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L’Encéphale (2010) 36, 285—293
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP
CLINIQUE
Boulomanie : entre illusion et addiction
Workaholism: Between illusion and addiction
J. Elowe
Clinique psychiatrique, pôle de psychiatrie et de santé mentale, psychiatrie I, hôpitaux universitaires de Strasbourg,
1, place de l’Hôpital, BP 426, 67091 Strasbourg cedex, France
Reçu le 17 juin 2009 ; accepté le 9 octobre 2009
Disponible sur Internet le 10 mars 2010
MOTS CLÉS
Boulomanie ;
Dépendance au
travail ;
Estime de soi ;
Syndrome
d’épuisement
KEYWORDS
Workaholism;
Work addiction;
Self-esteem;
Burn-out syndrome
Résumé La boulomanie apparaît depuis plusieurs années comme une addiction à part entière
dans le large spectre des dépendances. À la différence des autres, la dépendance au travail
bénéficie souvent d’une image positive dans le sens où elle donne aux autres l’illusion du bienêtre du sujet concerné, de sa motivation et de son engagement dans une activité donnée. De
nombreux auteurs ont tenté au fil des 30 dernières années de définir ce concept et d’en préciser les mécanismes propres. Tous les points de vue théoriques, du modèle psychanalytique aux
modèles plus contemporains, mettent la question de l’estime de soi au centre de la problématique de la boulomanie. En effet, le narcissisme, articulé à l’évolution sociologique de nos
modes de vie occidentaux, permettrait de mieux cerner l’identité psychique de l’individu et
ainsi de mieux comprendre cette tentative de reconstruction de soi. En caractérisant les traits
de personnalité des individus boulomanes, le médecin est amené à prendre en charge le plus
précocement possible cette nouvelle forme de dépendance, afin de prévenir les nombreuses
complications personnelles, professionnelles, sociales, relationnelles et sanitaires. Devant la
forte prévalence de la dépendance au travail, il nous semble important de rechercher une
symptomatologie évocatrice d’une boulomanie afin d’envisager et de proposer aux patients
boulomanes une prise en charge spécifique et adaptée.
© L’Encéphale, Paris, 2009.
Summary Workaholism surfaced some years ago as a veritable addiction in the wide sense of
the term, dependence. It differs from other sorts of dependence in that it is very often viewed
in a positive perspective in the sense that it conveys to the person concerned the illusion of
well-being, as well as a motivation and dedication in their professional activity. During the past
30 years, several authors have attempted to define this concept and to determine its characteristics. Robinson believes that workaholics have an approach to life whereby their work feeds
on time, energy and physical activity. This provokes consequences that affect their physical
health and interpersonal relationships. They have a tendency to live in the future rather than
in the present. For Scott, Moore and Micelli, the compulsion for work is not necessarily viewed
Adresse e-mail : [email protected].
0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2009.
doi:10.1016/j.encep.2009.12.002
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J. Elowe
as being detrimental to one’s health. Spence and Robbins highlight the notion of the pleasure
experienced at work in their theoretical approach. The prevalence of the dependence on work
is estimated at between 27 and 30% in the general population. It is correlated to the number of
hours of work per week and tends to be higher as annual revenue increases. The sex ratio is 1,
and the parents of children 5 to 18 years of age are the most susceptible to considering themselves workaholics. The physical and psychological consequences of professional exhaustion are
characterized primarily by the decrease in self-esteem, symptoms of fatigue, anxiety, depression, irritability and the manifestation of physical problems including cardiovascular ailments,
as evidenced by hypertension, as well as heart and kidney complications. All the theoretical
point of views, from the psychoanalytical models to the contemporary models, highlight self
esteem as being the centerpiece of the question regarding the problem of workaholism. In fact,
the narcissism articulated from the sociological evolution of our western way of life permits
us to delineate the psychic identity of the individual better, and therefore, to understand this
reconstructive attempt of one’s self better. In characterizing the personality traits of workaholic individuals, the doctor/therapist is required to deal with this new form of dependence as
early as possible, in order to anticipate and avert the numerous personal, professional, social,
relational and sanitary complications. Faced with this large prevalence of dependence on work,
it seems important to us to look for a symptomatology that would emanate a signal of workaholism so as to envisage and propose to workaholic patients a specific course of action that would
be adapted to their needs.
© L’Encéphale, Paris, 2009.
