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INTRODUCTION
Depuis au moins trois décennies, les stratégies de développement appliquées en Afrique
visaient notamment à transformer profondément le système productif et l’appareil administratif et
avaient alors conduit à la mise en place, au plan de l’équipement et de l’infrastructure sociale, de
politiques coûteuses d’investissement qui se sont vélées, par la suite, massifs, peu réalistes et d’une
faible efficacité. Dans le même temps, la grave rupture survenue entre les structures de production
alimentaires en l’occurrence et les structures de consommation, a fondamentalement contribué à
opérer une double extraversion : celle de la production et celle de la consommation. Il en est résulté
un approfondissement du déséquilibre entre la production intérieure et la demande globale au sein
de laquelle prédominait une consommation finale excessive et, conséquemment, un accroissement
du déficit en ressources. Celui-ci sera artificiellement entretenu et financé par l’aide publique et
l’endettement extérieur.
Les excédents des pétro-dollars avaient alors favorisé des emprunts publics à des taux
relativement faibles. A la faveur de l'augmentation de la dette publique des Etats dans les années
1980, les marchés financiers sont arrivés aux commandes. Cela s'est traduit par une augmentation
des taux d'intérêt, dont le niveau a dépassé non seulement l'inflation, mais la croissance.
Les Etats qui avaient un fort niveau d'endettement sans être producteurs de pétrole ont alors
eu de plus en plus de mal à équilibrer leurs exercices budgétaires. Il a fallu emprunter, pour
rembourser les emprunts passés, à des taux qui promettaient d'engendrer de nouvelles difficultés.
Faute de remèdes radicaux, cette situation vouait irrémédiablement le pays à la faillite. S’y ajoutait
dans plusieurs cas, une énorme distorsion entre l’affectation théorique et l’utilisation effective de la
dette extérieure qui n’a pas favorisé la création de conditions adéquates de formation et de
mobilisation de surplus indispensables à l’amortissement régulier du service de la dette (principal et
intérêts échus). Cette situation risquait de constituer assurément le fondement d’une crise de
paiements dont la perpétuation, si rien n’était entrepris, pouvait boucher sur une crise sérieuse de
solvabilité. La cessation de paiements se traduirait alors par un retrait des financements extérieurs et
un effondrement des importations qui aurait des incidences sur la production par le biais des
nombreux secteurs qui recourent à des biens d'équipement importés.
Ces difficultés sont propres à la majorité des Etats qui avaient financé leur croissance sur
l'endettement. Elles ont naturellement été plus aiguës au Sud, mais les problèmes n'ont pas épargné
le Nord, où l'Etat Providence a subi de nombreuses attaques, tandis que les politiques d'offre se sont
partout substituées à la régulation par la demande.
Cette montée des déséquilibres, de l’endettement et de la stagnation de la production a rendu
inéluctable les politiques de stabilisation et d'ajustement structurel. Aussi a-t-elle fait durement
ressentir ses conséquences, du fait de la compression drastique des dépenses en vue d’une réduction
des créances futures. Le choix, à l'époque, n'était pas entre le refus d'une telle politique et son
acceptation passive, mais entre la possibilité d'entrevoir, au prix de sacrifices, un avenir meilleur, et la
certitude de s'enfoncer dans la voie du déclin.
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La conjugaison de toutes ces situations a conduit progressivement tous les Etats africains à
adopter des programmes de stabilisation et d’ajustement et les mécanismes de gestion qui les
accompagnent avec l’appui de la Banque mondiale et du FMI au détriment des stratégies planifiées
de développement. A une politique volontariste orientée vers la modernisation des bases du
développement a ainsi succédé un ensemble de programmes de gestion des déséquilibres
macroéconomiques.
A l’heure du bilan, il importe de savoir si les politiques de rigueur, nonobstant le fait qu'elles
étaient incontournables, ont réussi à assainir les systèmes économiques menacés de faillite ? Ont-
elles crée un environnement favorable au développement de l’offre productive, au sein d’une
économie ouverte ? Ont-elles déclenché un processus durable de croissance permettant la conquête
de marges de manœuvre propices à la lutte efficiente contre la pauvreté ? Ont-elle opéré la
réconciliation de la justice sociale et de l’efficacité économique ?
