UE8 – De l’agent infectieux à l’hôte Dr Thibault

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UE8 – De l’agent infectieux à l’hôte
Dr Thibault
Date : 15/02/17
Promo : P2 2016/2017
Plage horaire : 10h45-12h45
Enseignant : Dr Thibault
Les Antibiotiques : Structure, mode d’action, mécanisme de
résistance, Bactéries Multi-Résistantes et infections nosocomiales
I.
Définition
II. Invention des ATB
III. Paramètres d’activité des antibiotiques
1.
2.
3.
4.
Spectre d’activité
Concentration minimale inhibitrice (CMI)
Concentration minimale bactéricide (CMB)
Limites des antibiogrammes
IV. Liste des antibiotiques
V. Mode d’action des antibiotiques
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Inhibition de la synthèse du peptidoglycane
Action sur les membranes
Action sur la synthèse protéique
Action sur l’ADN
Action sur la synthèse de l’ARN
Action sur les métabolites intermédiaires
VI. Mécanisme de résistance
1.
2.
3.
4.
Enzymatique
Modification de la cible
Imperméabilité
Efflux
VII. Vers la multi-résistance et au-delà
VIII. Pénurie de nouvelles molécules
IX. Conséquences
X. Conclusion
1
Ceci n’est qu’une introduction aux antibiotiques (ATB).
Les ATB sont un vrai souci de santé publique aussi bien en France que dans le monde entier. L’objectif du
cours n’est pas de connaitre la liste des ATB par cœur (ça sera pour plus tard sa :/), mais d’avoir une
première approche de ce qui a été fait, de la situation délicate actuelle et de ce qui est encore faisable au
sujet des ATB.
I. Définition
Du grec anti : « contre », et bios : « la vie »
Un antibiotique est une molécule chimique, d’origine naturelle (pour la majeure partie ; plantes, bactéries,
champignons,..) ou synthétique, qui détruit ou bloque la croissance des bactéries et possède une toxicité
sélective contre la bactérie et non contre l’hôte. Ils s’opposent aux antiseptiques. Un antiseptique c’est un tue
tout. Antiseptique : utilisation locale uniquement, fonction de tuer un maximum de germes de manière non
sélective.
Un ATB est une molécule spécifique contre un germe donné et de tuer uniquement si possible et de n’avoir
aucun effet négatif sur la personne qui en prend.
Un antibiotique ne doit pas être toxique pour l’homme, ça s’ingère et ça s’injecte. Il doit avoir une
activité complètement sélective contre les bactéries.
La plupart des molécules sont parfaitement naturelles, elles sont fabriquées en général par des
champignons ou des bactéries (pour se protéger contre les autres bactéries, pour se propager) => Principal
moyen de découverte d'antibiotiques.
Ils agissent via le blocage d’une étape essentielle du développement des bactéries, de façon à tuer
ou à inhiber la croissance de la bactérie. Ça peut agir sur : la synthèse de la paroi, les peptidoglycanes de la
membrane, la synthèse de l’ADN, la synthèse de l’ARN, la traduction, la production d’énergie, de métabolites
…
L’ATB agit sur un moment clé du fonctionnement de la bactérie pour la tuer ou du moins arrêter sa
croissance et laisser le reste au système immunitaire.
II. Invention des ATB
On a trouvé des traces de tétracycline retrouvées sur les restes du peuple nubien 2000 ans avant JC. On
n’est pas sûr qu’ils utilisaient les tétracyclines à visée antibiotique, puisqu’ ils faisaient de la bière et que le
grain utilisé dans la préparation de la bière contient des bactéries appelées streptomycines, productrices de
cet antibiotique. Cet exemple n’est pas le seul, on a trouvé des traces d’antibiotiques chez les Egyptiens et
d’autres populations antiques…
Plus récemment, à partir des années 1850, on a longtemps tâtonné, et on a commencé à se rendre compte
qu’on peut guérir le mal par le mal, en introduisant une bactérie chez une personne infectée, la bactérie
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introduite va guérir la première infection : C’est la compétition bactérienne.
En1877, Pasteur a trouvé qu’en injectant à des rats de l’anthrax et diverses bactéries du sol, ils ne
faisaient pas la maladie du charbon.
En 1885, on a réussi à traiter une tuberculose en pulvérisant du Bacterium termo. (Arnaldo Cantani)
En 1887, en injectant de streptocoques à des animaux, qui protègent du choléra. (Rudolf Emmerich)
En 1928 : la pénicilline découverte par Fleming, actif contre les staphylocoques dorés. Cependant
il a fallu une trentaine d’année pour l’utiliser.
En 1932, Prontosil®, un sulfamide, premier antibiotique de synthèse est passé sur le marché.
En 1939, tyrothricine : 1er antibiotique commercialisé en application locale.
Utilisation locale des ATB surtout pendant la 2nde Guerre Mondiale pour guérir les blessures et les ulcères
(Eviter la gangrène), et expansion totale des ATB après la guerre.
– 1944, streptomycine
– 1952, érythromycine
– 1956, vancomycine
– 1962, quinolones
– 1980, fluoroquinolones
– 2000, le Linezolide®
Au début on a découvert une multitude d’antibiotiques mais depuis la découverte est ralentie, on améliore
plutôt des molécules déjà existantes.
Ce qu’il faut retenir c’est qu’au siècle dernier avec l’invention et la commercialisation des différents
antibiotiques, on a gagné en moyenne pour l’être humain 15 ans d’espérance de vie supplémentaire, car on
soigne des gens relativement jeunes. C'est énoooooooorme !!!!
Par comparaison, si aujourd’hui on inventait le traitement miracle qui va guérir absolument tous les cancers
qui existent, on le met sur le marché aujourd’hui, on va gagner entre 1,5 - 2 ans d’espérance de vie sur la
moyenne. Pareil pour les maladies cardiovasculaires, on gagnerait que 6 mois d’espérance de vie. Parce que
les maladies infectieuses touchent la plupart du temps les populations plus jeunes contrairement au cancer et
aux maladies cardiovasculaires où la moyenne d’âge est élevée.
On comprend ainsi le problème des résistances bactériennes face aux ATB, où on perdrait beaucoup
d’espérance de vie.
III. Paramètres d'activité des ATB
Quand on parle d’antibiotiques il y a 3 notions qu’il faut connaître.
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- Le spectre d’activité de l’antibiotique
- La concentration minimale inhibitrice : CMI
- La concentration minimale bactéricide : CMB
1. Spectre d’activité :
Un spectre d’activité, c’est la liste des espèces bactériennes qui sont sensibles à un antibiotique donné.
