C Les soins de support en 2016 RÉTROSPECTIVE PERSPECTIVES

140 | La Lettre du Cancérologue Vol. XXVI - n° 3 - mars 2017
RÉTROSPECTIVE
PERSPECTIVES
F. Scotté
Les soins de support en 2016
Supportive care in 2016
F. Scotté*, **, P. Leroy*, C. Thibault**
* Unité fonctionnelle de soins onco-
logiques de support, pôle Cancéro-
logie, spécialités, hôpital européen
Georges-Pompidou, Paris.
** Service d’oncologie médicale, pôle
Cancérologie, spécialités, hôpital
européen Georges-Pompidou, Paris.
C
omme les années précédentes, les soins
de support ont occupé en 2016 une place
importante dans les publications scienti-
fiques en oncologie. Le développement des théra
-
peutiques innovantes et de la médecine de précision
engendre de nouvelles conceptions de la toxicité, de
la tolérance et des parcours de soins. D’impor tantes
recommandations dans le cadre des antiémétiques,
mais également de la prise en charge de la douleur
cancéreuse ont été mises à jour en 2016, preuve
que cette thématique des soins et traitements de
support mérite et nécessite de suivre des recom-
mandations de niveau international, portées par les
sociétés savantes. LAsso ciation francophone pour les
soins oncologiques de support (AFSOS) n’est pas en
retrait de ce travail de recommandations, qui sont
disponibles sur son site (www.afsos.org).
Immunothérapies
La prescription d’une immunothérapie doit
reposer sur des règles rigoureuses et une vigi-
lance parti culière, tant dans l’indication posée et
l’administration du traitement que dans le suivi
post-thérapeutique. Lexpérience de l’équipe du
Gustave-Roussy Cancer Campus – Grand Paris (Ville-
juif) dans le domaine des thérapeutiques innovantes
est reconnue à l’échelle internationale. Ses recom-
mandations d’utilisation des immunothérapies ont
été mises à la disposition des équipes internationales
afin de leur permettre de mieux prendre en charge
les patients traités (1). Cette prise en charge repose
sur 5 étapes.
La prévention : elle s’appuie sur la connaissance
qu’a le prescripteur des différentes toxicités possibles
et sur l’information des patients. Les risques indi-
viduels auto-immuns doivent être évalués avant
de commencer le traitement (antécédents person-
nels et familiaux ; par exemple, suivi pour maladie
chronique, corticothérapie au long cours, rhuma-
tisme chronique, inflammation intestinale chronique,
dysthyroïdies). Certaines situations ou comorbidités
doivent être prises en compte (gériatrie, dysfonc-
tions hépatiques et rénales, etc.), de même que les
risques d’interactions (anticoagulants, antiagrégants,
stéroïdes, antihistaminiques, anti-inflammatoires
non stéroïdiens [AINS], anti-arythmiques anticonvul-
sivants, antipsychotiques, anti-hypertension arté-
rielle [HTA], antibiotiques et statines).
L’anticipation : elle impose un bilan complet
clinique et biologique, avant, pendant et après le
traitement.
La détection et le diagnostic : 3 étiologies doivent
être considérées en cas d’événement indésirable
(la progression tumorale, un événement fortuit et
une toxicité auto-immune). Les effets indésirables
surviennent essentiellement entre 5 et 15 semaines
après le début du traitement – dermatologiques
(5 semaines), digestifs (7,3 semaines), hépatiques
(7,7 semaines), pour les précoces ; pulmonaires
(8,9 semaines), endocriniens (10,4 semaines) et
rénaux (15,1 semaines), pour les tardifs.
Le traitement : il repose sur les corticostéroïdes à
dose régressive sur 1 mois, éventuellement associés
à un immunosuppresseur. L’autre possibilité reste
évidemment l’interruption du traitement. L’avis d’un
spécialiste de l’organe atteint est souvent nécessaire
et un réseau de contacts doit être mis en place.
Le suivi : un suivi étroit doit être mené en cours
de traitement comme en cas de complication.
Le bilan complet proposé par l’équipe du Gustave-
Roussy Cancer Campus est présenté dans le
tableau I.
Y a-t-il un lien entre immunothérapie et incompa-
tibilité transfusionnelle ?
