L’atomoxétine (Strattera ), une alternative thérapeutique

L’Encéphale,
33 :
2007, Septembre, cahier 1
621
THÉRAPEUTIQUE
L’atomoxétine (Strattera
®
), une alternative thérapeutique
dans le trouble déficit de l’attention/hyperactivité de l’enfant
(TDAH)
C. GAILLEZ
(1)
, F. SORBARA
(1)
, E. PERRIN
(1)
(1) Département Médical, Unité thérapeutique Système Nerveux Central, Laboratoires Lilly France, 13, rue Pagès, 92158 Suresnes cedex.
Travail reçu le 16 août 2005 et accepté le 20 février 2006.
Tirés à part :
C. Gaillez (à l’adresse ci-dessus).
Atomoxetine (Strattera
®
), an alternative in the treatment of attention-deficit/hyperactivity disorder (ADHD)
in children
Summary. Introduction
Atomoxetine (Strattera
®
) is the first non-stimulant drug to be approved for the treatment of
Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder (ADHD) in children
6 years of age and adolescents. Atomoxetine is a highly
specific inhibitor of the presynaptic norepinephrine transporter, with minimal affinity for other transporters or other neu-
rotransmitter receptors. The target dose is 1.2 mg/kg, in a once- or twice-daily oral administration.
Clinical data –
Six
randomized, double blind, placebo-controlled clinical trials have demonstrated that atomoxetine was more effective than
placebo for the treatment of children and adolescents with ADHD. All these trials have shown a consistent improvement
in the ADHD rating scale (ADHD-RS) from baseline in the patients treated with atomoxetine, compared with that of the
placebo group. The improvement of ADHD symptoms was confirmed by the other secondary efficacy measures (the
Clinical Global Impression, CGI, the Conners ADHD rating scale/parent, teacher). The duration of action of atomoxetine
on ADHD symptoms extended throughout the waking hours, and the drug effects persisted up to the next morning with
a single morning dose. Significant improvements were also observed with atomoxetine compared to placebo, in several
aspects of the quality of life measurement (social and family functioning), and the child’s self-esteem. In addition, in patients
who responded favourably to initial treatment, atomoxetine was shown to be superior to placebo in maintaining a long
term-response, up to 18 months. Atomoxetine was effective and safe, both in young children and adolescents with ADHD.
Preliminary data also support the potential efficacy of atomoxetine in managing patients with ADHD and comorbid con-
ditions, such as tic disorders, oppositional-defiant and conduct disorders.
Discussion –
As of June 2004, over 3 000
children and adolescents have been enrolled in clinical trials of atomoxetine, with about 1 200 of them treated for more
than 1 year and about 400 of them treated for more than 2 years. Atomoxetine was well tolerated in most individuals, the
two more common adverse events reported were gastro-intestinal disorders and decreased appetite. These side effects
were generally noted to be transient. No significant changes in weight and height gain was reported over the long-term
follow-up. There was no evidence of symptoms rebound and no evidence of an acute discontinuation syndrome when
discontinuing treatment. In addition, given the mechanism of action of atomoxetine in the central nervous system, and
lack of subjective, physiological and psychomotor effects reported in experimental conditions, it is unlikely that atomoxetine
would have abuse potential.
Conclusion –
Results from clinical trials demonstrated that atomoxetine is effective and
well tolerated for the acute and long-term treatment of children and adolescents suffering from ADHD. Atomoxetine should
be considered as a new interesting pharmacological option in the treatment of ADHD in association with non pharmaco-
logical therapeutic interventions.
Key words :
Atomoxetine ; Attention-deficit/hyperactivity disorder, ADHD ; Efficacy ; Long term data ; Randomized-controlled clinical
trials ; Safety.
C. Gaillez
et al.
L’Encéphale, 2007 ;
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Résumé.