C’est propre à chaque antibiotique. Il faut savoir que chacun de ces germes peuvent muter ou se conférer des
mécanismes de résistance, et donc peuvent sortir du spectre d’activité de l’ATB.
Cette notion est évolutive dans le temps.
2. Concentration minimale inhibitrice (CMI) :
Définition arbitraire : c’est la concentration minimale d’un antibiotique qu’il faut pour inhiber totalement la
croissance de 106 bactéries/mL (un inoculum) qu’on inocule à 37°c pendant 18H.
C’est juste pour savoir si un antibiotique va être actif sur une infection donnée chez un de vos patients. C’est
une notion qui est complètement in-vitro qui est purement artificielle, qui n’est pas du tout la vraie vie d’un
malade (il n’est pas forcément ni à 37° ni à 106 bactéries/mL). On peut avoir des quantités plus importantes
de bactéries telles que les péritonites qui contiennent jusqu’à 10^11 Bactéries/mL.
3. Concentration minimale bactéricide (CMB) :
C’est un peu la même chose que la CMI sauf qu’au lieu d’inhiber la croissance, c’est la concentration minimale
pour les tuer 99,9 % de votre inoculum initial qui était de 106 par bactéries/mL inoculées pendant 18H à
37°.
La CMI et la CMB sont caractéristiques d’un antibiotique pour une bactérie donnée.
Chaque antibiotique pour chaque bactérie a une CMI, c’est à dire que si vous avez une bactérie A, vous allez
avoir une CMI avec un antibiotique, et avec un autre antibiotique la CMI va être différente. Donc c’est
vraiment spécifique d’un antibiotique pour un germe.
 Quand on a un rapport CMB/CMI qui est proche de 1 : la concentration minimale pour tuer les
bactéries est très proche de la concentration minimale pour inhiber leur croissance, on dit que
l’antibiotique est bactéricide. Il va rapidement tuer la bactérie. Ce sont ceux qu’on essaye de
privilégier en pratique clinique car l’objectif premier est de tuer les bactéries.
 Si vous avez un rapport CMB/CMI qui est supérieur à 2 : c’est à dire qu’il faut une concentration
beaucoup plus importante pour les tuer. Vous allez inhiber rapidement leur croissance mais vous
n’allez pas les tuer. A ce moment-là on dit que l’antibiotique est bactériostatique. On les utilise en
deuxième intention, en sachant que c’est le système immunitaire qui va prendre le relais. Ce sont des
qui permettent de limiter la prolifération des germes.
À partir du moment où vous êtes devant un patient qui est immunodéprimé ou quand vous avez un patient
qui est très vieux ou un bébé très jeune et que vous êtes en choc septique, on va privilégier un antibiotique
qui sera bactéricide.
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Plus le problème de santé est grave, plus on aimerait utiliser un ATB qui est bactéricide, mais parfois on n’a
pas le choix et on utilise les bactériostatiques et on fait confiance au système immunitaire pour terminer le
travail.
Dans la pratique pour savoir la CMI, on mettait un
inoculum de 106 bactéries par mL à 37°c en couche
monocellulaire et vous mettez des pastilles d’antibiotique.
On attend 18H et on regarde les ronds d’inhibition autour
des pastilles, lorsque les bactéries ont reculé au contact des
antibiotiques. Le diamètre d’inhibition nous permet de
calculer la CMI par un calcul mathématique.
Maintenant c’est fait grâce à des automates.
Dans la pratique clinique, lors d’une infection on va faire un prélèvement (Urinaire, sanguin…) qui va être
mis en culture au laboratoire. Le laboratoire donnera la bactérie présente dans l’échantillon et un
antibiogramme qui nous donne sa sensibilité à différents types d’antibiotiques pour nous aider à prescrire dans
la pratique courante.
Lecture d’un antibiogramme pour in-vivo:
Nous avons le comité d’antibiotique de la société française de microbiologie (CA-SFM) qui décrit pour chaque
couple de bactérie-antibiotique, une concentration critique inférieure c et supérieure C telle que :



si CMI < c : bactérie est sensible, et donc l’antibiotique va marcher.
si CMI > C : bactérie est résistante et le traitement ne va pas marcher. La quantité d’antibiotique
qui faut en pratique clinique pour tuer la bactérie est trop importante.
si c < CMI < C : résultat intermédiaire, vous décidez parce que nous on ne sait pas trop en fait.
On le considère de plus en plus comme résistant.
Comment c et C sont trouvées ?
Ce sont des données expérimentales. Quand vous allez tester un ATB avant de le mettre sur le marché, vous
allez donner une posologie standard à votre population test qui saine et vous allez faire des prélèvements
dans le sang pour savoir quelle est la concentration c moyenne.

Si la CMI est inférieure à c alors on aura dans le sang assez d’ATB pour inhiber la bactérie, elle est
sensible. Il faut bien comprendre que si vous avez une CMI qui est inférieure à c, ça va marcher puisque
la concentration d’ATB dans le sang va être supérieure au CMI et donc va autoriser de façon normale
l’inhibition de la croissance de la bactérie.
Ex : on prend la toute la promo comme population, on donne 3g d’Augmentin a tous (posologie standard),
on regarde la concentration moyenne d’Augmentin dans le sang de tous : moyenne : 10mg/mL
d’Augmentin dans le sang. Si le laboratoire dit que la CMI pour inhiber un inoculum était de 5mg/mL. En
moyenne dans la population, on a 10mg/mL, donc on est au-dessus, donc en théorie l’antibiothérapie va
fonctionner.
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
De la même façon si votre CMI trouvée est supérieure à C, qui est la dose maximale que vous allez avoir
dans le sang du patient quand vous mettez une forte dose d’ATB (juste inférieure à une dose toxique), du
coup si vous n’êtes même pas capable d’inhiber la croissance des bactéries alors que c’est le maximum
que vous allez obtenir dans le sang de votre patient, ça veut dire que ça ne va pas marcher. La bactérie est
résistante.
Les limites : La population test n’est pas représentative de toute la population car on élimine les femmes, les
personnes âgées et les enfants, les échantillons de malade ne sont pas forcément représentatifs.
La localisation de l’infection est un facteur qui n’est pas pris en compte car ce sont des études sanguines.
C’est le résultat global de l’intégration de ces données sur des populations standards, avec le résultat global
des concentrations des ATB qui sont trouvées les différents sites d’infections les plus fréquents, pour nous
sortir ceci :
Le problème qui se pose, c’est que tout ceci est très théorique.