Les anticorps monoclonaux peuvent entraîner des
faux positifs lors des tests prétransfusion, suscep-
tibles de générer des délais dans le rendu des résul-
tats et la délivrance des produits sanguins, et donc
des accidents transfusionnels.
Lexemple du daratumumab, anticorps mono-
clonal anti-CD38 indiqué dans le traitement des
myélomes multiples, a été présenté dans le cadre
d’une lettre à l’éditeur du New England Journal of
Medicine, afin d’alerter la communauté médicale sur
les risques encourus (2). Les équipes investigatrices
lors des essais de phases I et II de cette molécule
ont observé des perturbations des tests sanguins
de routine avec, notamment, l’apparition de faux
La Lettre du Cancérologue Vol. XXVI - n° 3 - mars 2017 | 141
Résumé
positifs. Une méthode permettant d’éliminer les
interférences par recours au dithiothréitol a ainsi
été développée, l’autre solution étant de réaliser
des contrôles phénotypiques et génotypiques des
culots globulaires. L’auteur a insisté sur l’importance
de mener des investigations aux phases précoces de
développement des nouvelles thérapeutiques afin
d’éviter les risques encourus par des incompatibilités
transfusionnelles.
La neurotoxicité des immunothérapies a été décrite
dans le cadre de 2 publications, dont la première par
une équipe anglaise du Royal Marsden Hospital (3).
Les auteurs ont rapporté leur expérience de neuro-
toxicité liée au traitement par inhibiteurs des check-
points immunologiques (ICPi) chez les patients
traités pour un mélanome, en s’appuyant sur une
revue de la littérature. Il est intéressant de noter que
cette toxicité concernait moins de 1 % des patients
dans les études publiées.
Sur les 352 patients traités entre 2010 et 2015
par ipilimumab, nivolumab, pembrolizumab ou
l’asso ciation ipilimumab + nivolumab, une toxi-
cité neurologique a été rapportée par 2,8 % des
patients (n = 10), d’intensité variable (de grade 1
à 4 selon le CTCAE v4.0). Les atteintes ont été le plus
souvent périphériques (n = 7/10), mais des atteintes
centrales ont également été décrites (n = 3/10).
Sur les 7 patients ayant une atteinte périphérique,
4 en ont eu une de grade 3-4. La moitié des patients
ayant présenté une toxicité neurologique avait reçu
l’association ipilimumab + nivolumab, augmentant
ainsi l’incidence des neurotoxicités en cas de bithé-
rapie à 14 %. Les toxicités neurologiques ont été :
syndrome de Guillain-Barré (n = 1) ;
neuropathie du nerf phrénique (n = 1) ;
plexopathie lombaire bilatérale (n = 1) ;
neuropathie périphérique motrice (n = 1) ;
méningite aseptique (n = 3) ;
neuropathie périphérique (n = 2) ;
neuropathie sensitive douloureuse (n = 1).
Certaines de ces toxicités sont survenues après
seulement 1 cycle (n = 2) ou 2 cycles (n = 2) de
traitement par ICPi. En tout, 5 patients ont reçu
une corticothérapie, et 3 ont connu une évolution
favorable. Sur les 10 patients ayant eu une toxi-
cité neurologique, 7 ont eu également une réponse
radiologique.
Les soins de support et les traitements qui y sont rattachés font toujours lobjet dune activité scientifique
riche. Un retour bibliographique sur l’année 2016 apporte des enseignements autour des mises à jour
de recommandations, telles que celles traitant des antiémétiques ou de la prise en charge de la douleur
cancéreuse.
Le développement des thérapeutiques innovantes impose une vigilance sur les tolérances et les solutions
offertes pour limiter et prévenir les toxicités induites. L’anémie et la neutropénie restent d’actualité.
Le droit à l’oubli des patients en rémission d’un cancer fait également partie de cette thématique,
puisque directement rattaché à la phase après-cancer.
Mots-clés
Cancer
Soins de support
Antiémétiques
Douleur
Anémie
Neutropénie
Immunothérapie
Summary
Supportive care and supportive
treatments had been subjects
of important highlights in 2016.
The review of scientific litera-
ture gives educational news on
updated guidelines in antieme-
tics and pain management.
Enhancement of precision
medicine leads to rigorous
attention to prevent toxici-
ties and anticipate safety.
Anemia and neutropenia are
kept in mind threw trials and
practical data. The “right to
forget” developed in France
for survivors is one of the
crucial highlights, specifically
in the context of the 3d French
National Cancer Act.
