Éditorial
H. Lôo
Centre hospitalier Sainte-Anne, 1, rue Cabanis, 75014 Paris, France
L’Encéphale (2011) 37, 1-2
© L’Encéphale, Paris, 2011. Tous droits réservés.
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.elsevier.com/locate/encep
Correspondance.
rativement commander la recherche d’une intoxication
exogène avant d’envisager les deux causes psychiques
essentielles : l’anxiété et la dépression, deux entités si
souvent intriquées.
Avant l’éclosion de la psychose, de petits signes non
spécifi ques peuvent précéder et suggérer la transition psy-
chotique, sans négliger le rôle possible d’une intoxication
cannabique : instabilité, affect inapproprié, dépression
atypique, diffi cultés relationnelles. La palette sémiolo-
gique de la transition psychotique est riche, diversement
colorée et parfois fallacieuse : troubles du sommeil, du
caractère, pseudophobies sociales, isolement et peut être
plus suggestifs de la réalité pathologique : automatisme
mental et distorsions perceptives.
La prescription des psychotropes chez l’adolescent est
toujours l’objet de questions, de débats, de contradic-
tions, d’opposition sinon de polémiques passionnelles et
idéologiques. La véritable question éthique est : quels
enjeux pour les antipsychotiques chez l’adolescent ? Si les
nouveaux composés atypiques sont pour la plupart, mais
non tous, dépourvus d’effets extrapyramidaux, chaque
molécule a néanmoins son profi l d’effets secondaires qui
concerne notamment la sédation, la prise de poids et les
constituants biologiques, glycémie, lipides, prolactine et
leur incidence sur un organisme en voie de construction.
Le sujet bipolaire est souvent reconnu tardivement,
particulièrement si la maladie débute par des épisodes
dépressifs : c’est souligner implicitement le rôle essentiel
qui doit être dévolu au médecin généraliste et à l’informa-
tion. Deux caractéristiques auréolent cruellement le vécu
du bipolaire : la carence de soutien et la stigmatisation.
Il me revient l’honneur, le privilège et le plaisir d’intro-
duire cette réunion consacrée aux psychoses à travers les
âges. Après les schizophrénies, les troubles bipolaires,
bipolarité et psychose puis psychose et troubles de l’hu-
meur, ce thème vient compléter, parfaire, peut-être cou-
ronner ces cycles de relais experts.
Le sujet est vaste, diversifi é, aux contours imprécis.
Toutes les tranches d’âge peuvent être envisagées avec
leurs spécifi cités, sculptées par les données biologiques,
les conditions émotionnelles, affectives, cognitives, envi-
ronnementales et sociales. On peut envisager le nourrisson,
l’enfant à ses divers stades, l’adolescence, l’adulte jeune,
la maturité, la ménopause chez la femme, l’âge mur, l’in-
volution, le vieillissement puis la vieillesse.
Le Comité scientifi que formé avec Jean Daléry, Jean-
Pierre Olié et Pierre Thomas a souhaité privilégier l’enfant,
l’adolescent et le sujet âgé. Ce choix peut légitimement être
contesté et critiqué dans ses chapitres et leur découpage mais
la qualité des orateurs, leur savoir et leur talent pédagogique
sauront être les effi caces avocats de ce programme.
L’expression somatique prévalente des oscillations thy-
miques chez l’enfant ne suggère pas toujours explicitement
le trouble de l’humeur. Les anomalies du comportement,
mouvantes et les troubles des fonctions vitales, sommeil
notamment, diversement intriqués, doivent évoquer de
parti pris la détresse émotionnelle qui peut parfois être
perceptible comme telle chez l’enfant.
Chez l’adolescent la dépression peut se manifester
par une agitation ou un ralentissement. L’agitation est plus
fréquente que chez l’adulte et masque souvent le fl échis-
sement thymique. L’agitation chez l’adolescent doit impé-