4. Limites des antibiogrammes
La plupart des médecins, se limitent à la lecture de l’antibiogramme et arrêtent de réfléchir.
L’obtention de l’antibiogramme, n’est que la première étape de la prescription du bon ATB.

La première des limites est la CMI (18h, 37°C), qui compare des conditions théoriques de
laboratoire, avec ce qui se passe chez un patient qui est peut-être à 40°C et une croissance de
bactéries qui peut aussi bien être pendant 4h ou 20h. On compare une formulation théorique qui nous
permet de comprendre de quoi l’on parle avec la réalité.
Il faut comprendre dans l’antibiogramme que la bactérie en question sera sensible à certains ATB
dans des conditions particulières, mais que ce ne sera pas forcément le cas chez un patient.
6

Deuxième limite, l’antibiogramme ne tient pas compte de l’effet inoculum et du site de l’infection.
Effet inoculum : c’est la quantité de bactérie qui infecte la personne.
Lorsque l’on regarde la CMI ou même la CMB, on fait l’expérience pour 106 bactéries/mL, or les
infections peuvent très bien être de l’ordre de 107 bactéries/mL, voire plus, ce qui dans ce cas ne
fonctionnera pas. Pour des concentrations inférieures à 106 bactéries/mL, théoriquement, cela
fonctionne.
L’effet inoculum joue un rôle important car lors d’une infection qui met en jeu beaucoup de
bactéries, c’est plus compliqué à traiter, et même si sur l’antibiogramme il est marqué sensible, ça ne
marchera pas forcément à cause de cet effet inoculum. (Ex : péritonite sur appendicite suite à une
effraction du tube digestif où il y a 109 bactéries/mL).
Cela dépend aussi du site de l’infection, car les essais cliniques sont faits sur des sites qui sont
faciles d’accès (sang), d’où une différence qui peut être notable avec un autre site d’infection
possible (foie, LCR, poumons …).
Il faut donc prendre en compte le site de l’infection ainsi que la capacité de chaque ATB à diffuser
dans chaque compartiment.

Troisième limite, l’antibiogramme n’explore pas l’effet bactéricide.
L’antibiogramme ne rend pas compte de la nature de chaque ATB (bactéricide ou bactériostatique),
le risque est alors de traiter quelqu’un d’immunodéprimé avec des bactériostatiques mais le système
immunitaire n’est pas présent alors pour terminer le travail.
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Il faut donc vérifier si l’ATB à prescrire est bactéricide ou pas sur le type de germe concerné, mais
c’est une notion compliquée à vérifier car elle varie en fonction du temps, de la température, du type
de germe, du pH, …
Nous avons à l’heure actuelle une idée globale de quel ATB est plutôt bactéricide ou
bactériostatique, mais il faut vérifier à chaque fois selon le germe mais aussi en fonction du patient à
traiter.

Quatrième limite, l’antibiogramme n’explore pas l’effet post-ATB (EPA).
Lors d’une mise sous antibiothérapie, l’ATB va abimer, détruire ou tuer la bactérie. Tant que l’ATB
est présent dans le sang, cela fonctionne, mais au moment où l’ATB disparait de la circulation
sanguine, certains ATB continuent à agir car ils ont suffisamment abimé les bactéries, pour qu’elles
n’arrivent pas à reprendre leur croissance directement. Ceci est l’effet post-ATB.
Il faut prendre en compte l’effet post-ATB dans la prise en charge d’un patient en adaptant les
posologies et la façon de le prescrire (équivalent T1/2 pour les autres médicaments) : en continu pour
les ATB avec effet post-ATB très cours, toutes les 2h, ….

Cinquième limite, c’est l’induction de tolérance (résistance adaptative).
Pour que certains ATB marchent, ils nécessitent un transporteur pour aller à l’intérieur de la bactérie
sur son site d’action.
Lors de la première prise d’ATB, la bactérie voit qu’elle est tuée si l’ATB atteint son site d’action à
l’intérieur d’elle-même, il y a alors une Down Regulation du transporteur. Ainsi après cette première
dose d’ATB, l’efficacité de celui-ci est moindre, il faut donc pour certains ATB (pas dans le cas
d’une prise en continu), ne pas mettre trop vite la deuxième dose car cela correspond à la période
réfractaire, et attendre pour que la bactérie redevienne sensible à l’ATB.
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Ex : la tobramycine
Modifications consécutives à la :
A- 8 mg toutes
les 8h. CMI=1
1ère dose
2ème dose
3ème dose
CMI
8
12
12
Bactéricidie
- 3,9 log
- 0,8 log
- 0,1 log
EPA (min)
230
110
65
Avant la 1ère dose, la CMI est à 1, après la 1ère dose, elle passe de 1 à 8. Après la 2ème dose, la CMI passe à
12 et la bactéricidie devient quasi nulle. La bactérie s’est adaptée, la 1ère dose est efficace, mais le reste est
inutile.

Enfin sixième limite, l’antibiogramme n’explore pas les variations de concentration et de volume
de distribution (VD).
VD grand, bonne diffusion de l’ATB.
VD modéré, efficacité max de l’ATB dans le sang, mais pas ailleurs.
Le problème de ces valeurs théoriques obtenues, c’est qu’elles ont été faites sur des personnes saines.
En réalité, la courbe de VD est une courbe de Gauss, ce qui veut dire que le VD varie chez chaque
personne, or la valeur théorique est fixe.
Juste pour exemple :
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Tout ça pour dire que la prescription d’ATB ce n’est pas simple, et qu’il y a beaucoup de paramètres à
prendre en compte, et même en étant des plus minutieux possible, on ne peut être sûr que l’ATB sera
efficace sur l’infection. On fera alors un suivi du patient et on réévalue tous les jours l’antibiothérapie.
En France à l’heure actuelle, malgré le niveau de développement, on a encore plein d’erreurs qui sont faites
et qui concourent à l’augmentation de la résistance bactérienne.
IV.
Liste des ATB
Les Bétalactamines
Il existe plus de 10 000 molécules antibiotiques, mais seulement une centaine sont utilisables en
thérapeutique et 10 en pratique clinique quotidienne.
Les autres sont trop toxiques, trop instables ou ont une biodisponibilité insuffisante chez l'homme.
La famille à connaitre est celle des bétalactamines, dont la majorité sont des bactéricides, qui ont des
spectres relativement larges et qui sont d’une toxicité relativement faible, avec une efficacité assez bonne.
