation. Cirrhotic cardiomyopathy was involved in the physiopathogenesis of hepatorenal syndrome. Diagnostic criteria remain to be defined. There is no specific treatment for this disease. Cirrhotic cardiomyopathy disease may be reversible after liver transplantation. Keywords : Cirrhotic cardiomyopathy - Hyperdynamic circulation - Doppler echocardiography – Biomarkers - Portocaval shunt - Hepatorenal syndrome – Betablocker - Liver transplantation. Kowalski et W. Abelmann (1) ont été les premiers à décrire, dans les années 1950, une circulation hyperdynamique (augmentation du débit cardiaque, de la fréquence cardiaque, du débit d’éjection systolique, avec diminution de la pression artérielle moyenne [PAM] et des résistances artérielles systémiques) chez des patients cirrhotiques porteurs d’une hépatopathie alcoolique avancée. Chez ces derniers, les différentes études (2-5) mettaient en évidence une réponse altérée de la contractilité myocardique aux différents stimulus de stress. Toutes ces études attribuaient, de façon erronée, ces résultats à une cardiotoxicité directe de l’alcool. Depuis, de nombreux travaux ont confirmé que cette hypocontractilité au stress est constatée dans toutes les formes de cirrhose. La circulation hyperdynamique du cirrhotique est consécutive à des résistances artérielles systémiques basses et à une compliance artérielle augmentée (6, 7). S.S. Lee a proposé, en 1996, le terme de cardiomyopathie cirrhotique (CC) pour désigner cet état (8) caractérisé par une dysfonction cardiaque chronique comportant une altération de la réponse contractile au stress et de la fonction diastolique, associée à des anomalies électrophysiologiques, chez un cirrhotique sans maladie cardiaque primitive connue. Un atelier organisé à Montréal en 2005 (9) en a précisé les critères diagnostiques (tableau I). Dans la plupart des cas, c’est un état latent, infraclinique, très difficile à découvrir sans pratiquer un examen évaluant la réponse au stress. La prévalence reste incertaine, mais, récemment, I. Enache et al. (10) ont observé une incidence de 23,4 % sur des critères échocardiographiques : fraction d’éjection < 55 %, et dysfonction diastolique avec ou sans allongement de l’espace QT corrigé (QTc) en l’absence de cardiopathie connue (hypertension artérielle, diabète, coronaropathie, hémochromatose, fibrose péricardique, etc.). Le Courrier de la Transplantation - Vol. XIV - n° 1 - janvier-février-mars 2014 26/03/14 11:36 La cardiomyopathie cirrhotique Dysfonction systolique Elle est habituellement latente, mais elle peut être mise en évidence par un test d’effort pharmacologique, après la mise en place d’un Transjugular Intrahepatic Portosystemic Shunt (TIPS) ou après une transplantation hépatique (TH). Il s’agit d’une incompétence chronotrope et inotrope, car le cœur est incapable de soutenir la demande en assurant un débit cardiaque et une PAM adéquats. On observe une élévation des pressions télédiastoliques du ventricule gauche (VG) sans l’augmentation attendue de l’index cardiaque ni de la fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG). Le VG reste incapable de surmonter une élévation brutale de la postcharge. Cette hyporéactivité du VG est corrélée à la sévérité de la cirrhose (11). F. Wong et al., en étudiant l’effet de l’exercice physique chez les cirrhotiques, ont constaté une élévation de la FEVG à 14 %, versus 66 % chez des témoins sains, alors que les valeurs au repos des 2 groupes étaient similaires (12). La dysfonction systolique peut être mise en évidence après une perfusion de terlipressine (13), d’angiotensine II (9) ou après une TH (14). K. Kanzankov et al. rapportent des arguments physiologiques suggérant que la dysfonction systolique peut être observée même au repos (15). Des anomalies morphologiques des cavités cardiaques ont été mises en évidence, à savoir : hypertrophie ventriculaire gauche et épaississement du septum intraventriculaire. La dysfonction systolique a été impliquée dans la physio­pathogénie