La Lettre du Sénologue - n ° 39 - janvier-février-mars 2008
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même pour les tumeurs présentant un grade nucléaire élevé (22).
Concernant le type histopathologique, les carcinomes de type lo-
bulaire présentent des taux de réponse à la chimiothérapie néoa-
djuvante inférieurs aux carcinomes de type canalaire (23, 24).
Ces paramètres présentent, en outre, l’avantage d’être réalisés
systématiquement puisqu’il s’agit des paramètres histopatho-
logiques classiques évalués sur la biopsie initiale.
Les paramètres immunohistochimiques possèdent une valeur
prédictive plus variable. C’est ainsi que la présence de récep-
teurs aux estrogènes est liée à une moins bonne réponse à la
chimiothérapie et, inversement, la négativité des récepteurs
aux estrogènes paraît liée à une meilleure réponse (9, 21). Les
autres facteurs prédictifs, comme les marqueurs de prolifé-
ration, la surexpression d’Her-2, mais aussi les marqueurs de
l’apoptose, semblent moins déterminés.
Les marqueurs de prolifération peuvent être évalués par la
mesure du pourcentage de cellules en phase S ou de cellules
marquées par le Ki-67. D’après certains auteurs, une tumeur
présentant un taux élevé de cellules en phase S n’est pas plus
sensible à une chimiothérapie néoadjuvante qu’une tumeur
ayant un taux plus faible (25, 26). À l’inverse, d’autres équi-
pes montrent qu’il existerait une tendance entre un pourcen-
tage élevé de cellules en phase S et une meilleure réponse à
la chimiothérapie néoadjuvante (27, 28). Concernant le Ki-67,
des taux élevés pourraient prédire une meilleure réponse à la
chimiothérapie néoadjuvante (28, 29). D’autres travaux rap-
portent des résultats contradictoires (26).
Concernant la surexpression d’Her-2, les résultats sont contra-
dictoires. Ainsi, MacGrogan et al. (30) ne retrouvent pas de
valeur prédictive, alors que Rozan et al. (31) concluent à une
tendance prédictive. De plus, dans une étude rétrospective de
Penault-Llorca et al. (32), les tumeurs Her-2+ présentent qua-
tre fois plus de chance de répondre à la chimiothérapie néo-
adjuvante que les autres.
Enfin, concernant les marqueurs de l’apoptose, la plupart des étu-
des ne retrouvent pas de corrélation entre la p53 et la réponse à
la chimiothérapie (26, 31, 33). Seules quelques études rapportent
une résistance des tumeurs p53 aux chimiothérapies à base d’an-
thracyclines (34). L’étude de Makris et al. (26) montre une ten-
dance entre la surexpression de Bcl-2 et la réponse au traitement.
À l’inverse, d’autres ne retrouvent pas cette tendance (34).
Ainsi, les paramètres à déterminer sur la biopsie diagnostique
initiale avant le traitement sont : le type histopathologique,
le grade histopronostique avec le compte des mitoses sur 10
champs au fort grandissement, le statut des récepteurs hor-
monaux, éventuellement le taux de cellules exprimant Ki-67
(selon les équipes) et le statut Her-2 si des protocoles néoad-
juvants avec de l’Herceptin
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sont envisagés.
ÉVALUATION DES FACTEURS PRONOSTIQUES
L’évaluation de la valeur pronostique de nombreux paramè-
tres a été établie sur la tumeur mammaire primaire, mais éga-
lement sur la pièce opératoire.
En situation néoadjuvante et parmi les paramètres morpholo-
giques, plusieurs études rapportent que la taille clinique ini-
tiale, le statut ganglionnaire initial et le stade tumoral initial
sont prédictifs d’une meilleure survie globale et sans rechute
(11, 35). En revanche, une étude menée dans notre institution
rapporte que le grade SBR, mesuré initialement avant l’admi-
nistration de la chimiothérapie néoadjuvante, ne se révèle pas
pronostique (8).
La chimiothérapie néoadjuvante est souvent proposée à des
tumeurs mammaires de grande taille et de fort grade SBR. Il
s’agit donc, en général, de tumeurs agressives de haut stade, a
priori de mauvais pronostic. Après traitement, si la tumeur a
été sensible à la chimiothérapie, la taille tumorale et le nom-
bre de ganglions envahis vont diminuer. Ainsi, par rapport à
la tumeur initiale, il va exister une sous-stadification clinique
et pathologique du TNM. Malgré cela, la taille histologique
mesurée à la chirurgie et l’envahissement ganglionnaire res-
tent de puissants paramètres pronostiques (8, 11, 15, 36, 37).
Par ailleurs, nous avons montré dans notre institution que la
persistance d’un grade SBR élevé ou son développement sous
traitement est un facteur de mauvais pronostic (20).
De plus, de nombreuses études ont montré l’intérêt pronos-
tique de la réponse complète histologique, à la fois sur le
contrôle local et sur la survie globale.
Sur le contrôle local
Plusieurs études relient la réponse anatomopathologique ob-
tenue en fin de chimiothérapie néoadjuvante et les rechutes
locales : les patientes en RCH présentent moins de rechutes
locales que les autres (38, 39). Dans une étude menée sur des
patientes atteintes de cancer du sein localement avancé, Kue-
rer et al. (18) concluent qu’une RCH prédit une excellente sur-
vie sans rechute, tandis que l’absence de réponse, voire une
progression, induirait une survie sans rechute médiocre. Une
autre étude, réalisée au Centre Jean-Perrin (13), montre que le
taux de survie sans rechute à 15 ans est significativement plus
élevé chez les patientes en RCH que chez les autres.
Sur la survie
L’étude citée précédemment (13) conclut également à une survie
globale significativement meilleure à 15 ans chez les patientes en
RCH par rapport aux autres. La valeur pronostique de la RCH se
retrouve dans d’autres études telles que celle d’Eltahir et al. (40) et
de Bonadonna et al. (11). De plus, dans l’étude de Bonadonna et
al. (11), l’envahissement ganglionnaire résiduel après chimiothé-
rapie est également un indicateur de mauvais pronostic.
Enfin, parmi les paramètres immunohistochimiques, la pré-
sence de cellules fortement prolifératives (pourcentage élevé
de cellules en phase S et surexpression de Ki-67) est un mar-
queur de mauvais pronostic (27, 32). Quelques études réalisées
chez des patientes traitées par chimiothérapie néoadjuvante
sur l’impact pronostique de la surexpression d’Her-2 aboutis-
sent à des résultats controversés : l’équipe de MacGrogan et al.
(30) rapporte une corrélation entre la surexpression d’Her-2 et
la survie, tandis que Rozan et al. (31) n’en retrouvent pas.