L’atomoxétine (Strattera
®
) est un médicament non
stimulant ayant reçu une autorisation de mise sur le marché
dans plusieurs pays, dans l’indication du trouble déficit de
l’attention/hyperactivité (TDAH), chez l’enfant de 6 ans et
plus et chez l’adolescent. C’est un inhibiteur sélectif de la
recapture de la noradrénaline ; sa posologie recommandée
est de 1,2 mg/kg/jour par voie orale, en une ou deux prises.
L’efficacité de l’atomoxétine sur les symptômes de TDAH a
été démontrée au cours de six essais cliniques randomisés
en double aveugle
versus
placebo, par l’amélioration du
score de l’échelle de symptômes ADHD-RS (ADHD
rating
scale
) et par celle des scores d’autres échelles d’évaluation
(CGI, Conners parents/enseignant). L’efficacité s’est main-
tenue jusqu’au lendemain matin, lors d’une administration en
une prise par jour le matin. L’atomoxétine a permis également
une amélioration de la qualité de vie de l’enfant dans ses
dimensions psychosociale, comportementale et d’estime de
soi. De plus, une étude de prévention des rechutes, rando-
misée en double aveugle
versus
placebo chez des enfants
et adolescents initialement répondeurs à l’atomoxétine pen-
dant 10 semaines, a démontré le maintien d’efficacité de
l’atomoxétine à long terme. Le profil de tolérance de l’ato-
moxétine a été analysé avec un recul de plus de deux ans
d’exposition au traitement pour certains patients. Les effets
secondaires les plus fréquents sont des troubles digestifs et
une baisse de l’appétit, le plus souvent transitoires, n’entraî-
nant pas de retentissement significatif sur l’évolution staturo-
pondérale des enfants traités. Au total, l’atomoxétine repré-
sente une modalité thérapeutique médicamenteuse nouvelle
et intéressante dans le traitement du TDAH de l’enfant et de
l’adolescent, en association à une prise en charge multimo-
dale du trouble.
Mots clés :
Atomoxétine ; Données sur le long terme ; Efficacité ;
Études cliniques randomisées contrôlées ; Tolérance ; Trouble défi-
cit de l’attention/hyperactivité (TDAH).
INTRODUCTION
On estime qu’environ 3 à 5 % des enfants d’âge scolaire
souffrent du trouble déficit de l’attention/hyperactivité
(TDAH) selon les critères du DSM IV en Europe et aux
États-Unis. Celui-ci est défini par un ensemble de symptô-
mes d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité entraînant
un retentissement fonctionnel dans plusieurs domaines,
scolaire, social et familial, et bien souvent une perte de
l’estime de soi et une souffrance durable de l’enfant (3, 27).
La prise en charge du TDAH repose sur une approche
multimodale intégrant des mesures éducatives, une prise
en charge psychocomportementale, et si nécessaire une
rééducation orthophonique et/ou psychomotrice des trou-
bles des apprentissages. Le traitement médicamenteux
est proposé en association aux mesures psychoéducati-
ves et de rééducation, lorsque celles-ci s’avèrent insuffi-
santes. Le méthylphénidate à libération immédiate ou
retard est actuellement le seul médicament autorisé en
France dans cette indication, disposant d’une efficacité
reconnue et d’un bon profil de tolérance. L’effet des trai-
tements psychostimulants a été principalement évalué sur
une amélioration des symptômes du TDAH et sur les per-
formances scolaires. Or le retentissement du TDAH
affecte également la qualité de vie de l’enfant et de sa
famille en altérant les relations sociofamiliales. Cependant
les psychostimulants sont contre-indiqués chez certains
patients avec comorbidité de type anxiété généralisée, tics
chroniques moteurs ou syndrome de Gilles de la Tourette,
ou dépression sévère. D’autre part, certains patients peu-
vent rencontrer des problèmes de tolérance ou d’échec
au traitement.
