Recommandation pour la Prévention des infections à VRS par le... chez les enfants atteints de cardiopathie congénitale

Recommandation pour la Prévention des infections à VRS par le palivizumab (Synagis®)
chez les enfants atteints de cardiopathie congénitale
Résumé
Introduction
Beaucoup d'enfants de moins de 2 ans ont une infection respiratoire aiguë par le virus
respiratoire syncytial (VRS ) entre les mois d'octobre et de mars avec un pic, en France, en
décembre et janvier. Chez les enfants en bonne santé, cette infection est en règle assez bien
supportée et guérit rapidement sans séquelles pulmonaires. Les enfants prématurés ou atteints
de maladie chronique (pulmonaire ou cardiaque) peuvent avoir une infection plus grave
responsable d'hospitalisations, de séquelles ou de décès. En cas de cardiopathie congénitale
grave, l'infection à VRS est une cause d'insuffisance respiratoire dont le traitement requiert
souvent l'hospitalisation et l'admission en unité de soins intensifs. Les complications respiratoires
des infections à VRS sont surtout observées dans les cardiopathies avec débit pulmonaire très
élevé responsables d'œdème pulmonaire, d'hypertension artérielle pulmonaire,
d'hyperréactivité vasculaire pulmonaire, de troubles ventilatoires par compression des voies
aériennes par les vaisseaux pulmonaires dilatés, de dénutrition et d'insuffisance musculaire.
Dans les cardiopathies cyanogènes, l'infection à VRS peut provoquer une majoration de la
cyanose et des malaises hypoxiques. Après chirurgie cardiaque, il existe un risque élevé de
complications respiratoires et d'hypertension artérielle pulmonaire.
Deux études réalisées l'une chez des nourrissons anciens prématurés à risque de complications
respiratoires, l'autre chez des nourrissons atteints de cardiopathie congénitale , ont montré que
le palivizumab, anticorps monoclonal humanisé utilisé par voie intra musculaire, est un
traitement préventif bien toléré et efficace sur le nombre d'hospitalisations lors des infections
saisonnières à VRS. Une réduction de près de la moitié des hospitalisations est observée avec
la prophylaxie par le palivizumab chez les enfants de moins de 2 ans atteints de cardiopathie
significative sur le plan hémodynamique.
A la lumière de ces données, et afin d'aider les médecins en charge de nourrissons atteints de
cardiopathie, la Filiale de Cardiologie Pédiatrique de la Société Française de Cardiologie
propose des recommandations pour définir les pathologies cardiovasculaires qui peuvent
bénéficier de la prophylaxie par le palivizumab. Ces recommandations sont sensiblement
identiques à celles proposées par l'Académie Américaine de Pédiatrie et par l' Association
Britannique de Cardiologie Pédiatrique
Les familles d'enfants à risque et les soignants doivent recevoir une information au sujet du VRS
afin de prendre des mesures préventives adéquates permettant d'éviter l'infection : pendant la
saison épidémique, il convient d'éviter les contacts étroits avec des enfants contagieux (crèche,
école maternelle, salle d'attente), et d'éviter la fréquentation des lieux où il existe une
concentration importante de personnes (magasins, grandes surfaces, etc..). D'autres conseils
sont utiles : éviter le tabagisme passif, vacciner correctement contre les autres infections
respiratoires : coqueluche, grippe, éviter la dénutrition par un apport calorique suffisant.
Enfants pour lesquels le bénéfice attendu de la prophylaxie par le palivizumab est le plus
important
1- Les enfants âgés de moins de un an atteints d'une cardiopathie congénitale
hémodynamiquement significative non opérée , traitée de façon palliative ou partiellement
réparée :
Cardiopathies donnant un shunt gauche droite exclusif avec débit pulmonaire
élevé responsable d'une insuffisance cardiaque et/ou d'une hypertension
artérielle pulmonaire : large communication inter ventriculaire, forme complète
de canal atrio ventriculaire, ventricule unique, autres cardiopathies complexes.
Cardiopathies donnant un shunt droite gauche avec débit pulmonaire diminué
responsable de cyanose franche ( saturation en oxygène transcutanée
inférieure à 80% au repos): tétralogie de Fallot, atrésie pulmonaire avec
communication inter ventriculaire, atrésie pulmonaire à septum intact, anomalie
d'Ebstein, ventricule unique et autres cardiopathies apparentées.