Introduction
Les dernières années ont vu fleurir tout un cortège d’entités
diagnostiques dans le domaine des dépendances et la liste
continue de s’allonger. Elles peuvent concerner tous les
domaines de la vie quotidienne. On décrit les addictions
avec drogues, qui supposent une consommation de toxiques
et les addictions sans drogues. Parmi ces dernières, on
retrouve la cyberdépendance, le jeu pathologique, le sport
intensif, la dépendance sexuelle et affective, ou encore
la boulomanie. L’addiction au travail, ou boulomanie, est
un phénomène essentiellement retrouvé dans les sociétés
occidentales qui valorisent une dynamique carriériste en
favorisant un surinvestissement dans le travail professionnel. Les gens travaillent de plus en plus, jusqu’à occulter les
autres dimensions de leur vie personnelle. L’activité, professionnelle le plus souvent, devient alors le noyau autour
duquel va graviter tout le psychisme de l’individu qui en
souffre. La description de cette nouvelle addiction présente néanmoins un aspect singulier ; en effet, elle bénéficie
d’une image positive et « propre », dans le sens où elle
donne l’illusion qu’elle n’entraîne pas de destruction de
l’organisme ni de modification du comportement. Du moins,
dans un premier temps !
Le terme de boulomanie, essentiellement utilisé dans les
pays francophones d’Europe, a son équivalent au Canada
où l’on parle d’ergomanie, littéralement « obsession du
travail ». Ce néologisme est lui-même dérivé de l’anglais
workaholism. Il a été utilisé la première fois en 1971 par un
écrivain américain, Wayne Edward Oates, connu pour avoir
beaucoup écrit sur la vie pastorale, dans un livre autobiographique intitulé Confessions of a workaholic: The facts about
work addiction [27], dans lequel il témoigne de sa dépendance au travail et des répercussions sur la vie personnelle.
Depuis, de nombreux auteurs nord-américains se sont
penchés sur la question et ont tenté de poser les fonde-
ments théoriques de la boulomanie. À ce jour, il n’existe
pas de consensus sur la définition du concept et a fortiori
sur ses causes et ses conséquences. Devant le nombre restreint d’études s’y étant intéressées et devant la nécessité
de mieux comprendre ce phénomène nouveau, nous nous
sommes proposés d’exposer les différentes théories élaborées depuis une vingtaine d’années, de décrire le tableau
clinique le plus fréquemment associé à ce type particulier
de dépendance et d’envisager des hypothèses épistémologiques à l’origine de ce phénomène.
Aspects théoriques
Les premiers travaux portant sur la boulomanie datent d’un
peu moins de 20 ans et sont attribués à Robinson et al.
[29—36] de l’université de Caroline du Nord aux États-Unis.
À la suite de plusieurs recherches scientifiques, il est le premier à avoir proposé un cadre théorique à la boulomanie et
a élaboré une grille d’évaluation, la work addiction risk test
(WART) (Tableau 1), afin d’apprécier le degré de dépendance
au travail. Cette grille n’a pas encore fait l’objet d’une validation en français. Il a essentiellement axé ses travaux sur
les conséquences qu’entraîne la boulomanie dans la vie personnelle, professionnelle et sociale de l’individu. En effet,
il a souligné le fait que les « boulomanes » laissent le travail
consumer leur temps, leur énergie physique et psychique.
Leurs pensées sont totalement accaparées par les habitudes
excessives de travail qui viennent interférer avec leur santé,
leur satisfaction personnelle et leurs relations sociales et
intimes. Ils présentent également une tendance compulsive au travail avec difficulté à contrôler ces habitudes.
Robinson rappelle le rôle indéniable de la société occidentale comme facteur précipitant de la boulomanie. En effet,
les nouvelles technologies — la téléphonie mobile, Internet,
les dictaphones — rendent le travail toujours plus accessible
Boulomanie : entre illusion et addiction
Tableau 1
287
Work addiction risk test (WART).