de la rétention hydrosodée, la formation d’ascites et le syndrome hépatorénal (9, 16, 17). Elle est donc un élément pronostique de la cirrhose. Tableau I. Critères diagnostiques et support de la cardiomyopathie cirrhotique selon l’atelier de Montréal (9). Définition : dysfonction cardiaque chez des patients cirrhotiques, caractérisée par une réponse contractile altérée au stress ou une altération de la relaxation diastolique associées à des anomalies électrophysiologiques en l’absence d’autre cardiopathie connue Critères diagnostiques ❯ Réponse systolique contractile anormale au stress ❯ Dysfonction diastolique au repos ❯ Absence d’anomalie cardiopulmonaire significative Dysfonction systolique : au moins 1 des 2 critères suivants ❯ Augmentation du débit cardiaque atténuée à l’effort, ou en cas de stress volémique ou pharmacologique ❯ Fraction d’éjection au repos < 50 %. Absence de signes d’insuffisance cardiaque au repos Dysfonction diastolique ❯ E/A < 1 (corrigé selon l’âge). Sur le profil diastolique en échocardiographie, la vitesse maximale de remplissage du VG, appréciée par le pic de vélocité de l’onde E (early : précoce), et la contraction auriculaire, qui produit une deuxième accélération du flux entrant dans le VG, appelée onde A (atrial : auriculaire) peuvent être mesurées. Une altération de la relaxation se manifeste par une inversion (< 1) du rapport E/A ❯ Temps de décélération de l’onde E prolongé (> 200 ms) ❯ Temps de relaxation isovolumique prolongé (> 80 ms) Critères supplémentaires ❯ Anomalies électrophysiologiques ❯ Réponse chronotrope anormale ❯ Allongement de l’intervalle QTc ❯ Dysfonction autonome ❯ Oreillette gauche élargie ❯ Augmentation de la masse myocardique et de l’épaisseur de la paroi du VG ❯ Augmentation du pro-BNP, du BNP, de l’ANP et de la troponine ❯ Allongement de l’intervalle QT ❯ Augmentation de la masse myocardique et de l’épaisseur de la paroi du VG ❯ Augmentation du pro-BNP, du BNP, de l’ANP et de la troponine ANP : Atrial Natriuretic Peptide (peptide auriculaire natriurétique) ; BNP : Brain Natriuretic Peptide (peptide cérébral natriu­ rétique) ; VG : ventricule gauche. Dysfonction diastolique C’est le phénomène le plus fréquent. Son diagnostic est échocardiographique. Sa prévalence oscille entre 45 et 66 % et est plus importante chez les patients en phase de décompensation (18). Les critères diagnostiques sont les suivants : ✓✓ rapport E/A < 1 ; ✓✓ temps de relaxation isovolumétrique > 80 ms ; ✓✓ temps de décélération > 200 ms. F. Wong et al. (18) ont retrouvé une association entre la dysfonction diastolique et la présence d’une ascite, d’un syndrome hépatorénal et la survie. E.W. Holt et al. (19) ont mis en évidence qu’un rapport E/A < 1 était prédictif d’une TH ou d’un décès dans les 5 ans. V. Raizada et al. ont montré que l’angiotensine II inhibe la dégradation du collagène et que ses dépôts sont associés à une hypertrophie du VG, ce qui est un facteur de risque d’insuffisance cardiaque tant systolique que diastolique (20). Cette dysfonction diastolique est souvent associée à des anomalies cardiaques morphologiques : épaississement du septum interventriculaire et/ou de la paroi postérieure du VG, dilatation de l’oreillette gauche. Sur le plan histologique, on retrouve un œdème et une fibrose, responsables de la rigidité pariétale myocardique et d’une hypertrophie ventriculaire gauche. L’examen de référence reste l’échocardiographie. La dysfonction diastolique est rarement isolée. Elle est souvent associée à des anomalies subtiles de la fonction systolique qui contribuent à la physiopathologie de l’insuffisance cardiaque avec FEVG normale (21). Le TDI (Tissue Doppler Imaging) est un outil échocardiographique très utile pour quantifier la fonction systolique et diastolique, mais il est limité, car il est angle-dépendant (22). Le speckle tracking est une nouvelle technique échocardiographique qui rend possible l’étude du tissu myocardique dans différentes Le Courrier de la Transplantation - Vol. XIV - n° 1 - janvier-février-mars 2014 CT-n1-janv-fév-mars 2014-B.indd 33 33 26/03/14 11:36 directions (longitudinale, radiale et circonférentielle) et permet une analyse plus détaillée de la fonction du VG incluant son twist ainsi que ses déformations globales et segmentaires. Le Global Longitudinal Strain (GLS) donne une mesure globale de chaque segment du VG dans la direction longitudinale, et apparaît plus sensible et plus spécifique que la FEVG pour détecter des altérations subtiles de la fonction systolique dans différentes maladies cardiaques (23, 24). Asynchronisation électromécanique Altérations électrophysiologiques Les altérations électrophysiologiques observées le plus fréquemment chez les cirrhotiques sont un allongement de l’intervalle QT, une incompétence chronotrope et une dissociation électromécanique. Allongement de l’intervalle QT C’est une des anomalies les plus courantes en cas de cirrhose évoluée, sa prévalence excédant 60 % (25). La prévalence dépend de la formule utilisée pour la correction. La physiopathogénie de l’allongement M du QT n’est pas encore connue. La présence d’une hypertension portale et de shunts portosystémiques semble nécessaire. Il est sans rapport avec l’étiologie de la maladie hépatique (25-27). Le QT allongé est un facteur de mauvais pronostic après une transplantation hépatique (28). L’allongement du QT résulte d’une repolarisation anormale du myocarde, avec un risque de torsades de pointes, d’arythmie ventriculaire et de mort subite, qui restent cependant des événements rares chez le cirrhotique. Le QT allongé dans un contexte d’hémorragie digestive est associé à une diminution de la survie (29). M. Bernardi et al. (25) ont démontré une corrélation étroite entre l’allongement du QT et la sévérité de l’insuffisance hépatocellulaire, l’excès de norépinéphrine plasmatique circulante et la diminution de la survie. J. Henriksen et al. ont postulé que l’effet des bêtabloquants sur l’intervalle QT pourrait être dû à un mécanisme de type vagal (30). A. Zambruni et al. ont observé que les bêtabloquants pouvaient diminuer le QT, mais seulement chez les patients qui avaient un QT prolongé avant le traitement (31). En revanche, les effets cardio­dépresseurs des bêtabloquants peuvent être responsables d’une surmortalité chez les cirrhotiques présentant une ascite réfractaire (32), et majorer le risque de dysfonction circulatoire (33, 34). Les molécules responsables d’un allongement du QT, comme les quinolones, les macrolides et celles ayant une action sur la motilité intestinale, doivent être utilisées avec prudence. Une surveillance est souhaitable dans ce cas (35). 34 CT-n1-janv-fév-mars 2014-B.indd 34 Incompétence chronotrope C’est l’incapacité du cœur à répondre à un stimulus physiologique ou pharmacologique de stress par une augmentation appropriée de la fréquence cardiaque (36). Des altérations au niveau du récepteur β-adrénergique, ou postrécepteur, ont été suggérées, car il y a un besoin plus important de β-agonistes pour obtenir une majoration de la fréquence cardiaque (31, 37, 38). Définie comme le délai existant entre la phase d’excitation et celle de contraction, elle est évaluée par le temps d’intervalle systolique (39) ou par la mesure simultanée de la courbe de pression aortique et un tracé ECG (39, 40). Ce délai s’allonge avec le QT. Son importance clinique n’a pas été précisée. Elle serait liée à un défaut au niveau du récepteur β-adrénergique, ou postrécepteur (30). Dysfonction autonome ise au point La sensibilité du baroréflexe est réduite, en rapport, selon les observations de S. Moller et al. (41), avec la sévérité de la maladie hépatique. Cette diminution est impliquée dans l’altération de l’excrétion rénale de sodium et d’eau. Physiopathologie de la cardiomyopathie cirrhotique Elle est multifactorielle : ✓✓ diminution du signal de transduction des β-récepteurs avec dysfonction de la commande sympathique (désensibilisation des réponses chronotropes et inotropes cardiaques) ; ✓✓ anomalies du système rénine-angiotensine-aldostérone-A : hyperréactivité qui favoriserait l’apparition d’une fibrose interstitielle intramyocardique ; ✓✓ augmentation des voies inotropes négatives consécutive au passage de substances de la circulation splanchnique vers la circulation systémique : monoxyde d’azote (NO), oxyde carbonique (CO), endocannabinoïdes, TNF (Tumor Necrosis Factor), etc. Le NO et le CO sont des gaz inertes produits au niveau cardiaque par la NOS (NO synthase) et l’HO1 (hème oxygénase). Ils sont responsables d’une augmentation des concentrations en GMPc (guanidyl monophosphate cyclique) inhibant le flux intracellulaire de calcium et, par voie de conséquence, la contractilité. Les endocannabinoïdes sont des substances inotropes négatives : augmentées lors d’une cirrhose, Le Courrier de la Transplantation - Vol. XIV - n° 1 - janvier-février-mars 2014 26/03/14 11:36 La cardiomyopathie cirrhotique elles sont responsables d’une réponse contractile β-adrénergique altérée ; ✓✓ circulation hyperdynamique avec dysfonction des canaux ioniques potassium et calcium ; ✓✓ altération de la membrane plasmatique. Implications cliniques de la cardiopathie cirrhotique Impact de la transplantation hépatique sur la cardiomyopathie cirrhotique La circulation hyperdynamique peut compliquer la prise en charge postopératoire immédiate. Une augmentation de la postcharge, associée au remplissage peropératoire, peut favoriser la survenue d’un œdème aigu pulmonaire par inadaptation au stress. C. Donovan et al. (42) ont rapporté 56 % d’œdèmes aigus pulmonaires radiologiques, dont seuls 6 % présentaient des signes cliniques. L’œdème régresse en cas de traitement médical. Plus rares sont les cardiomyopathies dilatées (43) [7 à 15 %], parfois responsables de décès par insuffisance cardiaque aiguë. M.J. Eimer et al. ont rapporté, dans une cohorte de 86 patients ayant subi une TH, un taux d’insuffisance cardiaque de 7 % ; les facteurs de risque dans ce groupe étaient un âge avancé et des pressions droites augmentées (44). S.A. Nasraway et al. (45) ont signalé, dans une série de 113 cas de TH, que les patients qui n’ont pas survécu à l’intervention avaient une réserve myocardique diminuée avant la TH (diminution de l’index cardiaque et du transport d’oxygène). La défaillance multiviscérale avec issue fatale a été plus fréquente dans ce groupe. G. Therapondos et al. ont remarqué, chez 40 greffés, une détérioration de la fonction cardiaque lors du troisième mois après la TH (46). Les auteurs suggèrent que les complications cardiovasculaires sont attribuables à une cardiopathie cirrhotique préopératoire et préconisent la mesure du BNP (peptide cérébral natriurétique) pour prédire de telles complications. Cardiomyopathie cirrhotique et syndrome hépatorénal L. Ruiz Del Arbol et al. ont étudié 23 patients cirrhotiques qui présentaient une péritonite bactérienne au moment du diagnostic, qui s’est résolue spontanément. Ils ont constaté que 8 d’entre eux ont, malgré la résolution de l’infection, développé un syndrome hépatorénal et ont vu leurs paramètres circulatoires et leur fonction hépatique se détériorer. Le groupe souffrant d’insuffisance rénale avait une très haute mortalité (47). A. Krag et al., dans une population de 24 patients cirrhotiques, ont mis en évidence une relation étroite entre le degré de dysfonction systolique, un index cardiaque inférieur à 1,5 l/­mn/m2, le degré d’insuffisance rénale et la survie chez les patients ayant une cirrhose décompensée (48). Le rapport entre dysfonction cardiaque et fonction rénale fera l’objet d’études à venir et de traitements visant à l’amélioration de la fonction cardiaque. Impact de l’insertion du ­transjugular i­ ntrahepatic portosystemic shunt sur la ­cardiomyopathie cirrhotique L’insertion du TIPS peut être à l’origine d’une insuffisance cardiaque congestive. P. Gines et al. ont retrouvé, dans une étude comparant TIPS et paracentèse + albumine, une incidence de l’insuffisance cardiaque congestive de 12 % dans le groupe TIPS versus 0 % dans le groupe paracentèse + albumine (5). M. Cazzaniga et al. (49) ont évalué, chez 32 patients, la fonction diastolique avant et après l’insertion du TIPS à J28. Ils ont montré que la dysfonction diastolique (E/A < 1) à J28 était corrélée à la survie, et qu’elle était un facteur indépendant de mortalité. Pendant le suivi de la première année, ils ont constaté que 6 des 10 patients ayant une dysfonction diastolique sont décédés, contre aucun des 22 autres patients. R.N. Rabie et al. ont confirmé que, dans une cohorte de 101 cirrhotiques ayant bénéficié de l’insertion d’un TIPS, la dysfonction diastolique (E/A < 1) était associée à une clairance de l’ascite diminuée ainsi qu’à une augmentation de la mortalité après la pose du TIPS, ­probablement liée à l’aggravation de la dysfonction hémodynamique (50). Biomarqueurs Plusieurs biomarqueurs ont été proposés pour détecter la CC. D. Pateron et al. ont montré qu’une élévation de la troponine chez des cirrhotiques, associée à une diminution du volume systolique et de l’index de masse ventriculaire, indiquait une lésion myocardique infraclinique (51). L’ANP (peptide auriculaire natriurétique), considéré comme un marqueur de surcharge volémique, est fréquemment élevé chez les cirrhotiques (52). BNP et pro-BNP, marqueurs sensibles de surcharge de volume et de dysfonction myocardique, sont souvent élevés en cas de cirrhose, même compensée (53). Le niveau de ces peptides est corrélé à la sévérité de la cirrhose et au degré de dysfonction et d’hypertrophie myocardique (54) et est associé à une augmentation de la mortalité à 6 mois (55). Ces peptides peuvent être utiles dans détection de la CC (52-56). La galectine 3 est un marqueur exprimé dans les hépatocytes de patients cirrhotiques, et peu Le Courrier de la Transplantation - Vol. XIV - n° 1 - janvier-février-mars 2014 CT-n1-janv-fév-mars 2014-B.indd 35 35 26/03/14 11:36 exprimé dans les hépatocytes en cas d’hépatite ou de stéatose (57). J. Wanninger et al. (58) ont démontré que le foie défaillant ne peut pas éliminer les substances cardiotoxiques ou pouvant être responsables de la libération de la galectine 3. tion des récepteurs β-adrénergiques et l’insuffisance chronotrope rendent difficile la réalisation des tests pharmacologiques adéquats (tableau II). De plus, plusieurs pathologies responsables d’une insuffisance cardiaque légère ou modérée peuvent passer pour une CC. Les patients atteints d’une hépatopathie évoluée peuvent aussi présenter une cardiopathie ischémique hypertensive ou une cardiomyopathie alcoolique. Une évaluation cardiaque classique permet souvent d’écarter les autres étiologies. Histologie Les lésions de CC associent notamment une hypertrophie myocardique et un œdème cardiomyocytaire et sous-endothélial. Dans une étude récente, N.X. OrtizOlvera et al. ont constaté, sur 1 176 autopsies effectuées sur une période de 12 ans, des anomalies cardiaques macroscopiques chez 135 cirrhotiques, en particulier une hypertrophie ventriculaire gauche dans 47 % des cas de cirrhoses alcooliques et 41 % des cas de cirrhoses d’autres étiologies (59). Les anomalies étaient plus fréquentes en cas de cirrhose décompensée (62 %). Critères diagnostiques de la cardiomyopathie cirrhotique M Les critères de la CC restent à préciser. Elle doit être évoquée devant des arguments d’ECG, échocardiographiques et biologiques. Les examens de stress sont souvent insuffisants, car la diminution de la capacité d’exercice du cirrhotique associée à la désensibilisa- Traitement La plupart des patients sont asymptomatiques, et ne nécessitent pas de traitement. La vasodilatation périphérique, chez eux, exerce un rôle autoprotecteur sur le développement d’une insuffisance cardiaque congestive. Les mesures à prendre en cas de cardio­pathie symptomatique sont similaires à celles à prendre en cas d’insuffisance ventriculaire gauche chez un patient non cirrhotique, à savoir : repos, oxygénothérapie avec si nécessaire, diurétiques iventilation