Polynômes Polynômes Rappels Définitions Opérations et structures algébriques sur les polynômes L2 – MAT231 – Chapitre 3 – Polynômes Université Joseph Fourier – 2007-2008 Arithmétique des polynômes Congruences Idéaux – pgcd – ppcm (K corps commutatif) MAT231 Polynômes irréductibles – Factorisation (K corps commutatif) Fonctions polynômiales - Algorithme de Hörner 2 octobre 2007 Racines et factorisation, I (K corps commutatif) Polynôme dérivé et formule de Taylor (K = R ou C) Racines et factorisation, II (K = R ou C) Polynômes complexes irréductibles Polynômes réels irréductibles Les notes sont disponibles sur http://www-fourier.ujf-grenoble.fr/~pberard 1/46 2/46 Polynômes Polynômes Rappels Rappels Anneaux, Corps, Idéaux 1/2 Anneaux, Corps, Idéaux 2/2 Un anneau est un triplet (A, +, ×) vérifiant I (A, +) est un groupe commutatif (d’élément neutre 0A ), I la multiplication × est associative et admet un élément neutre 1A , I la multiplication est distributive par rapport à l’addition. On dit que l’anneau (A, +, ×) est commutatif si la multiplication est commutative. Un corps est un anneau (K , +, ×) non réduit à {0} et tel que tout élément de K \ {0} soit inversible pour la multiplication. On dit que le corps (K , +, ×) est commutatif si sa multiplication commutative. Soit (A, +, ×) un anneau commutatif. On appelle idéal de A une partie I qui vérifie (I, +) est un sous-groupe de (A, +) et I est stable par multiplication par les éléments de A. On dit que l’anneau commutatif (A, +, ×) est intègre si a, b ∈ A et a × b = 0 impliquent a = 0 ou b = 0. 3/46 4/46 Polynômes Polynômes Rappels Rappels Exemples Notations Exemples I Le triplet (Z, +, ×) est un anneau (commutatif) intègre. Ce n’est pas un corps (ses seuls éléments inversibles pour la multiplication sont 1 et −1). I Le triplet (Z4 , +, ×) est un anneau commutatif. Cet anneau n’est pas intègre (2 × 2 = 0). I Les matrices carrées 2 × 2 avec l’addition et la multiplication usuelles forment un anneau non commutatif qui admet des diviseurs de zéros. I Les ensembles Q, R et C munis des opérations usuelles sont des corps commutatifs. I Le sous-ensemble aZ de Z est un idéal. Dans ce chapitre, A désignera un anneau commutatif (A, +, ·). On notera 0 l’élément neutre de l’addition et 1 celui de la multiplication dans A. On désignera par (K, +, ·) un corps commutatif. 5/46 Polynômes 6/46 Polynômes Définitions Définitions Polynômes : définitions 1/3 Polynômes : définitions 2/3 Notations Définition On appelle polynôme à coefficients dans A une suite P = (ai )i∈N d’éléments de A telle que ai = 0 sauf pour un nombre fini d’indices ou, de manière équivalente, nulle à partir d’un certain rang c’est-à-dire, P = (a0 , a1 , . . . , an , 0, 0, . . .) pour un certain entier n. L’élément ai s’appelle le coefficient d’ordre i du polynôme P. 7/46 I On note 0 le polynôme (0, 0, . . .), dont tous coefficients sont nuls. I On note 1 le polynôme (1, 0, 0, . . .), dont tous les coefficients sont nuls, sauf celui d’ordre 0 qui vaut 1. I On note (en général) X le polynôme (0, 1, 0, 0, . . .), dont tous les coefficients sont nuls, sauf celui d’ordre 1 qui vaut 1. I On note A[X ] l’ensemble des polynômes à coefficients dans A. 8/46 Polynômes Polynômes Définitions Définitions Opérations et structures algébriques sur les polynômes Polynômes : définitions 3/3 Opérations sur les polynômes Sur l’ensemble A[X ], on définit les opérations suivantes. Définition Soit P = (ai )i∈N ∈ A[X ] un polynôme à coefficients dans A. Si P est non nul, on note d := max{i | ai 6= 0}. Si P est nul, on pose par convention d := −∞. Le nombre d