Keywords
Cancer
Supportive care
Antiemetics
Pain
Anemia
Neutropenia
Immunotherapy
Tableau I. Bilan avant immunothérapie (1).
Examen clinique Biologie
Indice de performance status (PS) NFS plaquettes
Poids, taille, indice de masse corporelle Ionogramme sanguin complet (Na, K, RA, Ca, Ph, Mg, acide
urique, urée, créatinine et clairance [MDRD ou CKD EPI])
Pouls, tension artérielle Glycémie
Symptômes généraux (asthénie, perte d’appétit) BT, ASAT, ALAT, GGT, PAL
Vigilance à des symptômes préexistants : transit,
dyspnée, toux, rash, nausées, céphalées, arthralgie,
neuropathies motrices ou sensitives
Albuminémie, CRP
Fièvre et infections récentes à investiguer TSH, T4
ECG à l’inclusion Cortisolémie, ACTH à 8 h
Traitements en cours LH, FSH, estradiol, testostérone
Imagerie Protéinurie du matin
QuantiFERON®-TB Gold Plus
Radio du thorax de référence à l’inclusion Sérologies VIH, VHB, VHC
Scanner thoracique préthérapeutique à coupes fines,
avec et sans injection en référence en cas de toxicité
pulmonaire
Anticorps ANA, TPO, Tg
Tout autre facteur nécessaire en congélation
142 | La Lettre du Cancérologue Vol. XXVI - n° 3 - mars 2017
Les soins de support en 2016
RÉTROSPECTIVE
PERSPECTIVES
La seconde publication a également reposé sur une
revue complète, symptomatique et étiologique,
des neurotoxicités liées aux traitements anti-
cancéreux (4). En se fondant sur une revue de la
littérature de 2000 à 2016, les auteurs ont analysé
les différents troubles neurologiques rencontrés en
cancérologie. Après avoir éliminé les diagnostics
différentiels tels que les accidents neurologiques
itératifs, les syndromes paranéoplasiques et les
progressions tumorales à tropisme neurologique,
ils ont évalué les différentes grandes classes de
syndromes neurologiques et rattaché les molé-
cules en cause.
Les grandes classes de neurotoxicité centrale sont
les encéphalopathies aiguës et chroniques (dont
le “chemobrain”) et les accidents vasculaires, ou
encore les crises convulsives. Les neurotoxicités
périphériques sont souvent des dysesthésies mais
peuvent également revêtir l’aspect de myasthénies.
Les immunothérapies ont bien entendu été citées
dans l’article, notamment au regard des mécanismes
auto-immuns, les hypophysites et les myasthénies
étant au premier plan. Si ces dernières sont relati-
vement rares, de l’ordre de 1 % avec apparition dans
les 6 semaines suivant l’induction thérapeutique,
les hypophysites ont une incidence de 1 à 6 % avec
les inhibiteurs de PD-1 et de PD-L1, mais elles sont
probablement sous-estimées et toucheraient jusqu’à
18 % des patients sous anti-CTLA-4 (dont 5 % de
grade 3). Fatigue et céphalées en sont souvent les
symptômes annonciateurs. Les traitements comme
les mécanismes d’action sont souvent méconnus et
reposent sur la duloxétine dans le cas des neuro-
pathies périphériques et l’adaptation thérapeutique
avec corticothérapie dans les autres cas, notamment
ceux liés à l’auto-immunité.
Nausées et vomissements
Le fosaprépitant est un antiémétique, inhibiteur de
neurokinine de type 1, précurseur de l’aprépitant,
et présente l’avantage d’être administré par intra-
veineuse (i.v.) uniquement à J1.
Une étude randomisée multicentrique internationale
en double aveugle, menée auprès de 1 015 patients
traités par une chimiothérapie modérément éméti-
sante non AC (anthracycline + cyclophosphamide),
avait pour objectif d’évaluer la supériorité, en termes
d’efficacité, d’une injection unique de fosaprépitant
(150 mg) à J1 sur un placebo, en association avec
une bithérapie sétron + corticoïdes à J1 et sétron
à J2 et J3 (5).
Les protocoles de chimiothérapie ont été à base
de carboplatine dans 53 % des cas et d’oxaliplatine
dans 22 % des cas.
