HOLOÏDES FACTORIELS Introduction Un monoıde commutatif H

HOLO¨
IDES FACTORIELS
JEAN-´
ERIC PIN
R´
esum´
e. Let Hbe a commutative monoid and suppose that the relation divide
is an order on H. Then we say that His a holoid and write 6for the relation
divide :a6bif and only if there exists xHsuch that ax =b.
Dubreil, Fuchs, Mitsch and Bosbach studied certain holoids in which every
element has a unique factorization (possibly reduced) into irreducible, prime
or maximal elements. We give a specific meaning to the words reduction and
reduced. Then we study a new family of holoids, called factorial — a concept
which generalizes the previous holoids with unique factorization —. The most
meaningful difference is taht we don’t suppose any chain condition. However,
we have again the good properties of these holoids : existence of l.c.m., exis-
tence if a minimum solution to the equation ax =bin case a6bad we prove
the following result : if His factorial, it is factorial too with respect of l.c.m.
as a law of composition.
Introduction
Un mono¨ıde commutatif Hdans lequel la relation “divise” est une relation
d’ordre est appel´e un holo¨ıde (cf Bosbach [1], Dubreil-Jacotin, Lesieur and Croisot
[6]). On notera dans ce cas 6la relation “divise” :
a6bil existe xHtel que ax =b
Bosbach, Dubreil, Fuchs et Mitsch ont ´etudi´e certains demi-groupes (non ecessai-
rement commutatifs) dans lesquels tout ´el´ement poss`ede une ecompostion unique
— ´eventuellement eduite — en produit de facteurs irr´eductibles, premiers ou maxi-
maux, cf [1, 2, 3, 6, 7, 9, 10]. Nous donnons une significatio pr´ecise aux mots
eduction et irr´eductible, puis nous ´etudions un nouveau type d’holo¨ıdes dits
factoriels — notion qui g´en´eralise les holo¨ıdes `a ecomposition unique d´ej`a connus.
Ces holo¨ıdes factoriels ne v´erifient a priori aucune condition de chaˆıne ni de r`egle de
simplification. Nous retrouvons n´eanmoins en partie les “bonnes” propri´et´es de ces
holo¨ıdes : existence du ppcm, existence d’une solution minimum `a l’´equation ax =b
dans le cas a6b(notion proche mais plus faible que celle de r´esidule (Dubreil) ou
de quotient (Fuchs)), caract´erisation des diviseurs d’un ´el´ement et enfin le esultat
suivant : si Hest factoriel, alors Hest factoriel pour la loi (ppcm).
Notations. Soit Hun holo¨ıde de neutre e. On notera 6la relation divise et a < b
si a6bet a6=b.
— Si (xi)iIest une famille finie, on note QiIxile produit des xi. En particulier
Qi∈∅ xi=e.
— S’il existe un plus petit majorant m(au sens de la relation 6) de la famille
(xi)iI,mest appel´e le plus petit commun multiple (en abr´eg´e ppcm) de (xi)iI.
— S’il existe un plus grand minorant d,dest appel´e pgcd de la famille (xi)iI.
A quelques nuances pr`es, on arepris la terminologie de Bosbach [1, 2].
Article publi´e dans Studia Scientiarum Mathematicarum Hungarica 12 (1977) 169–184. Cette
version corrige quelques fautes de style et de typographie.
1
2 JEAN-´
ERIC PIN
1. Le concept de r´
eduction
Soit Hun holo¨ıde de neutre e.Iesigne un ensemble fini.
Definition 1. On dit que xest irr´eductible si pour tout Ifini,
x=Y
iI
xi=⇒ ∃iI xi=x
Definition 2. On dit que xest premier si pour tout Ifini,
x6Y
iI
xi=⇒ ∃iI xi6x
Exemple 1. en’est pas irr´eductible car e=Qi∈∅ xi.
Exemple 2. Dans le -demi-treillis de la figure 1, les ´el´ements 1, p,qet rsont
irr´eductibles ; pet qsont premiers mais rne l’est pas.
e
p q
r
s
Figure 1
Remarque 1. On eduit imm´ediatement de la efinition que tout ´el´ement premier
est irr´eductible. Mais la r´eciproque est en g´en´eral inexacte (cf Example 2).
Examinons quelques propri´et´es ´el´ementaires des irr´eductibles (cf. Bosbach [1])
(1) Proposition.Si xest irr´eductible et si a < x alors ax =x.
emonstration. En effet, si a < x il existe btel que x=ab. Comme x6=a,x=b.
D’o`u ax =x.
(2) Proposition.Les conditions suivantes sont ´equivalentes :
(1) xest irr´eductible,
(2) pour tout Ifini, pour toute famille (xi)iI
(iI xi< x) =Y
iI
xi< x
emonstration. C’est une cons´equence imm´ediate de (1).
Definition 3. On appelle ecomposition de xune famille D= (xi)iId’´el´ements
irr´eductibles dont le produit est x.