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Les personnes qui sont authentiquement allergique à la pénicilline le sont en général à la famille des
bétalactamines entièrement, dans ce cas-là, on fera appel aux autres ATB qui eux sont plutôt
bactériostatiques, qui ont plus d’effets indésirables.
NB : une bonne partie de la population est étiquetée allergique à la pénicilline due à des erreurs, donc à faire
attention.
V.
Mode d'action des ATB
Les ATB vont agir à des moments clé de la vie bactérienne.
Les ATB agissent par exemple : (SAVOIR OU CA PEUT AGIR MAIS PAS LA CORRESPONDANCE
ENTRE LES ATB ET LEURS LIEU D’ACTION, SAUF BETALACTAMINES)
- Chez les bétalactamines : ça va agir sur la synthèse du peptidoglycane comme les glycopeptides et les
fosfomycines. Pas de peptidoglycane = pas de bactérie car la membrane est désorganisée. Ils sont
bactéricides.
- Polypeptides : détruisent/désorganisent la membrane cytoplasmique, peu utilisés car toxiques pour
l’audition.
- Nitro-imidazoles, quinolones (Grande famille) : synthèse de l’ADN
- Rifampicine : synthèse ARN, ATB utilisé contre la tuberculose entre autres.
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- Linézolides, aminosides, tétracyclines, macrolides, chloramphénicols : action sur la traduction. Ils ne sont
que bactériostatiques, même si on agit sur la traduction à un moment, on ne tue pas la bactérie, elle n’arrive
plus à synthétiser ses protéines mais cela ne la tue pas.
e dact
tion ds aintermédiaires
ni biotiques
- SulfamidesModes
: synthèse
des métabolites
La paroi des bactéries Gram +
La paroi des bactéries Gram -
Il existe des bactéries Gram+ ou
Gram- qui fixent ou non la
coloration de gram. Les grams +
ont une couche épaisse de
peptidoglycane et les grams – ont
une double couche protégée par
une couche externe.
Ce ne sont donc pas les mêmes
ATB qui passe à l’intérieur de
l’un est de l’autre.
Pour les grams -, il faut un certain
nombre de transporteur pour y
entrer.
1. Inhibition de la synthèse du peptidoglycane
Les bétalactamines ainsi que les glycopeptides et la fosfomycine, agissent sur la synthèse des
peptidoglycanes. Les peptidoglycanes font partie de la membrane externe des bactéries.
Pas de peptidoglycane = pas de bactérie.
3 ATB agissent sur les peptidoglycanes : bétalactamines, fosfomycine, glycopeptides.
Un peptidoglycane correspond à des pentapeptides qui vont s’associer avec le NacMur, et former un
précurseur du peptidoglycane qui va traverser la membrane cytoplasmique. Une dernière étape va ensuite
permettre de faire le peptidoglycane définitif.
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=> β-Lactamines
Fixation aux PLP « Protéines Liant la Pénicilline », enzymes (transpeptidase) de la membrane
cytoplasmique impliquées dans la phase terminale de l’assemblage du peptidoglycane.
L’assemblage définitif ne peut pas se faire, donc cela tue la bactérie par manque de membrane.
=> Glycopeptides
Molécule énorme, qui va gêner l’assemblage intermédiaire du peptidoglycane. Tellement grosse qu’elle ne
peut pas agir sur les grams – qui ont une membrane externe. Agit uniquement sur les grams +.
=> Fosfomycines
Agit sur la pyruvate-N-acétylglucosamine-transférase, enzyme permettant de constituer les précurseurs du PG.
Une bactérie sans peptidoglycane est une bactérie morte. Donc ces 3 types d’ATB sont des ATB
bactéricides.
Les exemples suivants ne sont pas à apprendre par cœur !!!
2. Action sur la membrane. (très peu utilisés à l'heure actuelle car très toxiques)
=> Polypeptides. ATB type de cette famille est la colimycine.
Dissociation de la bicouche phospholipidique. Désorganisation des membranes et fuite du contenu
intracellulaire, mort de la bactérie.
C’est aussi une action qui est bactéricide puisque si on n’a plus de membrane, on n’a plus de bactérie.
Ça s’utilise principalement comme aérosol chez les jeunes qui ont des mucoviscidoses, qui ont des bactéries
multi-résistantes gram -, chez qui il n’y a plus rien qui fonctionne comme ATB on est obligé de faire des cures
régulières.
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3. Action sur la synthèse protéique.
Beaucoup d’ATB agissent sur la synthèse de protéine.
Il y a le ribosome avec une sous-unité 30s et une sous-unité 50s, il y a l’ARN qui passe d’un côté et la
traduction qui se fait avec le polypeptide qui sort de l’autre côté.
On a : les aminosides, les macrolides,
les tétracyclines, les linézolides,
chloramphénicol etc.
Ils agissent à plusieurs endroits
possibles sur les ribosomes.
Il faut savoir qu’à un endroit ou à un
autre ces ATB vont, en se fixant soit
sur le sous unité 30S, soit 50S, soit le
complexe 70S, bloquer la synthèse de
protéines.
Ronéo de l’année dernière : Ces ATB là ne sont pas forcément bactéricides, parce que certes la bactérie ne
peut plus trop renouveler ses constituants mais elle ne va pas nécessairement mourir tout de suite.
Donc ils sont plutôt de la famille des ATB bactériostatiques
4. Action sur l’ADN.
=> Fluoroquinolones : Inhibition de la réplication de l’ADN.
En antagonisant la sous-unité de la gyrase A (topoisomérase enzyme responsable de l’enroulement et
déroulement de l’ADN pour la transcription) => En empêchant cette gyrase de fonctionner, on empêche le
déroulement de l’ADN et donc on empêche la réplication de l’ADN.
=> Nitro-imidazolés : Interfèrent avec la synthèse de la thymine et provoquent des coupures d’ADN, si il y a
des mécanismes de réparation il y a réparation mais si il a trop de coupures la bactérie meurt.
5. Action sur la synthèse de l’ARN :
 Rifampicine (chef de file) : Bloque la transcription par la liaison à la sous-unité β de l’ARN-polymérase
bactérienne.
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6. Action sur les métabolites intermédiaires.
Exemples type : ce sont les ATB qui agissent sur la
synthèse de l’acide folinique qui est un cofacteur
impliqué dans la synthèse des purines et de certains
acides aminés essentiels. On ne pourra pas répliquer
l’ADN parce qu’on va manquer de bases. On agit sur des
cofacteurs de la synthèse de l’ADN.
=>Sulfamides: Inactivations d'enzymes impliqués dans
la synthèse des purines et de certains acides aminés
essentiels.
