Dépression : concepts actuels S107
tels changements conceptuels. Et on peut se demander dans
quel délai les connaissances objectives seront sufsantes
pour permettre d’adapter les concepts utilisés en pratique
clinique à la réalité de ces connaissances objectives.
Conits d’intérêt
E. C. : l’auteur n’a pas déclaré de conit d’intérêt.
Références
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Le terme « recurrence » utilisé en anglais est traduit
de deux façons différentes en français : « récurrence » ou
« récidive ». Le terme « récidive » pouvant être stigmati-
sant et connoté négativement en français du fait de son
utilisation dans le langage judiciaire notamment, il nous
semble préférable d’utiliser le terme « récurrence ».
L’adjectif « récurrent » appliqué aux dépressions, fait réfé-
rence, à la survenue chez le même sujet d’au moins deux
épisodes dépressifs successifs. Il sous-entend qu’une récur-
rence est caractérisée par l’apparition d’un nouvel épisode
dépressif, après une phase de guérison d’un épisode anté-
rieur, les épisodes pouvant être séparés par une période de
plusieurs années [12]. Ainsi, le trouble dépressif majeur
récurrent est déni dans le DSM-IV [2] et la CIM-10 [15] par
la succession chez un même sujet, d’au moins deux épiso-
des dépressifs majeurs unipolaires distincts. Le DSM consi-
dère les épisodes comme distincts s’ils sont séparés par une
période d’au moins deux mois durant lesquels les critères
d’un épisode dépressif majeur ne sont pas présents. Ce
délai de deux mois est relativement bref par rapport aux
délais antérieurement proposés, qui étaient souvent de
l’ordre de 6 mois. Plus de 80 % des troubles dépressifs uni-
polaires sont des troubles récurrents [5].
Le concept de dépression résistante est également
pertinent pour la pratique clinique du fait de sa fréquence.
D’ailleurs, plusieurs molécules ont fait l’objet de deman-
des d’autorisations de mises sur le marché dans cette indi-
cation, conduisant à des réexions sur sa dénition même
[7]. On parle de dépression résistante lorsque la réponse
est insufsante après deux traitements antidépresseurs de
classe différente bien conduits, c’est-à-dire à posologies
efcaces et pendant une durée sufsante, c’est-à-dire une
durée d’au moins six semaines [1, 3]. L’enjeu est important
puisque 15 % à 20 % des épisodes dépressifs majeurs sont
résistants au traitement [3, 14].
Conclusion
Les dénitions et concepts utilisés aujourd’hui dans le
champ des troubles dépressifs l’ont été dans un contexte
particulier, de plus en plus rarement retrouvé dans d’autres
champs de la médecine. Ce contexte est marqué par une
méconnaissance relative de la physiopathologie et l’ab-
sence de validateurs externes des troubles dépressifs, et
par une médiocre compréhension des mécanismes d’action
des médicaments antidépresseurs, de leur pharmacodyna-
mie et de leur pharmacocinétique.
Les progrès dans le champ des techniques objectives en
particulier biologiques, génétiques et d’imagerie devraient
permettre d’ouvrir d’autres perspectives dans le champ des
dénitions utilisées pour les troubles dépressifs. On sait tou-
tefois aujourd’hui que ces évolutions ne sont pas imminen-
tes : il semble en effet que le futur DSM-V n’intégrera pas de