1. I prefer to do most things myself, rather than ask for help
2. I get impatient when I have to wait for someone else or when something takes too long
3. I seem to be in a hurry and racing against the clock
4. I get irritated when I am interrupted while I am in the middle of something
5. I stay busy and keep many irons in the fire
6. I find myself doing two or three things at one time, such as eating lunch, writing a memo, and talking on the telephone
7. I over commit myself by accepting more work than I can finish
8. I feel guilty when I am not working on something
9. It is more important that I see the concrete results of what I do
10. I am more interested in the final result of my work than in the process
11. Things just never seem to move fast enough or get done fast enough for me
12. I lose my temper when things do not go my way or work out to suit me
13. I ask the same question again, without realizing it, after I already have received the answer
14. I spend a lot of my time mentally planning and thinking about future events while tuning out the here and now
15. I find myself continuing to work after my co-workers have stopped
16. I get angry when people do not meet my standards of perfection
17. I get upset when I am in situations where I cannot be in control
18. I tend to put myself under pressure from self-imposed deadlines
19. It is hard for me to relax when I am not working
20. I spend more time working than socializing with friends or hobbies or leisure activities
21. I dive into projects to get a head start before all of the phases have been finalized
22. I get upset with myself for making even the smallest mistake
23. I put more thought, time, and energy into my work than I do into my relationships with loved ones and friends
24. I forget, ignore, or minimize celebrations, such as birthdays, reunions, anniversaries, or holidays
25. I make important decisions before I have all of the facts and a chance to think them through
et plus présent dans notre quotidien en nous empêchant
d’accéder aux sphères extérieures à lui.
Robinson [36] a proposé une catégorisation des
« boulomanes » basée sur la quantité de travail initié
en proportion avec la quantité de travail complété (Fig. 1).
Il décrit ainsi quatre types de « boulomanes » : le boulomane
infatigable, le boulomane boulimique, le boulomane avec
déficit d’attention et le boulomane savouring :
• le boulomane infatigable porte bien son nom. Il est avide
de travail ; il en initie beaucoup et mène à terme tout
ce qu’il a entamé. Il est littéralement imprégné dans
son travail comme peut l’être la teinture dans la laine,
comparaison imaginée par Wayne Oates dans son livre.
Il travaille de manière compulsive et ne connaît aucun
répit, autant le jour que la nuit, autant en semaine qu’en
week-end, sans s’autoriser de repos. Le travail doit être
complété rapidement et n’attend aucun délai ;
• le boulomane boulimique initie peu de travail mais
s’applique à en terminer beaucoup. Son angoisse réside
principalement dans l’initiation d’un projet où il estime
ne pas être à la hauteur pour porter une telle responsabilité. Il préfère donc poursuivre un travail déjà commencé
par un autre. On a décrit cette tendance pathologique à
remettre certaines actions au lendemain par crainte de
l’initiation sous le nom de « procrastination ». Par peur
d’une frustration, de l’échec ou de ne pas pouvoir contrôler son environnement, symbolisée ici par la peur d’initier
un projet, le procrastinateur préférera s’adonner à une
multitude d’activités n’ayant aucun rapport direct avec
la tâche redoutée, symbolisée ici par la volonté de mener
à terme du travail déjà entamé. Les boulomanes boulimiques sont volontiers perfectionnistes, reflétant ainsi la
peur de l’échec. Le but recherché est probablement de
protéger un noyau narcissique fragile et nous verrons dans
la discussion l’importance de considérer l’estime de soi
du patient dans la prise en charge de la boulomanie, et a
fortiori de la dépendance en général ;
• le boulomane avec déficit d’attention, pour sa part,
recherche la stimulation de manière quasi impulsive. La
poursuite d’une activité l’ennuie très vite et il aura tendance à ne jamais mener à terme un projet initié par
lui. On décrit souvent des traits de personnalité sociopathique chez ces patients qui recherchent une satisfaction
immédiate et présentent souvent une difficulté à tenir des
projets à long terme. C’est ainsi que ces patients entreprennent de nombreux projets sans les terminer. Il existe
des troubles de l’attention importants dans la réalisation
de leur travail ;
• le boulomane savouring, sujet à la délectation, se caractérise par sa lenteur, sa méticulosité et son caractère
méthodique. Le perfectionnisme est ici sublimé dans le
sens où le travail initié n’est jamais complété du fait
de l’addition constante de travail supplémentaire. Tout
est minutieusement analysé à tel point qu’il lui est très
difficile de respecter un échéancier.
Robinson reste l’auteur à avoir le mieux étudié la question de l’addiction au travail mais de nombreux autres
scientifiques ont tenté d’élaborer une typologie. Diane
Fassel et al. [11,12] ont beaucoup travaillé au sein de compagnies et ont publié plusieurs ouvrages où ils proposent de
288
J. Elowe
Figure 1
Typologie de la boulomanie selon Robinson (2000) [36].
nouvelles mesures pour accroître l’efficacité organisationnelle des entreprises et favoriser le changement dans leur
management. Ils décrivent essentiellement quatre types de
boulomanes :
• le boulomane « réussite » représente le type décrit plus
haut. Il donne l’image positive du bourreau du travail qui
recherche le succès et la réussite. Il est sans cesse en
quête de compétition.