s’appelle le degré du polynôme P et se note deg(P). Le coefficient d’ordre d, ad (non nul par définition), s’appelle le coefficient dominant de P. On dit qu’un polynôme est unitaire (ou normalisé) si son coefficient dominant vaut 1. I Notation. On note An [X ] l’ensemble des polynômes de degré inférieur ou égal à n, c’est à dire l’ensemble des polynômes dont les coefficients d’ordre supérieur ou égal à (n + 1) sont nuls. I Addition dans A[X ] (ai )i∈N + (bi )i∈N := (ai + bi )i∈N . I Multiplication dans A[X ] X (ai )i∈N × (bi )i∈N := (ci )i∈N avec ck = ai bj . i+j=k Multiplication d’un élément de A[X ] par un scalaire de A : λ · (ai )i∈N := (λai )i∈N . 9/46 Polynômes 10/46 Polynômes Définitions Définitions Opérations et structures algébriques sur les polynômes Opérations et structures algébriques sur les polynômes Structure d’anneau – Structure d’espace vectoriel Polynôme : écriture classique Proposition Proposition Le triplet (A[X ], +, ×) est un anneau commutatif dont l’élément neutre pour l’addition est le polynôme 0 et dont l’élément neutre pour la multiplication est le polynôme 1. Pour tout p ≥ 1, le polynôme X p := X × . . . × X (p facteurs) est le polynôme dont tous les coefficients sont nuls, sauf celui d’ordre p qui vaut 1. Le polynôme P := (a0 , a1 , . . . , an , 0, 0, . . .), dont les coefficients d’ordre supérieur ou égal à (n + 1) sont nuls, peut s’écrire sous la forme P = a0 · 1 + a1 · X + · · · + an · X n Proposition Si K est un corps commutatif, par exemple R ou C, l’ensemble K[X ] muni de l’addition (+) et de la multiplication par un scalaire (·), est un espace vectoriel sur K. et, plus simplement, suivant les puissances croissantes P(X ) = a0 + a1 X + · · · + an X n , où on a identifié le scalaire a0 avec le polynôme (a0 , 0, 0, . . .). 11/46 Polynômes On pose X 0 := 1. Alors, deg(X m ) = m pour tout m ∈ N. 12/46 Polynômes Définitions Définitions Opérations et structures algébriques sur les polynômes Opérations et structures algébriques sur les polynômes Espace vectoriel des polynômes de degré au plus n Propriétés du degré Propriété. Soit K un corps commutatif. Alors, Kn [X ] est un espace vectoriel sur K, de dimension (n + 1), dont une base est C := {1, X , X 2 , . . . , X n } (on appelle cette base la base canonique de Kn [X ]). Proposition Soient P, Q ∈ A[X ] deux polynômes non nuls. Proposition Soit K un corps commutatif et soit {P0 , P1 , . . . Pn } une famille de polynômes telle que deg(Pj ) = j, pour 0 ≤ j ≤ n. Alors, cette famille est une base de Kn [X ]. Plus généralement, toute famille finie de polynômes de K[X ], de degrés deux à deux distincts, est libre dans K[X ]. I On a deg(P + Q) ≤ max(deg(P), deg(Q)) avec égalité si deg(P) 6= deg(Q) ; I On a deg(PQ) ≤ deg(P) + deg(Q) , avec égalité sauf si le produit des coefficients dominants est nul (on a donc égalité si A est un anneau intègre, en particulier si c’est un corps). Ces relations s’étendent au cas du polynôme nul de manière évidente. Remarque. Le degré de la somme de deux polynômes de même degré n peut être strictement inférieur à n. 14/46 13/46 Polynômes Polynômes Définitions Arithmétique des polynômes Opérations et structures algébriques sur les polynômes Intégrité Division euclidienne Théorème (Division euclidienne) Soient A, B ∈ A[X ] deux polynômes, avec B non nul et de coefficient dominant inversible dans A. Alors il existe un couple de polynômes de A[X ] et un seul, (Q, R), vérifiant Proposition Si A est un anneau intègre (en particulier si A est un corps commutatif K), alors l’anneau A[X ] est intègre. I Soient P, Q ∈ A[X ], avec A intègre. Si PQ = 0 alors P = 0 ou Q = 0. I Soient P, Q, R ∈ A[X ], avec A intègre. Si PR = QR, alors P = Q. A = BQ + R et deg(R) < deg(B). Remarque. Le Théorème 3.1 s’applique en particulier si B est unitaire (son coefficient dominant est 1) et, pour tout B non nul, si A est un corps. 