Que disent et que font les économistes africains face à toutes ces questions ? A quoi servent
toutes leurs théories et leurs modèles ? Les rendent-ils capables de transformer par la force des
idées pareille situation ? La question revêt une grande importance avec les multiples contestations
de l’épure des PAS suite à ses résultats mitigés. Cela impose, aujourd’hui, un nouveau
questionnement sur les stratégies du développement qui, tenant compte des enseignements du
« miracle » des pays d’Asie, devraient déboucher sur de nouvelles formulations du développement
africain.
I/ LES ANCIENNES APPROCHES ET STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT.
Le cadre intellectuel qui a influencé les différentes approches des processus de
développement économique du dernier quart de siècle gravitait autour de la croissance économique
considérée comme voie unique de sortie du sous-développement. Les pays qui s’engageaient dans ce
processus devaient réaliser une croissance accélérée, au taux le plus élevé possible compte tenu des
ressources disponibles. De plus, il était souhaité que cette croissance soit harmonieuse, équilibrée et
débarrassée de toute fluctuation trop forte en baisse comme en hausse.
L’adaptation du modèle aux pays en développement allait inclure d’autres facteurs comme la
quantité et la qualité «réelles» de l’aide étrangère et des transferts de technologie destinés à compléter
le capital local insuffisant. Les faibles efforts de mobilisation internes des ressources, rendaient les
estimations concernant les possibilités de croissance rapide sans grande valeur pratique dans le
modèle.
Les études de la Banque Mondiale (BM) et du Programme des Nations-Unies pour le
Développement (PNUD) ont largement montré que les aides et les transferts de technologie ont
principalement servi à créer des sociétés «molles» et à augmenter l’endettement extérieur qui devient
aujourd’hui insoutenable. C’est pourquoi, le Président Abdoulaye WADE, depuis «Le Plan Oméga
pour l’Afrique» avait fortement relevé que le binôme aideendettement était rentré dans une
impasse totale ce qui impose de nouvelles formules pour le financement du développement.
En ce qui concerne la fameuse question du transfert des Technologie, les firmes
multinationales qui furent les principaux vecteurs de cette politique ont tiré de leur «know-how» et
de leurs équipements un prix excessif. En conséquence, la technologie «empruntée» pour la
substitution aux importations et qui est à haute intensité de capital, n’avait que de très faibles liens
avec la valorisation des ressources naturelles et la main-d’œuvre, ou avec le reste de l’équipement
technologique existant dans les pays récepteurs.
C’est pour enquêter sur la réalité et les résultats des efforts d’aide et de développement
international des années 50 à 60 et pour les ajuster aux besoins de modernisation des pays pauvres
que la Commission Pearson fut créée en 1968 par la Banque Mondiale. Le Rapport Pearson jugea
que l’écart grandissant entre pays développés et pays en développement était devenu l’un des
principaux problèmes de notre temps. Comme solution, il recommandait pour ces derniers pays un
taux de croissance de 6% par an, une réduction des barrières douanières des pays développés,
l’augmentation de l’aide étrangère privée et un transfert de 1% du PNB des pays développés aux
pays en développement.
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Il fut dès le part évident que la Commission avait sous-estimé l’importance de la crise
mondiale menaçante et minimisé les extraordinaires privilèges des pays riches dans une tentative de
restaurer l’ancien mythe d’«un monde unique». Ses vues sur le développement se situaient dans le
vieux cadre intellectuel décrit ci-dessus et ne cherchaient nullement à aller au-delà.
I- LE DEBAT DES ANNEES 80 ET L’INSTAURATION DU MODELE
D’ECONOMIE DE MARCHE PAR LE CONSENSUS DE WASHINGTON.
