8-inflammation

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L'INFLAMMATION
I. Introduction
A. Définition
La réaction inflammatoire est la réponse à une agression tissulaire d'origine exogène ou endogène.
L'inflammation est une réponse non spécifique, c'est un processus qui fait partie des mécanismes de
l'immunité innée.
Les buts de l'inflammation sont :
 De limiter la lésion au niveau local
 D'éliminer la cause, en recrutant différents effecteurs que l'on va concentrer sur le lieu de la
lésion
 De réparer le tissu lésé pour retrouver à la fin un tissu normal.
Le processus inflammatoire a des conséquences locales qui se caractérisent par : une rougeur, une
chaleur, un œdème et une douleur.
Il aura aussi des conséquences générales avec :
 Au niveau clinique : de la fièvre, une altération de l'état général
 Au niveau biologique : un syndrome inflammatoire
On peut avoir une inflammation aigue (quelques minutes ou quelques jours) ou chronique
C'est une réponse qui peut être très agressive et qui doit donc être contrôlée par de multiples
systèmes régulateurs.
B. Principales causes de l'inflammation
1. Agression d'origine exogène
On peut avoir des causes :




Physiques : Traumatisme, chaleur, froid, radiations ionisantes
Chimiques : produits caustiques
Un corps étranger
Des agents infectieux pouvant agir localement ou à distance par l'intermédiaire de toxines :
bactéries, virus, parasites, champignons
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2. Agression d'origine endogène
On peut avoir :
 Des causes trophiques c'est-à-dire des troubles de la vascularisation ou de l'innervation
 Des perturbations métaboliques comme les crises de goutte (dépôt de cristaux d'urate qui
vont pousser le système immunitaire à essayer de les éliminer sans succès).
 Des "conflits" immunitaires avec des maladies auto-immunes ou un déficit immunitaire
 D'autres atteintes "non inflammatoires" comme une tumeur ou de l'athérome.
C. Symptômes de l'inflammation
1. Symptômes locaux
On a les 4 signes cardinaux de l'inflammation : rougeur, chaleur, douleur, tumeur (œdème)
Localement, on a des médiateurs qui vont avoir des effets au niveau de la paroi des cellules
endothéliales qui vont se traduire par une vasodilatation. On a donc un débit sanguin augmenté
donc on aura une rougeur et une sensation de chaleur.
On aura un œdème car on a une augmentation de la perméabilité vasculaire, on a donc une
exsudation plasmatique et de l'infiltrat cellulaire.
La douleur est médiée par des médiateurs allogènes comme la bradykinine ou la PGE2 qui vont
pouvoir transmettre un signal au SNC qui sera interprété comme une douleur.
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2. Symptômes généraux
Les symptômes généraux sont surtout médiés par les cytokines comme IL-1, IL-6 ou TNF-α. Ils sont
produits au niveau de la lésion et vont circuler dans le sang. Ces cytokines peuvent agir à distance sur
différents organes :
 Au niveau du foie. Ils induisent la synthèse de protéines de la phase aigue de
l'inflammation comme la CRP (Protéine C-Réactive de l'inflammation) ou la MBL. Ces
protéines peuvent être mesurées, faisant d'elles des marqueurs biologiques qui nous
informerons sur le syndrome inflammatoire.
 Au niveau de l'hypothalamus on a une augmentation de la température corporelle
entraînant une fièvre et une asthénie. La PGE2 peut aussi induire la fièvre en agissant sur
l'hypothalamus
 Au niveau des muscles, les cytokines vont mobiliser les protéines musculaires ce qui va se
traduire par un amaigrissement. Ces protéines seront utilisées au niveau du foie pour
produire plus de protéines de la phase aigue de l'inflammation.
II. Les phases de l'inflammation aigue
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A. Les différentes phases
1. Phase vasculaire
Dans la phase vasculaire, on a un rôle important des cellules endothéliales. C'est cette phase qui
donne immédiatement les 4 signes cardinaux de l'inflammation. On a la production lors de cette
phase de médiateurs locaux.