• le travailleur compulsif représente le type principal dans
le sens où il est poussé malgré lui à travailler sans relâche ;
• le travailleur « noceur » concentre l’essentiel de son
attention en fin de projet plutôt que de manière
constante ;
• le travailleur « garde-robe » ou closet worker a tendance
à travailler à l’abri des regards extérieurs, cachant son
travail à la manière d’un alcoolique qui dissimule sa bouteille, lorsqu’il ne se sent pas surveillé ;
• le travailleur anorexique qui présente une compulsion
tant dans la recherche de travail que dans son évitement.
Pour Spence et Robbins [38], la dimension du plaisir
éprouvé au travail est importante à prendre en considération. Dans leur étude, ils ont démontré à l’aide de
différentes échelles qu’ils ont réunies au sein d’une batterie et remplies par les sujets de l’échantillon (n = 291 ;
hommes = 134, femmes = 157) que les boulomanes étaient
plus enclins au stress professionnel, présentaient davantage
des tendances perfectionnistes et avaient plus de difficultés
à déléguer. Il existait plus de plaintes somatiques que dans le
groupe témoin. Ils insistent également sur le caractère compulsif des boulomanes dans leur approche du travail. Dans
ce contexte, ils déterminent trois types de boulomanes :
Pour Scott et al. [37], la compulsion au travail n’est
pas forcément envisagée de manière négative et délétère.
Ils considèrent qu’une certaine catégorie de boulomanes
s’investit dans le travail lorsque la décision leur revient et
qu’ils ont pleine conscience de cette implication. Ces personnes sont décrites comme ambitieuses, visent la réussite
et restent productives. Il existe une motivation indéniable
et une haute estime de soi chez ces boulomanes. Ils
relèvent sans cesse des défis et en tirent pleinement bénéfice et satisfaction. Il semble qu’ils ne rechercheraient
pas de moyen de fuir un mal-être intérieur à la manière
des autres boulomanes. En revanche, même en dehors
du travail, ils focalisent leurs pensées sur leurs projets.
Pour leur part, ces chercheurs décrivent trois types de
boulomanes :
• le boulomane compulsif-dépendant travaille plus longtemps que ce qu’il s’était fixé au départ. Il a pleinement
conscience de ses difficultés à limiter le temps consacré
au travail, malgré les répercussions que cela peut avoir
dans son quotidien ;
• le boulomane perfectionniste écarte toute source de loisir au profit de la productivité. Il est celui qui présente
le plus les traits d’une personnalité obsessionnelle avec
une rigidité, une inflexibilité et le goût du détail et du
contrôle ;
• le boulomane ;
• le travailleur enthousiaste ;
• le boulomane enthousiaste.
Parallèlement à ces trois catégories, ils individualisent
trois types de travailleurs non boulomanes : le travailleur
non engagé, le travailleur relax et le travailleur désenchanté. Ces six groupes de patients varient selon trois
critères : le plaisir éprouvé au travail, l’investissement et
le caractère compulsif au travail (Tableau 2).
Burke et al. [5—9] se sont beaucoup intéressés aux
travaux de Spence et Robbins et ont tenté d’appliquer
les critères diagnostiques proposés par ces deux auteurs
dans différentes populations. Globalement, les résultats
concluent à une cohérence interne et une fiabilité satisfaisantes. Une étude récente a mis en évidence une diminution
importante de l’estime de soi chez ces patients [10]. Burke
mentionne en revanche que les outils actuels permettant
d’évaluer la boulomanie ne doivent pas être utilisés de
manière alternative et ne peuvent pas se substituer l’un à
l’autre. En effet, la batterie de Spence et Robbins se focalise
plutôt sur les profils que présentent les patients au travail
alors que la WART fait apparaître des items de répercussion négative de la boulomanie sur la vie du patient et peut
faire évoquer un comportement de type A qui associe lutte
Boulomanie : entre illusion et addiction
Tableau 2
289
Catégories de boulomanes selon Spence et Robbins (1992) [38].
Boulomane
Boulomane enthousiate
Travailleur enthousiaste
Travailleur non enthousiaste
Travailleur relax
Travailleur désenchanté
Figure 2
Plaisir au travail
Investissement
Caractère compulsif
↑
↑
↑
↓
↓
↓
↑
↑
↓
↓
↓
↑
↓
↑
↑
↓
↑
↓
Typologie de la boulomanie selon Naughton (1987) [26].
contre le temps, sens de la compétition et engagement dans
l’action [23]. Ces deux outils, utilisés essentiellement dans
le cadre de la recherche, sont donc à manier avec prudence.