La crise économique des années 70 et 80 réactive le débat de fond sur «le sous-
développement et ses solutions», en particulier entre groupes de spécialistes des sciences sociales
désireux d’une part, d’aller au-delà du Rapport Pearson et de son référentiel normatif d’analyse
économique et d’autre part, d’examiner toutes les réalités économiques, mais aussi sociales et
historiques dissimulées par l’ancien schéma analytique du développement. Tandis que le débat se
développait, deux Ecoles pouvaient clairement être identifiées.
1/ La crise persistante des économies africaines et les réformes pour l’établissement
d’une économie de marché.
La première Ecole, celle des tenants de l’orthodoxie de l’économie libérale, estime qu’il faut
redéfinir la philosophie et les objectifs du développement qui se réduisent pour l’essentiel à la
croissance économique. Dans les années 80, suite à la crise de la dette, l’intervention des Institutions
de Bretton Woods dans le débat sur le veloppement va s'accompagner de profondes
transformations, tant dans la pratique que dans la réflexion. Une nouvelle ère en matière de
développement est ouverte, connu sous le nom de « consensus de Washington » qui remettait en cause la
théorie du développement et la spécificité des sociétés sous-développées. Il constitue en somme une
sorte de revanche de la théorie néo-classique qui, sur la base de l'échec des stratégies de
développement et des théories qui les portent, va étendre le champ d'application de son cadre
d'analyse aux sociétés sous-développées.
Du point de vue théorique, le consensus de Washington remet en cause toute forme
d'interventionnisme étatique et proclame la suprématie du marché dans l'allocation des ressources.
Ce discours se rattache à la doctrine de l'équilibre général qui conçoit la possibilité d'une économie
décentralisée suite à l'émergence des prix d'équilibre résultant de la confrontation sur le marché de
l'offre et de la demande des agents économiques. D'autre part, le consensus de Washington remet à
l'ordre du jour les théories de l'avantage comparatif pour critiquer les choix d'import-substitution ou
d'industrialisation liée au marché interne, et pour justifier une insertion internationale basée sur les
dotations en facteurs des pays sous-développés. Ainsi, sengagement de l'Etat, régulation
marchande et avantages comparatifs seront les maîtres-mots des années 80 mais aussi les piliers de
l’ajustement structurel.
Confrontés aux déséquilibres financiers, à la montée de l’endettement et à la stagnation de la
production pendant la décennie des années 80, les pays d’Afrique ont été contraints de privilégier les
politiques d’ajustement et de stabilisation par rapport aux politiques de développement et aux plans
à moyen et long terme. L’approche en termes d’ajustement structurel est largement justifié par le
gaspillage des ressources, l’inefficacité de l’économie administrée et le poids des distorsions
introduites dans le système de formation des prix et des revenus sur les marchés des biens et
services, du travail, des capitaux et des changes.
Les PAS cherchaient à mettre en place un volet stabilisation afin de réduire les déficits et de
promouvoir une série de réformes structurelles pour assurer une plus grande régulation privée de
l'économie et accroître l'insertion des économies nationales dans une mondialisation jugée
incontournable et irréversible. Pour cette Ecole orthodoxe les PAS constituent une solution
appropriée à la crise économique africaine des années 80 et de celle provenant en grande partie aux
politiques économiques erronées des années 60 et 70. Après plus d’une décennie de réforme
introduite par les PAS dans les pays subsahariens, la Banque Mondiale (World Bank, 1994) conclut,
en se basant sur les éléments d’appréciation recueillis dans 29 pays engagés dans la voie de
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l’ajustement, que les réformes ont été payantes et que les pays qui ont fait un effort particulier ont
bénéficié d’un retournement tant au plan de la croissance que de la situation socio-économique, bien
que ce retournement soit encore fragile.
