Preuve du Théorème de Moivre-Laplace dans le cas p=1/2 Théorème (Moivre Laplace dans le cas p=1/2) On suppose que pour tout n ∈ N∗ , Xn suit la loi binomiale B(n, 12 ) avec p ∈]0; 1[. On pose Zn = Xn −n/2 √ n/2 . Alors pour tous réels a et b vérifiant a<b, on a lim P (a ≤ Zn ≤ b) = Zb n→+∞ a 2 1 √ e−t /2 dt 2π Preuve √ P (a ≤ Zn ≤ b) = P a 2n + √ n 2 √ ≤ Xn ≤ b n n 2 + 2 . √ b 2n + n2 }. Notons In = {k ∈[0; n]/a 2n + n2 ≤ k ≤ P Ainsi P (a ≤ Zn ≤ b) = k∈In P (Xn = k) Quatre remarques qui seront utiles lors de l’examen de P (Xn = k) : 1. Comme k ≥ a √ n 2 + n2 , lorsque n tend vers+∞, k tend aussi vers +∞. 2. De l’encadrement a Ainsi,k = O(n) et √ k n n 2 + = 1 2 √ n 2 ≤k≤b + O( √1n ). 3. On a de même n − k = O(n) et 1 − n 2 k n + n2 , on déduit que = 1 2 a √ 2 n + 1 2 ≤ k n ≤ b √ 2 n + 12 . + O( √1n ) . 4. Pour nous assurer que k et n − k diffèrent de 0, on peut supposer que n > sup(a2 ; b2 ) On va maintenant chercher un équivalent de P (Xn = k) à l’aide de la formule de Stirling que l’on rappelle ci-dessous. Propriété (formule de Stirling) √ √ n! = 2π nnn e−n × (1 + εn ) avec |εn | < A n où A est une constante réelle indépendante de n. Soit n un entier naturel strictement supérieur à sup(a2 ; b2 ) et soit k ∈ In . P (Xn = k) = n! 1 × k!(n − k)! 2n √ √ n −n 1 2π nn e (1 + εn ) = n×√ √ √ √ k −k 2 2π kk e (1 + εk ) × 2π n − k(n − k)n−k e−(n−k) (1 + εn−k ) On peut simplifier des √ (1) 2π et les termes en exponentielles.On obtient : 1 1 P (Xn = k) = √ × n × 2π 2 r n nn 1 + εn × k × k(n − k) k (n − k)n−k (1 + εk )(1 + εn−k ) 1 (2) Nous allons examiner successivement les différents facteurs de l’expression ci-dessus. Commençons par q n k(n−k) On peut remarquer que : q n k(n−k) = √1 n × √k 1 k n (1− n ) . En utilisant les remarques 2 et 3 ci-dessus et le développement limité r n 1 1 1 =√ ×q =√ × 1 1 k(n − k) n n √ 4 + O( n ) Etudions maintenant 1 2n n × nn kk (n−k)n−k k n−k En remarquant que 2 = 2 × 2 1 1 2 × q 1+ O( √1n ) √1 1+u = 1 + O(u), on déduit que : 2 1 = √ × (1 + O( √ ) n n (3) : et nn = nk × bn−k ,on peut écrire : nn 1 1 × = n−k n k n−k k 2 k (n − k) (2 n )k × 2(1 − nk ) (4) Prenons le logarithme népérien de cette dernière expression : ln ! 1 (2 nk )k × 2(1 − 2k 2k ) − (n − k)ln(2 − ) n n 2k 2k = −k × ln 1 + ( − 1) − (n − k)ln 1 + (1 − ) n n = −k × ln( k n−k n) (5) 2 On applique maintenant le développement limité ln(1+t) = t− t2 +O(t3 ) dans un premier temps à ln 1 + ( 2k n − 1) puis ensuite à ln 1 + (1 − 2k ) . 2k n 2 2k − 1 + O ( 2k − 1)3 # ln 1 + ( n − 1) = n − 1 − 12 × 2k n n 2k 1 2k 2 2k 3 # ln 1 + (1 − 2k n ) = 1 − n − 2 × (1 − n ) + O (1 − n ) On réinjecte ces deux D.L dans l’équation (5), on développe, on réduit et on factorise le tout avec Xcas 2 et on obtient − (2k−n) . 