Naughton [26] considérait quant à lui deux facteurs principaux pour cerner le problème de la boulomanie, à savoir
l’engagement au travail et l’obsession-compulsion. À partir de ces deux dimensions, il propose quatre catégories de
patients représentés sur la Fig. 2.
Épidémiologie
Une étude canadienne réalisée en 1998 chez les plus de
15 ans révélait une prévalence de 27 % quant à la dépendance au travail. Ces résultats concordent avec les résultats
d’études qui ont été réalisées aux États-Unis et selon
lesquelles près de 27 % à 30 % des Américains sont des
« accros » au travail [34]. Aziz et Zickar [2], dans une étude
reprenant la typologie de Spence et Robbins, ont évalué
l’investissement, l’énergie fournie au travail et la satisfaction professionnelle d’un échantillon de 174 employés de
différentes entreprises américaines et canadiennes. La prévalence de la boulomanie est de 23 % (Tableau 3). Nous
Tableau 3
[2]).
Prévalence de la boulomanie (Aziz et Zicker
Catégorie
n (%)
Boulomane enthousiaste
Boulomane
Travailleur enthousiaste
69 (40)
39 (23)
64 (37)
n’avons pas retrouvé dans la littérature de chiffres permettant d’apprécier l’incidence de ce trouble. Contrairement à
une idée reçue, on retrouve un sex-ratio de 1 [34]. Bien que
la dépendance au travail soit plus fréquemment retrouvée
dans le cadre d’emplois rémunérés, elle n’est pas exclusive du travail rétribué [20]. En effet, elle peut se retrouver
dans le cadre d’emplois non rémunérés. Selon cette même
étude canadienne, les parents d’enfants de cinq à 18 ans
sont les plus susceptibles de se considérer comme des bourreaux du travail (Tableau 4). Les Canadiens dont le revenu
Tableau 4 Prévalence de la boulomanie selon la situation
du ménage.
Situation dans le ménage
Prévalence (%)
Personne seule
23
Avec conjoint seulement
25
Avec conjoint et enfant(s)
Âge de l’enfant le plus jeune
Moins de 5 ans
5 à 14 ans
14 à 18 ans
18 ans et plus
31
34
32
31
Parent unique
Âge de l’enfant le plus jeune
Moins de 5 ans
5 à 14 ans
14 à 18 ans
18 ans et plus
23
35
36
26
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale (1998).
290
est élevé sont plus susceptibles de se voir développer une
dépendance au travail avec une prévalence de 38 % pour
ceux dont le revenu annuel est supérieur à 80 000 dollars
[20]. La prévalence est également élevée pour les personnes
ayant travaillé plus de 60 heures dans la semaine précéda l’enquête. Les boulomanes ayant répondu à l’enquête
croient que leur santé est moins bonne que celle des autres
répondants.
Conséquences et retentissement
Les risques de la boulomanie sont nombreux. Ils associent
de manière variable moments d’absence, oublis et difficultés de concentration. Le risque ultime est représenté par
le syndrome d’épuisement professionnel, ou burn-out syndrome, pouvant retentir de manière importante aux niveaux
personnel, social et médical. Le concept d’épuisement professionnel a été introduit pour la première fois en 1974 par le
psychanalyste américain Freudenberger pour décrire l’état
d’épuisement et de vide intérieur observé chez le personnel d’institutions alternatives en santé mentale et résultant
de demandes excessives d’énergie ou de ressources personnelles. Il a été repris en 1981 par trois médecins japonais
sous le terme karoshi, désignant par là un ensemble de
troubles cardiovasculaires associés à un temps de travail
excessif [15]. Les travaux de recherche en psychologie
sociale réalisés par Maslach et al. [24] ont par la suite contribué au développement du concept et à sa reconnaissance
au plan scientifique. Ce concept peut être défini comme
un processus de longue durée, cumulatif, au cours duquel
agissent les facteurs de stress les plus variés, dans lequel
un professionnel à l’origine engagé se retire de son travail en réaction au stress éprouvé dans l’exécution de ses
tâches. Selon Maslach et Jackson [24], l’épuisement professionnel est un syndrome psychologique impliquant un
épuisement émotionnel, une approche « dépersonnalisée »
de la clientèle et un faible sentiment d’accomplissement
personnel. L’épuisement émotionnel fait référence au sentiment d’épuisement et de vide intérieur provoqué par
le travail, à l’appauvrissement des ressources émotionnelles et au sentiment de ne plus pouvoir donner à autrui
au plan psychologique. La dépersonnalisation se manifeste
par des sentiments négatifs et cyniques et des réponses
impersonnelles aux clients et peut conduire à la déshumanisation progressive de la clientèle et des interventions.