Le fosaprépitant a permis une augmentation des
taux de réponse complète de 10,4 et 10,2 %, respec
-
tivement, lors des phases retardées et globales
(p < 0,001), par rapport au placebo. Rappelons
que le taux de réponse complète s’entend comme
l’absence de vomissement et de recours à un trai-
tement de secours. Les résultats ont également
été supérieurs isolément, sur l’absence de vomis-
sement, la durée jusqu’au premier vomissement et
le recours aux traitements de secours. Le taux de
patients sans nausée a aussi été supérieur dans le
bras fosaprépitant (83,1 versus 78,3 % ; p = 0,026).
En termes d’impact sur la qualité de vie, suivant le
questionnaire FLIE (Functional Living Index Emesis),
les résultats ont également été en faveur du fosapré-
pitant.
En termes de tolérance, aucune différence n’a été
enregistrée entre les 2 groupes de traitement.
La MASCC (Multinational Association for Supportive
Care in Cancer) fixe un seuil minimal de 10 % de
bénéfice obtenu en taux de réponse pour engager
un changement des recommandations antiémé-
tiques. Au regard des résultats de cette étude, on
pouvait donc imaginer une réflexion dans le cadre de
la mise à jour des recommandations antiémétiques
MASCC-ESMO, en faveur du recours à l’utilisation du
fosaprépitant en association à un sétron et des corti
-
coïdes en prévention des nausées et vomissements
induits par des chimiothérapies modérément éméti-
santes. Pour rappel, l’aprépitant et le fosaprépitant
ont montré leur équivalence en termes d’efficacité…
Il s’agit donc d’un résultat majeur dans le domaine
antiémétique.
Une autre molécule, plus ancienne, a également
défrayé la chronique cette année. Lolanzapine,
antipsychotique utilisé en psychiatrie, a été évaluée
dans le cadre d’une étude de phase III randomisée
en double aveugle (6). Lobjectif de l’essai était de
tester l’efficacité de l’olanzapine à 10 mg/j par voie
orale par rapport au placebo, en prévention des
nausées et sur le taux de réponses complètes (pas
de vomissement, pas de traitement de secours) en
prévention des chimiothérapies hautement éméti-
santes. Les 380 patients inclus dans les 2 bras de
traitement (placebo ou olanzapine) ont reçu une
association prophylactique standard par :
palonosétron 0,25 mg i.v. ou granisétron 1 mg i.v.
ou 2 mg p.o. ou ondansétron 8 mg i.v. ou p.o. ;
dexaméthasone 12 mg à J1 puis 8 mg de J2 à J4 ;
La Lettre du Cancérologue Vol. XXVI - n° 3 - mars 2017 | 143
RÉTROSPECTIVE
PERSPECTIVES
un inhibiteur de neurokinine de type 1 (fosapré-
pitant 150 mg à J1 ou aprépitant 125 mg à J1 puis
80 mg à J2 et J3.
Un tiers des patients étaient traités suivant un proto
-
cole à base de cisplatine et les autres par une asso-
ciation anthracycline + cyclophosphamide.
Les résultats ont tous été significatifs, et en faveur
du recours à l’association prophylactique standard
avec olanzapine 10 mg p.o.
Objectif principal : pas de nausée
en phase aiguë (entre 0 et 24 heures :
73,8 versus 45,3 % ; p < 0,001) ;
en phase retardée (entre 24 et 120 heures :
42,4 versus 25,4 % ; p = 0,001) ;
sur la période globale (entre 0 et 120 heures :
37,3 versus 21,9 % ; p = 0,002).
Objectif secondaire : réponse complète
en phase aiguë (85,7 versus 64,6 % ;
p < 0,001) ;
en phase retardée (66,9 versus 52,4 % ;
p = 0,007) ;
sur la période globale (63,6 versus 40,6 % ;
p < 0,001).
La tolérance a été semblable dans les 2 groupes,
en dehors d’une sédation plus importante dans le
groupe olanzapine. Les différences enregistrées,
encore supérieures à 10 %, pouvaient laisser suggérer
un impact à venir sur les recommandations MASCC-
ESMO. Ces dernières ont été mises à jour, publiées
et présentées au même moment lors du congrès
ESMO 2016 à Copenhague (7).
