Renforcer l'autonomie des patients dans le système de santé
L'allongement de la durée de la vie et le progrès technique transforment radicalement notre
rapport à la santé. Une « médicalisation de la vie » est à l’œuvre (Illich). Contrairement aux
conservateurs, les socialistes y décèlent un progrès. La médecine permet à chacun de vivre plus
longtemps et d'être en meilleure santé. Cependant, le système de santé ne peut et ne doit pas se
réduire à une entreprise de production de soins.
Pour des réformistes, attachés à l'émancipation des individus, le système de santé doit
favoriser l’autonomie du patient. En faire le cœur de la politique de santé implique de réconcilier les
patients avec le système et ses acteurs.
L’autonomie du patient n’a de sens que si elle existe tout au long de sa vie et à tout moment
de sa prise en charge. La santé ne se limite pas à la guérison d'une maladie. Les évolutions de la
médecine appellent à repenser les prises en charge, de la prévention à la convalescence (care). Elles
doivent dépasser le seul moment du soin (cure). Dans ce but, le système de santé doit s'organiser en
parcours de santé territorialisés. La participation des patients est nécessaire pour que les réformes
prennent pleinement en considération leur intérêt. L'autonomie passe par une démocratie sanitaire
renouvelée. Ainsi, les représentants de patients pourraient participer à l'élaboration des réformes
dans le cadre d'un « Conseil des patients » consultatif.
L'aide des proches doit être pensée dans un environnement favorisant l'autonomie du
patient. Une véritable place doit être attribuée aux aidants. Mais, pour que le patient soit libre de ses
choix, il faut aussi que ses droits soient respectés et que de nouveaux lui soient accordés. L’ouverture
du don de sang aux homosexuels, l'ouverture des données de santé, la création de directives
anticipées opposables, et la création d’un registre de donneurs européens sont de ce point de vue
des réformes nécessaires.
Enfin, le droit à être soigné doit être réaffirmé. Il faut renforcer l'accès aux soins pour que
cette autonomie accrue soit au service de l'égalité réelle. Le financement du système doit être
repensé notamment en renforçant l'accès aux droits. La généralisation des complémentaires santé
pour les salariés est une opportunité à saisir pour repenser leur rôle. Mieux régulées, elles
permettraient aux patients de concrétiser leurs choix sanitaires par des options financières. Par
ailleurs, les phénomènes de non-recours aux droits et de refus de soins participent à l'accroissement
des inégalités de santé. Ils appellent une politique plus ambitieuse en faveur de l'accès aux droits, par
exemple en allégeant la charge de la preuve en cas de soupçon de refus de soin par un professionnel.
E. Bréhier (député), D. Robiliard (député), L. Broussy (SN adjoint), E. Paul, P. Chalvin (BN MJS), M.
Beauvais, Q. Demanet, B. Ramdjee, V. Vauchel.