2. Phase cellulaire
Dans la phase cellulaire, des cellules vont être recrutées sur le site de l'inflammation (on a un
granulome inflammatoire qui est un amas de cellules épithéliales entourées de lymphocytes). Ces
cellules recrutées vont produire des médiateurs solubles qui vont être retrouvés au niveau local
mais aussi au niveau systémique (cytokines)
3. Détersion
Lors de la phase de détersion, on a l'élimination de l'agent responsable de l'inflammation.
4. Résolution
Dans la phase de résolution, on a une cicatrisation pour restaurer le tissu à son état initial.
5. Etapes
La première phase (phase vasculaire) peut être considérée comme l'initiation du mécanisme.
La phase cellulaire peut être considérée comme la phase d'amplification de la réponse immunitaire.
Les deux dernières phases (détersion et résolution) sont donc les phases de résolution.
B. Initiation de la réponse inflammatoire
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On a souvent une brèche vasculaire qui va mettre en jeu :
 Des acteurs solubles : Système de la coagulation, kinines, complément
 Des acteurs cellulaires : L'endothélium, les plaquettes, les mastocytes
1. Acteurs solubles
a. Système des kinines
Généralités
Il est activé dès qu'on a une lésion au niveau d'un tissu.
On a des protéases plasmatiques qui sont sous forme de pro-enzymes inactives. On a une cascade
d'activation : une protéase active clive la protéase suivante.
On a la formation de bradykinine (sang) et de (tissu).
Formation des kinines
Dans le sang on a le facteur XII qui va s'activer quand il est en contact avec des composés qui ont
une surface chargée négativement. Or dans la MEC on a des composants électronégatifs.
Ainsi quand on a une lésion le sang rentre en contact avec les constituants de la MEC activant le
facteur XII.
Ce facteur XII activé va lui-même agir sur la pré-kallicréine, qui est une protéase, l'activant en
kallicréine. La kallicréine est une enzyme qui va pouvoir agir sur le killinogène de haut poids
moléculaire (KHPM) qui va donner la bradykinine.
Au niveau du tissu, on a des enzymes protéolytiques qui vont être activées et de la même manière
elles vont agir sur la pré-kallicréine devenant active (kallicréine) donnant le Killinogène de Bas Poids
Moléculaire (KPBM) donnant la kallidine
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Effets de la bradykinine
La bradykinine est une molécule qui a des propriétés vasodilatatrices très importantes. Les effets
sont médiés par la NO-synthase.
Elle a aussi comme effet d'augmenter la perméabilité vasculaire permettant l'afflux de protéines
plasmatiques dans le site altéré. Ainsi, la bradykinine participe également à la formation de
l'œdème.
La bradykinine déclenche aussi la douleur.
b. Système de la coagulation
Il est activé dès que la paroi des vaisseaux sanguins est altérée.
Le premier acteur cellulaire important est la plaquette qui va colmater la brèche. Cette étape met en
jeu l'hémostase primaire.
Pour consolider ce thrombus plaquettaire, les facteurs de coagulation interviennent. On aura
l'obtention d'un thrombus fibrino-plaquettaire, permettant l'arrêt du saignement.
La formation du caillot de fibrine prévient :
 La perte sanguine
 L'entrée des microorganismes dans le courant sanguin.
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c. Système du complément
Il peut être activé par 3 voies différentes :
 La voie classique passant par les anticorps qui se fixent sur la bactérie
 La voie des lectines
 La voie alternative
Une fois que le système est activé, quel que soit la voie d'activation, on arrive à la formation de la C3
convertase qui est une enzyme qui est active sur le C3 le clivant en 2 molécules : le C3a et le C3b.
Dans la suite de la cascade le C3b agit sur la C5 convertase qui clive C5 en C5a et C5b.
C3a et C5a sont des molécules qui vont pouvoir diffuser et vont entretenir l'inflammation. Elles vont
augmenter la perméabilité vasculaire par contraction des muscles lisses vasculaires, on aura donc
l'entrée de fluide dans les tissus.
Ces deux molécules vont induire la dégranulation des mastocytes locaux activés, libérant de
l'histamine, augmentant la perméabilité vasculaire.