se a u p régime o i nhyposodé, t et inhibiteurs de l’enzyme de conversion. Compte tenu des anomalies de la mise en jeu de la voie sympathique, les β-agonistes, dont la dobutamine (36) et l’isoprotérénole (38), pourraient être inefficaces, de même que les glycosides cardiaques (60). Le taux élevé Tableau II. Présentation clinique de la cardiomyopathie cirrhotique. Méthodes diagnostiques Signes cliniques Critères diagnostiques Échocardiographie Insuffisance cardiaque Haut débit au repos Réponse cardiaque au stress atténuée E/A < 1 Temps prolongé de relaxation isovolumétrique > 80 ms IRM dynamique Dysfonction systolique et diastolique Temps de décélération prolongé > 200 ms Oreillette gauche élargie Diminution de la mobilité de la paroi et augmentation de l’épaisseur FEVG < 55 % Électrocardiographie après certains ajustements Intervalle QT allongé Altération du couplage E/C 0,44 corrigé selon la fréquence cardiaque Marqueurs cardiaques sériques Pro-BNP BNP Troponine Corrélation avec : cirrhose, dysfonction cardiaque et allongement du QT Corrélation-dysfonction VS du VG et augmentation de l’index de masse VG Marqueurs vasodilatateurs sériques Niveau sérique : NO, CO, EC endothéline 3, Déséquilibre PGI 2 et adrénomédulline Cirrhose en phase décompensée Marqueurs vasoconstricteurs sériques Niveau sérique : angiotensine, endothéline 1, vasopressine Médecine nucléaire Déséquilibre Cirrhose en phase décompensée BNP : Brain Natriuretic Peptide (peptide cérébral natriurétique) ; FE : fraction d’éjection ; VG : ventricule gauche. 36 CT-n1-janv-fév-mars 2014-B.indd 36 Le Courrier de la Transplantation - Vol. XIV - n° 1 - janvier-février-mars 2014 26/03/14 11:36 A La cardiomyopathie cirrhotique de CO endogène serait à l’origine d’une désensibilisation vis-à-vis des dérivés nitrés (61). Les inhibiteurs de la phosphodiestérase pourraient être plus efficaces en cas d’insuffisance cardiaque symptomatique (62). A. Zambruni et al. (31) et J.H. Henriksen et al. (30) ont démontré une amélioration de l’allongement du QT à la suite d’un traitement par propanolol chez les patients atteints de CC, mais l’effet de celui-ci à long terme sur la dysfonction contractile et les anomalies électrophysiologiques reste méconnu. M. Pozzi et al. (63) ont démontré qu’une antialdostérone pouvait avoir un effet bénéfique sur le remodelage de la paroi ventriculaire et sur la fonction diastolique. Enfin, la TH entraîne une réversibilité de la CC (53) comme de l’état hyperdynamique (64, 65) après 6 à 12 mois. ■ Mario Altieri déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. Références bibliographiques 1. Kowalski HJ, Abelmann WH. The cardiac output at rest in Laennec’s cirrhosis. J Clin Invest 1953;32:1025-33. 2. 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Retrouvez l’intégralité des références bibliographiques sur www.edimark.fr AGENDA 2014 24-25 avril 2014 23-25 juin 2014 IMIRT – 2nd International Meeting on Ischemia Reperfusion Injury in Transplantation Futuroscope, Poitiers Organisateur : Benoît Barrou EFPMO – École francophone de prélèvement multi-organe Novotel, Marne-la-Vallée Organisateur : Benoît Barrou 22 mai 2014 25-26 septembre 2014 13es Journées du GTI – Groupe Transplantation et Infection Maison de l’Amérique latine, Paris Congrès international de transplantation pulmonaire UIC-P Espaces congrès, Paris Organisateur : Marc Stern 5-6 juin 2014 Séminaire de Beaune de recherche en transplantation Bastion des hospices, Beaune Organisateur : Gérard Rifle 3-6 décembre 2014 Congrès annuel de la SFT – Société francophone de transplantation Palais des Congrès, Caen 6 juin 2014 Réunion du GTP – Groupe de transplantation pédiatrique Hôpital Necker, Paris Organisateur : Dominique Debray SFT Le Courrier de la Transplantation - Vol. XIV - n° 1 - janvier-février-mars 2014 CT-n1-janv-fév-mars 2014-B.indd 37 37 26/03/14 11:36 Mise au point La cardiomyopathie cirrhotique Cirrhotic cardiomyopathy up to date M. 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