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Traitement symptomatique des troubles de déficit de l’attention et de l’hyperactivité
Un premier médicament approuvé en Algérie
L’unique agent non stimulant au monde, destiné au traitement des symptômes du syndrome de l’enfant
hyperactif, vient de recevoir l’autorisation de mise sur le marché national. Jusqu’alors aucun médicament contre
le TDAH n’était disponible dans le pays, qui interdit la vente des psychostimulants.
De nombreux pédopsychiatres et psychologues ont fait le déplacement, jeudi dernier à l’hôtel Mercure, pour
assister au symposium sur la présentation d’un nouveau médicament contre les symptômes des troubles de
déficit de l’attention et l’hyperactivité (TDAH), récemment approuvé en Algérie. Les représentants du
laboratoire américain Eli Lilly Algérie ont délégué professeur Leïla Benamor, une pédopsychiatre et chercheuse
clinicienne tuniso-canadienne, pour parler de l’hyperactivité, mais surtout présenter la molécule Atomoxetine
(dénomination commune internationale), commercialisée sous le nom de Strattera. Le produit est déjà prescrit
depuis plusieurs mois sur quelques enfants souffrant de déficit de concentration et d’hyperactivité, en milieu
hospitalier, mais ne se vend pas encore en officines. En réalité, l’Atomoxetine est l’unique médicament,
exclusivement destiné au TDAH, ayant reçu l’autorisation de mise sur le marché national. Jusqu’alors, les
enfants atteints de troubles de déficit de concentration et d‘hyperactivité n’étaient suivis qu’au plan
psychosocial, comme le rappelle Mme Meriem Hamada, membre de l’Association algérienne de soutien aux
familles d’enfants hyperactifs. Il est admis, pourtant, que la prise en charge du TDAH s’appuie sur le
triptyque bio-psycho-social, c’est-à-dire indication médicamenteuse, approche psychologique et implication de
l’entourage de l’enfant (famille et enseignants). “Bien qu’il ne soit pas encore clairement établi
scientifiquement, nous pensons que les médicaments ont un effet curatif sur le système nerveux des enfants
souffrant de TDAH”, nous a indiqué, en marge des travaux du symposium, professeur Benamor. “Les études sur
le cerveau montre que celui d’un enfant hyperactif est plus réduit, au niveau du volume de 5%. Avec les
médicaments, le développement du cerveau se rapproche de la normale”, a-t-elle indiqué. “Il existe plusieurs
produits pour le traitement de ce type de trouble. Mais ils appartiennent à une classe pharmacologique
différente, qui est celle des psychostimulants, comme la Ritalin”, a-t-elle ajouté. Ces médicaments sont interdits
de vente en Algérie, car ils sont inclus dans la catégorie des psychotropes, dont l’utilisation peut dévier de
l’indication strictement thérapeutique. Les psychostimulants, particulièrement la Ritalin, constituent pourtant
une médication très répandue dans le monde, en dépit du fait que de nombreux états leur imposent des
restrictions d’usage. Il semblerait qu’aux États-Unis d’Amérique, pour ne citer que ce pays, 90% des enfants
hyperactifs sont systématiquement mis sous Ritalin, afin d’obtenir un meilleur niveau de concentration et
davantage de pondération dans le comportement avec autrui, notamment à l’école. Des études scientifiques
ont néanmoins prouvé qu’une prescription de longue durée des psychostimulants inhibe la spontanéité des
gosses et compromet leur développement cérébral. “Le Strattera est complètement différent des stimulants. Au
Canada, on peut l’avoir sous forme d’échantillon, car il ne peut être détourné de son indication”, a attesté la
conférencière. “Les autres produits, quoi qu’on dise, n’entraînent pas d’accoutumance non plus, mais sont
susceptibles d’être utilisés comme des drogues. Le Strattera est efficace avec peu d’effets secondaires. Il agit
sur 24 heures, alors que les autres médicaments ont un effet qui dure de dix à douze heures”, nous a complété
la chercheuse clinicienne au département de psychiatrie de l’université Laval au Québec. Même s’il est avéré
qu’il induit moins d’effets secondaires que les psychostimulants, la molécule, découverte par le laboratoire Eli
Lilly, n’est pas complètement sans effets indésirables non plus. Dans la notice, il est d’ailleurs mentionné qu’elle
entraîne, chez l’enfant auquel elle est prescrite, de la fatigue, un amaigrissement, un retard de croissance, des
troubles du sommeil, une fragilité émotionnelle, des troubles cutanés et digestifs, des troubles de la vision, des
céphalées, des palpitations… Il n’en demeure pas moins que l’Atomoxetine est réellement considéré, par les
professionnels de la psychiatrie infantile, comme une meilleure alternative aux psychostimulants.
Lors de son exposé, devant un auditoire assez nombreux, professeur Leïla Benamor a affirmé que le TDAH est le
trouble le plus fréquent en pédopsychiatrie chez l’enfant en âge scolaire. Sa prévalence, dans le monde, se
situe entre 4 et 12%. Le déficit de concentration et l’hyperactivité, qui apparaissent associés au stade de
développement, touche quatre fois plus les garçons que les filles. “Jusqu’à 65% des enfants hyperactifs
continuent à présenter les symptômes à l’âge adulte, selon une étude épidémiologique. Nous disons toujours
aux parents d’espérer que leurs enfants seront dans la proportion des 35%”, a révélé la pédopsychiatre. Les
enfants hyperactifs fréquentent neuf fois plus les urgences médicales en raison de leur promptitude à s’engager
dans des activités à risque. Professeur Benamor a soutenu que le syndrome de l’enfant hyperactif est une
pathologie facile à diagnostiquer, mais difficile à traiter. Il associe trois caractéristiques majeures : inattention,
hyperactivité et impulsivité.
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