LE NEPAD : QUEL AGENDA POUR LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE ? Par Pof.Moustapha KASSE INTRODUCTION Depuis les années 70, l’Afrique est traversée par d’innombrables difficultés économiques et sociales subséquentes d’une part à la chute brutale des cours des matières premières provoquée par la crise financière et économique mondiale, et d’autre part par les conditions climatiques défavorables à l’agriculture et les problèmes engendrés par l’instabilité et les conflits qui ont affecté une bonne partie du continent. Malgré quelques embellies dans des pays limités (Tunisie, Maurice, Botswana, Burkina Faso, Ouganda, Afrique du Sud) et dans certains secteurs, le bilan du développement se lit en termes de contre-performances qui ont conduit progressivement à la marginalisation rampante du continent des affaires du monde. Cette situation économique africaine se manifeste par la détérioration généralisée des fondamentaux des économies nationales : faible taux de croissance économique, inflation souvent galopante, endettement massif, stagnation des économies, approfondissement du double déficit chronique de la balance des paiements et des finances publiques. Le revenu moyen africain qui représentait 14% du revenu des pays développés au milieu des années 60, en 1997 le rapport n’était plus que de 7%. Le taux de croissance annuel moyen du PIB entre 1965 et 1993 n’était que d’environ 0,5% de loin inférieur à la croissance démographique (entre 2,9 à 4,1%). Après la haute conjoncture de 1994, avec un taux de 5,5%, celle-ci ne s’est pas consolidée puisque le taux de croissance du PIB de la région a réamorcé une tendance baissière pour se fixer à 3,2% en 1998 et à un peu moins de 2% au début du millénaire. Les économies africaines ont assez mal réagi aux chocs externes comme la morosité de l’économie mondiale, la baisse des cours des matières premières dont le pétrole, la crise asiatique. Ces chocs externes ont entraîné des effets désastreux sur le déficit budgétaire, le taux d’inflation, la croissance du PIB, l’endettement et le taux de change. A la fin des années 90, l’Afrique représente 12% de la population mondiale mais fournit moins de 1% du PIB mondial. Les résultats du développement industriel et agricole sont aussi modestes. Il avait été mis en place une stratégie d’industrialisation par substitution aux importations qui avait de faibles relations en aval comme en amont avec le secteur agricole : les performances se sont révélées décevantes. Au niveau des relations avec l’extérieur, la part de l’Afrique dans les exportations est modeste. L’Afrique est complètement absente du commerce mondial dans les branches les plus dynamiques des produits manufacturés et des services. Au plan social, la dégradation du bien-être s’élargit avec la montée de la pauvreté dont l e rythme de croissance est plus rapide que celui des revenus. I/ LA CRISE DES ECONOMIES AFRICAINES Toutes les recherches et les différentes analyses montrent que les économies africaines sont installées dans une crise durable qui se manifeste sous trois formes à savoir : la dégradation générale des principaux indicateurs macroéconomiques et macro financiers, l’approfondissement des déficits des finances publiques et de la balance des paiements ; la désintégration des structures de production et des infrastructures de base ; la détérioration des facteurs constitutifs de l’indicateur du développement humain : éducation, santé publique, nutrition et logement. Sur chacun de ces points, on peut exhumer des statistiques pertinentes mais quels que soient les indicateurs utilisés, les performances des économies depuis les décennies 1970, 1980 et 1990 sont restées plutôt très médiocres à telle enseigne que globalement ces économies n’ont pas pu améliorer la productivité. Il en est résulté une faible compétitivité qui conduit doublement à la marginalisation du continent sur le marché mondial et à son endettement. La croissance des secteurs productifs a été constamment faible et quelque fois négative faisant de l’Afrique la seule région du monde où la production par tête d’habitant a baissé au cours des années 80. Inexorablement, pareille situation débouche toujours sur une rupture des grands équilibres financiers et surtout la montée des secteurs non productifs. Tout naturellement, ces déséquilibres macroéconomiques et financiers ont contraint les Etats africains à appliquer des politiques de stabilisation et d’ajustement structurel, prônées par les Institutions Financières Internationales, au détriment des options pour le développement planifié. Les vertus de la crise africaine ainsi que celles d’une vingtaine d’années d’expérience de réformes économiques, politiques, institutionnelles et sociales sont, entre autres, d’indiquer au moins trois directions de