ÉDITORIAL Le travail, c’est la santé ? Does work keep people healthy? E n rhumatologie, le retentissement professionnel des maladies chroniques sur la santé fait partie de nos préoccupations quotidiennes. Même si, dans certaines conditions défavorables d’hypersollicitation, le travail peut être la cause de douleurs et de lésions dégénératives, le travail peut également apporter un bénéfice social et médical au patient. Avec l’amélioration spectaculaire de la prise en charge des rhumatismes inflammatoires chroniques, le maintien de l’emploi est possible et souhaitable. Les études actuelles, qui portent un intérêt croissant au retentissement professionnel, rapportent une diminution des arrêts de travail grâce à une prise en charge médicale adaptée. Dans la lombalgie chronique responsable d’arrêts maladie de longue durée, les programmes de réentraînement à l’effort permettent une reprise de l’activité professionnelle (1). S. Dadoun A. Descatha Le travail chez le sujet non malade “Orienté vers un but, le travail manifeste l’intelligence humaine” Simone Weil Outre le gain financier, le travail a une dimension anthropologique fondamentale. Il permet de s’intégrer à une vie sociale, d’être “dans la norme”. Il participe à la construction du sujet, permet de se fixer des objectifs, donne une utilité et structure le temps. L’état de santé d’un sujet qui a un emploi est d’ailleurs meilleur que celui d’une personne au chômage (2). “Le travail c’est la santé Rien faire c’est la conserver” Henri Salvador, Maurice Pon Pourtant, la réalité n’est pas aussi idyllique : horaires flexibles, pénibilité, insécurité, précarité, faibles revenus, marges décisionnelles limitées, les conditions de travail se sont progressivement dégradées. L’activité est devenue divisée et contrainte par des systèmes techniques, des normes et des contrôles financiers. Le sens du travail se perd pour le sujet, et celui-ci se noie dans son travail jusqu’à épuisement somatique et/ou psychologique. Certaines contraintes extrêmes, sur la durée, peuvent aboutir à des lésions dégénératives. Le travail chez le malade chronique en rhumatologie Cependant, même si peu d’études arrivent à démontrer le bienfait du travail chez le sujet ayant une maladie chronique, il existe des éléments concordants pour conseiller le maintien dans l’emploi. Pour permettre cet objectif de maintien de l’emploi, le rhumatologue proposera à son patient des solutions simples 4 | La Lettre du Rhumatologue • N 415 - octobre 2015 o 0004_LRH 4 21/10/2015 17:12:15 ÉDITORIAL 1. Poulain C, Kernéis S, Rozenberg S, Fautrel B, Bourgeois P, Foltz V. Long-term return to work after a functional restoration program for chronic low-back pain patients: a prospective study. Eur Spine J 2010;19(7):1153-61. 2. Stern J. The relationship between unemployment, morbidity and mortality in Britain. Popul Stud (Camb) 1983;37:61-74. comme une activité physique raisonnable, le fractionnement des tâches, l’intérêt de la reprise du travail à temps partiel avec l’aide du médecin traitant, et lui signalera la potentielle nocivité des arrêts maladie de longue durée. Dans les situations plus complexes, il pourra solliciter l’aide du médecin du travail pour l’adaptation du poste, l’aménagement des horaires, le reclassement à un autre poste. Des aides sociales organisées avec l’aide d’un travailleur social sont possibles, mais leurs avantages et inconvénients doivent être mis en balance avec ceux du statut de travailleur handicapé, qui peut se révéler plus intéressant en matière d’orientation et d’insertion professionnelle, ou de mise en invalidité… Le travail est un élément structurant sur les plans social et financier et doit être favorisé autant que possible dans les maladies chroniques, tout en maintenant un niveau d’activité raisonnable. Certaines mesures socioprofessionnelles peuvent aider le patient à conserver une activité professionnelle et doivent être proposées à bon escient en concertation avec les professionnels concernés. S. Dadoun déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. A. Descatha déclare percevoir des indemnités pour des avis au comité de reconnaissance des maladies professionnelles. S. Dadoun*, A. Descatha** * Service de rhumatologie, groupe hospitalier de La Pitié-Salpêtrière, Paris ; université Paris-V. ** Unité de pathologie professionnelle, de santé au travail et d’insertion (UVSQ AP-HP), Inserm UMS 011, Samu 92, hôpitaux universitaires de Paris. E-journal en direct de l’American College of Rheumatology SAN FRANCISCO 6-11 NOV. 2015 RETROUVEZ-NOUS À PARTIR DU 9 NOVEMBRE SUR : www.edimark.fr/ejournaux/ACR/2015 Site réservé aux professionnels de santé DIMANCHE 8 NOV. LUNDI 9 NOV. MARDI 10 NOV. MERCREDI 11 NOV. Attention, ceci est un compte-rendu de congrès et/ou un recueil de résumés de communications de congrès dont l’objectif est de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ; ainsi, les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées par les autorités de santé françaises et ne doivent donc pas être mises en pratique. Le contenu est sous la seule responsabilité du coordonnateur, des auteurs et du directeur de la publication qui sont garants de son objectivité. Sous l’égide de La Lettre du Rhumatologue Directeur de la publication : Claudie Damour-Terrasson - Rédacteur en chef : Pr Bernard Combe (Montpellier) Avec le soutien institutionnel de La Lettre du Rhumatologue • No 415 - octobre 2015 | 5 0005_LRH 5 21/10/2015 17:12:17