CHAPITRE 8. CONVERGENCE EN LOI ET THÉORÈME LIMITE CENTRAL
1. On reprend un vieil exemple. Un QCM est composé de 100 questions à deux choix
(c’est l’exemple 5.3.6). Un candidat répond à chaque question au hasard et de façon
indépendante. La loi du nombre de bonnes réponses Xest donc une loi B(100,1
2).
Son espérance vaut 50 et sa variance 25. En considérant que n= 100 est grand,
le théorème précédent nous dit que X−50
5suit approximativement une loi normale
N(0,1). Donc la probabilité d’avoir au moins 61 bonnes réponses, c’est à dire P(X >
60) = PX−50
5>2vaut approximativement 1
√2πR+∞
2e−x2
2dx = 1 −Φ(2). En utilisant
la table (c.f. section 8.5) on obtient Φ(2) '0,9772 et donc la probabilité cherchée
vaut approximativement 0,0228. Remarquons qu’en utilisant l’inégalité de Bienaymé-
Tchebychev, on avait trouvé à l’exemple 5.3.6 une majoration par 0,125. On voit donc
que la majoration avec Bienaymé-Tchebychev était très grossière.
2. (exercice) Combien doit-on faire de lancers d’une pièce de monnaie équilibrée pour
que la proportion de Pile soit comprise entre 0,45 et 0,55 ?
8.3 Théorème limite central
Le phénomène mis en lumière par le théorème de Moivre-Laplace n’est en fait pas ca-
ractéristique des lois binomiales qui, on le rappelle, sont des sommes indépendantes de lois
de Bernoulli. Il reste valable pour des sommes de nombreuses autres lois.
Théorème 8.3.1 (Théorème limite central).Soit (Xn)n≥1une suite de variables aléatoires
indépendantes, de même loi et dans L2. En notant m=E(X1),σ2=V(X1)et Sn=X1+
··· +Xn, on a Sn−nm
√n σ −−−−−→
n→+∞N(0,1) en loi.
On peut aussi écrire la conclusion du théorème
√n¯
Xn−m
σ−−−−−→
n→+∞N(0,1) en loi,
où ¯
Xn=1
nSnest la moyenne empirique, ou encore
√n(¯
Xn−m)−−−−−→
n→+∞N(0, σ2)en loi.
On remarquera le caractère universel de ce théorème. La loi des variables Xnn’est pas
précisée et, bien que restant une loi de probabilité, la limite est parfaitement identifiée.
Autrement dit, pour n“grand”, √n¯
Xn−m
σreste une variable au comportement aléatoire,
mais suivant une loi précise. La loi normale apparaît donc comme une loi universelle.
Voyons une application du TLC en estimation statistique.
8.4 Intervalle de confiance
On a vu que les lois des grands nombres permettent d’obtenir des estimateurs conver-
gents pour évaluer une probabilité inconnue. On parle d’estimateurs ponctuels. Bien sûr,
dans la pratique, on remplace “n→+∞” par “nassez grand”. La donnée d’une estimation
ponctuelle est alors assez pauvre puisqu’elle ne prend pas en compte l’erreur d’approxi-
mation. La première idée, pour tenir compte de l’erreur est de donner l’estimation sous
forme d’un intervalle : la quantité à estimer est comprise entre tant et tant. Mais l’erreur
est ici aléatoire. Le théorème précédent nous dit qu’elle tend à être distribuée comme une