Les principaux changements ont porté sur les points
suivants (tableau II) :
classification en risque hautement émétisant de
l’association anthracycline + cyclophosphamide (elle
était auparavant considérée comme modérément
émétisante) ;
introduction des nouveaux inhibiteurs de
neurokinine de type 1 (fosaprépitant, nétupitant,
rolapitant) dans les protocoles de prévention, au
même titre que l’aprépitant ;
introduction d’une prophylaxie par inhibiteur de
neurokinine de type 1 en prévention des nausées et
vomissements induits par le carboplatine (chimio-
thérapie classée comme étant à risque modéré), sans
modification des précédentes recommandations pour
les autres chimiothérapies modérément émétisantes ;
recommandation d’utilisation d’un inhibiteur de
neurokinine de type 1 associé à la dexaméthasone et à
un sétron dans les chimiothérapies sur plusieurs jours
(sans que le mode d’administration ait été défini…) ;
des recommandations concernant les nausées
et vomissements induits par la radiothérapie ont
également été proposées.
Cette mise à jour a donc marqué l’introduction des
inhibiteurs de neurokinine de type 1 en prévention
des nausées et vomissements induits par le carbopla-
tine. Toutefois, aucune modification n’a été apportée
pour les autres chimiothérapies modérément éméti-
santes. Les facteurs de risque de nausées et vomisse-
ments n’ont pas non plus été revus, de même que la
place de l’olanzapine, malgré la publication du New
England Journal of Medicine.
Neuropathies
Loxaliplatine peut être à l’origine d’une neuro-
pathie sensitive. L’allodynie au froid et l’allodynie
mécanique sont des symptômes fréquemment
retrouvés dans la neuropathie due à l’oxaliplatine
et peuvent être aigus dans les heures suivant l’injec-
tion, mais aussi chroniques, d’installation pérenne
dans le temps, en fonction de la dose cumulative.
Tableau II. Prophylaxie antiémétique MASCC-ESMO 2016 (7).
Groupe à risque Phase aiguë (J1) Phase retardée (J2-J3)
Hautement émétisant – non AC Sétron + dexaméthasone + NK1 Dexaméthasone ou si aprépitant 125mg àJ1 :
MCP+ dexaméthasone ou aprépitant 80 mg
Hautement émétisant AC Sétron + dexaméthasone + NK1 Rien ou si aprépitant 125 mg àJ1:
dexaméthasone ou aprépitant 80 mg
Modérément émétisant – carboplatine Sétron + dexaméthasone + NK1 Rien ou si aprépitant 125 mg àJ1: aprépitant 80 mg
Modérément émétisant – non carboplatine Sétron + dexaméthasone Rien (ou dexaméthasone à considérer si oxaliplatine,
cyclophosphamide ou anthracycline)
Faiblement émétisant Sétron ou dexaméthasone oudompéridone Rien
Très faiblement émétisant Rien Rien
AC: anthracycline + cyclophosphamide; MCP : métoclopramide; NK1 : inhibiteur du récepteur neurokinine de type 1 tels que aprépitant, fosaprépitant, rolapitant ou NEPA (palonosétron et nétupitant);
sétron: palonosétron préféré si pas d’utilisation de NK1 à J1.
144 | La Lettre du Cancérologue Vol. XXVI - n° 3 - mars 2017
Les soins de support en 2016
RÉTROSPECTIVE
PERSPECTIVES
Une étude randomisée en double aveugle, versus
placebo, a évalué l’efficacité de la venlafaxine dans
la prévention de la neuropathie induite par l’oxali-
platine (8). En tout, 50 patients atteints d’un cancer
du côlon et traités par FOLFOX (acide folinique,
5-FU, oxaliplatine) ont été randomisés pour recevoir
de la venlafaxine à libération prolongée (37,5 mg)
ou un placebo, à compter du début du traitement
(premier ou deuxième cycle). La neurotoxicité a été
évaluée par les patients et les médecins, à l’inclu-
sion puis à 1, 3, 6 et 12 mois. Les résultats n’ont pas
montré de différence entre les 2 groupes concernant
la neuropathie aiguë. Il a principalement été noté
une diminution non significative de l’inconfort à la
déglutition. De même, concernant la neuropathie
chronique, il n’y a eu aucune amélioration dans le
groupe venlafaxine (p = 0,55), avec certains items
plutôt en faveur du groupe placebo.
L’action du laser basse fréquence (Low Level Light
Therapy [LLLT]) sur les neuropathies induites par
l’oxaliplatine a été testée sur un modèle murin (9).