2n 2 On réécrit l’expression − (2k−n) afin de faire apparaître l’espérance et la variance d’une loi B(n, 21 ) : 2n − 4(k − n/2)2 1 (k − n/2)2 (2k − n)2 =− =− 2n 2n 2 n/4 (6) 3 des deux DL. N’oublions pas les termes en O ( 2k n − 1) 3 Réinjectés dans l’équation (5), ils donnent kO ( 2k + (n − k)O (1 − n − 1) De l’expression − 1 = O( √1n ). k n = 1 2 + O( √1n ) obtenue dans la remarque no 2,on déduit 2k 3 n ) que 2k n On a aussi vu dans les remarques (2) et (3) que k = O(n) et n − k = O(n). Ainsi, on peut écrire que : 2k 2k 3 1 1 1 kO ( − 1)3 + (n − k)O (1 − ) = O(n) × O ( √ )3 + O(n) × O ( √ )3 = O √ n n n n n (7) L’équation (5) devient donc : ln 1 n−k (2 nk )k × 2(1 − nk ) ! =− 1 (k − n/2)2 +O 2 n/4 2 1 √ n (8) En passant à l’exponentielle et en utilisant le développement limité eu = 1 + O(u),on peut écrire que : 1 n−k (2 nk )k × 2(1 − nk ) =e − 21 (k−n/2)2 n/4 Il ne reste plus qu’à examiner le terme +O √1 n 2 1 (k−n/2) n/4 = e− 2 1+εn (1+εk )(1+εn−k ) ×e √1 n O 2 1 (k−n/2) n/4 = e− 2 1 × (1 + O( √ )) (9) n : Par définition des « ε », il existe une constante réelle A telle que εn < A n, 1 Ce qui signifie que εn = O( n1 ), εk = O( k1 ) et εn−k = O( n−k ). On a supposé n > sup(a2 ; b2 ), ce qui implique que 0 < a Par conséquent √n1 n ≤ k1 ≤ √n1 n .Ce qui s’écrit b 2 +2 a 2 +2 encadrement que k1 = O( n1 ). On peut obtenir de même 1 n Ce qui permet d’affirmer que (1+εk1+ε )(1+εn−k ) = O( n ). √ n 2 + n 2 1 n εk < √ ≤k≤b encore × √b 2+1 n 1 que n−k = O( n1 ). n 2 ≤ A k et εn−k < A n−k . + n2 . 1 k ≤ 1 n × On déduit de cet 2 √a +1 n Ainsi tous les « ε »sont des O( n1 ). En réinjectant le résultat ci-dessus ainsi que les résultats (3) et (9) dans l’égalité (2), on obtient : 2 1 (k−n/2) 2 1 1 P (Xn = k) = √ × √ × e− 2 n/4 × (1 + O( √ )) n n 2π (10) Remarque On peut interpréter graphiquement le résultat ci-dessus avant de poursuivre la démonstration. La densité de probabilité d’une loi normale d’espérance n 2 et d’écart type √ n 2 2 1 (x−n/2) n/4 a pour expression fn (x) = e− 2 . La relation (10) implique donc que, lorsque n tend vers +∞, P (Xn = k) ∼ fn (k). Le graphique ci-dessous illustre cela. Retour à la preuve Grâce à l’égalité (10), on peut écrire que P (a ≤ Zn ≤ b) = X k∈In X P (Xn = k) = k∈In 2 1 (k−n/2) 1 1 2 √ × √ × e− 2 n/4 × (1 + O( √ )) n n 2π La variable aléatoire Zn prend pour valeur les nombres zk = k−n/2 √ n/2 pour k allant de 1 à n. Si on note f la densité de probabilité de la loi normale N (0; 1) qui est, rappelons le, définie par f (x) = P alors P (a ≤ Zn ≤ b) = k∈In √2n × f (zk ) × (1 + O( √1n )). √1 2π 2 × e−x /2 Notons i = min{k ∈ In } et j = max{k ∈ In }. On a donc j j X X 2 2 1 √ √ × f (zk ) × O( √ ) P (a ≤ Zn ≤ b) = × f (zk ) + n n n k=i k=i Pour démontrer le théorème de Moivre-Laplace,nous allons étudier la différence |P (a ≤ Zn ≤ b) − Rb a f (x)dx| De ce qui précède et de l’inégalité triangulaire, on déduit que : j Z b Z b j X 2 X 2 1 √ × f (zk ) − √ × f (zk ) × |O( √ )| f (x)dx ≤ f (x)dx + P (a ≤ Zn ≤ b) − n n n a a k=i k=i 3 (11) Nous allons étudier successivement les deux termes de la somme ci-dessus. Commençons par le second : Comme les zk forment une subdivision régulière de l’intervalle [a ;b] de pas somme est majorée par (b − a)( √ n 2 √2 , n le nombre de termes de cette + 1). En remarquant de plus que f est majorée par 1, on en déduit que : √ j X 2 n 2 1 1 2 1 √ × f (zk ) × |O( √ )| ≤ (b − a)( + 1) × √ × |O( √ )| ≤ (b − a)(1 + √ ) × |O( √ )| 2 n n n n n n (12) k=i Passons maintenant au premier terme de la somme (11) : Cette somme ressemble à une somme de Riemann au bord près. En effet les zk réalisent une subdivision de [a; b] de pas √2 n mais qui ne commence pas à a et ne se termine pas à b. Elle commence à zi et se termine à zj où i et j ont été défini un peu plus haut. On fait apparaître des intégrales dans la première somme, en intégrant la fonction constantex 7→ f (zk ) sur l’intervalle [zk ; zk+1 ] qui a pour longueur R zk+1 Rb √2 : √2 × f (zk ) = f (zk )dx. Puis on écrit a f (x)dx sous forme de somme en utilisant la relation de Chasles zk n n et en faisant attention aux bords comme signalé ci-dessus. On obtient donc : j Z b Z zi Z b j−1 Z zk+1 j−1 Z zk+1 X 2 2 X X √ × f (zk ) − f (x)dx ≤ √ f (zj ) + f (zk )dx − f (x)dx − f (x)dx − f (x)dx n n a zk zk a zj k=i k=i 2 ≤ √ f (zj ) + n k=i j−1 Z X k=i zk+1 |f (zk ) − f (x)|dx + zi Z zk f (x)dx + Z a b f (x)dx zj (13) D’une part f est majorée par 1, et les intervalles [a; zi ] et [zj ; b] ont une longueur inférieure ou égale à √2 n par définition de i et j. Ce qui permet de majorer les termes Rz √2 f (zj ), i a n f (x)dx et Rb zj f (x)dx par √2 . n D’autre part, la fonction f étant lipschitzienne (sa dérivée est bornée), il existe un réel strictement positif M tel que |f (zk ) − f (x)| ≤ M |zk − x|. Or lorsque x apparient à l’intervalle [zk ; zk+1 ] qui a pour longueur √2 , n |zk − x| ≤ √2 . n On en déduit que : Z zk+1 |f (zk ) − f (x)| ≤ zk Z zk+1 M |zk − x|dx zk zk+1 Z ≤ zk 2 M × √ dx n 2 ≤ (zk+1 − zk ) × M × √ n 2 2 ≤ √ ×M × √ n n 4M ≤ n En sommant ces inégalités (il y en a au plus (b − a)( j−1 Z X k=i zk+1 zk |f (zk ) − f (x)|dx ≤ j−1 X 4M k=i n (14) √ n 2 + 1)), on on obtient : √ ≤ (b − a)( n 4M + 1) × 2 n (15) Finalement, j √ Z b X 2 2 n 4M √ × f (zk ) − f (x)dx ≤ 3 × √ + (b − a)( + 1) × 2 n n n a k=i Les majorations (12) et (16) reportées dans l’inégalité (11) terminent la démonstration . . . 4 (16)