solution pour en sortir : d’abord l’instauration d’un processus durable de croissance, ensuite la création d’un espace optimal et enfin l’insertion dans l’économie mondiale de haute compétition. L’articulation de ces éléments nécessite une nouvelle vision stratégique du développement adossée sur un programme cohérent et opérationnel qui dégage les orientations, fixe les priorités et détermine les moyens pour une croissance forte et durable et une amélioration de la situation sociale à moyen et long terme. En clair, le continent africain pour sortir de la crise a besoin d’une nouvelle vision. et d’un leadership fort pour sa mise en œuvre. III/ LES NOUVELLES VISIONS DE SORTIE DE CRISE C’est dans une optique de recherches de nouvelles solutions à la fois pertinentes et performantes que le système des Nations-Unies et toutes les institutions financières internationales s’interrogent pour savoir si «L’Afrique peut revendiquer sa place dans le 21ème siècle». La Déclaration du Millénaire des Nations Unies faite par les chefs d’Etat et de Gouvernement fixe avec clarté ce qui peut constituer les sept objectifs internationaux du développement à savoir : Réduire de moitié entre 1990 et 2015 la proportion de la population vivant dans l’extrême pauvreté. Scolariser tous les enfants dans l’enseignement primaire d’ici 2015. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomie des femmes en éliminant les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici 2005. Réduire des deux tiers les taux de mortalité infantile et juvénile entre 1990 et 2015. Réduire des trois quarts les taux de mortalité liés à la maternité entre1990-2015. D’ici à 2015, assurer l’accès aux services de santé génésique entre 1990 et 2015. Appliquer des stratégies nationales axées sur le développement durable d’ici à 2005, de manière à réparer les dommages causés aux ressources environnementales d’ici 2015. Ces objectifs définis clairement avec des horizons de réalisation fixés, sont avalisés par les décideurs les plus significatifs des institutions internationales : le Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan, le Secrétaire général de l’OCDE, Donald Johnson, le Directeur Général du FMI, Horst Köhler, et le Président de la Banque mondiale, James Wolfensohn. Ils ont solennellement proclamé que leurs différentes institutions s’emploieraient à faire de ces objectifs de développement le fondement commun de leurs actions et de leurs programmes, et pour mesurer leur efficacité. De ce fait, les tendances actuelles devront être radicalement inversées pour que puissent se concrétiser ces objectifs. Il faut alors au minimum réaliser un taux de croissance annuel moyen de 7% qui nécessite des investissements colossaux de l’ordre de 65 milliards de dollars pour des pays dont l’épargne intérieure est quasi inexistante. Le recours à l’épargne extérieure s’impose et cela exige le développement d’un partenariat de type nouveau avec les acteurs du système mondial ayant des excédents de ressources. C’est dire que l’Afrique a un besoin urgent d’un Programme d’action cohérent et opérationnel fondé sur une meilleure gouvernance économique et politique pour assurer des prestations efficaces aux divers opérateurs économiques et financiers sollicités. Ce Programme devrait être porté et soutenu par un leadership fort et solidement implanté. C’est dans ce contexte que furent entreprises deux initiatives : le Plan Omega( PLOM) du Président Abdoulaye Wade et Le Millénium Partnership for the African recovery Program (MAP) élaboré par le Président Tabo MBeki avec la collaboration des Présidents Olusegun Obasanjo, Abdou Aziz Bouteflikha et Hosni Moubarak. La fusion de ces deux plans a été réalisée à Pretoria suite à une recommandation du 39ème Sommet de l’OUA à Lusaka (en juillet 2001) sous l’appellation de la Nouvelle Initiative africaine qui deviendra par la suite le NEPAD acronyme du sigle anglais New Partnership for Africa Development. Contrairement aux plans et programmes antérieurs ( Plan de Lagos, Programme Prioritaire pour le Développement de l’Afrique, Décennie des Transports, Programme d’industrialisation, CARPAS…), les nouvelles initiatives sont conçues par des Chefs d’Etat qui en ont la paternité et qui de surcroît ont pris l’engagement de les réaliser en concertation avec des partenaires extérieurs IV/ LE NEPAD : UN PROGRAMME DE CROISSANCE SOUTENUE POUR L’ERADICATION DE LA PAUVRETE ET LA RELANCE DES ENJEUX DU DEVELOPPEMENT. Le NEPAD est un programme de paix et de développement, les africains sont résolus à chanter leurs propres chansons et à danser au son de leur propre musique. Thabo Mbéki Dès le préambule et pour la première fois, les dirigeants africains analysent avec lucidité l’état du continent et insistent sur l’urgence des solutions à mettre en œuvre