Les contre-performances (ou l’absence de développement) observées dans les années 90
seraient alors en grande partie attribuée au fait que les politiques «rationnelles» que comportaient les
PAS n’ont pas été correctement appliquées. Les facteurs qui paraissent avoir empêché le bon
déroulement des réformes sont nombreux. Diverses études de la Banque Mondiale notent des
contraintes telles que :
- les difficultés à faire passer des réformes institutionnelles politiquement délicates (en
raison de la puissance des groupes de pression) ;
- le fait que les gouvernements concernés n’ont pas assumé la paternité des réformes ;
- l’insuffisance des financements extérieurs ou de crédits pour la mise en œuvre des
programmes ;
- la faiblesse des moyens administratifs et institutionnels des pays subsahariens disponibles
pour la mise en œuvre des réformes ;
- et, dans certains cas, le manque de réalisme des concepteurs des divers programmes
quant à la rapidité et la chronologie des réformes à mettre en œuvre.
Au demeurant, si les PAS ont permis à certaines économies d'améliorer et de rétablir leurs
déséquilibres macroéconomiques, ils n'ont pas réussi à initier de nouvelles dynamiques de croissance
durable, suite à l'essoufflement des stratégies d'import-substitution. Par ailleurs, ces réformes se sont
traduites par une détérioration des conditions de vie des populations et par un accroissement de la
pauvreté. Egalement, les programmes n'ont pas favorisé la construction de nouvelles normes
économiques et sociales pour succéder aux normes en crise. Au contraire, ils ont accéléré la
décomposition des normes en crise et approfondi ainsi la régression économique et sociale. Cette
crise économique et sociale a eu des conséquences politiques importantes à travers la contestation de la
légitimi de l'Etat. Par ailleurs, le désengagement de l'Etat et la libéralisation économique se sont
traduits par l'émergence, dans la plupart des pays, de nouveaux acteurs politico-financiers qui ont
cherché à contrôler l'économie. L'affaiblissement de l'Etat et son extinction programmée dans certaines
régions ont conduit parfois au veloppement de la corruption et à la constitution de fortunes sur la
base de situation de rente.
2/ La contestation du modèle libéral et la réinsertion de l’Etat dans le jeu
économique.
Ces médiocres résultats ont été à l'origine de la remise en cause des fondements théoriques et
des choix de développement du consensus de Washington par l’Ecole dite hétérodoxe. En effet, une ère
nouvelle est ouverte dans le champ de l'économie du développement depuis le milieu des années 90
qu'on qualifiera de période de post-ajustement qui est caractérisée par des interrogations sur la pertinence
et les performances des PAS et la recherche dynamique et plurielle de nouvelles stratégies de
développement. A ce niveau, les derniers Rapports sur le Développement de la Banque Mondiale
offrent une illustration de cette évolution. Désormais, l’Etat et les institutions sont réintégrés dans le
champs de l’analyse et de la praxis.
Un Rapport d’un groupe d’experts de l’Université des Nations-Unies sur le Développement
Humain et Social avait fortement contesté cette approche des fondamentalistes en déclarant
catégoriquement que «le développement n’a fondamentalement rien a voir avec les chiffres de
revenu national et sa croissance; il n’a rien à voir avec seulement les taux d’épargne et les
coefficients de capital; il a à voir avec les êtres humains, par eux et pour eux. Le développement doit,
par conséquent, commencer par l’identification des besoins humains. Son but est de relever le
niveau de vie des masses et de donner à tous les hommes une chance de développer leurs
potentialités. Cela implique que l’on réponde à des besoins comme ceux d’un travail permanent, de
salaires réguliers et convenables, d’écoles plus nombreuses et meilleures qualités, d’un meilleur
service médical, de transports bon marché, d’un niveau général de revenu plus élevé. Cela implique
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aussi que l’on satisfasse aux besoins et désirs non matériels : auto-détermination, autonomie, liberté
politique et sécurité, participation à la prise des décisions affectant travailleurs et citoyens, identité
nationale et culturelle, et désir de sentir que la vie et le travail ont un sens».