=> Triméthoprime
A l’heure actuelle : On essaye de trouver de nouveaux
sites d’action et moins inducteurs de résistance.
VI.
Mécanismes de résistance
Nous avons un certain nombre de mécanismes de résistances qui apparaissent et qui se disséminent
de plus en plus dans nos bactéries, qui fait que même si on avait des ATB qui étaient magiques à un moment
donné, on se retrouve avec des ATB qui fonctionnent de moins en moins bien, des spectres d’activité (espèces
sensibles pour un type d’ATB) qui se réduisent suite aux résistances bactériennes par 2 mécanismes :

Résistance naturelle : c’est une transmission fixe, chromosomique, constante, verticale (« de papa
bactérie à bébé bactérie »), constitutive (tel type de bactérie est naturellement résistante à tel type
d’ATB,
c’est
comme
ça.).
Elle
définit
le
spectre
d’activité
de
l’ATB.
Ex : La vancomycine est une très grosse molécule qui ne peut agir qu'à l'extérieur des membranes. Quand on
a une bactérie à Gram – on a une double couche, donc on a pas de porines ou autres systèmes de transport
permettant à l'antibiotique d'aller à l'intérieur. Les glycopeptides ne pourront jamais agir sur les bactéries à
gram - : Résistance naturelle grâce à une membrane externe. On ne peut pas agir dessus.
Cette résistance naturelle est connue, en revanche ce qui pose problème, ce sont les résistances acquises. On
a tel ATB qui fonctionnait mais ça ne fonctionne plus.

Résistance acquise : quelques souches d'une espèce vont acquérir un nouveau type de caractéristique
et vont le répandre par modification de l'équipement génétique et vont devenir résistante à la
bactérie. Elle se fait par deux types qui sont :
-
Néo mutation (mutation sur l'ADN de la bactérie). C'est un phénomène à transmission
verticale, rare, chromosomique, stable, spontanée, qui survient tous les 109 réplications par
exemple. Cette mutation est spécifique d'un ATB et d'une famille.
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Transmission verticale : c'est une propriété qui se transmet de bactérie père à bactéries filles et qui reste
stable dans le temps.
Mais ce qui pose vraiment problème c’est :
-
Résistance extra-chromosomique qui est problématique dans la résistance acquise (ce sont
de véritables épidémies au sein des bactéries). C’est un gain de matériel extra-chromosomique
avec des germes de résistance dedans qui vont se disséminer. Ce sont des éléments génétiques
mobiles (transférons, plasmides...) qui vont aller se balader de bactérie à bactérie, et apportent
des gènes de résistance. Ce mécanisme à transmission horizontale est fréquent, contagieux,
non spécifique (plusieurs AT, CB sont concernés).
Transmission horizontale : c'est une propriété qui se transmet entre bactéries voisines (phénomène
contagieux). Responsable de la multi-résistance aux antibiotiques. Ceci peut se faire entre bactéries
d’espèces différentes. Ça pose de réels problèmes en thérapeutique.
Il y a 4 grands mécanismes de résistance qui existent (et qu’il faut connaitre):




Enzymatique : le plus fréquent ++ => la bactérie va produire des enzymes qui vont inactiver les
ATB. C’est LE grand mécanisme de résistance.
Modification de la cible => l’ATB a une cible spécifique, si la bactérie mute la cible, l’ATB ne
fonctionne plus.
Imperméabilité => la bactérie devient imperméable, par exemple pour les GRAM -, ils changent
leurs porines qui deviennent imperméables, l’ATB ne parviendra plus à passer pour atteindre son site
de fixation.
Efflux => l'ATB entre dans la bactérie mais une pompe le renvoie à l'extérieur.
La plupart du temps, elles utilisent les 4 mécanismes simultanément, mais le mécanisme enzymatique est le
plus fréquent.
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1. Enzymatique
Mécanisme de résistance très fréquent, très important et très varié.
C’est la synthèse par la bactérie d’une enzyme qui va inactiver l’ATB.
Exemple : les β-lactamases, au moins 350 enzymes maintenant identifiées.
Les β-lactamases sont les enzymes qui vont
inactiver la β-lactamine. C’est un mécanisme
qui fonctionne très bien pour les bactéries et
qui va faire que dès qu’on met une nouveau
ATB sur le marché, on a l’enzyme qui
apparaît dans les 2 ans qui arrivent, qui est
synthétisée par la bactérie et qui va inactiver
l’ATB que vous venez de créer.
On a donc notre synthèse de peptidoglycane (PDG) par la PLP (fixée sur la membrane plasmique). On est
donc ici à la surface de notre membrane cytoplasmique et on est à l’endroit où notre bactérie synthétise notre
PDG dont il a besoin pour vivre. Et il se trouve que sur cette PLP on a un site de fixation pour notre ATB
(petit triangle bleu) qui va inactiver la PLP et arrêter la synthèse PDG ce qui va tuer la bactérie.
C’est comme ça que fonctionne une β-lactamine (ATB).
Ainsi notre bactérie va synthétiser sa βlactamase qui est une enzyme mobile qui
mime le site de fixation de la PLP avec
une affinité supérieure pour l’ATB que la
PLP. Ainsi cette enzyme est un leurre
pour l’ATB. Et la PLP va continuer à
faire son travail tranquillement. C’est le
premier mécanisme de défense d’une
bactérie contre un ATB.
17
On va alors synthétiser de l’acide
clavulanique qui est un leurre d’ATB qui
va se fixer sur le leurre de la PLP, il va
donc bloquer toutes les β-lactamases et
qui laisse la place à notre ATB pour aller
se fixer sur la PLP, la bloquer, arrêter la
synthèse du PDG, désorganiser la
bactérie et provoquer sa mort. Par
ailleurs notre leurre à une affinité
supérieure pour la β-lactamase et n’a pas
d’affinité pour la PLP.
La bactérie va alors hyper
produire la β-lactamase : non
seulement elle va bloquer le leurre
de l’ATB, mais en plus il y a
tellement de β-lactamase que ça a
aussi une affinité pour l’ATB et du
coup la PLP va continuer à
fonctionner normalement.
En plus de ça, la bactérie va
muter sa β-lactamase qui va
perdre son affinité pour le leurre
mais elle garde son affinité pour
l’ATB. Du coup elle n’a même
plus besoin d’être hyper produite.
On a toujours un train de retard,
c’est pour cela que c’est difficile à
traiter, il faut en permanence
s’adapter, c’est le problème de la
course à la résistance.