L’atomoxétine (Strattera
®
) est le premier médicament
non stimulant commercialisé aux États-Unis depuis 2002,
au Royaume-Uni et au Canada depuis 2004 dans l’indi-
cation du TDAH chez l’enfant de 6 ans et plus et l’adoles-
cent, dont le développement a été réalisé selon un pro-
gramme d’études cliniques particulièrement étoffé,
répondant aux exigences actuelles des autorités de santé
sur le développement de nouvelles molécules dans des
indications pédiatriques.
Ainsi, deux essais ouverts pilotes (21, 29), suivis de six
essais comparatifs randomisés en double aveugle à court
terme réalisés chez l’enfant et l’adolescent (24, 25, 26, 28,
32), constituent le cœur du dossier de développement du
produit, et ont permis d’obtenir son autorisation de mise
sur le marché américain par la
Food and Drug Adminis-
tration
(FDA), dans l’indication de TDAH chez l’enfant de
plus de 6 ans. De plus, une étude randomisée en double
aveugle chez des patients initialement répondeurs à l’ato-
moxétine, réalisée en Europe et en particulier en France,
a permis de démontrer le maintien de l’efficacité à long
terme (24). Au total, ce sont 7 études comparatives ran-
domisées, en double aveugle, publiées à ce jour, qui per-
mettent de démontrer l’efficacité et la bonne tolérance du
traitement par l’atomoxétine sur les symptômes d’hyper-
activité/impulsivité et d’inattention de l’enfant et de l’ado-
lescent
(tableau I)
.
L’objet de cet article est de décrire les aspects pharma-
cologiques, pharmacocinétiques de l’atomoxétine et les
données d’efficacité et de tolérance du produit obtenues
au cours des essais d’efficacité à court et à long termes
chez les enfants et les adolescents présentant un TDAH.
DONNÉES PHARMACOLOGIQUES
ET PHARMACOCINÉTIQUES DE L’ATOMOXÉTINE
L’atomoxétine est un inhibiteur sélectif de la recapture
de la noradrénaline (NA). La molécule agit spécifiquement
sur le transporteur présynaptique de la noradrénaline, et
présente très peu d’affinité pour les récepteurs et les trans-
porteurs des autres systèmes de neurotransmission. Par
son action inhibitrice du transporteur de la NA, l’atomoxé-
tine empêche la recapture de la NA au niveau présynap-
tique, et renforce ainsi la transmission neuronale noradré-
nergique. Sur un modèle animal de microdialyse de rat,
l’atomoxétine augmente les taux de noradrénaline et
dopamine extracellulaire au niveau préfrontal (10, 31). Or
le cortex frontal est impliqué dans des fonctions cognitives
aussi complexes que la mémoire, le contrôle de l’attention,
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la planification des tâches ; et une des pistes neurobio-
logiques sur la physiopathologie du TDAH repose sur
l’hypothèse d’une transmission anormale des voies
dopaminergiques et noradrénergiques vers le cortex fron-
tal (5). Sur ce même modèle animal, et contrairement au
méthylphénidate, l’atomoxétine n’accroît pas la libération
de dopamine dans le noyau accumbens ni dans le stria-
tum, respectivement impliqués dans le pouvoir renforça-
teur des drogues et dans le contrôle du mouvement (10,
31).
Après administration orale, l’atomoxétine est absorbée
rapidement, indépendamment de la prise alimentaire, et
le pic plasmatique (C
max
) se situe 1 à 2 heures après la
prise. La liaison aux protéines plasmatiques est impor-
tante, autour de 98 %. Le produit est métabolisé au niveau
hépatique par le cytochrome P450 de type 2D6. La demi-
vie d’élimination (T
1/2
γ
) est de 4 heures environ chez les
sujets métaboliseurs rapides (> 90 % de la population
caucasienne) et de 21 heures en moyenne chez les méta-
boliseurs lents (36). Cependant, il n’y a pas de nécessité
d’adapter la posologie de l’atomoxétine en fonction du sta-
tut métabolique du sujet, et les données d’efficacité et de
tolérance analysées sont superposables quel que soit le
phénotype des sujets exposés à l’atomoxétine (2). L’éli-
mination du produit et de ses métabolites se fait par voie
urinaire.