de concert avec la communauté internationale. Désormais, envers leurs peuples et le reste du monde les plus hautes autorités politiques s’engagent à œuvrer ensemble pour la reconstruction du continent par la consolidation de la démocratie, la saine gestion des économies nationales et l’établissement avec les pays développés d’un partenariat fondé sur une coopération mutuellement favorable, des engagements communs et des accords contraignants. Les objectifs toujours réaffirmés graviteront autour de deux préoccupations majeures : élaborer une nouvelle stratégie de développement capable d’éradiquer ou de faire reculer, à l’horizon 2015, la pauvreté et intégrer le continent dans la mondialisation afin d’en tirer tous les avantages, surtout technologiques et financiers. L’ordonnancement des idées maîtresses du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique tourne autour de trois éléments bien articulés: les orientations et les objectifs tournés principalement vers l’éradication de la pauvreté ; le vaste programme d’action fondé sur des priorités sectorielles ; et les moyens de sa mise en œuvre et de sa réalisation. Cohérence et opérationnalité constituent les deux préoccupations sous jacentes à l’ensemble du Programme.. Il est affirmé avec insistance que la nouvelle initiative est «une promesse faite par des dirigeants africains fondée sur une vision économique et politique commune ainsi qu’une conviction ferme et partagée qu’il incombe d’urgence d’éradiquer la pauvreté, de placer leurs pays individuellement et collectivement sur la voie d’une croissance et d’un développement durables tout en participant activement à l’économie et à la vie politique mondiales. Ensuite, il est réaffirmé la détermination des africains de s’extirper euxmêmes, ainsi que leur continent, du malaise du sous-développement et de l’exclusion d’une planète en cours de mondialisation ». En outre, l’engagement est pris d’éradiquer tous les maux dont souffre le continent comme la pauvreté et la détérioration de tous les indicateurs du développement humain. Sur tout le continent, les Africains devront désormais refuser d’être conditionnés par les circonstances. Et enfin, tout débouche sur la reconnaissance d’une double nécessité des peuples prendre en mains leur propre destinée et celle de faire appel au reste du monde pour compléter les efforts internes. Des signes de progrès et d’espoir commencent déjà à apparaître avec l’élargissement des régimes démocratiques qui s’engagent à protéger les droits de l’homme, à axer le développement sur l’individu et à promouvoir des économies de marché. Apparaissent également des convictions nouvelles pour aller dans le sens de la bonne gouvernance et de la poursuite des réformes économiques et sociales. Tout cela montre unes volonté d’aller dans le sens de la bonne gouvernance en poursuivant les réformes économiques et institutionnelles indispensables. C/ UN PROGRAMME PRIORITAIRE D’INVESTISSEMENTS DANS DES SECTEURS PORTEURS DE CROISSANCE ET PARTICULIEREMENT DANS LES INFRASTRUCTURES, LES RESSOURCES HUMAINES ET LES TIC Il est un point sur lequel tout le monde s’accorde ; il s’agit de la hiérarchie des secteurs qui constituent de fait les leviers de la croissance. A ce niveau du Programme d’action les deux initiatives (PLOM et MAP) montrent leur parfaite complémentarité en ce sens qu’elles mettent l’accent l’une sur la hiérarchie des secteurs et l’autre sur les structures d’encadrement et les préalables au développement durable. Les secteurs retenus sont au nombre de huit à savoir : L’accès aux marchés mondiaux et la diversification de la production. Les infrastructures de base. Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. L’éducation . La santé. L’agriculture. L’énergie. L’environnement.. En les agrégeant, on peut retrouver les deux foyers de l’accumulation du PLOM : le capital physique et le capital social. Pour chaque secteur, le NEPAD estime que «l’objectif est de combler l’écart actuel entre l’Afrique et les pays développés afin d’améliorer la compétitivité du continent et de permettre à l’Afrique de participer au processus de mondialisation ». Les préoccupations d’une réduction des gaps au niveau des différents secteurs sont fort justement réaffirmées. Cela appelle des investissements massifs qui ne peuvent être attendus principalement que du secteur privé. Ces IDE devraient placer les pays africains individuellement et collectivement sur les chantiers d’une croissance soutenue qui mettra alors un terme à la marginalisation de l’Afrique. C’est la croissance qui offrira les marges de manœuvre nécessaires pour réaliser les objectifs de réduction de la pauvreté et ceux annoncés dans la Déclaration du Millénaire des Nations Unies. La question est alors quel sera le rythme de croissance qui permettra