Enfin, le faible accomplissement personnel se reflète par des
sentiments d’incompétence professionnelle et de manque
de réalisation personnelle dans le travail. L’épuisement
professionnel est associé à une variété de symptômes physiques, émotionnels, cognitifs et comportementaux. Les
conséquences physiques et psychologiques de l’épuisement
professionnel se caractérisent principalement par une diminution de l’estime de soi, par des symptômes de fatigue,
d’anxiété, de dépression et d’irritabilité et par la présence de problèmes somatiques. Parmi ces derniers, on
peut noter essentiellement des troubles cardiovasculaires
représentés par l’hypertension artérielle et les complications cardiaques et rénales. Une fréquence plus élevée de
maladies de l’appareil locomoteur avec des cervicalgies, des
douleurs de la ceinture scapulaire, des dorsolombalgies a
été notée. Des répercussions au niveau de l’appareil diges-
J. Elowe
tif ont été décrites comme une inflammation chronique du
gros intestin. On peut enfin rappeler la présence fréquente
de migraines dans cette population. L’épuisement professionnel est aussi à l’origine de problème de comportement
et de performance au travail, de problèmes interpersonnels
avec les clients, les membres de la famille et les amis et
de sentiments négatifs envers la clientèle, le travail et la
vie en général. Aucune donnée n’est actuellement disponible concernant une comorbidité avec d’autres pathologies
addictives.
Boulomanie et personnalité
Au vu des différentes théories élaborées par les chercheurs,
se pose la question de la relation potentielle entre la boulomanie et la personnalité. En effet, la plupart des auteurs
considèrent la boulomanie dans son ensemble comme une
variable pouvant s’intégrer de manière individuelle dans la
personnalité de l’individu [25,34,39].
Il est maintenant bien établi que la plupart des mesures
de personnalité peuvent être englobées dans cinq traits centraux de la personnalité appelés le Big Five [3,14]. Ces traits
ont été mis en évidence empiriquement par la recherche
et constituent un repère pour la description et l’étude
de la personnalité. Malgré certaines limites soulignées par
quelques auteurs (redondance, caractère incomplet des
facteurs pris en compte, faiblesses méthodologiques), les
Big Five servent de base à la recherche. On parle parfois
de « modèle Ocean » selon les différentes dimensions du
modèle :
• l’ouverture à l’expérience (O) : curiosité, imagination,
convictions peu conventionnelles, ouverture d’esprit ;
• le caractère consciencieux (C) : autodiscipline, respect
des obligations, organisation, orientation vers des buts,
peu de spontanéité ;
• l’extraversion (E) : énergie, tendance à rechercher la stimulation, émotions positives, interactions importantes
avec le monde extérieur ;
• l’agréabilité (A) : tendance à la compassion et à la coopération, recherche d’une harmonie sociale, cohésion avec
autrui, serviabilité, générosité ;
• le neuroticisme (N) : tendance à éprouver facilement des
émotions désagréables, instabilité émotionnelle.
Trois de ces facteurs — neuroticisme, extraversion, caractère consciencieux — semblent être particulièrement
associés à l’expérience au travail et au succès professionnel [3,4]. Barrick et Ryan [4] ont apporté des arguments
montrant une corrélation négative entre le neuroticisme
et la satisfaction au travail alors qu’ils rapportent une
corrélation négative avec le perfectionnisme. En outre,
l’extraversion serait associée de manière positive avec la
satisfaction au travail alors que le neuroticisme serait corrélé négativement au succès professionnel extrinsèque. Le
neuroticisme était plus fréquemment associé à de mauvaises
performances à la réalisation de tâches professionnelles,
à des salaires plus bas et à un nombre plus faible de
promotions. Le caractère consciencieux était associé de
manière significative avec le sentiment d’accomplissement
et le succès professionnels, sous-tendus par des bonnes
Boulomanie : entre illusion et addiction
291
performances au travail. Judge et al. [19] ont étudié les
relations existant entre les Big Five, les capacités mentales
générales et le succès professionnel. Ils ont pris en compte
deux aspects du succès professionnel : l’aspect intrinsèque,
reflétant la satisfaction au travail, et l’aspect extrinsèque,
reflétant les revenus et le statut occupationnel. Le caractère consciencieux prédisait de manière positive un succès
tant intrinsèque qu’extrinsèque. Le neuroticisme prédisait
négativement le succès extrinsèque tandis que les capacités mentales générales prédisaient positivement un succès
extrinsèque.