L’Ecole hétérodoxe composée pour l’essentiel des différents courants marxistes et néo-
marxistes ainsi que des institutionnalistes et des «tiers-mondistes», reprend à son compte certaines
de ces critiques de l’Université des Nations-Unies mais avec des formulations techniques nettement
améliorées. Malgré son caractère idéologiquement hétérogène, les auteurs s'éloignent du modèle
walrassien en reconnaissant les imperfections du marché et l'incapacité des politiques de stabilisation
et d'ajustement orthodoxe à opérer les transformations nécessaires à une reprise durable de la
croissance dans le Tiers-Monde. Dans ce sens, J. STIGLITZ, ancien économiste principal de la
Banque mondiale, «si les politiques économiques issues du consensus de Washington se sont avérées
aussi peu performantes dans ce qui était leur objectif principal à savoir l’instauration d’un processus
vertueux de croissance économique harmonieuse ; c’est parce qu’elles ont confondu les moyens avec
les fins».
En effet, même «un taux de croissance élevé n’a constitué et ne constitue pas une garantie
contre une aggravation de la pauvreté»( Mahbub Ul Hacq : Banque mondiale). La libéralisation, la
recherche des grands équilibres, les privatisations sont prises comme des fins plutôt que comme des
moyens d’une croissance durable et équitable. De plus, ces politiques se sont beaucoup trop
focalisées sur la stabilité des prix plutôt que sur celle de la croissance et de la production. Elles n’ont
pas su reconnaître que le renforcement des institutions financières est aussi important pour la
stabilité économique que la maîtrise des déficits budgétaires et de la masse monétaire. Elles se sont
concentrées sur les privatisations, mais elles n’ont guère attaché assez d’importance à l’infrastructure
institutionnelle nécessaire au bon fonctionnement des marchés, et particulièrement à la concurrence
et à la compétitivité.
Depuis les années 90, la médiocrité persistante des performances économiques et financières
ont continué de se manifester à travers la détérioration généralisée des indicateurs
macroéconomiques, la désintégration des structures de production et des infrastructures et la
détérioration rapide du bien-être social notamment l’éducation, la santé publique et le logement, a
appelé le nécessaire ajustement de l’ajustement. En effet, pour beaucoup d’ économistes partisans
de cette approche hétérodoxe, l’échec du développement dans les pays subsahariens est avant tout le
produit :
de l’échec des politiques économiques adoptées après l’indépendance, dans les années 60
et 70 ;
de l’échec des PSAS mis en œuvre dans les années 80 pour remédier aux faiblesses
structurelles des économies et des institutions des pays subsahariens.
Ces faiblesses tiennent pour l’essentiel à la distorsion de la structure des échanges cause
de la place excessive des produits primaires), au manque de modernisation de l’agriculture, à
l’étroitesse et à la faiblesse de la base industrielle, et avant tout au niveau extrêmement faible de
développement des ressources humaines ainsi qu’à l’insuffisance du réseau des transports et des
équipements d’infrastructure dans les régions rurales (Cornia, 1991). Pour ces économistes, l’analyse
de la stratégie de développement à long terme montre qu’il est vital de trouver des solutions pour
remédier à l’insuffisance des ressources humaines et des infrastructures.
D’ailleurs, si les analystes ne semblent pas imputer totalement la stagnation économique des
pays subsahariens aux seuls programmes d’ajustement en tant que tels, ils soulignent cependant
qu’en accordant une prépondérance quasi absolue aux mesures de stabilisation à court terme, au lieu
de s’attaquer aux problèmes structurels fondamentaux, ces programmes ont en fait amené les
économies africaines à s’écarter de la voie d’une croissance durable (Cornia, 1991 ; Stewart, 192).
Certains estiment même avec force d’arguments tirés de l’analyse économique qu’un cadre de
développement modifié peut encore fonctionner «efficacement» :
si la justice sociale ou distributive est intégrée dans les modèles ;
s’il existe des institutions fiables, démocratiques et transparentes de coordination des
transactions des acteurs et qui soient capables de faire fonctionner un système de
planification techniquement rénové essentiellement du haut vers le bas («top down») ;
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