d’atteindre ces objectifs ? Le débat est aujourd’hui lancé par les recherches de Demery et Walton (1998) qui établissent que si l’Afrique veut réduire de moitié la pauvreté, elle doit réaliser des taux de croissance d’au moins 7% sur une période de 25 ans. L’investissement devrait alors passer à environ 30% du PIB. L’épargne intérieure étant faible, il faut alors recourir à l’épargne extérieure et aux IDE pour atteindre cet objectif de croissance économique. Amoako et al chiffrent les ressources extérieures complémentaires à 102 milliards de dollars pour la période 1999-2000, de 84 milliards de dollars pour la période 2006-2010 et de 41 milliards de dollars pour 2010-2015 soit un total de besoin de financement d’environ 227 milliards de dollars. Ces investissements devront porter principalement sur les secteurs clefs constitutifs du capital physique et du capital social comme les infrastructures qui doivent jouer un rôle entraînant par suite des insuffisances quantitatives et qualitatives constatées. VII- LA MISE EN ŒUVRE DU NEPAD PAR LA REGIONALISATION ET L’IMPLICATION DU SECTEUR PRIVE La mise en œuvre du NEPAD repose sur trois piliers : la mobilisation des populations, l’intégration économique et financière du continent avec création d’espaces optimaux capables de rentabiliser les investissements et de produire des économies d’échelle et le recours à un nouveau partenariat avec la communauté internationale et le secteur privé pour un retour massif des investissements directs étrangers. L’INTEGRATION DEVELOPPEMENT REGIONALE COMME MOYEN DE Sur le premier mécanisme, en terme de stratégie, l’intégration économique africaine organisée autour de profils économiques régionaux est à la fois plus pertinente et plus efficace. L’espace économique du continent est subdivisé en cinq régions qui développent chacune en son sein une ou plusieurs initiatives d’intégration : en Afrique Centrale avec la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPLG), en Afrique de l’Est avec la Communauté Economique de l’Afrique de l’Est (CEA), en Afrique du Nord avec l’Union du Maghreb Arabe (UMA), en Afrique Australe avec l’Union Douanière de l’Afrique Australe (UDAA), la Communauté pour le Développement de l’Afrique Australe (SADC), la Zone d’Echanges Préférentiels (ZEP), le Marché Commun des Etats de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique Australe (COMESA) et en Afrique de l’Ouest avec la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), l’Union du Fleuve Mano (UFM). Ces blocs fonctionnent de façon assez inégale et réalisent, par moments, des résultats appréciables dans les domaines respectifs du commerce intra-régional, de la coordination des politiques économiques et monétaires, de la mobilité des facteurs comme la main d’œuvre et les capitaux. En définitive, il est attendu de tous ces schémas d’intégration qu’ils contribuent non seulement au développement de la taille de marchés, à la réduction des coûts de transaction mais aussi à l’amélioration de la concurrence entre producteurs. - ETABLISSEMENT D’UN PARTENARIAT STRATEGIQUE AVEC LE SECTEUR PRIVE NATIONAL, REGIONAL ET INTERNATIONAL Nous voudrions que le secteur privé joue en Afrique le même rôle qu’il a joué dans le développement de l’Europe, des Etats-Unis et du Japon. Abdoulaye Wade Sur le second point, constatant l’impasse du financement par endettement et aide publique, le NEPAD accorde au secteur privé et aux Investissements Directs Etrangers (IDE) un rôle primordial dans le financement des projets. Dans ce sens, la nouvelle initiative est une rupture avec l’Etat développeur et le rôle de premier plan antérieurement conféré aux institutions publiques. Le financement du Nouveau Partenariat est attendu principalement du Secteur Privé, des IDE et de l’inversion de la direction de la fuite des capitaux. Avec la baisse du flux d’aide publique à l’Afrique, le secteur privé est le chaînon manquant pour prendre le relais en mobilisant les ressources indispensables à la croissance. Il faut ajouter à cela l’instauration de politiques incitatrices capables d’inverser la fuite des capitaux. Le secteur privé international a manifesté son intérêt pour le NEPAD et des propositions concrètes sont sur la table des décideurs politiques. Deux rencontres viennent le prouver. La première rencontre est organisée les 17 et 18 janvier à Dakar par le Conseil National Patronat sénégalais en partenariat avec la Confédération Panafricaine des Employeurs, l’Organisation Internationale des Employeurs et le BIT. Le thème portait sur «le rôle et la place du secteur privé africain» dans le NEPAD. A cette occasion, le secteur privé africain a proposé la création d’un Fonds d’investissement qui devrait aider à la mobilisation de l’épargne privée et d’autres ressources financières. La