Elles permettent aussi un chimiotactisme, c'est-à-dire l'attraction sur le site de la lésion d'autres
acteurs de l'immunité. Mais elles vont aussi induire l'expression de molécules d'adhérence
permettant aux cellules de l'immunité d'adhérer sur le tissu endothélial pour le traverser et aller au
niveau des tissus.
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2. Acteurs cellulaires locaux
a. Les plaquettes
Les plaquettes vont être activées par le facteur activateur des plaquettes : PAF. Les plaquettes vont
dégranuler, libérant de la sérotonine qui, quand elle est relarguée au niveau local permet
l'agrégation des plaquettes. La sérotonine a aussi un effet vasoconstricteur pour éviter le risque
d’hémorragie.
Les plaquettes vont produire des molécules : les éicosanoïdes qui sont des molécules proinflammatoires.
b. Cellules endothéliales
Activation
Les cellules endothéliales vont pouvoir être activées par des fragments du complément comme le
C3a ou C5a, par TNF-α, PAF ou les LPS (lipopolysaccharides) qui sont des composés bactériens.
Une fois activées, on aura une vasodilatation, mais aussi l'expression de molécules d'adhérence.
Vasodilatation
La vasodilatation est due à une production de monoxyde d’azote grâce à la NO-synthase. La NO
synthase permet de transformer la L-arginine en citrulline permettant la libération de NO. Elle est
produite au niveau des cellules endothéliales.
Le NO est une molécule très diffusible qui va pouvoir aller facilement agir sur les musculaires lisses
des cellules vasculaires. Elle agit sur la guanylate cyclase qui transforme le GTP en cGMP (GMP
cyclique) qui conduit à la vasodilatation.
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Rôle important de l'endothélium
En temps normal on a une petite production de NO. En cas d'inflammation, on a une autre NO
synthase, la NO synthase inductible qui va produire plus de NO. On aura donc une vasodilatation
plus importante des vaisseaux. Si on a une vasodilatation importante qui se généralise, on aura donc
un risque d'hypotension. Cette vasodilatation se traduit par une rougeur et une chaleur.
On a aussi une augmentation de la perméabilité vasculaire se traduisant donc par un œdème.
L'endothélium va aussi produire des molécules chimiotactiques (IL-8).
Les cellules endothéliales vont exprimer à leurs surfaces les sélectines (P- et E-sélectines) et les
intégrines (ICAM-1, V-CAM1).
Rôle des sélectines et des intégrines
Les sélectines vont ralentir les cellules. Par contre les intégrines (liaisons de LFA-1 et ICAM-1) vont
arrêter les cellules sur l'endothélium. Cela va faciliter la diapédèse (passage de la cellule des
vaisseaux sanguins au tissu). Ce leucocyte va pouvoir, grâce aux chimiokines se diriger vers le lieu de
la lésion.
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c. Les mastocytes
Les mastocytes, activés par C5a vont subir une dégranulation, libérant l'histamine qui a un effet
vasodilatateur.
Ils permettront aussi la production d'éicosanoïdes (PAF, TNF-α).
d. Macrophages résidents et cellules dendritiques
Les motifs microbiens et les alarmines sont reconnus par les macrophages résidents et les cellules
dendritiques via un TLR, les activant.
Elles vont phagocyter les agents infectieux et produire des molécules pro-inflammatoires.
3. Conséquences de la réaction vasculaire
C. Amplification de la réponse inflammatoire
1. Recrutement des cellules immunitaires
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Les premières cellules recrutées sont les PN neutrophiles.
On a ensuite les monocytes
En fonction de la cause de l'inflammation on a aussi les PN basophiles ou éosinophiles.
Si l'inflammation perdure dans le temps, on peut avoir le recrutement des lymphocytes.
2. Rôle des cellules immunitaires recrutées et activées
a. Phagocytoses
Les PN neutrophiles et les monocytes vont pouvoir phagocyter les micro-organismes ou les débris
cellulaires. Pour cela il faut pouvoir les identifier via des récepteurs (TLR) qui vont reconnaître
certains motifs.
b. Sécrétion de médiateurs de l'inflammation
On va avoir la sécrétion de médiateurs de l'inflammation qui sont soit :
 Pré-formés
 Néo-formés
 Formés plus tardivement
3. Médiateurs pré-formés
Ce sont des médiateurs libérés par exocytose (granules). Ils ont un effet immédiat.
a. Les amines vasoactives
Les amines vasoactives sont surtout impliquées dans la phase d'initiation.