EFFICACITÉ DE L’ATOMOXÉTINE À COURT TERME
Deux essais ouverts pilotes (21, 29) ont initialement
permis de mettre en évidence un effet de l’atomoxétine
sur les symptômes de TDAH. La supériorité de l’atomoxé-
tine
versus
placebo a ensuite été évaluée au cours de
6 essais cliniques randomisés en double aveugle à court
terme (2 essais avec l’atomoxétine administrée en 2 pri-
ses par jour, 1 essai de recherche de dose efficace, et
3 essais avec l’atomoxétine administrée en 1 prise par jour
dont 1 en milieu scolaire) incluant au total plus de
1 000 patients, enfants et adolescents (24, 25, 26, 28, 32).
Méthodologie
Le schéma des essais, à l’exception de l’étude effet
dose, a été similaire dans les six essais
(tableau I)
. Les
patients inclus dans chacun de ces essais devaient pré-
senter un âge supérieur ou égal à 6 ans, et un TDAH établi
selon les critères du DSM IV (3). Le diagnostic était con-
firmé par un entretien semi-structuré de l’enfant (
Kiddie
-
SADS) et la sévérité des symptômes était appréciée par
le score d’un hétéroquestionnaire (ADHD
rating scale
)
rempli par le médecin d’après l’entretien avec les parents.
Ce questionnaire se compose de 18 items correspondant
TABLEAU I. —
Études comparatives avec l’atomoxétine randomisées en double aveugle,
versus
placebo réalisées chez l’enfant
et l’adolescent présentant un TDAH (janvier 2005).
Étude Âge (ans)
(âge
moyen)
Posologie
moyenne finale
d’atomoxétine
Durée
du
traitement
Nombre
de
patients
Critère
principal
d’évaluation
Critères secondaires
d’évaluation
Deux études pivot
d’efficacité (28) 7-13
(9,8) 1,5 mg/kg/j
2 prises 9 semaines 129 ATMX,
124 PBO,
38 MPH*
ADHD-RS CGI
Conners-parents
Étude de recherche de
dose efficace
(dose
response)
(26)
8-18
(11,2) 0,5, 1,2, 1,8 mg/kg/j
(doses fixes)
2 prises
8 semaines 213 ATMX,
84 PBO ADHD-RS CGI-S
Conners-parents
CHQ
Étude d’administration
en une prise par jour
(25)
6-16
(10,3) 1,3 mg/kg/j
1 prise 6 semaines 85 ATMX,
85 PBO ADHD-RS CGI-S
Questionnaire parents
Étude de maintien
d’efficacité au cours
des 24 heures (18)
6-12
(9,4) 1,33 mg/kg/j
1 prise 8 semaines 133 ATMX,
64 PBO ADHD-RS Carnet patient (DPREMB-R)
Conners-parents
CGI-S
Étude d’efficacité en
situation scolaire (31) 8-12
(9,9) 1,33 mg/kg/j
1 prise 7 semaines 101 ATMX,
52 PBO ADHD-RS
(entretien
enseignant)
Conners-enseignant
Étude de prévention de
la rechute (24) 6-15
(10,4) 1,57 mg/kg/j
2 prises (phase ouverte :
10 semaines
1
re
randomisation :
34 semaines
2
e
randomisation :
24 semaines
292 ATMX,
124 PBO ADHD-RS
CGI-S Conners-parents et
enseignant
CHQ
ADHD-RS :
Attention Deficit Hyperactivity Disorder-Rating Scale
(échelle de symptômes du TDAH) ; CGI-S :
Clinical Global Impression-Severity
;
CHQ :
Child Health Questionnaire
; DPREMB-R :
Daily Parent Ratings of Evening and Morning Behavior-Revised
; ATMX : atomoxétine ; PBO :
placebo ; MPH : méthylphénidate.