deuxième rencontre s’est déroulée à Dakar les 16 et 17 avril 2002 autour du partenariat avec le secteur privé pour le développement de l’Afrique. Plus de 500 représentants d’entreprises privées internationales ont fait le déplacement pour répondre à l’appel des hommes politiques pour se tenir au courant des opportunités offertes par le continent africain. Les dirigeants africains sont mis en relation avec quelques centaines de grandes entreprises autour du financement des secteurs prioritaires du NEPAD : infrastructures, énergie, environnement, agriculture. L’inexistence d’une banque de projets déteint sur le succès de la rencontre Cependant, si les hommes d’affaires ont exprimé leur disponibilité, ils ont insisté sur la nécessité d’un partenariat entre le public et le privé et sur l’importance de la bonne gouvernance. Ils ont clairement déclaré que pour attirer les capitaux sur le continent et permettre au secteur privé international à jouer un rôle dans le financement du développement, les Etats doivent garantir la sécurité des investissements, améliorer la gouvernance et élargir leur espace. Pour ce faire, il faut créer des environnements incitatifs à l’échelle régionale où les entreprises peuvent entrer dans une compétition transparente, disposer d’un système juridique transparent et efficace où les règles de la concurrence sont bien fixées, les droits de propriété clairs pour les investisseurs locaux et étrangers et les informations fiables en ce qui concernent les marchés et les risques qui les entourent. Cela appelle la lutte contre la corruption et le démantèlement des situations de rente. Parallèlement, il faut poursuivre et approfondir les réformes pour restaurer les grands équilibres macroéconomiques et maîtriser l’inflation En Conclusion : Tous les analystes conviennent que les taux de croissance actuels en Afrique ne sont pas assez élevés pour freiner les tendances à la baisse des économies et pour réduire ou éradiquer une pauvreté rampante. Les pays isolés ne peuvent point atteindre ces objectifs, une trentaine d’expérience d’ajustement le prouve largement. L’intégration économique est la solution pour l’Afrique, principalement parce qu’elle permet, tout au moins aux économies du continent, d’être mieux présentes sur le marché mondial, de profiter des débouchés de proximité et d’offrir un meilleur cadre d’exploitation des avantages comparatifs, de mettre en commun les ressources pour l’investissement, d’élargir les marchés locaux et de mener un processus d’industrialisation efficace en exploitant les économies d’échelle et en tirant parti des possibilités d’intégration verticale transfrontalière et de partage de la production. En élargissant les marchés, en facilitant l’accès aux intrants et en accroissant le volume potentiel de production des entreprises, l’intégration contribuera à attirer les investissements directs étrangers (IDE) et à atténuer certains effets défavorables de l’environnement économique et monétaire international. A l’état actuel du débat, trois questions majeures sont soulevées dans le cadre de la mise en œuvre du NEPAD : son orientation que l’on taxe de néo-libérale, la faiblesse de son architecture et le caractère irréaliste des modalités de financement des secteurs prioritaires retenus. Au préalable, il faut rappeler, et tous les développements le montrent largement, que le NEPAD n’est pas un programme de politique économique entendue comme une combinaison d’un ensemble de moyens pour atteindre dans un délai déterminé des objectifs initialement fixés. Il est plus simplement un plan d’action qui vise à décharger les Etats de la réalisation des investissements qui portent essentiellement sur les secteurs clefs générateurs d’externalités positives pour les économies nationales. En d’autres termes, chaque pays doit se conditionner pour en tirer avantage en accélérant les réformes politiques, économiques, sociales et institutionnelles avec de nouvelles règles de bonne gouvernance, de gestion publique transparente et de lutte contre la corruption. En définitive, tout processus d’intégration profite avant tout aux Etats qui présentent des politiques économiques et financières performantes capables de les doter de structures productives souples. En revanche, le développement intégré n’apportera rien aux Etats ayant des politiques peu flexibles qui ne peuvent tirer avantage des économies d’échelle et des débouchés de proximité. La nouvelle configuration de la régionalisationmondialisation montre que le processus d’intégration pour réussir appelle un leadership fort mettant en cohérence l’espace polarisé à partir d’une économie «locomotive» ou d’un pouvoir «hégémonique » qui exploite les complémentarités internes. Comme quoi, paraphrasant Fogel, il doit toujours y avoir un pilote dans l’avion.