On utilisera, suivant le contexte, l’une des notations suivantes poour d´esigner
une d´ecomposition Dde x:
x=Y
iI
xi, x =Y
D
, x =Y
yI
yny(x)
Seule la derni`ere notation demande des explications. L’ensemble indexant Iest
l’ensemble des irr´eductibles de Het ny(x) est le nombre d’´el´ements de D´egaux
HOLO¨
IDES FACTORIELS 3
`a y. On utilise parfois une notation de ce genre pour ´ecrire la ecomposition d’un
entier en facteurs premiers.
Soient Det Ddeux d´ecompositions de x. On dit que Dest ´equivalente `a Det
on note DDsi Det Dont les mˆemes facteurs. Formellement,
D= (xi)iID= (x
i)iI
si et seulement si il existe une bijection σde Ivers Itelle que pour tout iI,
xi=x
σ(i).
Nous arrivons aux deux d´efinitions les plus importantes.
Definition 4. Soient D= (xi)iIet D= (x
i)iIdeux d´ecompositions de x. On
dit que Dest plus r´eduite que Det on note D4Ds’il existe une injection σde
Ivers Itelle que pour tout iI,xi6x
σ(i). On dit dans ce cas que σest une
injection de r´eduction.
Par abus de notation, on notera parfois σ(xi) au lieu de x
σ(xi). On voit facilement
que 6est une relation de pr´eordre sur l’ensemble des d´ecompositions de x.
Definition 5. On dit que Hest factoriel lorsque pour tout ´el´ement xde H, l’en-
semble des d´ecompositions de xa un ´el´ement minimum qu’on appelle ecomposition
eduite de x.
N.B. Cette notion g´en´eralise les holo¨ıdes “halbprimkanonisch” de Bosbach et les
“primfaktorzerlegungen” de Fuchs.
Le esultat suivant ´eclaire la efinition 5.
(3) Proposition.On a DDsi et seulement si D4Det D4D.
emonstration. En effet, si DD, il est clair que D4Det D4D. R´ecipro-
quement supposons que D= (xi)iI4D= (x
i)iIet D4D. Il existe alors des
injections de r´eduction σ:IIet σ:II. Comme Iet Isont finis, σet σ
sont bijectives et on a, pour tout iI,xi6x
σ(i)6xσσ(i). Posons τ=σσet
supposons qu’il existe i0Itel que xi0< xτ(i0). Puisque τest bijective, il existe
n>1 tel que τn(i0) = i0et donc xi0< xτ(i0)6···6xτn(i0)=xi0. Contradiction.
Donc xi=x
σ(i)=xτ(i)pour tout iIet DD.
Remarque 2. Soit x=QyIyny(x)une d´ecomposition r´eduite de x. Soient y0< y
deux irr´eductibles. Alors ny0(x) = 0 ou ny(x) = 0. Autrement dit deux irr´eductibles
distincts et comparables ne peuvent figurer simultan´ement dans une d´ecomposition
r´eduite.
Il r´esulte de [3] que deux d´ecompositions r´eduites de xont les mˆemes facteurs `a
l’ordre pr`es. Dans un holo¨ıde factoriel on parlera donc de la ecomposition r´eduite
d’un ´el´ement (qui n’est efinie qu’`a l’ordre pr`es des facteurs).
Voici un crit`ere permettant de comparer deux d´ecompositions mises sous forme
exponentielle.
(4) Th´
eor`
eme.Pour que D=QyIyny(a)soit plus r´eduite que D=QyIyny(b),
il faut et il suffit que, pour tout partie Hde I, on ait
X
yH
ny(a)6X
y>y
yH
n
y(b)
emonstration. Cela r´esulte du lemme des mariages. Soit Al’application de Idans
P(I) d´efinie par A(i) = {j|xi6x
j}. Alors D4Dsi et seulement si il existe une
injection σ:IItelle que, pour tout iI,σ(i)A(i).
4 JEAN-´
ERIC PIN
D’apr`es le lemme des mariages, il faut et il suffit que, pour toute partie Kde I,
Card[
iK
A(i)>Card(K)
Posons
K={iI|il existe jKtel que xi=xj}.
Il est clair que Card(K)>Card(K) et que Card(SiKA(i)) = Card(SiKA(i)).
Donc D4Dsi et seulement si pour toute partie Kde I, Card(SiKA(i)) >
Card(K) ce qui n’est rien d’autre qu’une formulation diff´erente du th´eor`eme.
Ce th´eor`eme permettrait de d´emontrer par le calcul certains des ´enonc´es des
sections 2, 3, 4 et 5. Donnons tout de suite un r´esultat simple, mais utile :
(5) Proposition.Soit x=QyIyny(x)une d´ecomposition r´eduite de x. Alors
toute d´ecomposition a=QyIyny(a)— avec, pour tout yI,ny(a)6ny(x)
est une d´ecomposition r´eduite de a.
emonstration. La d´emonstration est imm´ediate.