* Ce bras de traitement n’était pas comparatif, mais servait à valider la méthodologie de l’étude au cas où l’atomoxétine ne se différencierait pas du
placebo.
C. Gaillez
et al.
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aux 18 symptômes décrits dans le DSM IV (9 items pour
l’inattention et 9 items pour l’hyperactivité/impulsivité)
(12). L’inclusion d’enfants présentant les différents sous-
types de TDAH (sous-type mixte, avec inattention prédo-
minante ou avec hyperactivité/impulsivité prédominante),
un trouble comorbide associé (notamment trouble oppo-
sitionnel avec provocation, troubles des conduites,
anxiété, dépression) et celle d’enfants ayant déjà reçu un
traitement psychostimulant étaient autorisée.
Le critère de jugement principal d’évaluation de l’effi-
cacité de l’atomoxétine a porté sur l’évolution du score de
l’hétéroquestionnaire (ADHD
Rating Scale
, ADHD-RS)
établi par l’investigateur à partir de l’entretien des parents
(5 essais) ou contact téléphonique avec l’enseignant
(essai en milieu scolaire). Par ailleurs, il a été calculé « la
taille de l’effet » permettant de comparer l’efficacité dans
différentes études randomisées en double aveugle
versus
placebo utilisant la même échelle ou des échelles diffé-
rentes. L’amplitude de l’effet correspond à la différence
des variations de scores moyens des échelles de TDAH
entre le médicament actif et le placebo, mesurées entre
l’inclusion et la dernière valeur sous traitement, et rappor-
tée à l’écart-type donc ajustée sur l’échelle, et l’exactitude
de la mesure dans chaque essai.
Les critères secondaires d’efficacité portaient sur l’évo-
lution des sous-scores inattention et hyperactivité/impul-
sivité de l’échelle ADHD-RS, l’évolution du score de sévé-
rité de la maladie rempli par l’investigateur (échelle
d’impression clinique globale, CGI-S) (11, 12) et du score
de l’index d’hyperactivité de l’échelle de Conners remplie
par les parents (
Conners' Parent Rating Scale
, CPRS)
(15). Le retentissement sur la qualité de vie de l’enfant et
de sa famille a été apprécié par l’évolution du score du
questionnaire CHQ PF 50
(Child Health Questionnaire)
mesurant notamment le bien-être physique et psychoso-
cial (23).
L’efficacité sur 24 heures a été évaluée par l’évolution
du score des échelles de Conners parents le soir et
DPREMB
(The Daily Parent Ratings of Evening and Mor-
ning Behavior-Revised)
(18). L’échelle DPREMB est un
nouvel instrument validé aux États-Unis, évaluant le com-
portement de l’enfant sur 24 heures le soir et le matin au
réveil à l’aide d’un carnet de suivi journalier tenu par les
parents et par l’enfant.
Résultats
Les patients inclus étaient âgés en moyenne de 10 ans,
avec près de 75 % de garçons. Ils présentaient une forme
sévère de TDAH d’après le score moyen de l’échelle
ADHD-RS à l’inclusion situé à 3 écarts-types au-dessus
des valeurs rapportées pour l’âge et le sexe. Les comor-
bidités associées étaient principalement un trouble oppo-
sitionnel dans 30 à 40 % des cas, tandis que les manifes-
tations anxieuses ou dépressives représentaient moins de
5 % des cas.