Bien retenir ce mécanisme de résistance des bactéries car c’est le plus fréquent !
18
2. Modification de la cible
Affinité diminuée ou cible modifiée.
Exemple : S. aureus (doré) résistant à la méticilline (SARM) multirésistante : mutation de la PLP → PLP2a
→ Résistance à toutes les β-lactamines.
Notre ATB normalement se fixe sur la PLP et
la bloque mais cette PLP va muter devenant
la PLP 2a qui change la configuration du site
de fixation de l’ATB et la cible devient ainsi
résistante à l’ATB.
Ceci résiste à toutes les β-lactamines car elles ont besoin de ce site de fixation et ceci pose vraiment problème.
3. Imperméabilité
Défaut d’entrée de l’ATB dans la bactérie => concerne les grams - uniquement car
présence d'une membrane externe.
Rappel : les grams + n’ont pas de membrane externe.
Les porines permettent de faire passer des substances vitales pour la bactérie et les
ATB. S’il y a modification de la porine, les ATB ne peuvent plus passer.
4. Efflux
Extrusion de l’ATB de la bactérie.
Ce sont des mécanismes actifs de pompes qui font en permanence ressortir ce que
vous avez fait rentrer, on n’arrive donc plus à notre cible et ça ne fonctionne donc
plus.
-> En général les bactéries utilisent plusieurs techniques de résistances.
19
VII. Vers la multi résistance et au-delà
C’est une vraie course contre la montre…
Mise de pénicilline G sur le marché, et hop émergence de souches de S.aureus productrices d’une pénicillinase
et ainsi de suite. Donc depuis 1940 c’est une course contre la montre, tous les ATB qu’on met en place aussitôt,
on a une production d’une enzyme inhibitrice de cet ATB et ceci quel que soit la manière dont on a de le
prescrire.
Elle lit toute la diapo.
Le problème c’est qu’à un moment on n’arrive plus à mettre sur le marché de nouveaux ATB, on est limité
dans le nombre de nouvelles molécules, on est aussi limité dans le temps, il faut quasiment 10 ans entre la
découverte de l’ATB et sa mise sur le marché, ça coûte énormément de fric. Et parfois, une fois la mise sur le
marché, on a des retraits d’AMM, parce qu’on découvre à postériori qu’il y a des effets secondaires non
négligeables.
C’est donc très risqué pour les labos de mettre en place des nouveaux ATB sachant qu’une fois mise sur le
marché l’espérance de vie de leur ATB va être très courte. Donc c’est plus intéressant pour les firmes
pharmaceutiques de sortir des statines pour lutter contre le cholestérol, qu’on retrouve de plus en plus dans
la population.
On se trouve alors dans une situation préoccupante, qui nécessite qu’on prescrive au mieux les ATB qu’on
connait, qu’on connaisse les résistances, qu’on essaye de s’adapter en prescrivant les bonnes posologies dans
les bonnes indications pour éviter de provoquer des phénomènes de résistances. D’où la formation précoce
des étudiants (nous) sur les ATB.
Prenons l’exemple du pneumocoque : on diminue son réservoir, grâce aux vaccins, ce qui permet de limiter
les contaminations entre personnes. Donc on utilise moins d’ATB. On utilise la prévention. Les ATB ne vont
jamais réussir à tout régler, avec les ATB, c’est perdu d’avance à cause des résistances.
20
Question/réponse 2016 : Les résistances se développent si vite à cause du nombre de bactéries ?
Il se trouve que dans le tube digestif, tu as 10^9 bactéries/ml de selles. Il y a plus de bactéries dans le corps
humain de que cellules humaines du coup, on est nous-même des réservoirs gigantesques heureusement on
s’entend bien avec ces bactéries et on en a besoin pour digérer ce qu’on mange. Il suffit qu’il y ait à un
moment une faille dans le système immunitaire pour que tout s’amplifie rapidement, c’est une vraie course
contre la montre qu’on ne gagnera jamais…
En plus de ça, la transmission peut se faire d’un patient à un autre : pneumonie par la toux…
D’où l’intérêt d’un travail en amont de prévention efficace (hygiène). Mais heureusement que les ATB ne font
pas tout le travail et sur une personne en bonne santé il y a une grosse partie du travail qui est faite par ton
système immunitaire. Mais les personnes fragiles, vielles, avec des traitements immunosuppresseurs et là on
est souvent dans une impasse.
Question/réponse : les bactéries sont définitivement résistantes ?
Ça dépend, s’il y a une pression de sélection avec beaucoup d’ATB dans la vie de tous les jours, le gène est
utile à la bactérie et donc reste mais s’il n’y a plus de pressions de sélections ATB (par exemple les pays du
Nord prescrivent beaucoup moins d’ATB) on a une restauration d’une sensibilité si tu n’utilises pas tel type
d’ATB. Donc ça peut être réversible mais on ne va pas retourner comme en 1940. Surtout pas 1940. Par
exemple pour les staphylocoques on observe sur ces dernières années une restauration de sensibilité pour la
méticilline.
Vers la multi-résistance…
Les BMR (Bactéries Multi-Résistantes) sont des bactéries qui ne sont sensibles qu'à un petit nombre de
familles ou de sous familles d'antibiotiques, ce petit nombre variant de 0 à 3. Quand on n’a plus que 3 sous
familles qui fonctionnent sur la totalité des ATB qu’on a vus on a une BMR.
Les BMR sont surtout retrouvées à l'hôpital mais pas uniquement. (De plus en plus à l’extérieur) Il existe des
porteurs qui vont les disséminer à leur entourage. Les BMR représentent 20 à 30% des cas des Infections
Nosocomiales.
Elles peuvent être des bactéries commensales de l'homme comme Staphylococcus aureus = Staphylococcus
doré (sous les ongles, dans le nez, sur la peau) et les entérobactéries (du tube digestif), mais on voit aussi
apparaître de plus en plus de germes saprophytes de l'environnement, dans les systèmes d'eau, les clims,
(Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter baumannii, Stenotrophomonas maltophila...).
Par exemple dans son service de réa à Montpellier il y avait entre 20 et 30% des patients qui avaient le SARM.
Puis une étude a été menée sur l’équipe de santé pour savoir s’ils étaient porteur de ce SARM eux aussi, donc
s’ils se lavaient bien les mains, etc, … et il a été montré que 16% du personnel portait ce staphylocoque doré
multi résistant. Ce qui posait un vrai gros problème de transmission cutanée aux patients déjà fragiles. On
retrouve ça dans tous les services.