Cardiopathies avec shunts mixtes responsables de cyanose, d'insuffisance
cardiaque et d'hypertension pulmonaire : transpositions complexes des gros
vaisseaux, tronc artériel commun, ventricule unique et autres cardiopathies non
réparables.
Cardiopathies valvulaires : rétrécissement aortique ou pulmonaire serré avec
dysfonction ventriculaire, fuite valvulaire avec dilatation ventriculaire et
insuffisance cardiaque.
La prophylaxie est particulièrement recommandée chez les enfants à haut
risque respiratoire en cas d'infection par le VRS : cardiopathie mal tolérée chez
les nourrissons de moins de 6 mois au début de la période épidémique,
insuffisance cardiaque persistante malgré le traitement médical, gêne
respiratoire, hypotrophie, dilatation et hypertension artérielle pulmonaire
importante, hypoxémie franche au repos (saturation transcutanée < 80%).
2- Les enfants de moins d'un an atteints de myocardiopathie responsables d'insuffisance
cardiaque quelque soit le type : dilatée ou hypertrophique et la cause : ischémique,
métabolique, mécanique, génétique, infectieuse
3- Les enfants de moins de un an atteints d'hypertension artérielle pulmonaire majeure quelque
soit sa cause : primitive ou secondaire
4- Les enfants de moins d'un an qui risquent d'être hospitalisés pendant la saison épidémique
pour intervention chirurgicale ou pour cathétérisme cardiaque.
5- Certains enfants âgés de plus d' un an atteints de cardiopathie complexe mal tolérée
peuvent bénéficier de la prophylaxie par la palivizumab, y compris ceux déjà traités la saison
précédente.
Enfants exclus de la prophylaxie par le palivizumab
1- Les enfants atteints d'une cardiopathie mineure ou d'une cardiopathie bien tolérée ne
nécessitant pas de traitement médical ou chirurgical au cours des deux premières années :
communication inter auriculaire, persistance du canal artériel, communication inter ventriculaire
à shunt modéré ou à faible shunt, anomalie valvulaire mineure ou modérée, coarctation
aortique non compliquée, etc..
2- Les enfants atteints de malformation cardiaque traitée par chirurgie ou par cathétérisme
interventionnel avec un résultat satisfaisant.
Modalités pratiques du traitement
Cinq injections intramusculaires dans la face antéro latérale de la cuisse sont réalisées à un
mois d'intervalle à partir de septembre ou octobre, afin d'obtenir au moins 2 injections avant
le début de l'épidémie, ce qui assure une protection satisfaisante. La posologie est de 15
mg/Kg/ par injection.
Après chirurgie sous CEC, il est conseillé d'effectuer une injection supplémentaire quelques jours
après l'intervention du fait d'une baisse de plus de 50% du taux d'anticorps circulants.
Idéalement, les injections sont réalisées dans des consultations spécialisées de maladies
respiratoires ou de cardiologie pédiatrique. Elles peuvent être effectuées dans les centres
hospitaliers proches du domicile des parents ou par le médecin de famille. Dans tous les cas, il
convient d'éviter des contacts avec d'autres enfants contagieux.
Les modalités de manipulation du produit sont précisées dans le Vidal.
Décision de prescription du palivizumab
La Filiale de Cardiologie Pédiatrique de la Société Française de Cardiologie estime que la
décision du traitement prophylactique par le palivizumab doit être prise après avis du
cardiologue pédiatre qui a pris en charge l'enfant. Compte tenu des contraintes liées aux
modalités du traitement et du coût du produit ( 1 flacon de 100 mg = 925 euros ), la
prescription de palivizumab ne doit, en aucun cas, être considérée comme systématique chez
les enfants atteints de cardiopathie « hémodynamiquement significative ». En effet cette
définition recouvre des situations dont la gravité est très variable. Il importe de réserver ce
traitement aux patients à risque respiratoire élevé en cas d'infection à VRS, tels que définis
précédemment. Il revient au cardiologue pédiatre de préciser ce risque grâce à des éléments
cliniques et para cliniques objectifs évaluant les conséquences hémodynamiques et
respiratoires de la cardiopathie. Les anomalies associées et les facteurs liés à l'environnement
social, familial et culturel doivent aussi être pris en compte.
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