15/46 16/46 Polynômes Polynômes Arithmétique des polynômes Arithmétique des polynômes Définitions Applications Corollaire Définition Le polynôme Q (resp. R) s’appelle le quotient (resp. le reste) de la division euclidienne de A par B. Soit P(X ) := an X n + · · · + a0 un polynôme, et soit a ∈ A un scalaire. On note α le scalaire an an + · · · + a0 . Alors le polynôme (X − a) divise le polynôme P(X ) si et seulement si α = 0. Remarque. Si B divise A et si A est non nul, on a deg(B) ≤ deg(A). Définition On dit que le polynôme B (non nul) divise le polynôme A, ou encore que le polynôme A est un multiple du polynôme B, s’il existe un polynôme Q tel que A = BQ. On dit aussi que l’on peut factoriser A par B. Exercice Déterminer le quotient et le reste de la division euclidienne de A(X ) := X 7 + 3X 2 + 2 par B(X ) := X 2 + X + 1. Exercice Sur K[X ], déterminer les couples (A, B) de polynômes tel que A divise B et B divise A. 18/46 17/46 Polynômes Polynômes Arithmétique des polynômes Arithmétique des polynômes Congruences Congruences Congruences sur A[X ], 1/3 Congruences sur A[X ], 2/3 Théorème Définition Soit P ∈ A[X ], non nul et à coefficient dominant inversible. Soient deux polynômes A, B ∈ A[X ]. On dit que A est congru à B modulo P, et on écrit A ≡ B (mod P) si P divise A − B. Étant donné P ∈ A[X ], non nul et à coefficient dominant inversible, la relation A ≡ B (mod P) est une relation d’équivalence dans A[X ]. De plus, 1. La relation ≡ (mod P) est compatible avec les opérations sur A[X ] ; si A ≡ B (mod P) et A1 ≡ B1 (mod P), alors 1.1 A + A1 ≡ B + B1 (mod P), 1.2 AA1 ≡ BB1 (mod P) et, en particulier, An ≡ B n (mod P) pour tout n ∈ N• , 1.3 λA ≡ λB (mod P) pour tout λ ∈ A. 2. On a A ≡ B (mod P) si et seulement si A et B ont le même reste dans la division euclidienne par P. 19/46 Polynômes 20/46 Polynômes Arithmétique des polynômes Arithmétique des polynômes Congruences Idéaux – pgcd – ppcm (K corps commutatif) Congruences sur A[X ], 3/3 Caractérisation des idéaux (K corps commutatif) Théorème et Définition Soit I un idéal de K[X ], non réduit à {0}. Il existe un unique polynôme P, de coefficient dominant égal à 1, tel que I soit égal à (P), l’idéal engendré par P, défini par Exercice (P) := {A ∈ K[X ] | ∃ Q ∈ K[X ] tel que A = PQ}. Déterminer les restes de la division euclidienne de A(X ) := X 2007 + X 5 + X par B1 (X ) := X 2 + 1 et par B2 (X ) := X 2 + X + 1. Lemme Soient A, B ∈ K[X ]. L’ensemble I(A, B) := {P ∈ K[X ] | ∃ Q1 , Q2 ∈ K[X ] tels que P = Q1 A+Q2 B} est un idéal de K[X ] (idéal engendré par A et B). 22/46 21/46 Polynômes Polynômes Arithmétique des polynômes Arithmétique des polynômes Idéaux – pgcd – ppcm (K corps commutatif) Idéaux – pgcd – ppcm (K corps commutatif) Algorithme d’Euclide Théorème et Définition (Plus grand commun diviseur) Soient A, B ∈ K[X ], non nuls. Lemme (Algorithme d’Euclide) 1. Il existe un polynôme P et un seul, de coefficient dominant égal à 1, tel que I(A, B) = (P). Il divise A et B et tout diviseur commun à A et B divise P. Ce polynôme est appelé le plus grand diviseur commun de A et B, et noté pgcd(A, B). 