On conçoit aisément les répercussions négatives que les affections cutanées
peuvent occasionner sur l'image que le sujet a de lui-même, ou sur celle qu'il offre à
autrui, et qui peuvent aller de la curiosité au dégout en passant par la gêne ou la
honte.
Ces répercussions s'accompagnent souvent d'une grave atteinte de l'estime de soi,
d'un retentissement socio-professionnel important avec conduites d'évitement, et
parfois de troubles anxieux et dépressifs, voire d'idées suicidaires, ou de cas rares
d'états délirants.
Ces troubles surviennent sans corrélation avec la gravité de l'affection, mais
proportionnellement à son caractère affichant ; c'est le cas en particulier du
psoriasis, de l'eczéma, de l'acné, de l'alopécie.
La fréquence de ces constatations invite à réfléchir sur les liens particuliers
qu'entretiennent la peau et le psychisme, et donc la dermatologie et la psychiatrie.
La peau, qui dérive comme le cerveau de l’ectoderme embryonnaire, est un organe
sensoriel extrêmement diversifié, qui a également un rôle protecteur et régulateur.
Elle a donc une place privilégiée d'interface dans la vie de relation ; elle réagit aux
agressions physiques ou psychiques, elle exprime les sentiments, les émotions, les
conflits psychiques, qui peuvent être dévoilés, de façon souvent intempestive, par
une pâleur brutale, un érythème, une érection des follicules pilosébacés, une
sudation excessive.
Ces relations entre la peau et le psychisme favorisent et expliquent la fréquence des
liens de comorbidité entre la psychiatrie et la dermatologie.
On peut souligner le rôle souvent évoqué de facteurs psychologiques, comme le
stress ou les traits de personnalité des patients, dans le déclenchement et/ou
l’évolution de nombreuses dermatoses, souvent étiquetées comme
"psychosomatiques" : l’herpès, l’acné, l’hyperhydrose idiopathique, la pelade, la
dermatite atopique, le psoriasis... .