A quand un VRAI choc de crédibilité sur les
prévisions de croissance française ?
Le scénario de croissance du gouvernement français
est contesté
Le scénario de croissance annoncé par le gouvernement français dans le cadre du
programme de stabilité transmis à la Commission Européenne, a été contesté d’abord par
le Haut Conseil des Finances Publiques présidé par Didier Migaud. Ce n’est pas rien, car le
président de cette institution très respectée est socialiste. Il a rendu une copie sévère. Ensuite,
cela a été le tour du Fonds Monétaire International dont le directeur général est Christine
Lagarde. Pour le FMI, l’Europe serait en récession en 2013 (-0,3%) pour renouer avec une
croissance très faible en 2014 (+1,1%). La France sera en récession en 2013 (-0,1%) avec une
légère amélioration en 2014 (+0,9%).
Cela a servi de base à plusieurs contre attaque. Celle de trois des ministres du
gouvernement (Cécile Duflot, Benoit Hamon et Arnaud Montebourg) qui ont exprimé leur souhait
d’une inflexion de la ligne du gouvernement sur l’économie. Ils ont très vite été « recadrés » en
Conseil des Ministres par le Président de la République. Celle de Jean Marc Ayrault premier
ministre qui a essayé de se réconcilier avec les entrepreneurs « Les entreprises doivent se sentir
soutenues par le gouvernement ». Déclaration qui n’a pas suscité beaucoup d’enthousiasme de la
part des intéressés subissant le matraquage fiscal du gouvernement. Celle des économistes
américains Thomas Herndon, Michael Ash, and Robert Pollin de l’Université du Massachusetts qui
ont tourné en dérision, pour une erreur de calcul dans un tableau Excel, le travail de Carmen
Reinhart and Kenneth Rogoff de l’Université de Harvard qui expliquait qu’au dessus d’un niveau
d’endettement de 90% la croissance économique ralentissait fortement…Celle d’un
syndicat avec Laurent Berger son nouveau Secrétaire Général de la CFDT qui a rappelé « que l’on
ne gouvernait pas les peuples avec des objectifs chiffrés » !
Pour sortir de cette cacophonie gouvernementale le Président de la république ferait bien
de prendre connaissance des solutions proposées par Jean Pisani-Ferry un économiste qui est à la
tête de l’Institut Bruegel. Il s’est exprimé dans Le Monde : « La solution consiste à crédibiliser
l’engagement de réduction du déficit. Pour cela il faut fonder ses calculs sur des prévisions
prudentes, décider dès aujourd’hui des mesures qui s’appliqueront demain…, identifier les
gisements d’efficacité dans la sphère publique, programmer la fin des politiques dont le rapport
coût-bénéfice est trop élevé, mettre en place les mesures propres à équilibrer les régimes de
retraite sur plusieurs décennies, fixer pour l’assurance maladie et le chômage des règles
d’équilibre sur le cycle, donner enfin les grandes lignes des réformes fiscales qui apporteront de
la ressource sans décourager l’activité ». Il est dommage que le Président de la République
n’écoute pas les conseils judicieux d’un économiste qui a recommandé de voter pour lui.