Elles ont des effets :
 Vasomoteurs via l'histamine (mastocytes) et la sérotonine (plaquettes)
 Chimiotactiques via l'histamine (mastocytes).
b. Les protéases
On a le système de coagulation, le système des kinines et du complément (phase d'initiation).
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On a aussi des métalloprotéases (Exemple : gélatinase, collagénase, élastase des Mastocyes)
On a une protéolyse matricielle qui favorise la migration des cellules au sein de la matrice
extracellulaire.
On a une activité protéolytique augmentée sous l'effet de cytokines (ILA-b, TNF-α).
On a aussi la cathepsine G, la protéinase-3 et l'élastase des PN neutrophiles
c. Les protéines cationiques
Elles sont surtout présentes dans les granules des PN éosinophiles. Exemples : Major Basic Protein
(MBP) et Protéine Cationique de l'Eosinophile (ECP).
Ce sont des molécules cytotoxiques à activité perforine-like
Ces protéines ont aussi un rôle activateur, elles stimulent les cellules de voisinage qui libèrent des
médiateurs lipidiques, des cytokines, des chimiokines.
Ce sont des molécules qui participent donc à l'augmentation de la réaction inflammatoire.
4. Médiateurs néo-formés
a. Les médiateurs lipidiques
Médiateurs
On retrouve le PAF (facteur activateur des plaquettes) et les eicosanoïdes (prostaglandines,
leucotriènes et thromboxanes).
Ces médiateurs lipidiques sont synthétisés par de nombreuses cellules de la réaction inflammatoire
(PN neutrophiles, PN basophiles, PN éosinophiles, plaquettes, mastocytes, endothélium), à partir des
phospholipides membranaires sous l'action d'enzymes.
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Synthèse
Les phospholipides membranaires sont dégradés par la Phospholipase A-2 donnant l'acide
arachidonique qui donne, via la cyclo-oxygénase 1 et 2 les prostaglandines. Ces dernières donnent
le thromboxane.
On a une autre possibilité, à partir de l'acide arachidonique, via la 5-lipo oxygénase, on a les
leucotriènes.
Les phospholipides donnent la lysophospholipide qui, via l'acyl-transferase, donnent le PAF.
Traitements
Les corticoïdes bloquent la phospholipase 1 et 2
Les AINS eux, bloquent les cyclo-oxygénases. Ils peuvent bloquer la cyclo-oxygénase 1 et 2 ou juste
la 2, ce qui donne moins d'effets indésirables gastriques.
Résumé
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b. Les radicaux libres oxygénés et nitrés
Radicaux libres oxygénés
Quand le PN va phagocyter un élément, on va avoir des systèmes enzymatiques comme la NADPHoxydase qui va donner différentes molécules très actives qui sont des peroxydases qui vont
s'attaquer au composé phagocyté.
Ces composés sont des dérivés actifs de l'oxygène. Ils sont très toxiques (car bactéricides) et donc
peuvent présenter un danger pour les cellules de l'hôte.
Radicaux libres nitrés
La NO-synthase va pouvoir donner donc du NO qui est très diffusible et qui induit une vasodilatation
rapide mais il est aussi toxique pour les micro-organismes. Il présente donc un danger pour les
cellules de l'hôte
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c. Les chimiokines et les cytokines
Rôles
Elles ont un rôle important à chaque étape de la réponse inflammatoire
Ce sont des protéines qui sont sécrétées par diverses cellules de l'organisme suite à un signal
d'activation.
Elles se fixent à des récepteurs spécifiques avec une forte affinité (elles ont un effet avec une
concentration de l'ordre du picomolaire pM). On aura une transduction du signal qui aboutira à la
modification de l'expression génique des cellules cibles.
Types d'actions
Les cytokines auront plusieurs types d'actions :
 Autocrine
 Paracrine
 Voire endocrine
Familles de cytokines
Il existe différentes familles de cytokines :
 Des cytokines hématopoïétiques qui sont des facteurs de stimulation des colonies. Exemple
: GM-CSF
 On a la famille du facteur de nécrose tissulaire (Tumor-Necrosis-Factor = TNF)
 Les interleukines
 Les chimiokines
 Les interférons
On a donc des effets multiples des cytokines.
