MODULE PSYCHIATRIE III.
LES PRINCIPAUX CONCEPTS EN ADDICTOLOGIE.
Mme BECUWE & MONSEUR.
30 aout 2006.
I) LES PRATIQUES ADDICTIVES.
Les pratiques addictives correspondent à l'ensemble des comportements de consommation
de substances (usage, abus ou usage nocif, dépendance).
Avec le concept d'addiction, l'approche est descriptive et centrée plus sur le comportement
que sur le produit ou la cause qui a déclenché la dépendance.
II) L’USAGE.
Consommation de substances psycho actives n'entraînant :
o ni complications somatiques.
o Ni troubles du comportement ayant des conséquences nocives pour les autres. La
consommation est socialement réglée.
Expérimentation : (signifie au moins une fois dans sa vie).
o Curiosité.
o Amusement.
o L'imitation ou entraînement.
Consommation occasionnelle.
Consommation modérée.
L'usage est réglé (horaire, habitudes de vie, règles sociales) : c'est une pratique sans
complication mais potentiellement à risque, même s'il n'y a pas d'escalade dans la majorité
des cas.
III) L’ABUS OU USAGE NOCIF.
Consommation répétée induisant des dommages dans les domaines psychoaffectifs,
somatiques ou sociaux pour le sujet lui-même et/ou son environnement proche ou lointain,
voire la société.
o Abus : quantité importante consommée en une seule fois.
o Répétition d'une consommation modérée.
o Risques.
o
Liés à la dangerosité spécifique du produit, dommages pour la santé :
o détérioration physique.
o Complications de maladies.
o Décès prématurés.
Conséquences sociales : pour soi et les autres :
o perte de la vigilance = accident.
o Infraction = délinquance « j'ai signé tous les procès-verbaux. On a tellement peur de
l'état de manque qui revient qu'on est prêt à tout ».
o Violence « l'expression tuer père et mère convient bien aux toxicos ».
o Accident.
o Problèmes causés ou amplifiés d'ordre relationnel, économique.
o Difficulté voir incapacité à remplir les obligations « elle se demande si c'est parce
qu'elle fume qu'elle réfléchit moins, ou si c'est parce qu'elle réfléchit moins qu'elle
fume... ».
Les obligations sont d'ordre :
familiale.
Professionnelle.
Scolaire.
Les difficultés se manifestent sous la forme de :
absentéisme.
Diminution des performances.
Abandon des responsabilités.
Exclusion, marginalisation.
« La drogue frappe à votre porte et tout s'écroule. La descente aux enfers commence.
J'assiste impuissante à la déchéance de mon fils toxicomane. Et le milieu familial s'écroule.
Comment vivre normalement avec la peur au ventre : peur de la mort, de la police et de la
justice, peur du dealer ».
Un toxicomane dit « des fois je me dis qu'un toxicos c'est tellement chiant que ça ferait
mieux de mourir ».
IV) LA DEPENDANCE.
Impossibilité de s'abstenir de consommer avec l'exigence d'une tolérance, avec une
dépendance psychique et/ou une dépendance physique ou syndrome de sevrage.
Dépendance installée progressivement ou brutalement.
Pharmacodépendance : la vie quotidienne tourne autour de la recherche et de la prise.
Dépendance physique : à travers des symptômes physiques qui traduisent un état de
manque et varie selon les produits :
o sueurs.
o Courbatures.
o Tremblement.
o Nausées.
o Insomnies.
o Agitation.
o Associés à des troubles du comportement : anxiété, angoisse, irritabilité.
Le manque aux opiacés est douloureux, spectaculaire, mais non mortel.
Dépendance psychique : la privation du produit entraîne une sensation de malaise,
d'angoisse.
L'arrêt de la consommation laisse un vide et le mal-être que la consommation visait à
supprimer réapparaît.
Il peut y avoir dépendance :
o à un ou plusieurs produits : poly consommation.
o Sans produit.
o À un comportement, quel que soit l'objet.
La dépendance correspond donc à une perte de contrôle de la consommation avec recherche
compulsive du produit « craving », d'attitudes, de pratiques pour apaiser une sensation de
malaise et retrouver du plaisir avec réduction des autres champs d'intérêt d'activités.
V) ADDICTION.
L'addiction regroupe donc les comportements pathologiques de la consommation de
substances :
o l'abus (ou usage nocif).
o La dépendance.
Par extension, l'addiction concerne des attitudes ou pratiques sans consommation de
substance «work addict, sex addict, dépendance au jeu vidéo... ».
Le terme d'addiction remplace ceux de toxicomanie, alcoologie..., plus restrictifs et centrés
sur le(s) produit(s).
Avec le concept d'addiction, l'approche centrée sur la personne et ses usages : quelque soit la
substance (potentiel addictogène variable), il importe de s'intéresser à des logiques de
comportements (déterminants psychopathologiques et environnementaux), plus qu'à des
logiques de produits.
VI) DEFINITION (d’Aviel Goodman, psychiatre américain - 1990).
L'addiction correspond au processus par lequel un comportement peut à la fois :
o permettre la production de plaisir.
o Écarter, atténuer la sensation de malaise interne.
Terme souvent employé d'une façon caractérisée par :
o l'impossibilité répétée de contrôler ce comportement et sa poursuite.
o En dépit de la connaissance de ses conséquences négatives.
Le diagnostic de la dépendance se fait lors de l'interrogatoire du patient.
VII) CRITERES DE DIAGNOSTIC DE TROUBLE ADDICTIF (selon le modèle d'Aviel Goodman).
Impossibilité de résister à l'impulsion de passage à l'acte.
Sensation croissante de tension précédant immédiatement le début du comportement.
Soulagement ou plaisir durant la période.
Perte de contrôle dés le début de la crise.
Présence d'au moins cinq des neuf critères suivants :
o monopolisation de la pensée par le sujet de comportement additif.
o Intensité et durée des épisodes plus importants que souhaités à l'origine.
o Tentatives répétées pour réduire, contrôler ou abandonner le comportement.
o Temps important consacré à préparer les épisodes, à les entreprendre ou à s'en
remettre.
o L'engagement dans le comportement est tel que la personne ne peut plus accomplir
des gestes élémentaires (se laver, se nourrir) et le conduit vers un désinvestissement
social, professionnel et familial.
o Survenu fréquent des épisodes lorsque le sujet doit accomplir des obligations
professionnelles, familiales ou sociales.
o Poursuite du comportement malgré l'aggravation des problèmes sociaux et en dépit
de la connaissance des conséquences négatives.
o Tolérance marquée, c'est-à-dire besoin d'augmenter l'intensité ou la fréquence pour
obtenir l'effet désiré, ou diminution de l'effet procuré par un comportement de
même intensité.
o Agitation, irritabilité et surtout angoisse si le passage à l'acte addictif est différé,
empêché (exemple : si sevrage).
VIII) LA TOLERANCE.
Besoin d'augmenter l'intensité où la fréquence du comportement pour obtenir l'effet désiré
ou effet diminué si le comportement est poursuivi avec la même intensité.
IX) LE SYNDROME DE SEVRAGE.
Manifestations physiques plus ou moins violentes associées à un malaise psychologique lors
de la privation d'une substance psycho active.
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