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C’est à ce moment que des problèmes apparaissent : Comment peut-on maintenir dans
un système des jeunes qui traditionnellement le quittaient pour s’insérer dans le tissu
économique ? Comment faire pour que tous y réussissent ?
Par rapport à cette attente les enseignants se sont trouvés bien démunis. En réponse
apparaissent alors des études concernant les pédagogies individualisées, différenciées,
personnalisées, les niveaux d’objectifs, etc. A telle enseigne, et c’est une révolution que la
conception du programme ne se fait plus par rapport à un élève moyen théorique mais en
fonction des individus qui apprennent.
Or ce changement radical n’est pas sans causer un malaise chez les apprenants et chez les
enseignants qui, par leur histoire personnelle, leur vécu d’apprenant et leur formation sont peu
préparés, à affronter ce changement.
Toutefois,on admettra volontiers, à la lecture de ces lignes, que le vent de l’histoire souffle
dans le sens de la démocratisation de la réussite à l’école puis au collège et au lycée. La
réussite scolaire devient donc un but pour la quasi totalité des citoyens d’âge scolaire.
4. LES PROBLEMES POSES
Se pose alors une question de fond : Est-ce que l’enseignement distribué, tel que nous
le connaissons, c’est-à-dire la pratique commune qui consiste à utiliser une seule et même
conduite de classe pour tous, convient à cette nouvelle population ? Si la réponse est oui,
tout va bien. Si la réponse est non, alors les établissements à fonction d’enseignement
doivent devenir des établissements à fonction d’apprentissage avec pour principal objectif
de rendre actifs les apprenants, en se centrant plutôt sur l’apprentissage de l’élève que sur
l’enseignement du maître.
Une anecdote me paraît bien illuster ce problème : il y a quelques années une
étudiante qui préparait un D. E. A., expérimentait un de nos questionnaire dans un lycée.
Ce questionnaire avait pour objet de repérer ce que les élèves activaient pour apprendre. Les
premiers résultats obtenus lui furent insupportables : l’ensemble des élèves testés (classes
terminales) apprenaient tous de la même façon, et ce qui ajoutait, comme leurs enseignants !
Malgré l’utilisation de tests statistiques divers, on n’observait pas de différences dans la façon
d’apprendre des sujets. Dépitée, elle mit en cause l’outil. Or, celui-ci n’était pas en cause. Il
mesurait tout simplement une réalité : ces terminales étaient composées d’élèves apprenant
grosso modo de la même façon. Quant à leurs enseignants, ils avaient été des élèves qui
avaient eu (et ont certainement encore) un mode d’apprentissage de même type que leurs
élèves actuels. Autrement dit, ces enseignants enseignaient à des élèves qui apprenaient
comme eux. Pour la rassurer (en réalité je ne suis pas sûr qu’elle le fût), nous utilisâmes le
questionnaire avec des élèves de classes plus hétérogènes et de plus faible niveau. Les
résultats obtenus ont montré qu’il y avait dans ce cas des différences qui témoignaient de
spécificités d’apprentissage, spécificités qui plus est ne corrélaient pas avec le mode
d’apprentissage des enseignants !