Lévaluation a porté sur les réponses comportemen-
tales, les taux de NGF et TRPM8 dans les ganglions
rachidiens, ainsi que sur la substance P (SP) dans la
corne dorsale de la moelle. Les rats des différents
groupes ont tous reçu un total de 4 doses d’oxali-
platine (4 mg/kg, intrapéritonéal), injectée à 3 jours
d’intervalle. Après l’administration de l’oxaliplatine,
le LLLT (7,5 J/ cm2) a été appliqué pendant 12 jours
consécutifs dans le territoire cutané du nerf scia-
tique. Une évaluation comportementale a ensuite
été réalisée, suivie par des dosages immunologiques
pour les protéines NGF, TRPM8, et SP.
Les résultats ont montré, dans le groupe LLLT, un
soulagement des allodynies au froid et mécanique
(évaluation comportementale des animaux). De plus,
l’augmentation des protéines NGF et TRPM8 dans
les ganglions rachidiens et de la SP dans la corne
dorsale a également été réduite après LLLT.
Dans le cadre de cette même thématique des neuro-
pathies chimio-induites, les facteurs de risques ont
été étudiés.
Les auteurs d’une étude évaluant ces facteurs
ont rappelé que l’incidence des neuropathies
périphériques de grades 2-4 sous taxane variait
de 15 à 23 % (10). L’objectif de cette étude rétro-
spective était de colliger les données de patients âgés
de plus de 65 ans traités par taxane, entre 1999 et
2011, dans le cadre de 23 études de phase II ou III,
afin d’identifier des facteurs prédictifs de survenue
d’une neuropathie chimio-induite.
Les données de 1 401 patients ont été analysées.
L’âge médian de la population était de 72 ans, il y
avait une majorité d’hommes (72 %). Les sites tumo-
raux les plus fréquents ont été, par ordre décroissant :
prostate, bronche, sein, ORL et vessie/ovaire. Un
quart de la population présentait un diabète (26 % ;
n = 368) et 8 % avaient une maladie auto-immune.
Le taux global de survenue d’une neuropathie péri-
phérique de grade 2-4 a été de 18 % dans la popu-
lation globale. Neuf pour cent ont présenté une
neuropathie de grade 3-4. Ce taux a été plus élevé
dans la population de patients traités par paclitaxel
que dans celle l’ayant été par docétaxel (25 versus
12 % ; OR = 2,2 ; IC
95
: 1,52-3,18 ; p < 0,001).
L’adjonction d’un sel de platine a augmenté le
risque de développer une neuropathie de grades 2-4
(OR = 1,68 ; IC
95
: 1,18-2,40 ; p = 0,004). En analyse
multivariée, les facteurs associés à la survenue d’une
neuropathie de grade 2-4 ont été l’âge et la présence
d’un diabète. En revanche, les patients atteints d’une
maladie auto-immune ont été 2 fois moins à risque
de développer une neuropathie (OR = 0,49 ; IC95 :
0,24-1,02 ; p = 0,06).
Métastases osseuses
Une analyse post hoc de 3 études randomisées de
phase III dans les cancers du sein, de la prostate et
dans d’autres tumeurs solides a comparé les effets
du dénosumab (anti-RANK ligand) à ceux de l’acide
zolédronique sur la survenue d’événements dans le
cadre de métastases osseuses (11).
Les patients ont été randomisés en 2 cohortes : déno-
sumab 120 mg s.c. ou acide zolédronique 4 mg i.v.
toutes les 4 semaines (avec adaptation à la fonction
rénale).
Lobjectif principal était le délai jusqu’au premier
événement osseux (évalué en non-infériorité ou en
supériorité). La survenue des événements ultérieurs
durant l’étude était considérée comme un objectif
secondaire. Le dosage urinaire de N-télopeptides
a également été évalué, en plus d’autres données,
telles que le site de fracture.
Les résultats des 5 372 patients inclus dans les
3 essais ont été analysées. Lefficacité du dénosumab
s’est révélée significativement supérieure à celle de
l’acide zolédronique sur la survenue d’événements
osseux, dans la population globale (quels que soient
les sous-groupes, en dehors de celui des fractures
distales) et dans les populations des 3 cohortes
(cancers du sein, de la prostate et autres tumeurs
solides).
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