2. Le pgcd P de A et B est caractérisé par P de coefficient dominant égal à 1 ; On définit une suite de polynômes par les relations suivantes, 1. R0 := A et R1 := B et, pour k ≥ 1, 2. si Rk 6= 0, le polynôme Rk+1 est défini comme le reste de la division euclidienne de Rk−1 par Rk , Rk−1 = Rk Qk + Rk+1 , deg(Rk+1 ) < deg(Rk ). La suite d’entiers {deg(Rk )} est strictement décroissante. Il existe un entier n ∈ N tel que Rn 6= 0 et Rn+1 = 0. On a pgcd(A, B) = λRn , où λ est l’inverse du coefficient dominant de Rn . A = PA1 et B = PB1 avec A1 , B1 premiers entre eux (c’est-à-dire pgcd(A, B) = 1). 23/46 24/46 Polynômes Polynômes Arithmétique des polynômes Arithmétique des polynômes Idéaux – pgcd – ppcm (K corps commutatif) Idéaux – pgcd – ppcm (K corps commutatif) Bézout – Gauss Exercices Théorème (Théorème de Bézout) Exercice Deux polynômes A, B sont premiers entre eux si et seulement s’il existe deux polynômes U et V tels que AU + BV = 1. (Ces résultats s’étendent au cas de n polynômes A1 , . . . , An ). Déterminer le pgcd des polynômes A(X ) := X 3 + X 2 + 2 et B(X ) := X 2 + 1. Déterminer un couple (U, V ) de polynômes tels que AU + BV = pgcd(A, B). Même question pour A(X ) := X 3 + 2X 2 + X + 2 et B(X ) := X 2 − X − 6. Théorème (Théorème de Gauss) Exercice Soient A, B, C trois polynômes. On suppose que A est premier avec B et que A divise le produit BC . Alors A divise C . Soient a, b ∈ N. On pose d := pgcd(a, b). Déterminer le pgcd des polynômes A(X ) := X a − 1 et B(X ) := X b − 1. 26/46 25/46 Polynômes Polynômes Arithmétique des polynômes Polynômes irréductibles – Factorisation (K corps commutatif) Idéaux – pgcd – ppcm (K corps commutatif) Polynômes irréductibles 1/2 (K corps commutatif) Plus petit commun multiple Théorème et Définition Définition Soient A, B ∈ K [X ], non nuls. Il existe un unique polynôme unitaire M vérifiant les deux conditions 1. A et B divisent M, 2. pour tout C ∈ K[X ], si A et B divisent C , alors M divise C . Ce polynôme est appelé plus petit multiple commun ( ppcm) aux polynômes A et B. Il est noté ppcm(A, B). Un polynôme P de K[X ] est dit irréductible si deg(P) ≥ 1 et si P ne peut pas se décomposer en produit de deux polynômes de degré au moins 1 (càd P = AB ⇒ deg(A) = 0 ou deg(B) = 0). Proposition Les polynômes de degré 1 sont irréductibles. On a la relation AB = λ · pgcd(A, B) × ppcm(A, B) Exercice Montrer que le polynôme A(X ) := X 2 + 1 est décomposable sur C mais irréductible sur R. où λ ∈ K est le coefficient dominant de AB. (Ces résultats s’étendent au cas de n polynômes A1 , . . . , An ). 28/46 27/46 Polynômes Polynômes Polynômes irréductibles – Factorisation (K corps commutatif) Polynômes irréductibles – Factorisation (K corps commutatif) Polynômes irréductibles 2/2 (K corps commutatif) Décomposition en facteurs irréductibles (K corps commutatif) Proposition Tout polynôme de degré supérieur ou égal à 1 possède au moins un diviseur irréductible. Proposition Un polynôme irréductible est premier avec tous les polynômes autres que ses multiples. Autrement dit, si P est un polynôme irréductible et si A est un polynôme quelconque alors ou bien P divise A ou bien P est premier avec A. Exercice Théorème Tout polynôme P ∈ K[X ], de degré supérieur ou égal à 1 peut s’écrire de manière unique (à l’ordre près des facteurs) sous la forme P = λAn11 . . . Ankk où λ ∈ K• est le coefficient dominant de P, où les A1 , . . . , Ak sont des polynômes irréductibles unitaires distincts et où n1 , . . . , nk ∈ N• . Soient P, Q, R ∈ K[X ]. Si P est irréductible et si P divise le produit QR, alors P divise Q ou P divise R. 29/46 Polynômes 30/46 Polynômes Fonctions polynômiales - Algorithme de Hörner Fonctions polynômiales - Algorithme de Hörner Fonction polynomiale – Racines Polynôme vs Fonction polynomiale Définition (Fonction