31 décembre 2009
JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Texte 90 sur 296
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3. Quelles sont les exclusions du champ d’application
du code des marchés publics ?
Les dispositions du code ne s’appliquent pas aux contrats figurant sur la liste des exclusions figurant à
l’article 3 du code. Si un acheteur fait usage d’un de ces cas, il n’est soumis à aucune des règes du code. Ces
exclusions sont les suivantes :
3.1. Les prestations intégrées de quasi-régie14 (art. 3 [1o])15
Cette exclusion concerne tous les contrats de fourniture, de travaux ou de services conclus entre deux
personnes morales distinctes, mais dont l’une peut être regardée comme le prolongement administratif de
l’autre. Elle est issue de la jurisprudence communautaire (18 novembre 1999, affaire C-107/98, Teckal Srl c/
Comune di Viano et Azienda Gas-Acqua Consorziale (AGAC) di Reggio Emilia, aff. C-107/98). Deux
caractéristiques qualifient la prestation intégrée :
– le contrôle effectué par la personne publique sur le cocontractant doit être analogue à celui qu’elle exerce
sur ses services propres, ce qui suppose une influence déterminante sur ses objectifs stratégiques et ses
décisions importantes (une simple relation de tutelle ne suffit pas) ;
– le cocontractant doit effectuer l’essentiel de son activité pour la personne publique qui le contrôle ; la part
des activités réalisées au profit d’autres personnes doit demeurer marginale.
La participation, même minoritaire, si elle est réelle, d’une entreprise privée dans le capital d’une société à
laquelle participe également le pouvoir adjudicateur, exclut que ce pouvoir adjudicateur puisse exercer sur cette
société un contrôle analogue à celui qu’il exerce sur ses propres services (CJCE, 11 janvier 2005, Stadt Halle,
C-26/03). Les SEM à capitaux privés doivent, en conséquence, être mises en concurrence avec d’autres
prestataires, pour la passation d’un marché public.
La jurisprudence communautaire (CJCE, 19 avril 2007, Asemfo, C-295/05) et administrative (Conseil d’Etat,
4 mars 2009, Syndicat national des industries d’information de santé (SNIIS), no300481) admettent qu’un
contrôle public sur le cocontractant puisse être exercé conjointement par plusieurs pouvoirs adjudicateurs.
Ceux-ci sont alors considérés comme exerçant collectivement un contrôle comparable à celui exercé sur leurs
propres services respectifs. Il n’y a pas lieu, dans ce cas, d’examiner le niveau réel du contrôle de chacun des
pouvoirs adjudicateurs sur l’entité contrôlée (CJCE, 19 avril 2007, Asemfo, précitée). Le contrôle analogue
peut donc s’entendre d’un contrôle conjoint. Le cas échéant, ce contrôle peut aussi être exercé par un organe
statutaire propre à la collectivité publique, présentant un caractère collégial et statuant, le cas échéant, à la
majorité (CJCE, 13 novembre 2008, Coditel, C-324/07).
En conséquence de la mise en œuvre du régime de la « quasi-régie », le cocontractant applique l’ensemble
des règles du code des marchés publics ou de l’ordonnance du 6 juin 2005 pour répondre à ses propres besoins.
S’il n’y est pas légalement soumis, il doit s’y soumettre volontairement, pour que l’exclusion « quasi-régie »
soit invocable.
3.2. L’octroi d’un droit exclusif (art. 3 [2o])
Cette exclusion ne concerne que les marchés de services.
Le droit exclusif peut être défini comme le droit pour un cocontractant de se voir confier par un pouvoir
adjudicateur directement, c’est-à-dire sans formalité de publicité ou de mise en concurrence, une prestation de
services. Lorsqu’un droit exclusif est confié à plusieurs opérateurs, on parle alors de droit spécial. Les
conditions de validité de ces droits spéciaux sont les mêmes que celles des droits exclusifs.
Ce droit doit résulter d’un texte législatif ou réglementaire qui, lorsqu’il attribue ce droit, définit aussi la
mission d’intérêt général confiée au cocontractant et précise les obligations qui lui sont imposées. Le contenu,
la durée et les limites de la prestation doivent être précisément définis. Ce droit ne peut, en aucun cas, être
accordé par le contrat lui-même.
Ce texte doit être antérieur au contrat.
Les conditions de validité d’un droit exclusif sont les suivantes :
Le droit exclusif doit être nécessaire et proportionné à l’exercice d’une mission d’intérêt général confiée au
contractant.
Lorsque sont en cause des services d’intérêt économique général (SIEG), c’est-à-dire des « activités de
service marchand remplissant des missions d’intérêt général et soumises, de ce fait, par les Etats membres à
des obligations spécifiques de service public », le droit exclusif est justifié si, en son absence, son bénéficiaire
ne serait pas en mesure d’accomplir la mission particulière qui lui a été confiée (ex. : CJCE 19 mai 1993
Corbeau aff. C-320/91, juge que le droit exclusif octroyé à l’administration des postes belges sur les secteurs
rentables de son activité lui permet d’assurer certaines de ses missions de service public non rentables).
Dans les autres cas, la dérogation à l’application des règles du traité CE de libre concurrence, de libre
prestation de services, de liberté d’établissement et de libre circulation des marchandises doit être justifiée par
une nécessité impérieuse d’intérêt général et à la double condition que les restrictions à ces règles soient
propres à garantir l’objectif qu’elles visent et qu’elles n’aillent pas au-delà de ce qui est nécessaire pour
l’atteindre.