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141 mg eq CH
24
1,5 g eq PO43-
534 g eq CO2
LA FISCALITÉ - LE LONG CHEMIN
VERS LA CONCORDE
Contribuer à l’effort collectif dont tout le monde retire, au moins indirectement, un
bénéfice ou subir, sans contrepartie directe, la confiscation d’une partie de ses avoirs :
tel est « l’arc de tension » dans lequel la perception de la fiscalité s’inscrit depuis
des siècles. La multiplicité des notions utilisées à son égard témoigne de l’effort
de communication dont elle fait l’objet – impôt, taxe, cotisation, droit, retenue ou
contribution… – sans pour autant modifier le constat de fond : la taxation demeure le
plus souvent associée à un sentiment peu plaisant, un acte imposé par le Pouvoir, un
versement perçu par voie d’autorité.
Même les désignations les plus positives portent en elles cette réalité. Prenons, à titre
d’exemple, le terme apparemment si innocent de « contribution ». Si elle fait en effet appel
à l’idée de la participation à une œuvre commune, à l’intérêt collectif, sa signification
originelle est néanmoins tout autre : dans la Rome antique, les peuples vaincus, pour
ne pas subir un sort tel que l’esclavage, devaient verser un « tributum » au Trésor public
romain. C’est également à la société romaine que fait référence le sens étymologique du
mot « fiscalité » : du « fiscus », qui désignait à l’origine un panier pour presser le raisin, il
n’y a qu’un pas pour arriver à la « pression fiscale ». Plus tard, le Moyen Âge et les Temps
modernes ont apporté leur lot de notions plus ou moins flatteuses : du mot « impôt »,
dérivé de l’usage de la force (« imposer ») jusqu’au percepteur, dont l’appellation officielle
était « imposteur » et dont le sens d’aujourd’hui est encore plus péjoratif.
Ainsi, depuis son origine et pendant des siècles, la fiscalité était surtout l’expression
d’une contrainte imposée par une autorité, bien éloignée de l’idée de l’intérêt général
ou de la justice. Pour arriver à cette autre lecture de la fiscalité, il a fallu un travail de
réflexion en profondeur, toujours en cours d’ailleurs, afin d’en définir les principes et les
objectifs. Les économistes ont apporté la notion de l’efficacité : en creusant l’écart entre
le prix que l’acheteur paie pour ce qu’il acquiert et la somme qui revient au vendeur, la
fiscalité modifie ou peut même empêcher une transaction avantageuse de part et d’autre.
L’impôt doit donc réduire autant que possible cette perte de bien-être, la distorsion
fiscale comme disent les économistes. Mais cet objectif n’est pas le seul, les « bons »
choix en matière fiscale doivent également tenir compte de l’incidence de l’impôt–
c’est-à-dire de celui qui supporte réellement la charge fiscale –, de la lutte contre la
fraude, des coûts de collecte tout comme de l’équité fiscale. C’est ce dernier sujet qui fait
aujourd’hui beaucoup débat, qu’il s’agisse d’équité verticale, ou d’équité horizontale. Le
problème est toujours le même : les principes paraissent d’abord limpides, mais quand
il faut leur donner une forme concrète, les avis divergent très largement. Rares sont les
cas où les divers objectifs convergent et où un consensus s’installe. La recherche d’une
telle concorde est cependant plus que jamais indispensable face à la mondialisation et
aux forces qu’elle enclenche : « La généralisation du capitalisme rend la fiscalité plus
indispensable que jamais. La mondialisation du capitalisme la rend plus précaire que
jamais. » (Philippe Van Parijs). Cette phrase retrace exactement le périmètre dans lequel
se trouve la fiscalité aujourd’hui.
Markus Gabel