L’ensemble des essais à court terme a démontré la
supériorité de l’efficacité de l’atomoxétine en 1 ou en 2 pri-
ses/jour en traitement aigu chez les enfants et adolescents
comparativement au placebo, avec une amélioration
significative de l’évolution du score de l’échelle ADHD
rating scale
d’après l’évaluation des parents (5 essais) ou
de l’enseignant (1 essai) comparativement au groupe pla-
cebo. L’efficacité de l’atomoxétine a été confirmée par la
réduction significative des scores des autres échelles, réa-
lisés avec des évaluateurs différents : le médecin (échelle
CGI-S), les parents (l’index d’hyperactivité de l’échelle de
Conners), les parents et l’enseignant (échelle de Conners
enseignant). L’amélioration des symptômes d’inattention
et d’hyperactivité/impulsivité évaluée à partir de l’évolution
des sous-scores de l’échelle ADHD-RS, était similaire que
l’atomoxétine soit administrée en 1 ou en 2 prises/jour.
L’efficacité de l’atomoxétine a été observée à la fois chez
les patients naïfs ou antérieurement traités par psycho-
stimulants avec un début d’efficacité à 7 jours et un effet
cliniquement significatif dans un délai de 2 à 4 semaines
dans la plupart des essais.
L’amplitude de l’effet du traitement est apparue cons-
tante dans tous les essais atomoxétine avec 1 ou en 2 pri-
ses/jour, comprise entre 0,6 et 0,8
(figure 1)
. Elle paraît
superposable à celle du méthylphénidate à libération
immédiate de 0,74 et du méthylphénidate à libération pro-
longée de 0,75 décrite dans la méta-analyse récente de
Faraone (14).
Les posologies d’atomoxétine dans les 6 essais ont
varié en moyenne de 0,5 mg à 1,8 mg/kg/j (la dose maxi-
male dans 2 essais était de 2 mg/kg/j et dans 1 essai de
1,5 mg/kg/j) avec une titration basée sur la réponse clini-
que et la tolérance au traitement.
L’étude effet dose a évalué trois doses fixes d’atomoxé-
tine (0,5, 1,2 et 1,8 mg/kg/j, en deux prises) comparative-
ment au placebo et a montré que la réponse clinique en
fonction de la dose administrée était dose-dépendante
avec une dose optimale de 1,2 mg/kg/j, sans bénéfice
supplémentaire à la dose de 1,8 mg/kg/j (26).
L’efficacité de l’atomoxétine sur 24 heures a pu être
démontrée dans un des essais en une prise par jour, où
les effets bénéfiques de l’atomoxétine ont été observés le
soir au coucher jusqu’au lendemain matin (18). En effet,
les patients du groupe atomoxétine présentaient une amé-
lioration significative des symptômes le soir au coucher
(niveau d’attention amélioré pour les devoirs scolaires et
les jeux d’après-dîner, moins de difficultés pour rester au
lit une fois couché…) et le matin au réveil (moins de diffi-
cultés pour s’organiser, se préparer pour aller à l’école…),
attestée par plusieurs échelles (DPREMB, Conners
parents le soir) comparativement au groupe placebo.
Étant donné la demi-vie courte du produit (de l’ordre de
5 heures), ces données suggèrent que les effets de
l’atomoxétine (propriétés pharmacodynamiques) se pour-
suivent au-delà de ses caractéristiques pharmacocinéti-
ques.
L’atomoxétine améliore par ailleurs certains aspects de
la qualité de vie de l’enfant et de sa famille dans ses dimen-
sions psychosociale, comportementale et d’estime de soi
(18, 26).
L’Encéphale, 2007 ;
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621-8, cahier 1 L’atomoxétine (Strattera
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), une alternative thérapeutique
625
En conclusion, le programme de développement de
l’atomoxétine dans les essais à court terme montre que
ce traitement améliore les symptômes de TDAH de
l’enfant de façon continue sur une période de 24 heures
aussi bien à l’école qu’en famille, et pendant la nuit, ce
qui améliore sa qualité de vie et celle de sa famille.