21
• De nombreuses épidémies de BMR ont été rapportées dans les différents hôpitaux français => c'est un
problème de santé publique
Les carbapénémase sont les dernières générations de β-lactamines. Donc ça fonctionne effectivement en
épidémie. Et une fois qu’on a une épidémie de BMR dans le service ben c’est la merde : il faut tout
décontaminer, déplacer les malades etc…
• L’administration répétée d’ATB aux animaux et l'administration répétée d’ATB à l’homme favorisent
l’acquisition et la dissémination de BMR et des pressions de sélection et élimination des bactéries sensibles.
Les animaux : 50% des antibiotiques sur la planète sont destinés aux animaux (pour soigner ou comme facteurs
de croissance pour accroître le rendement cf cours précédent…) (données OMS). -> Les animaux deviennent
résistants à ces ATB. Quand l'homme va le manger, il devient alors aussi résistant à l’ATB.
Si un jour on veut faire des chartes de bonne pratique, de pas mettre des ATB dans les élevages, ça coûte cher,
le rendement sera moins bon, les prix vont augmenter, les gens ne vont pas acheter parce que c’est la crise.
Depuis 2005, les ATB comme additifs alimentaires ont été interdits en Europe… (Aucun moyen de la vérifier,
on se fait niquer !)
En France il y a environ 10 personnes qui sont payés sur pour vérifier si c’est bien appliqué. Donc en gros
c’est le genre de choses qui sont dans les textes de loi mais qui ne sont pas du tout appliquées (en plus les
agriculteurs sont rarement de bonne foi…). Donc c’est extrêmement difficile même quand on veut l’appliquer
parce que les origines asiatiques (encore les chinois… #Ronan..) ou sud-américaines des médocs ne sont pas
garantis. C’est probablement en bonne partie à cause de ça qu’on a des BMR.
Le tube digestif de l’homme est à chaque fois colonisé par l’enterroccus galinarum qui vient des poules. En
fait ce sont des germes qui sont spontanément résistants à tous les ATB qui sont dans notre tube digestif et
ceci est dû à l’ingestion de poulet ayant était traité par ce type d’ATB.
22
Les Hommes
a
: L F rance, grosse consommatrice d’ATB (2006, consommation communautaire)
35
30
DDD p er 1 0 0 0 in h . p er d ay
25
Ot her J01 classes
Sulfonam ides and trim et hoprim (J01E)
Quinolones ant ibact erials
(J01M)
Macrolides, lincodam ides and
st reptogram ins (J01F)
Tet racy clines (J01A)
Ot her bet a-lactam antibacterials (J01D)
Beta-lactam ant ibacterials,
penicillins (J01C)
20
15
10
5
Ru ssia n Fed .
Au st r ia
Net he r lan d s
Slov e nia
No r w a y
De nm ar k
Czech Rep .
Sw ed e n
Hun ga r y
Finla n d
Bulg a r ia *
Lit hu an ia *
Icela n d
Sp ain* *
Cr oa t ia
Isr a el
Ir elan d
Slov a kia
Por t u ga l
Belgiu m
Lu x em b o ur g
It aly
Fr a nce
Cy p r u s*
Gr e e ce *
0
Il n’y a pas qu’un problème chez les éleveurs mais aussi chez les médecins. Il faut savoir que la France est
une très grosse consommatrice d’ATB. Sur ce graphique on voit la consommation communautaire en
médecine de ville, et on voit qu’en bonne 3è position, on a la France qui est une grosse prescriptrice d’ATB.
Très très loin derrière il y a soit ceux qui n’ont pas de fric genre les Russes, soit ceux comme le Danemark
qui prescrivent les ATB de façon beaucoup plus raisonnée et beaucoup moins systématique, et d’ailleurs
conséquence toutes les BMR sont du côté de la France et non du Danemark. Est-ce que ça veut dire qu’ils
sont plus mal soignés que nous ? Non, ça veut dire qu’il y a vraiment un gros problème de surconsommation
d’ATB en médecine de ville en France ce qui a incité à la mise en place de grandes campagnes de publicités
telles que : « les ATB ce n’est pas automatique », « prescrire des ATB à tort les rendra moins forts ». Est-ce
que ça marche « ? » ?
On retrouve aussi le problème des médecins qui disent que s’ils ne prescrivent pas d’ATB sur un rhume, le
patient va voir le médecin d’à côté et il perd sa clientèle.
Les ATB constituent un gros budget de l’hôpital.
En 2006, enquête nationale de consommation des ATB
à l’hôpital : Sur 1351 établissements, 1 patient sur 2
en réanimation, 1 sur 4 en court séjour (stable par
rapport à 2001
23
Les ATB représentent 174 millions d’euros, ce qui correspond à un gros budget. Donc à l’hôpital, la
consommation d’ATB n’est pas meilleure qu’en ville ce qui provoque une grosse pression de sélection des
bactéries en médecine hospitalière.
Si jamais on prescrit des ATB mais on en a besoin, ce n’est pas grave, c’est un coût à payer pour avoir une
population en bonne santé mais ce n’est pas le cas.
De plus, les prescriptions d’ATB ne seraient pas conformes aux recommandations d’experts dans 60% des
cas en ville, 40% des cas à l’hôpital…
Il y a donc une bonne partie des médecins qui ne connaissent pas leur métier en termes d’ATB. C’est vrai
que c’est pénible d’apprendre les ATB et la réactualisation de son apprentissage étant donné que les
bactéries évoluent au cours des générations mais il faut faire l’effort.
On a ici par type d’infection on a par
exemple 12 consultations pour rhinopharyngite, on a la moitié qui sortent
avec une prescription d’ATB et
parmi eux seulement la moitié des
prescriptions sont justifiée.
Pareil pour les angines or le plus
souvent elles sont d’origine virale
chez les enfants. On a aussi un
streptotest qui permet de sire si
l’angine est virale ou bactérienne, ça
prend 1 min. Et si c’est viral il n’y a
aucune indication d’ATB.
Il faut savoir que 20% des angines sont bactériennes et 80% sont virales. Faire ce test retire la prescription
d’ATB de 80% de ces consultations mais ce n’est pas appliqué par les médecins (ça coûte +/- cher, ce n’est
pas marrant à faire…). Donc les médecins prescrivent l’ATB + le test à faire au labo mais les patients ne le
font pas. Tout ça va provoquer encore une sélection de BMR. On extermine les bactéries qui sont sensibles
dans le tube digestif et derrière on se colonise avec des germes plus résistants et le jour où on a un coup de
mou, on aura plus de chance d’avoir une affection résistante.