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5. Mécanisme de la fièvre
On a des macrophages qui vont être activés suite à la présence de pathogènes. Ces macrophages
activés vont libérer des cytokines (Il-1, IL-6 et TNF-α) qui vont, via la circulation sanguine, agir sur
l'hypothalamus induisant localement la libération de prostaglandine. Ces prostaglandines vont avoir
comme effet d'augmenter la température de référence. On aura donc une augmentation de la
production de chaleur (via les frissons) et une diminution de la perte de chaleur (vasoconstriction
des vaisseaux de la peau).
A l'inverse l'IL-10 a un effet anti-inflammatoire et donc antipyrétique.
Il existe un mécanisme qui peut passer par le nerf vague et, via les neurones adrénergiques, amener
à l'augmentation de la température au niveau de l'hypothalamus.
6. Tableau récapitulatif des médiateurs pro-inflammatoires
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C. Détersion
On a une élimination de l'agent responsable de l'inflammation via la phagocytose.
On a aussi une élimination des cellules de l'hôte lésées lors du processus de l'inflammation, là aussi
par phagocytose
D. Résolution et réparation
1. Système de contrôle
La réponse inflammatoire est limitée dans le temps. On a des systèmes de contrôle de la phase
d'amplification (cytokines anti-inflammatoires, anti-protéases, anti-radicaux libres).
a. Réponse anti-inflammatoire
Il existe des cytokines antagonistes des cytokines pro-inflammatoires : IL-10, TGF-β
On a aussi des cytokines "compétitives" qui bloquent le récepteur de cytokines comme IL-1ra.
On a aussi des récepteurs solubles qui fixent la cytokine avant qu'elle se lie à son récepteur
membranaire comme sR-TNF
Ce rôle anti-inflammatoire est important car une réponse pro-inflammatoire excessive est délétère
pour l'organisme.
b. Production de cortisol
La stimulation de l'hypothalamus va amener à la production de GnRH qui va produire la ACTH qui
va pouvoir agir au niveau des surrénales permettant la libération de cortisol.
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Le cortisol permet :





Une diminution de l'activation des cellules immunitaires
Une diminution de l'expression des molécules d'adhérence sur les cellules épithéliales
Une réduction de la production de chimiokines
Une diminution de la production des cytokines et des médiateurs pro-inflammatoires
Une augmentation de la production des cytokines anti-inflammatoires.
2. Action complémentaire de cellules (macrophages, fibroblastes) et des médiateurs (cytokines,
facteurs de croissance)
Le but est d'avoir un remodelage du tissu (équilibre synthèse/dégradation) et une néo
vascularisation car des vaisseaux ont pu être lésés.
a. Apoptose des PNN sur le site de l'inflammation
Les PN neutrophiles ont une durée de vie relativement courte. Une fois que ces cellules sont
apoptotiques elles pourront être phagocytées par les monocytes-macrophages. On parle
d'efferocytose.
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Une fois que les monocytes-macrophages ont réalisé l'efferocytose, ils prennent un profil M2.
Ce nouveau profil va permettre une baisse de l'induction de la NO synthase inductible mais aussi
une diminution de la libération de médiateurs pro-inflammatoires.
A l'opposé on va avoir une stimulation de la production de l'arginase-1 qui donnera l'ornithine qui
est un acide aminé qui va permettre la croissance des fibroblastes qui synthétise des collagènes pour
réparer les tissus lésés.
On aura aussi la production de médiateurs anti-inflammatoires (Il-10, TGF-β, Il-1ra).
On aura la production de médiateurs lipidiques à activité anti-inflammatoire comme la lipoxine, la
résolvine et la protectine.
Ils vont induire la production des facteurs de croissance permettant le développement du
fibroblaste (production de collagène et de molécules de la MEC).
On aura aussi la production de facteurs angiogéniques (VEGF).
b. Mécanisme des médiateurs lipidiques
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Ces molécules vont avoir pour effet de diminuer l'infiltration dans les tissus des neutrophiles en
agissant sur des protéines du cytosquelette.