MAINTIEN DE L’EFFICACITÉ DE L’ATOMOXÉTINE
À LONG TERME
L’efficacité du traitement à long terme de l’atomoxétine
a été évaluée au cours d’une étude randomisée en double
aveugle de « prévention des rechutes » (24). Dans cette
étude multicentrique internationale, les patients rece-
vaient l’atomoxétine au cours d’une première phase
ouverte de 10 semaines. La réponse au traitement était
définie par une amélioration d’au moins 25 % du score de
l’échelle de symptômes ADHD-RS par rapport au score
d’inclusion, et par un score de l’échelle d’impression cli-
nique globale-sévérité (CGI-S) de 1 ou 2, correspondant
à une symptomatologie minime ou absente. Les critères
d’inclusion et d’exclusion de l’essai étaient comparables
à ceux des essais à court terme. Seuls les sujets répon-
deurs à l’atomoxétine ont participé à la deuxième phase
de l’étude randomisée en double aveugle, et ont reçu l’ato-
moxétine ou le placebo pendant une durée de 9 mois. Le
critère principal d’évaluation portait sur le délai de rechute,
défini par une élévation du score de l’échelle ADHD-RS
à 90 % ou plus du score d’inclusion, et d’une élévation du
score de l’échelle de CGI d’au moins 2 points.
Au total, 604 patients ont participé à la première phase
en ouvert de l’étude, et 416 patients jugés répondeurs à
l’atomoxétine ont été randomisés dans la deuxième partie
de l’étude. Les courbes de survie sur l’ensemble des
patients randomisés (n = 416) ont montré un allongement
du délai de rechute statistiquement significatif sous ato-
moxétine comparativement au placebo (atomoxétine :
217,7 ± 5,5 jours ; placebo : 146,1 ± 7,24 jours ; p < 0,001).
Le taux de rechute à 9 mois a été significativement plus fai-
ble dans le groupe traité par l’atomoxétine (65/192 soit
22,3 %) comparativement au groupe placebo (47/124 soit
37,9 %) (Fisher, p = 0,002). Le faible taux de rechute noté
également dans le groupe placebo peut s’expliquer, d’une
part, par le bénéfice non spécifique des soins apportés aux
patients durant leur participation à l’étude, mais aussi du
fait que le seuil définissant la rechute était élevé, exigeant
presque un retour au niveau de score d’inclusion. Ni l’âge,
ni le sous-type d’hyperactivité, ni la prise antérieure d’un
traitement psychostimulant n’ont eu d’influence sur le main-
tien de l’efficacité du traitement.
L’évolution à long terme a également été marquée par
une amélioration significative des scores de l’échelle
ADHD-RS, de la CGI (Anova, respectivement : p < 0,001,
p = 0,003) et de la qualité de vie au niveau du score psy-
chosocial du questionnaire CHQ PF50 (Anova, p = 0,016)
dans le groupe traité par atomoxétine.
FIG. 1. —
Évolution du score de l’échelle de symptômes ADHD-RS par rapport au score d’inclusion.
Les valeurs moyennes du score d’ADHD-RS à l’inclusion sont notées entre parenthèses pour chaque étude.
Études I et II : études pivot d’efficacité (28).
Étude III : recherche de dose efficace
(dose response)
(26).
Étude IV : administration en une prise par jour (25).
Étude V : efficacité en situation scolaire (31).
Étude VI : maintien de l’efficacité au cours des 24 heures (18).
– 20
– 18
– 16
– 14
– 12
– 10
– 8
– 6
– 4
– 2
0
Étude I
(41, 41)
Étude II
(38, 38)
Étude III
(39, 40, 38)
Étude IV
(38, 37)
Étude V
(42, 42)
Étude VI
(39, 37)
Placebo
Atomoxétine*
Atomoxétine**
* Dans l’étude II, ATMX 1,2 mg/kg/j
** Dans l’étude III, ATMX 1,8 mg/kg/j
Dans les autres études, la dose moyenne finale
d’ATMX était d’environ 1,3 m
g
/k
g
/
j
1 / 8 100%
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