Par ces travaux, les auteurs soulignent l’importance de
concilier une étude approfondie de la personnalité dans
l’étude de la dépendance au travail, dans le sens où elle
influe significativement l’évolution positive ou négative de
la boulomanie.
Ainsi, une reconnaissance, une attention ou une acceptation insuffisantes de l’entourage, en général de l’entourage
familial, et ce dans l’enfance essentiellement, vont provoquer une faille narcissique. L’intensité de cette faille
narcissique va correspondre à l’incapacité que présente
un individu à s’aimer. Elle est ressentie comme un sentiment insupportable de vide intérieur, d’inutilité, de nullité,
d’incapacité. Les mécanismes de défense mis en place par
le sujet vont tenter de compenser la problématique narcissique en adoptant un comportement socialement valorisé.
On peut comprendre dès lors qu’il veuille poursuivre une
quête parfois désespérée de reconnaissance, d’approbation
et de considération de l’autre. Les tentatives de combler
cette faille narcissique sont souvent insuffisantes poussant
l’individu à reporter continuellement sa recherche de reconnaissance.
Discussion
Estime de soi
Toutes ces considérations nous poussent à nous poser la
question des mécanismes pouvant être à l’origine de la
dépendance au travail. En dehors d’une logique purement
neurobiologique tentant d’expliquer la physiopathologie des
addictions, a fortiori de la boulomanie, nous nous proposons
d’étudier les aspects psychologiques permettant de mieux
cerner cette notion. Le premier aspect à examiner est celui
de l’identité au sens psychodynamique du terme. C’est la
question du narcissisme introduite par Freud que nous tenterons d’appliquer à notre problématique. Dans la continuité
directe de ce concept, l’estime de soi, chère au courant
cognitivo-comportemental, reste un élément intéressant à
prendre en considération. Enfin, nous reprendrons les travaux de la psychologie sociale sur la théorie de l’engagement
dans la compréhension des comportements et des attitudes
résultant d’un acte.
Les premiers travaux sur l’estime de soi sont attribués à
William James (1842—1910), médecin, psychologue et philosophe américain dans son ouvrage Psychology Briefer Course
[16], traduit récemment en français, par Nathalie Ferron
[17]. Il va principalement s’appuyer sur la dynamique intrapsychique du sujet pour élaborer sa théorie de l’estime de
soi. Dans cette perspective, c’est l’articulation entre le Moi
actuel et les prétentions du sujet qui joue un rôle fondamental. Pour James, l’estime de soi est la conscience de la valeur
du soi. Le poids de cette valeur repose sur l’importance que
la personne accorde à ses différents types de Moi. Parmi les
trois types de Moi, que sont le Moi physique, le Moi social
et le Moi mental, chaque individu privilégie un Moi, le plus
fort, le plus profond et le plus vrai. Les réussites et les
échecs du Moi profond vont s’expliquer par le rapport existant entre les réussites et les aspirations du sujet selon la
formule :
Estime de soi = Réussites (réalisations)/Aspirations (prétentions).
Une personne prend donc pour mesure de sa valeur le
rapport qu’il y a entre les résultats qu’elle obtient et ceux
qu’elle pense pouvoir obtenir. James affirme par là que plus
les réussites d’une personne s’écartent de ses aspirations,
plus son estime de soi est faible. À l’inverse, plus les réalisations d’un individu rejoignent ses ambitions, plus son estime
de soi est forte.
On a beaucoup reproché à ce modèle de négliger les
interactions sociales dans la conception de l’estime de soi.
Le modèle financier de l’estime de soi a aussi été décrit pour
mieux comprendre ses mécanismes. Il propose que l’estime
de soi doit être régulièrement réinvestie pour ne pas se
dévaluer et qu’elle est directement dépendante des risques
pris au départ [1].
Pour les théoriciens actuels, l’estime de soi est le résultat à la fois d’une construction psychique et d’une activité
cognitive et sociale. En effet, l’acceptation sociale semble
intimement liée à l’estime qu’on se porte [1].
