ATLAS DE LA MORTALITÉ PAR CANCER EN FRANCE MÉTROPOLITAINE
ÉVOLUTION 1970-2004
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LES CANCERS BRONCHO-PULMONAIRES ET CANCERS DE LA PLÈVRE
LES CANCERS BRONCHO-PULMONAIRES
Codes CIM 8: « 162 »
CIM 9: « 162 »
CIM 10: « C33-C34 »
UNE STAGNATION RÉCENTE DES TAUX
DE MORTALITÉ POUR LES HOMMES,
UNE NETTE PROGRESSION POUR LES FEMMES
Les cancers broncho-pulmonaires constituent actuelle-
ment la première cause de décès par cancer pour les
hommes et la quatrième pour les femmes. Pour les hommes,
les effectifs de décès et les taux standardisés de décès ont
fortement augmenté jusque dans le milieu des années qua-
tre-vingt-dix. La diminution des prévalences tabagiques
amorcée dans le courant des années soixante-dix est à
l’origine de la stagnation des effectifs de décès et de la
diminution des taux de mortalité à partir de 1995 [Bray
et al, 2004].
Le fait marquant réside cependant dans la nette progres-
sion de la mortalité féminine, résultant du développement
du tabagisme féminin à la fin des années soixante [Salem
et al, 2004]. Tout en restant à des niveaux nettement infé-
rieurs à ceux des hommes, les taux de décès progressent
rapidement depuis le début des années quatre-vingt-dix.
La France suit, avec un décalage d’une dizaine d’années,
le mouvement amorcé aux Etats-Unis et dans les pays
anglo-saxons ou scandinaves [Bosetti et al, 2005].
LA SURMORTALITÉ DU NORD-EST,
DES ANCIENS BASSINS INDUSTRIELS
ET DES ZONES PORTUAIRES
L’analyse de la distribution des taux masculins de morta-
lité révèle des structures spatiales fortes et stables dans le
temps. Même si les variations ont tendance à s’atténuer
légèrement, la géographie est marquée à chaque période
et oppose de vastes ensembles régionaux de part et d’autre
d’une ligne Le Havre-Marseille, rappelant la coupure clas-
sique et ancienne entre la France urbaine et industrielle et
la France rurale et agricole [Salem et al, 2006]. Au nord-
est de cette ligne, notamment dans les anciens bassins
d’industries lourdes et les anciennes zones de concentra-
tions urbaines et industrielles, les taux sont élevés, tou-
jours supérieurs à la moyenne française. A l’ouest de cette
ligne, hormis dans les zones portuaires, les taux de décès
restent globalement faibles, même s’ils ont eu tendance
à progresser plus rapidement qu’ailleurs sur l’ensemble de
la période. Les façades maritimes de la Manche, de
l’Atlantique ou de la Méditerranée sont systématiquement
en situation de surmortalité, particulièrement dans les
zones industrialo-portuaires. Tout comme dans d’autres
pays de développement comparable (Etats-Unis, Angle-
terre, Japon…) [Howe, 1986] [Bray et al, 2004], on note
en France le poids de l’industrialisation et de l’urbanisation
dans la distribution des cancers du poumon avec notam-
ment de fortes concentrations dans les villes industrielles,
minières et sidérurgiques ou dans les villes portuaires. Ces
bassins industriels hérités de la première révolution indus-
trielle portent toujours les traces des conditions de travail
passées et de leur organisation sociale et culturelle spéci-
fiques. Pour les zones littorales toutefois, le rôle de l’apport
migratoire, conséquent ces dernières décennies, est à pren-
dre en compte [Zurriaga et al, 2008]. Une approche tenant
compte des effets de génération permettrait d’apprécier
les phases d’inflexions majeures localement [Eilstein et al,
2008].
LA SURMORTALITÉ FÉMININE DANS LES ZONES
URBAINES ET LE NORD-EST DE LA FRANCE
La répartition des taux de décès féminins est très différente.
Elle dépend moins de la distribution des concentrations
industrielles que de l’évolution des comportements taba-
giques féminins. Dans un premier temps (1973-1977), la
distribution de la mortalité est quasi-aléatoire. A l’exception
de taux plus élevés en région parisienne, les très faibles taux
d’ensemble ne permettent pas de révéler de structurations
spatiales particulières. En revanche, au fur et à mesure de
l’extension de ce cancer, une organisation spatiale se met en
place. En premier lieu, les grandes villes sont davan- >>>