Nouvelles Stratégies de Développement – Pr. Moustapha KASSE
II- Le débat des années 70 et le consensus de
Washington : l’instauration d’un modèle
d’économie de marché.
La crise économique des années 70 et 80 réactive le débat de
fond sur «le sous-développement et ses solutions», en particulier
entre groupes de spécialistes des sciences sociales désireux d’une
part, d’aller au-delà du Rapport Pearson et de son référentiel
normatif d’analyse économique et d’autre part, d’examiner toutes
les réalités économiques, mais aussi sociales et historiques
dissimulées par l’ancien schéma analytique du développement.
Tandis que le débat se développait, deux Ecoles pouvaient
clairement être identifiées.
1°) L’Ecole orthodoxe et les réformes pour une
économie de marché.
La première Ecole, celle des tenants de l’orthodoxie de l’économie libérale,
estime qu’il faut redéfinir la philosophie et les objectifs du développement qui se
réduisent pour l’essentiel à la croissance économique. Dans les années 80, suite à
la crise de la dette, l’intervention des Institutions de Bretton Woods dans le débat
sur le développement va s'accompagner de profondes transformations, tant dans la
pratique que dans la réflexion. Une nouvelle ère en matière de développement est
ouverte, que les spécialistes vont assimiler au "consensus de Washington" qui
remettait en cause la théorie du développement et la spécificité des sociétés sous-
développées. Il constitue en somme une sorte de revanche de la théorie néo-
classique qui, sur la base de l'échec des stratégies de développement et des
théories qui les portent, va étendre le champ d'application de son cadre d'analyse
aux sociétés sous-développées.
Du point de vue théorique, le consensus de Washington remet en cause
toute forme d'interventionnisme étatique et proclame la suprématie du marché dans
l'allocation des ressources. Ce discours se rattache à la doctrine de l'équilibre
général qui conçoit la possibilité d'une économie décentralisée suite à l'émergence
des prix d'équilibre résultant de la confrontation sur le marché de l'offre et de la
demande des agents économiques. D'autre part, le consensus de Washington remet
à l'ordre du jour les théories de l'avantage comparatif pour critiquer les choix
d'import-substitution ou d'industrialisation liée au marché interne, et pour justifier
une insertion internationale basée sur les dotations en facteurs des pays sous-
développés. Ainsi, désengagement de l'Etat, régulation marchande et avantages