quotidienne. Il a été par exemple, démontré que le main-
tien pendant deux ans du traitement antidépresseur après
rémission est efcace pour cette prévention cognitive
[14].
Enn, le haut risque cognitif de ces patients doit faire
éviter les médicaments à prol anticholinergique et benzo-
diazépinique, dont les effets délétères sur la mémoire sont
depuis longtemps perçus.
Conclusion
Les liens étroits entre troubles de l’humeur et cognition
jouent un rôle important dans le pronostic des épisodes
dépressifs. La récidive et la chronicité de la dépression
peuvent avoir des conséquences neurobiologiques et psy-
chologiques qui altèrent les capacités d’adaptation de l’in-
dividu à son environnement, lequel en retour peut
entretenir des conditions propices au maintien de la dépres-
sion. Inversement, la survenue de décits cognitifs peut
augmenter à son tour l’incidence des états dépressifs.
Ces relations réciproques expliquent qu’il n’est pas pos-
sible de dissocier les facteurs de récidive dépressive de
ceux favorisant une atteinte cognitive dans des périodes de
la vie à risque, et notamment chez les personnes de plus de
60 ans. La physiopathologie de l’association entre trouble
de l’humeur et trouble cognitif est complexe, faisant inter-
venir des facteurs neurobiologiques, psychopathologiques
et environnementaux dont la séquence temporelle est à ce
jour mal connue.
Conits d’intérêt
M. B. : l’auteur n’a pas déclaré de conit d’intérêt.
Références
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[10] Kessing LV, Andersen PK. Does the risk of developing dementia
increase with the number of episodes in patients with depres-
de décits fonctionnels et d’une baisse de la qualité de vie
perçue qui augmentent par eux-mêmes le risque de rechute
ou de récurrence dépressive.
Physiopathologie des troubles cognitifs
consécutifs aux épisodes dépressifs
récurrents
Les mécanismes par lesquels la récurrence est à risque
cognitif sont multiples et interdépendants. Ainsi, certains
travaux ont montré que des facteurs cérébro-vasculaires
pouvaient se retrouver de façon comparable dans des for-
mes de dépression à début précoce et à début tardif, et
que les décits neuropsychologiques pouvaient être aussi
fréquents dans l’une et l’autre forme. Si des facteurs fonc-
tionnels sont plus souvent retrouvés dans la physiopatholo-
gie des dépressions précoces, des facteurs structurels
seraient plus fréquents dans les formes tardives, expliquant
une pathogénie croisée avec les troubles cognitifs [1, 4].
La dépression prolongée et récurrente peut altérer le
fonctionnement mais aussi la structure morphologique des
hippocampes, structures temporales internes essentielles
pour les processus de mémorisation de l’information. Ces
altérations ont été mises en évidence sur des études reliant
la réduction de la taille des hippocampes avec la durée de
l’épisode dépressif [17]. Cette atteinte hippocampique
pourrait être attribuable à une hypersécrétion de glucocor-
ticoïdes et à une surexpression des récepteurs aux gluco-
corticoïdes dans ces régions [16]. Un effet de moindre
réserve cognitive pourrait aussi s’exprimer dans ces condi-
tions de vulnérabilité. Par ailleurs, il est probable que la
baisse de stimulations cognitives en situation de ralentisse-
ment dépressif et d’isolement social majore les effets des
précédents facteurs.
Cela soulève l’hypothèse d’une accumulation d’attein-
tes fonctionnelles au fur et à mesure des épisodes, qui au-
delà d’un certain seuil dépendant des autres prédispositions
individuelles et des adaptations de l’environnement (moin-
dre stimulation, stigmatisation), créerait les conditions
d’expression de la détérioration cognitive.
Les lésions vasculaires fréquemment observées chez les
personnes âgées, focalisées ou diffuses (leuco-araïose),
sont un cofacteur important et ont fait reconnaître le
concept de « dépression vasculaire » [1, 2].
Prévention de l’évolution détériorative
de la dépression de la personne âgée
La connaissance des conséquences potentiellement délétè-
res de la dépression chronique et/ou récidivante renforce
la nécessité d’atteindre les objectifs suivants :
la réduction de la durée des épisodes ;• l’obtention de la rémission la plus complète possible ;• la prévention des récidives.•
Le dépistage et le traitement précoce de la dépression
peut améliorer le pronostic cognitif et l’adaptation à la vie