Nous allons maintenant donner une caract´erisation des d´ecompositions r´eduites.
Pour cela, nous aurons besoin de la proposition suivante :
(6) Proposition.Si D= (xi)iIest la d´ecomposition r´eduite de x, si D=
(x
i)iIest une d´ecomposition quelconque de x, il existe une injection de r´eduite σ
de Ddans Dtelle que x
σ(i)=x
σ(j)entraine xi=xj.
emonstration. On proc`ede par r´ecurrence sur Card(D) = n. C’est ´evident pour
n= 0 ou 1. Supposons le r´esultat acquis jusqu’`a n1. Soit σune injection de
r´eduite de Ddans Det supposons que x
σ(i1)=x
σ(i2)avec xi16=xi2. Puisque D
est r´eduite, xi1et xi2sont incomparables (cf. Remarque 2) et donc xi1< x
σ(i1),
xi2< x
σ(i2)=x
σ(i1), d’o`u xi1xi2< x
σ(i1)d’apr`es (2). On a donc
x=Y
iI
xi=xi1xi2Y
iI−{i1,i2}
xi6x
σ(i1)Y
iI−{i1,i2}
x
σ(i)=Y
iI−{i2}
x
σ(i)6x
et D− {x
σ(i2)}est encore une d´ecomposition de x. Or Card(D− {x
σ(i2)}) = n1
et l’hypoth`ese de r´ecurrence permet de conclure facilement.
Avant d’´enoncer le th´eor`eme, pr´ecisons une terminologie : si σest une injection
de r´eduction de D= (xi)iIdans D= (x
i)iI, on appelle image dans Ide σle
sous-ensemble {x
σ(i)|iI}de I.
(7) Th´
eor`
eme. (Caract´erisation des d´ecompositions r´eduites.) Pour que
x=Y
yI
yny(x)=D
soit la d´ecomposition r´eduite de x, il faut et il suffit que pour toute d´ecomposition
Dde x, il existe, pour chaque yI, des injections de r´eduction σyde yny(x)dans
D, d’images dans Ideux `a deux disjointes.
emonstration. La condition est suffisante : on peut construire une injection de
r´eduction de Ddans Den “recollant” les σy.
La condition est n´ecessaire : d’apr`es (6), il existe une injection de r´eduction σ
de Ddans Dtelle que
(α)x
σ(i)=x
σ(j)=xi=xj
Pour chaque yI,σinduit une injection de r´eduction σyde yny(x)dans D. Les
images des σydans Isont deux `a deux disjointes d’apr`es (α).
HOLO¨
IDES FACTORIELS 5
Ce r´esultat nous sera tr`es utile dans la Section 4 pour la d´emonstration du
th´eor`eme fondamental (27).
Avant de terminer cette section, donnons une exemple d’holo¨ıde factoriel. Il s’agit
du -demi-treillis de la Figure 2 ci-dessous. Les ´el´ements irr´eductibles sont a,b, les
xnet les yn. Il n’y a que deux ´el´ements premiers : aet y1. En effet y2, par exemple,
n’est pas premier car y26ay1=xmais y266aet y266y1. La d´ecomposition
r´eduite de xest x=ay1. Les ´el´ements minimaux sont aet y1.
x
x1
x2
x3
xn
a
e
y1
y2
y3
yn
b
Figure 2
Cet holo¨ıde ne v´erifie ni la condition de chaˆıne ascendante, ni la condition de
chaˆıne descendante : c’est l`a une diff´erence essentielle avec les holo¨ıdes ´etudi´es par
Bosbach ou avec les demi-groupes `a d´ecomposition unique en facteurs premiers de
Fuchs et Dubreil-Jacotin.
2. Diviseurs d’un ´
el´
ement dans un holo
¨
ıde factoriel
En voici une premi`ere caract´erisation :
(8) Th´
eor`
eme. (Premi`ere caract´erisation des diviseurs d’un ´el´ement.) Soit un
holo¨ıde factoriel. Soit x6zet z=QyIyny(z)la d´ecomposition r´eduite de z.
Alors x=x1x2o`u x1est absorb´e par zet o`u x2admet une d´ecomposition r´eduite
de la forme x2=QyIyny(x2)avec, pour tout yI,ny(x2)6ny(z).
emonstration. Soit x=QyIyny(x)=D1une d´ecomposition de x. Posons
x1=QyIyny(x1),
x2=QyIyny(x2),
o`u
ny(x1) = (ny(x)ny(z))+,
ny(x2) = inf(ny(x), ny(z)).
En vertu de (5), x2erifie bien les conditions de l’´enonc´e. De plus x1x2=x. Reste
`a montrer que x1z=z. Soit atel que ax =zet soit QyIyny(a)=D2une
d´ecomposition de a. On a :
Y
yI
yny(z)=Y
yI
yny(a)+ny(x)=Y
D1˙
D2
o`u D1˙
D2d´esigne l’union disjointe des familles D1et D2.
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