Ces molécules vont, au contraire, favoriser l'arrivée des monocytes-macrophages pour phagocyter
les neutrophiles.
c. Exemple de la restauration du tissu cutané
On a phagocytose des PN neutrophiles, avec une augmentation de la vascularisation et la
production de fibroblastes. La brèche va se refermer grâce aux kératinocytes et les fibroblastes
vont prendre un aspect de myofibroblastes pour consolider cette réparation.
3. Scénario
Il existe deux scénarii de résolution et de réparation :
a. Résolution totale
On a une élimination du facteur déclenchant avec une phagocytose des débris cellulaires. On a
donc une détersion efficace.
On a une efficacité des systèmes de contrôle et des systèmes de réparation
On a donc une réparation complète du tissu lésé.
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b. Résolution partielle
On a un défaut d'élimination du facteur déclenchant. C’est le cas dans les allergies (Exemple :
pollen) où l’allergène ne peut être retiré de l’environnement. On a donc une inflammation
chronique qui se met en place.
Autre cas de figure, on a une défaillance des systèmes de contrôle (cytokines pro/anti
inflammatoires ou protéases/antiprotéases, etc.) On peut aussi avoir une inefficacité des systèmes
de réparation des tissus. On aura une fibrose.
Exemples : cirrhose hépatique, fibrose pulmonaire.
III. Balance de l'inflammation
A. Bénéfice et risques
L'inflammation aigue a des effets bénéfiques si elle est contrôlée (homéostasie) car elle permet
l'élimination de l'élément pathogène mais aussi la résolution et la cicatrisation.
Par contre elle peut être délétère quand :
 On a une réponse inflammatoire qui est systémique. On aura une inflammation qui va se
généraliser.
 On a des hypersensibilités (allergies)
 Une inflammation chronique.
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B. Exemple d'une inflammation aigue : Le choc septique
1. Stades
C'est le stade le plus grave d'une infection :
 Le premier stade est le sepsis qui est l'association d'une infection et d'une réponse
inflammatoire systémique.
 Le stade suivant est le sepsis sévère où on a une hypotension ou une dysfonction d'organe
(hypoperfusion d'organe ou défaillance cardiaque, rénale, hépatique, …) qui se met en place.
 Le dernier stade est le choc septique avec une hypotension réfractaire qui est persistante
malgré l'administration de solution de remplissage (cristalloïde 20 à 40 ml/kg)
2. De l'infection aux dysfonctions d'organe
Lors d'une infection locale on a une réponse pro-inflammatoire massive et systémique. Quand ces
molécules sont produites de façon excessive on aura une lésion de l'endothélium et des organes de
l'hôte. On aura donc des défaillances multi-organes.
En parallèle on aura une activation de la coagulation entraînant une altération de la microcirculation et donc, là aussi, des défaillances multi-organes.
C. Exemple d'une inflammation chronique : la silicose
1. Généralités
La silicose est une pneumoconiose. Les pneumoconioses sont des maladies pulmonaires induites
par l'inhalation de poussières inorganiques qui stimulent la fibrose.
La silicose est donc due à l'inhalation de poussières de silice. C'est la plus ancienne pneumopathie
professionnelle décrite (XVIème siècle).
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2. Mécanismes d'action
La silice se dépose au niveau alvéolaire où se trouvent des macrophages. La silice se fixe aux
macrophages via les récepteurs scavenger, entraînant sa phagocytose.
Le phagosome va fusionner avec le lysosome. Néanmoins, la silice va résister à cette dégradation,
elle va même rompre ce phagosome libérant toutes les molécules cytotoxiques contenues dans ce
phagosome.
Le macrophage va réagir en sécrétant des molécules pro-inflammatoires sur le site où sont
présentes les molécules de silice et de la fibrose. Les cellules recrutées vont elles-mêmes produire
des molécules pro-inflammatoires.
De plus le macrophage va mourir, libérant la silice qui va être phagocytée encore une fois, ce qui va
amplifier ce phénomène. La MEC et le collagène étant produit de manière excessive cela va
amplifier la fibrose entraînant une insuffisance respiratoire. L’agent responsable ne peut pas être
éliminé et stimule en permanence le système immunitaire.
