144 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXVI - n° 3 - mars 2017
Les soins de support en 2016
RÉTROSPECTIVE
PERSPECTIVES
Une étude randomisée en double aveugle, versus
placebo, a évalué l’efficacité de la venlafaxine dans
la prévention de la neuropathie induite par l’oxali-
platine (8). En tout, 50 patients atteints d’un cancer
du côlon et traités par FOLFOX (acide folinique,
5-FU, oxaliplatine) ont été randomisés pour recevoir
de la venlafaxine à libération prolongée (37,5 mg)
ou un placebo, à compter du début du traitement
(premier ou deuxième cycle). La neurotoxicité a été
évaluée par les patients et les médecins, à l’inclu-
sion puis à 1, 3, 6 et 12 mois. Les résultats n’ont pas
montré de différence entre les 2 groupes concernant
la neuropathie aiguë. Il a principalement été noté
une diminution non significative de l’inconfort à la
déglutition. De même, concernant la neuropathie
chronique, il n’y a eu aucune amélioration dans le
groupe venlafaxine (p = 0,55), avec certains items
plutôt en faveur du groupe placebo.
L’action du laser basse fréquence (Low Level Light
Therapy [LLLT]) sur les neuropathies induites par
l’oxaliplatine a été testée sur un modèle murin (9).
L’évaluation a porté sur les réponses comportemen-
tales, les taux de NGF et TRPM8 dans les ganglions
rachidiens, ainsi que sur la substance P (SP) dans la
corne dorsale de la moelle. Les rats des différents
groupes ont tous reçu un total de 4 doses d’oxali-
platine (4 mg/kg, intrapéritonéal), injectée à 3 jours
d’intervalle. Après l’administration de l’oxaliplatine,
le LLLT (7,5 J/ cm2) a été appliqué pendant 12 jours
consécutifs dans le territoire cutané du nerf scia-
tique. Une évaluation comportementale a ensuite
été réalisée, suivie par des dosages immunologiques
pour les protéines NGF, TRPM8, et SP.
Les résultats ont montré, dans le groupe LLLT, un
soulagement des allodynies au froid et mécanique
(évaluation comportementale des animaux). De plus,
l’augmentation des protéines NGF et TRPM8 dans
les ganglions rachidiens et de la SP dans la corne
dorsale a également été réduite après LLLT.
Dans le cadre de cette même thématique des neuro-
pathies chimio-induites, les facteurs de risques ont
été étudiés.
Les auteurs d’une étude évaluant ces facteurs
ont rappelé que l’incidence des neuropathies
périphériques de grades 2-4 sous taxane variait
de 15 à 23 % (10). L’objectif de cette étude rétro-
spective était de colliger les données de patients âgés
de plus de 65 ans traités par taxane, entre 1999 et
2011, dans le cadre de 23 études de phase II ou III,
afin d’identifier des facteurs prédictifs de survenue
d’une neuropathie chimio-induite.
Les données de 1 401 patients ont été analysées.
L’âge médian de la population était de 72 ans, il y
avait une majorité d’hommes (72 %). Les sites tumo-
raux les plus fréquents ont été, par ordre décroissant :
prostate, bronche, sein, ORL et vessie/ovaire. Un
quart de la population présentait un diabète (26 % ;
n = 368) et 8 % avaient une maladie auto-immune.
Le taux global de survenue d’une neuropathie péri-
phérique de grade 2-4 a été de 18 % dans la popu-
lation globale. Neuf pour cent ont présenté une
neuropathie de grade 3-4. Ce taux a été plus élevé
dans la population de patients traités par paclitaxel
que dans celle l’ayant été par docétaxel (25 versus
12 % ; OR = 2,2 ; IC
95
: 1,52-3,18 ; p < 0,001).
L’adjonction d’un sel de platine a augmenté le
risque de développer une neuropathie de grades 2-4
(OR = 1,68 ; IC
95
: 1,18-2,40 ; p = 0,004). En analyse
multivariée, les facteurs associés à la survenue d’une
neuropathie de grade 2-4 ont été l’âge et la présence
d’un diabète. En revanche, les patients atteints d’une
maladie auto-immune ont été 2 fois moins à risque
de développer une neuropathie (OR = 0,49 ; IC95 :
0,24-1,02 ; p = 0,06).
Métastases osseuses
Une analyse post hoc de 3 études randomisées de
phase III dans les cancers du sein, de la prostate et
dans d’autres tumeurs solides a comparé les effets
du dénosumab (anti-RANK ligand) à ceux de l’acide
zolédronique sur la survenue d’événements dans le
cadre de métastases osseuses (11).
Les patients ont été randomisés en 2 cohortes : déno-
sumab 120 mg s.c. ou acide zolédronique 4 mg i.v.
toutes les 4 semaines (avec adaptation à la fonction
rénale).
L’objectif principal était le délai jusqu’au premier
événement osseux (évalué en non-infériorité ou en
supériorité). La survenue des événements ultérieurs
durant l’étude était considérée comme un objectif
secondaire. Le dosage urinaire de N-télopeptides
a également été évalué, en plus d’autres données,
telles que le site de fracture.
Les résultats des 5 372 patients inclus dans les
3 essais ont été analysées. L’efficacité du dénosumab
s’est révélée significativement supérieure à celle de
l’acide zolédronique sur la survenue d’événements
osseux, dans la population globale (quels que soient
les sous-groupes, en dehors de celui des fractures
distales) et dans les populations des 3 cohortes
(cancers du sein, de la prostate et autres tumeurs
solides).