Narcissisme
L’identité subjective est celle que l’individu ressent en luimême et par lui-même. C’est par cette forme d’identité
que l’on se reconnaît comme semblable à soi-même à
travers le temps et à travers le changement ; c’est également « ce par quoi on se sent exister aussi bien en
ses personnages (propriétés, fonctions et rôles sociaux)
qu’en ses actes de personne (significations, valeurs, orientations). L’identité [subjective], c’est ce par quoi on se
connaît, ce par quoi on se sent accepté et reconnu comme
tel par autrui » [40]. « Prise au sens littéral de similitude
absolue, l’identité personnelle [ou subjective] (je suis je)
n’existe pas ! L’identité interpersonnelle (je suis un autre)
n’existe pas non plus, même dans le cas de jumeaux vrais »
[40]. Ainsi, l’identité subjective n’est pas réductible à
une définition simple et explicite, probablement car elle
ne peut être considérée comme une simple « substance »
[28]. La construction psychique de l’individu se fait donc
par la confrontation à l’altérité, c’est-à-dire au regard de
l’autre. Freud décrivait le concept d’identification, plus
qu’un mécanisme psychologique parmi d’autres, comme
l’opération par laquelle le sujet humain se constitue [22].
Le processus d’identification est d’ordre inconscient et
s’effectue sans le concours de la volonté de l’individu [13].
Théorie de l’engagement
En psychologie sociale, l’engagement désigne l’ensemble
des conséquences d’un acte sur le comportement et les
292
attitudes. La notion d’engagement est notamment associée
aux travaux de Kiesler [21] dans les années 1960 et, plus
récemment à ceux de Joule et Beauvois [18]. Elle stipule
que « seuls les actes nous engagent. Nous ne sommes donc
pas engagés par nos idées, ou par nos sentiments, mais
par nos conduites effectives ». Joule et Beauvois écrivent :
« L’individu rationalise ses comportements en adoptant
après coup des idées susceptibles de les justifier. Nous avons
montré, par exemple, qu’une personne amenée par les circonstances à tenir un discours en contradiction avec ses
opinions modifiait a posteriori celles-ci dans le sens d’un
meilleur accord avec sa conduite (le fait d’avoir tenu ce
discours-là) ». Le danger réside dans le fait que ce discours en contradiction avec nos opinions, adopté après coup
pour justifier nos actes, va être progressivement intériorisé. L’individu finit ainsi par être intimement persuadé
du bien-fondé de sa nouvelle opinion. C’est singulièrement
vrai dans le domaine professionnel. On appelle « escalade
d’engagement » « la tendance que manifestent les gens à
s’accrocher à une décision initiale même lorsqu’elle est
clairement remise en question par les faits ». L’individu se
retrouve « engagé dans un processus qui se poursuivra de luimême jusqu’à ce qu’il décide activement de l’interrompre,
si toutefois il le décide ».
Limitations
La boulomanie est un concept nouveau qui mobilise
l’attention de nombreux chercheurs. Il convient de rappeler
que la nosologie psychiatrique actuelle ne reconnaît pas ce
trouble en tant qu’entité clinique, malgré l’effort de certains auteurs à le rattacher à un syndrome [2]. En effet,
les modèles présentés décrivent la boulomanie en intégrant
des facteurs différents aboutissant ainsi à des profils psychologiques et des personnalités différentes. Les typologies
actuelles sont décrites en considérant alternativement les
conséquences de la boulomanie, les comportements adoptés
par les boulomanes, leur rapport au travail et leur personnalité. Robinson, par exemple, ne tient pas compte de
l’estime de soi, qui semble être une pierre d’angle dans
la compréhension de ce syndrome. De ce fait, il est difficile de recouper les données expérimentales et d’isoler
une psychopathologie précise. Par ailleurs, la forte prévalence du trouble remet en cause le concept d’addiction et
nécessiterait une meilleure caractérisation de la population
concernée.
On arrive cependant à intégrer ces différents modèles
dans le cadre de la dépendance au travail afin de mieux
comprendre les mécanismes d’entrée dans la boulomanie.
Un point reste également à éclaircir : pourquoi l’individu
développera une addiction au travail plutôt qu’une autre ?
Notre hypothèse réside dans le caractère positif et « propre »
accordé, du moins dans un premier temps, à la boulomanie. De nombreuses recherches restent à être réalisées
dans ce domaine qui regroupe tant la psychopathologie
clinique, la psychologie sociale, la médecine du travail,
que les entreprises elles-mêmes et le monde du travail en
général.
Ce travail a fait l’objet d’une communication orale à la
Société de psychiatrie de l’Est le 17 novembre 2007 sur le
thème « Addictions : questions d’actualité ».
J. Elowe
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