IV. Exploration biologique de la réponse inflammatoire
A. Modifications de l'hémogramme
On aura :
 Une anémie par séquestration de fer
 Une hyperleucocytose due aux cytokines hématopoïétiques
 Une hyperplaquettose (ou thrombocytose)
1. Hyperleucocytose
Elle est liée à l'action de cytokines (CM-CSF, G-CSF, M-CSF) ou de chimiokines. On a un effet ciblé de
certaines chimiokines sur certains leucocytes :
 IL-9 et les PNN
 L'éotaxine et les PNE
 MCP-1 et les monocytes
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2. Hyperplaquettose
Elle peut apparaître au cours du syndrome inflammatoire. IL-6 et IL-1β vont agir au niveau du foie
qui va produire plus de thrombopoïétine qui stimule la formation des plaquettes sanguines et la
prolifération de leurs précurseurs (mégacaryocytes).
B. Les protéines de la phase aigue de l'inflammation
1. Mécanisme
Lors d'une agression tissulaire on a une réaction locale avec production, via les macrophages des
cytokines pro-inflammatoires : IL-1, IL-6 et TNF-α. Ces cytokines vont agir au niveau du foie
permettant la production de protéines de la phase aigue de l'inflammation.
Ce sont des protéines dont la concentration est modifiée d'au moins 25% en cas de réaction
inflammatoire. Elles sont produites principalement sous l'effet de l'IL-6, mais aussi d'IL-1 et de TNFα.
Leur concentration plasmatique va augmenter, sauf pour l'albumine et la transferrine dont la
concentration va diminuer car le foie va rediriger sa synthèse protéique vers les protéines de
l'inflammation.
Le syndrome inflammatoire est défini par l'augmentation d'au moins 2 protéines de
l'inflammation.
2. Rôle de ces protéines
Le rôle de ces protéines est la défense de l'organisme en :
 Facilitant l'opsonisation via la CRP et les fractions du complément
 Activant le complément via CRP
 Attirant les leucocytes sur le site inflammatoire via les fractions du complément ou la
protéine sérique amyloïde (SAA)
 Transportant les protéines via l'orosomucoïde et la céruloplasmine
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3. Amplitude de variation des protéines
AUGMENTATION
CRP, SAA
Orosomucoïde, haptoglobine, fibrinogène
Fraction C3, céruloplasmine
x 1000
x 2-4
x 1,5
DIMINUTION
Albumine, transferrine
4. Cinétique
La CRP a une cinétique rapide
L'haptoglobine et l'orosomucoïde ont une cinétique moyenne.
Le C3 a une cinétique lente.
L'albumine et la transferrine présentent une diminution de leur concentration.
5. En pratique
En pratique, on mesure :
 Une protéine à cinétique rapide : la CRP
 Des protéines à cinétiques lentes : l'haptoglobine et l'orosomucoïde
Ces mesures permettent de quantifier et de déterminer l'inflammation
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C. Electrophorèse des protéines
1. Principe
D'une manière générale, on part du sérum que l'on dépose et que l'on fait migrer. En fonction des
molécules qui ont migré on aura des pics.
2. Tracé observé lors d'une inflammation
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D. Vitesse de sédimentation
On réalise un prélèvement du sang dans un tube avec anticoagulant.
Au bout d'une heure on obtient, le plasma, les plaquettes, les globules blancs et les hématies. On
mesure en mm, la distance entre la surface et la zone qui contient les leucocytes.
De très nombreux facteurs modifient la vitesse de sédimentation c'est donc un paramètre peu
spécifique ce qui fait qu'elle est de moins en moins utilisée dans le cadre de l'inflammation :
V. Conclusion
L'inflammation est un mécanisme qui se met en place rapidement. Il fait partie des mécanismes de
l'immunité innée.
L'inflammation met en jeu des acteurs solubles et cellulaires.
L'inflammation est un processus physiologique bénéfique mais qui doit être contrôlé pour éviter :
 Une inflammation aigue excessive
 Une inflammation chronique ou une fibrose.
Kevin CHEVALIER
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