polynomiale) Proposition Soit A unP anneau et soit P ∈ A[X ] un polynôme, P(X ) := di=0 ai X i . Au polynôme P on associe la fonction P̃ : A → A définie par Soit K = R ou C. Pour tout polynôme P ∈ K[X ], on a P̃ : x 7→ P̃(x ) := d X P = 0 dans K[X ] ⇔ P̃ = 0 comme fonction de K dans K. ai x i . Attention ! Dans Z2 [X ], le polynôme X 2 + X est non nul, mais la fonction polynomiale associée est nulle. i=0 Remarque. On peut montrer que l’application P 7→ P̃, qui à un polynôme de A[X ] associe sa fonction polynomiale dans F(A, A), est un homomorphisme d’algèbres. Définition (Racine d’un polynôme) On dit que a ∈ A est un zéro ou une racine de P si P̃(a) = 0. 31/46 32/46 Polynômes Polynômes Fonctions polynômiales - Algorithme de Hörner Fonctions polynômiales - Algorithme de Hörner Évaluation des fonctions polynomiales Algorithme de Hörner en maple Algorithme de Hörner Soit P(X ) := a0 + a1 X + · · · + an X n un polynôme à coefficients dans A. L’évaluation littérale, P̃(a) = a0 + a1 a + . . . + an an , de la fonction polynomiale P̃ au point a ∈ A conduit à faire O(n2 ) opérations. L’algorithme de Hörner permet de réduire le nombre d’opérations à O(n). Il consiste à écrire n :=5 : P :=array(0..5,[1,3,2,5,3,1]) : a :=Pi : b :=P[n] : for i from 1 to n do b :=b? a+P[n-i] od : print(b) ; Résultat : ((((π + 3) π + 5) π + 2) π + 3) π + 1 P̃(a) = · · · (an × a + an−1 ) × a + . . . × a + a0 . 33/46 Polynômes 34/46 Polynômes Racines et factorisation, I (K corps commutatif) Polynôme dérivé et formule de Taylor (K = R ou C) Racines et factorisation, I (K corps commutatif) Polynôme dérivé Proposition et Définition Soient P ∈ K[X ] et a ∈ A. Alors Définition 1. P̃(a) = 0 si et seulement si le polynôme (X − a) divise le polynôme P(X ). Soit P(X ) := par 2. Soit k ≥ 1 un entier. Il existe un polynôme Q ∈ K[X ] tel que Q̃(a) 6= 0 et P(X ) = (X − a)k Q(X ) si et seulement si (X − a)k divise P(X ) et (X − a)k+1 ne divise pas P(X ). On dit alors que a est racine de multiplicité (ou ordre) k du polynôme P. Exercice Pd i=0 ai X i ∈ A[X ]. On définit un polynôme noté P 0 P 0 (X ) := d X i ai X i−1 i=1 et on appelle ce polynôme le polynôme dérivé du polynôme P. Si deg(P) ≥ 1, alors deg(P 0 ) ≤ deg(P) − 1. On définit par récurrence les dérivations successives, P (1) := P 0 et 0 P (n+1) := P (n) . Soit P un polynôme de R[X ] de degré impair. Montrer qu’il existe a ∈ R tel que P(X ) soit divisible par (X − a). Que se passe-t-il si le degré de P est pair ? 35/46 Polynômes 36/46 Polynômes Polynôme dérivé et formule de Taylor (K = R ou C) Polynôme dérivé et formule de Taylor (K = R ou C) Polynôme dérivé, suite Formule de Taylor (K = R ou C) Théorème Compléments I la Définition est purement algébrique. Quand K = R ou C, la fonction de la variable réelle t 7→ Pe0 (t) est la dérivée de la fonction de la variable réelle t 7→ P̃(t). I Dérivée d’une somme. I Dérivée d’un produit (formule de Leibniz). On suppose que K = R ou C. Soit P ∈ K[X ] un polynôme de degré n et soit a ∈ K un scalaire. Le polynôme P s’écrit sous la forme (X − a)n X −a + · · · + P (n) (a) 1! n! (X −a) (X −a)n dans la base Ca := 1, 1! , . . . , n! de Kn [X ]. P(X ) := P(a) + P 0 (a) 37/46 Polynômes 38/46 Polynômes Polynôme dérivé et formule de Taylor (K = R ou C) Racines et factorisation, II (K = R ou C) Application Racines et factorisation, II (K = R ou C) Proposition Exercice On suppose que K = R ou C. Soit P un polynôme de degré n. Déterminer le reste de la division euclidienne de P par (X − a)k n −a dans la base Ca := 1, X1! , · · · , (X −a) de Kn [X ]. Calculer le n! reste de la division euclidienne de P(X ) := X n + 1 par (X − 1)3 . 