ATLAS DE LA MORTALITÉ PAR CANCER EN FRANCE MÉTROPOLITAINE
ÉVOLUTION 1970-2004
41
LES CANCERS DES VOIES AÉRODIGESTIVES SUPÉRIEURES
UNE TRÈS NETTE SURMORTALITÉ MASCULINE
Les tumeurs des voies aérodigestives supérieures (VADS)
regroupent les tumeurs malignes de la bouche, du pha-
rynx, du larynx et les localisations oesophagiennes. Mal-
gré des facteurs de risque communs (alcool, et dans une
moindre mesure le tabac), des spécificités associées au
cancer de l'œsophage justifient une présentation sépa-
rée de cette localisation et des autres cancers des VADS.
Pour l’ensemble de ces cancers, responsables de près de
10000 décès en 2004, la surmortalité masculine est un
fait majeur, et ce malgré une diminution des écarts entre
sexes depuis la fin des années 1980.
LES CANCERS DE L’ŒSOPHAGE
Codes CIM 8: « 150 »
CIM 9: « 150 »
CIM 10: « C15 »
UNE NETTE DIMINUTION
DE LA MORTALITÉ POUR LES HOMMES
Depuis les années 1970, le nombre de décès par cancer
de l’œsophage stagne pour les femmes, aux alentours de
700 décès par an, alors que l’incidence a progressé sur la
même période [Belot et al, 2008].
En revanche, pour les hommes, les effectifs de décès
diminuent depuis le milieu des années quatre-vingt. De
5000 décès annuels dans les années soixante-dix, l’effectif
est passé à un peu plus de 3 000 décès au début des
années 2000. Cette diminution se traduit également par
une diminution forte des taux standardisés, divisés par
2 sur cette période.
Cette décroissance est conforme à la diminution de
l’incidence : elle est à mettre en relation avec les chan-
gements intervenus dans les comportements alcoolo-
tabagiques des hommes depuis les années cinquante
[Bosetti et al, 2008]. Le nombre de décès masculins,
comme les taux, restent cependant plus de trois fois
supérieurs à ceux des femmes. Le taux de survie à 5 ans
reste faible, de l’ordre de 10 %.
UN ENSEMBLE NORD-OUEST
DE SURMORTALITÉ PERSISTANTE
La géographie de la mortalité pour ce cancer reste forte-
ment structurée, sur l’ensemble de la période. Elle oppose
un grand ensemble nord-ouest de surmortalité compre-
nant la Bretagne, la Basse Normandie et le nord des Pays
de la Loire à la France méridionale en situation de sous-
mortalité. Même si elle est moins marquée pour les femmes,
cette configuration se confirme pour les deux sexes et évo-
lue assez peu dans le temps. Elle est proche de l’organisation
spatiale de la mortalité observée pour les causes de décès
associées directement aux fortes consommations d’alcool
(cirrhoses alcooliques et psychoses alcooliques). Cette
permanence traduit la persistance de comportements
régionaux dans les consommations d’alcool, aussi bien
au niveau des fréquences de consommations que de cer-
tains modes de consommation (alcool chaud notamment),
ainsi que dans les comportements nutritionnels (rôle pro-
tecteur des consommations de fruits et de légumes dans
le sud de la France) [Launoy et al, 1997].
UNE NETTE AMÉLIORATION
EN BRETAGNE ET EN NORMANDIE
Des changements locaux importants doivent toutefois être
soulignés. En Normandie, les taux diminuent plus rapide-
ment que dans les autres régions et se rapprochent ainsi
de la moyenne nationale. Le bassin rennais est également
marqué par une nette amélioration de sa situation, témoi-
gnant de profonds changements sociaux et culturels. En
revanche, la quasi-stagnation des taux dans le Nord-Pas-
de-Calais place cette région parmi les régions de nette sur-
mortalité en fin de période.
Dans les DOM, la situation est très variable. Pour les
hommes, les taux ont tendance à être inférieurs à ceux de
la métropole, à l’exception de la Réunion où le taux de
mortalité est deux fois plus élevé. Pour les femmes en
revanche, à l’exception de la Guyane, les taux sont systé-
matiquement supérieurs au taux métropolitain. >>>