La Lettre du Pneumologue • Vol. XIII - n° 1 - janvier-février 2010 | 39
CONGRÈS
RÉUNION
– une augmentation très significative du taux de
réponse objective : 71,2 % dans le groupe géfitinib
versus 47,3 % dans le groupe chimiothérapie
(p = 0,0001) ;
– une amélioration significative de la qualité de vie
(pour l’exon 19 et L858R) et des symptômes (pour
l’exon 19 seulement).
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L’efficacité du géfitinib (versus chimiothérapie
carboplatine-paclitaxel) a aussi été confirmée dans
une deuxième étude de phase III (Kobayashi et al.,
ASCO 2009) menée en première ligne auprès de
patients asiatiques avec une mutation de l’EGFR :
taux de réponse objective de 74,5 % (versus 29 %
sous chimiothérapie) et SSP quasiment doublée
(10,4 mois versus 5,4 mois avec la chimiothérapie ;
p < 0,001).
Globalement, la toxicité du traitement a été plus
importante chez les patients “sélectionnés” que chez
les autres patients : rash observé chez 66,2 % d’entre
eux dans l’étude IPASS versus 37 % dans l’étude ISEL
et diarrhées chez 46,6 % dans l’étude IPASS versus
27 % dans l’étude ISEL.
En conclusion, l’ensemble des études réalisées auprès
de populations sélectionnées indiquent des taux
de réponse objective de l’ordre de 70 %, une SSP
de 8 à 10 mois (versus 6 mois avec la chimiothé-
rapie ; médianes) et une SG approchant les 20 mois,
résultats assez exceptionnels dans cette pathologie.
L’ensemble de ces données démontrent l’intérêt de
proposer à des patients atteints d’un CBNPC avancé
et présentant une mutation de l’EGFR, un traitement
de première ligne par géfitinib.
Rôle du pathologiste dans
la prise en charge des CBNPC :
évolution et perspectives
F. Penault-Llorca (Clermont-Ferrand)
La recherche des mutations de l’EGFR vise à mettre
en évidence au sein du tissu tumoral la présence
d’une altération génétique du chromosome 7
impliquant les exons 18 à 21. Elle s’effectue après
extraction de l’ADN tumoral à partir de biopsies ou
d’une pièce opératoire validées par le pathologiste.
La recherche d’une mutation de l’EGFR est devenue,
en 2010, une étape incontournable pour définir la
stratégie thérapeutique des CBNPC en traitement
de première ligne métastatique. L’établissement
du statut mutationnel de l’EGFR dans les CBNPC
nécessite un travail d’équipe multidisciplinaire réali-
sable dans des délais compatibles avec les impératifs
cliniques : prélèvement par le clinicien, diagnostic
histologique du cancer par l’anatomopathologiste et
recherche de mutations par le biologiste moléculaire.
La prescription de la recherche de mutations de
l’EGFR est actuellement faite par l’oncologue, mais
elle peut aussi être suggérée par le pathologiste
après analyse histologique de la pièce opératoire,
en cas d’adénocarcinome par exemple.
Des recommandations devraient bientôt être élabo-
rées de façon à standardiser la préparation des
prélèvements et la méthodologie de recherche de
mutations de l’EGFR. Il existe encore peu d’études
ayant comparé le statut mutationnel de l’EGFR sur la
tumeur primitive et dans les métastases, une hété-
rogénéité ayant été démontrée en revanche pour
l’expression protéique de l’EGFR et l’amplification
du gène codant pour l’EGFR (IHC et FISH).
L’analyse moléculaire consiste à extraire de l’ADN du
tissu tumoral, à identifier des mutations de l’EGFR
par différentes techniques (pas de technique stan-
dard) et à établir le résultat :
– EGFR non muté, en précisant la cellularité du
prélèvement ;
– EGFR muté, avec une identification précise de la
mutation.
Mais cette recherche de mutations de l’EGFR est
confrontée à un certain nombre de limites des
méthodes de détection des variants EGFR, liées à :
– des problèmes “techniques” : prélèvement insuf-
fisant, en particulier chez les patients non opérés
et quantité extraite d’ADN faible, surfixation des
biopsies rendant parfois l’amplification de l’ADN
impossible ;
– des problèmes liés à la tumeur et aux mutations :
hétérogénéité intratumorale en termes de cellules
mutées, existence d’une amplification génique qui
concerne l’allèle sauvage et diminue le pourcen-
tage d’allèles mutés au sein du prélèvement analysé,
identification de mutants dont l’impact clinique est
inconnu si l’on a fait le choix d’un typage exhaustif.
Le recours à la biologie moléculaire, de plus en plus
fréquent en cancérologie, nécessite une organisation
multidisciplinaire associant le clinicien, le patho-
logiste et le biologiste moléculaire. L’élaboration
prochaine de recommandations pour la recherche
de ces mutations devrait permettre de définir des
critères de qualité et d’homogénéiser les pratiques. ■