Pour les sinusites le pourcentage est un peu mieux. Pour les bronchites, normalement en terrain standard,
on ne prescrit pas d’AT, c’est sur des terrains type BPCO stade IV qu’on va en prescrire.
Ça c’est dû au médecin et au patient qui ne se traite correctement.
24
es exemples…
Pneumocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline
(PSDP) en Europe en 2008 à cause des ATB utilisés à
tort.
En France on était de 25 à 50% de résistance. Il y en
a moins à la réunion mais on commence à se
rapprocher de la métropole.
Vers la
u ml tirésistance…
E coli
ques de sensibilité diminuée à la pénicilline (PSDP) en Europe en 2008
Ici ça concerne E.coli.
EARSS -> résistance aux céphalosporines de 3ème
génération dans les bactériémies à E.Coli -> supérieur
à 5% en 2009.
Ceux qui étaient en vert clair sont passés en vert foncé, ceux qui étaient en vert foncé sont passés en orange
etc
d’orange
rouge. Donc les résistancesEaugmentent
coli
Vers
la
u mlentirésistance…
EARSS -> résistance aux fluoroquinolones dans les bactériémies à E.Coli -> 5% en 2002, 15% en 2008
Ici c’est pareil.
C’est un vrai gros problème parce qu’une fois qu’on a des résistances, on a de moins en moins d’ATB qui
marchent (obvious). Pour les affections sévères où le système immunitaire a besoin du soutien des ATB, on
augmente les posologies, on passe en dose toxique, on essaye de faire ce qu’on peut, on fait des associations
d’ATB, on tire dans le tas, on ressort une nouvelle molécule et parfois ben le patient meurt.
25
Vers la
u ml tirésistance…
Campylobacter (coli, jejuni) : évolution de la résistance
aux quinolones en fonction du pays et du temps -> la
résistance augmente dans tous les pays.
C’est un phénomène mondial (pays pauvre et pays riches). A la Réunion, par exemple, les germes les plus
résistants viennent de Madagascar. D’ailleurs c’est pire dans les pays pauvres car ils ont un accès
complètement anarchique aux ATB. Quelqu’un qui est malade à Mada, on lui prescrit un ATB par la famille
acheté au marché noir en pilules individuelles qui viennent de chine (1 coup sur 2 c’est un placebo) et dès
que le patient va mieux il arrête l’ATB au bout de 3 jours (car l’ATB est trop cher).
Heureusement les résultats sont « moins mauvais » pour SARM et PSDP ces dernières années…
Pour le pneumocoque en France on était à 50% de résistance (cf. les diapos précédentes) et entre 2003 et 2013
on est descendu à environ 30% de résistance.
Idem pour le staphylocoque (orange sur le graphique ci dessus), on observe une diminution de la résistance.
Il y a une explication à cela : ces germes sont manu portés et grâce aux campagnes de prévention et de
sensibilisation au lavage des mains avec la SHA les résistances ont diminué au fil du temps.
Par contre les résistances des bactéries gram – ne font qu'augmenter... Ces bactéries là en effet ne sont pas
manu portés mais colonisent le système digestif.
26
VIII. Pénurie
nouvelles
Pénurie
ode de
nuve molécules
lles ml écu les…
Les molécules prennent du temps à sortir (comparé à
l'émergence
des
résistances)
->
pénurie
Nombre total d’AMM d’ATB au cours des années.
On voit donc une chute libre de ces ATB.
IX. Conséquences
Surmortalité : Ex : Mortalité staphyloques dorés multiresistant SARM
- méta analyse : janvier 1980 -décembre 2000
- comparaison de toutes les études incluant les bactériémies à SARM et SASM
- extraction des données avec ajustement sur la sévérité, la source de
l'infection, les comorbidités
Les patients qui sont SARM + meurent plus que les patients SARM - .
Augmentation des durées de séjour à l’hôpital. Augmentation des coûts.
Cette étude montre qu’en comparant la mortalité
par les SARM et par les SASM, on a un odd ratio
supérieur à 1 et donc du coup, la mortalité est
supérieure pour les gens infectés par des germes
résistants par rapport à ceux qui sont infectés
par le même germe mais qui est sensible.
On se retrouve dans des impasses, ça augmente la durée de séjour à l’hôpital, ce qui augmente les coûts pour
la société en termes de rééducation, et donc l’augmentation des dépenses en santé. Il faudra donc choisir
quelle genre santé on veut pour notre population.
27
X. Conclusion
Les antibiotiques ont révolutionné la médecine et la santé au XXè siècle. On a gagné en espérance et en
qualité de vie.
L’acquisition de résistances et la pénurie de nouvelles molécules sont un problème mondial de santé
publique. Et aujourd’hui on n’a pas la solution magique donc du coup on est en train avec les différents
plans ATB mis en place par différents groupes du gouvernement (les ATB ce n’est pas magique), on essaye
de diminuer et rationaliser les consommations des ATB, de mettre des référents dans les services des
hôpitaux et en médecine de ville pour avoir des informations. Il y a des choses qui se mettent en place ces
dernières années afin de trouver l’information quand on ne l’a pas.
Beaucoup de réseaux de surveillance ont été mis en place pour comprendre la mesure du problème.
=>"PLANS ANTIBIOTIQUES" moins prescrire d'antibiotiques, c'est préserver leur efficacité.
On a ici sur différents hôpitaux le nombre
d’acquisition de staphylocoques dorés
(transmis par les mains). On met en place
de façon importante dans les services le
SHA et on constate une chute du nombre
de staphylocoques dorés dans les
services. Et ça c’est beaucoup plus
efficace que des ATB prescrits. On n’aura
jamais une telle chute avec un nouvel
ATB.
L’hygiène est essentielle pour la survie
de tout le monde et la lutte contre le
BMR !! Et ça marche !
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Ce que l’on doit faire :
•Connaître les ATB et leur utilisation (on va les apprendre et les oublier et les réapprendre et les réoublier
et c’est normal et en plus réactualisé par ce que le monde bactérien évolue. Si on ne sait pas il ne faudra
pas hésiter à trouver l’information).
• Appliquer les mesures d’HYGIENE pour lutter contre la dissémination des BMR (les SHA pour éliminer
les staphylocoques dorés...). Et ça, ça fonctionne cf le graphique !
• Participer aux réseaux de surveillance
Ce que l’on peut essayer de faire :
• Devenir référent en antibiotiques, trouver et développer de nouvelles molécules efficaces et pas chères, …
29
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