M. O. KrebsS160
marquée par une aggravation des symptômes et de ses
répercussions scolaires ou sociales, de durée variable.
Enjeux de la détection/intervention précoce
L’enjeu des programmes de détection est de déterminer
a priori les symptômes qui doivent alerter et aider à leur
reconnaissance, afi n de mettre en place les mesures de
prise en charge adéquates. Mais, compliquant la situation,
il faut noter que la majorité des sujets présentant des
signes potentiellement évocateurs ne développeront pas
de psychose avérée et c’est là la diffi culté. Ainsi, l’utili-
sation du terme « d’état mental à risque », apparaît plus
appropriée que celui d’état « prodromique ».
On connaît encore mal les marqueurs d’évolution,
cognitifs, fonctionnels, structuraux, qui permettraient de
différencier les différentes phases de la maladie psychotique
ou permettraient de mieux comprendre la nature des
modifi cations et dysfonctionnements accompagnant la
transition psychotique et l’entrée dans la maladie.
L’observation que certains sujets présentant des troubles
psychotiques attérnués ne présenteront fi nalement pas de
trouble psychotique patent, tout au moins cliniquement
signifi catif, suggère que la « marche vers la psychose »
n’est pas inéluctable et que l’évolution pourrait avoir
des formes résolutives de meilleur pronostic. On peut
envisager que certaines interventions puissent empêcher la
transition psychotique, que ce soit en évitant l’exposition
à des facteurs précipitants (rôle du stress, du cannabis ?)
ou que ce soit en favorisant les processus de récupération,
« de résilience », par des interventions pharmacologiques
(encore mal connues) ou psychothérapiques.
Les processus qui sous-tendent l’évolution vers l’aggra-
vation ou la « résilience » sont à ce jour très mal connus.
L’idée d’une possible prévention de la schizophrénie,
qu’elle soit primaire, ou plus vraisemblablement secondaire
ou tertiaire soulève d’immenses espoirs. Ce profond
changement de point de vue, tourné vers le prospectif,
implique néanmoins plusieurs changements radicaux :
ce ne sont plus des patients qui sont pris en charge mais
des sujets « à risques » dont on ne connaît pas a priori le
futur et pour lesquels chacune des interventions doit être
évaluée dans un rapport bénéfi ce-risque différent de
celui qui s’applique pour les patients dont le diagnostic
de psychose est déterminé (nature des traitements,
modalité d’évaluation et modalité et lieu de suivi).
La tranche d’âge concernée est à cheval entre celle tra-
ditionnellement vue en pédopsychiatrie, psychiatrie de
l’adolescent, psychiatrie de l’adulte, nécessitant de faci-
liter les ponts entre ces milieux.
L’accès à ces populations à un réseau de soin ou de dépis-
tage doit être facilité, en amont des systèmes spéciali-
sés, et fait jouer un rôle crucial aux systèmes de soin
primaires et aux professionnels non médicaux (notam-
ment du milieu scolaire).
Le niveau de connaissance de la population générale doit
aussi être amélioré par des campagnes de sensibilisation
et d’information afi n que les premiers symptômes soient
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plus facilement repérés et afi n de ne pas stigmatiser les
sujets repérés comme à risque.
Par ailleurs, l’analyse précise de la littérature fait
apparaître le peu de données fi ables sur la faisabilité, l’effi -
cacité à long terme et l’acceptabilité de tels programmes
en France. Concrètement, si les travaux réalisés dans
les pays anglo-saxons ont permis d’ouvrir la voie, il est
indispensable aujourd’hui de favoriser les recherches
afi n de valider complètement ce nouveau type d’abord
des maladies mentales et de l’adapter au contexte socio-
culturel français et à son système de soin.
L’objectif des Journées Européennes
des Pathologies Émergentes du Jeune
Adulte et Adolescent
La France a pris un retard important dans le domaine
des programmes spécifi ques dédiés aux 15-25 ans, non
seulement par rapport aux équipes pionnières Australiennes
ou Nord Américaines, mais aussi, par rapport aux autres
pays Européens. Il est important aujourd’hui de rattraper ce
retard en fédérant les moyens et en facilitant le transfert
des expertises pour en faire bénéfi cier la communauté. Mais
nombres de questions restent incomplètement tranchées
et justifi ent que ces initiatives soient implantées dans des
centres permettant de mener en parallèle les programmes de
recherches évaluant les stratégies d’évaluation et de soins.
Nous souhaitons que cette première Journée Européenne
des Pathologies Émergentes du Jeune Adulte et Adolescent
soit la première d’une série de rencontres regroupant les
différents professionnels concernés par la question de la
santé des adolescents et jeunes adultes et en particulier
la prévention et l’intervention précoce dans la psychose :
cliniciens, éducateurs, chercheurs, médecins de santé
publique, décideurs.
Nous souhaitons que cette journée puisse devenir
un rendez-vous privilégié favorisant les rendez vous et
discussions sur ces thèmes et favorise la création de réseaux
collaboratifs avec les différents professionnels.
Avec les Drs O. Canceil et G. Gozlan, I. Ferrand et MN.
Vacheron, cette 1re « JEPEJAAD » a abordé principalement
la question des dispositifs et systèmes de soins :
Quelle est l’accessibilité des systèmes de soins pour les
15 – 25 ans et comment l’améliorer ?
Comment les familles et les patients jugent l’accessibi-
lité ?
Quels dispositifs et stratégies ont adopté les centres
Européens ? Les programmes FETZ à Berlin et OASIS à
Londres seront présentés.
Comment de tels programmes peuvent-ils s’adapter aux
systèmes français ?
L’expérience du centre expert C’JAAD, développé au
sein du SHU adossé au réseau de santé Prépsy, spécifi -
quement dédié à la détection des psychoses sera détaillé.
Les prochaines journées poursuivront ce chemin en
proposant un programme faisant la place aux initiatives
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