39/46 Soient P ∈ K[X ] et a ∈ K. Alors a est racine d’ordre k ≥ 1 de P si et seulement si a est racine de P et a racine d’ordre (k − 1) de P 0 . En conséquence, a est racine d’ordre k ≥ 1 de P si et seulement si a est racine de P, P (1) , . . . , P (k−1) et a n’est pas racine de P (k) (les P (j) désignent les polynômes dérivés successifs de P). 40/46 Polynômes Polynômes Racines et factorisation, II (K = R ou C) Racines et factorisation, II (K = R ou C) Polynômes complexes irréductibles Racines et factorisation, II suite (K = R ou C) Polynômes irréductibles dans C[X ] Nous admettrons le théorème suivant. Théorème Si P ∈ K[X ] est un polynôme de degré d, alors P possède au plus d racines dans K comptées avec leur multiplicité. Théorème (Théorème de d’Alembert - Gauss) Tout polynôme P, à coefficients complexes et de degré supérieur ou égal à 1, possède au moins une racine complexe. Corollaire Si P ∈ K[X ] est un polynôme de degré inférieur ou égal à d et s’il possède au moins (d + 1) racines distinctes dans K, alors P est nul. Corollaire Les seuls polynômes irréductibles de C[X ] sont les polynômes de degré 1. 42/46 41/46 Polynômes Polynômes Racines et factorisation, II (K = R ou C) Racines et factorisation, II (K = R ou C) Polynômes complexes irréductibles Polynômes réels irréductibles Factorisation des polynômes dans C[X ] Polynômes irréductibles dans R[X ] Le Théorème de D’Alembert - Gauss est faux dans R[X ]. Le polynôme P(X ) := X 2 + 1 ∈ R[X ] n’a pas de racine dans R. Corollaire Lemme Tout polynôme P, à coefficients complexes, peut s’écrire de manière unique (à une permutation près des facteurs) sous la forme Soit P ∈ R[X ]. On peut considérer P comme un élément de C[X ]. Soit α ∈ C. Si α est racine de P alors ᾱ (nombre complexe conjugué de α) est aussi racine de P. P = λ(X − α1 )m1 . . . (X − αk )mk P avec λ ∈ C• , αj ∈ C, mj ∈ N• et kj=1 mj = deg(P). Théorème Dans R[X ], les polynômes irréductibles sont les polynômes de degré 1 et les polynômes de degré 2 de la forme aX 2 + bX + c avec a, b, c ∈ R, a 6= 0 et ∆ := b 2 − 4ac < 0. 44/46 43/46 Polynômes Polynômes Racines et factorisation, II (K = R ou C) Racines et factorisation, II (K = R ou C) Polynômes réels irréductibles Polynômes réels irréductibles Factorisation des polynômes dans R[X ] Références Monasse, Denis . — Mathématiques, Cours complet Prépa MP & MP*. Vuibert 1998 Corollaire Tout polynôme P, à coefficients réels, peut s’écrire de manière unique (à une permutation près des facteurs) sous la forme P = λ(X −α1 )m1 . . . (X −αk )mk (X 2 +b1 X +c1 )n1 . . . (X 2 +bq X +cq )nq avec λ ∈ R• , P αi , bi , ci ∈ R, mi , ni ∈ N• et P q k m + 2 i i=1 j=1 nj = deg(P). Remarque. On peut obtenir une factorisation de P ∈ R[X ] en commençant par factoriser dans C[X ], puis en regroupant les facteurs correspondant à des racines complexes conjuguées. Ainsi, par exemple, P = (X − 2)(X 2 + X + 1)2 dans R[X ] et P = (X − 2)(X 2 + X + 1)2 = (X − 2)(X − j)2 (X − j̄)2 dans C[X ]. 45/46 Piau, Didier – Ycart, Bernard . — Structures algébriques. Université Joseph Fourier, Grenoble I. Mathématiques, Informatique et Mathématiques appliquées. Licence Sciences et Technologies, Première Année. http ://ljk.imag.fr/membres/Bernard.Ycart/mel/ Piau, Didier – Ycart, Bernard . — Polynômes et fractions rationnelles. Université Joseph Fourier, Grenoble I. Mathématiques, Informatique et Mathématiques appliquées. Licence Sciences et Technologies, Première Année. http ://ljk.imag.fr/membres/Bernard.Ycart/mel/ Tauvel, Patrice . — Cours d’algèbre, Agrégation de mathématiques. Dunod 1999 46/46